Lettre à un Cherchant

Je sait du Cherchant la quête du labyrinthe,
La sombre caverne où la raison demeure,
La vigilance face à l'Ankou, malgré la peur,
La main crispée sous la dictée des mots du coeur.
Je sait aussi que l'Amour est plus fort que la mort.

Je sait du Profane la marche lourde, hésitante.
Tellus au bout des doigts, odeur d'éternité.
Je sait les bruits, les chuchotements, la cécité,
L'ouïe acérée surprend le Chant de Liberté.
Je sait aussi qu'on ne voit bien qu'avec le coeur.

Je sait de l'impétrant le tumulte des sens.
Le vent disperse les oripeaux, la parole a des ailes.
J'ai ouï le cristal de l'eau vive, semence du ciel,
Et éprouvé du feu la brûlure spirituelle.
Je sait aussi que l'essentiel est invisible pour les yeux.

Je sait du néophyte la Lumière qui jaillit,
L'émotion et les ors et les bleus de son coeur.
J'ai entendu le non-dit et le sourire des yeux,
Vu le reflet de l'Ame dans la lumière des yeux.
Je sait aussi que l'Amour vient y prendre sa source.

Je sait de l'Apprenti le regard étoilé,
Le pas apprivoisé et l'écoute des mystères.
De son coeur, j'ai entendu le son de la flûte,
Au bout du chemin, perçu le grain de lumière.
Il est la semence, nous construirons ensemble.

Je sait et pourtant ne sait pas.
Je sait que je cherche, que la Parole est pollen.
Je suis Homme Libre, parcelle d'Humanité.

D\ D\