GLDF | Loge : Les Apprentis écossais - Orient de Montpellier |
2011 |
Le Maillet
Comment ne
pas évoquer dès le début de ce travail, l’expérience de l’initiation, et tout
d’abord ces premiers coups de maillets entendus alors que l’on porte le
bandeau. Puis plus tard, les épreuves passées alors que l’on me confie maillet
et ciseau pour commencer mon premier travail d’apprenti, ces trois frappes qui
résonnent encore dans mon souvenir comme symbole d’engagement personnel menant
sur le chemin de l’initiation. En effet
selon Oswald Wirth : « [L'initiable doit s'initier lui-même, car]
l'initiation ne se confère que symboliquement et seul un travail personnel,
judicieux et persévérant permet de l'acquérir d'une manière effective ». (Le
Symbolisme occulte de la franc maçonnerie). Dans la loge
il y a le maillet du vénérable et des maîtres (symbole d’autorité et d’éveil)
qui jalonne, ponctue et scande le rituel et puis le maillet confié avec le
ciseau à l’apprenti, il ne faut pas les confondre car ils relèvent d’une nature
différente… Dans ce
travail, je n’aborderai que l’outil de l’apprenti sans m’étendre sur ses
relations avec le ciseau et la pierre brute dont mes deux jumeaux ont la
charge… (Il s’agit là d’une tache difficile car peut on n’étudier que la
symbolique du maillet sans référence au ciseau, ces deux outils étant
inséparables et interdépendants ?) Une première
précision s’impose, le maillet ne doit pas être confondu avec le marteau ou la
masse, il est fait de buis et non d’acier (lourd et brutal), ainsi le maillet
n’écrase pas. Le bois dur, ferme, dense et vivant transmet l’énergie de la
frappe sur l’acier du ciseau. Par ailleurs, c’est un outil symétrique et sa
tête est à l’équerre de son manche (à l’image d’un Tau grec), il est
équilibré, lisse, simplement marqué par la trace des frappes précédentes,
façonné par l’ouvrier qui l’emploie et par l’histoire du travail qu’il a
exécuté. C’est l’outil des frappes contrôlées et ajustées qui s’appliquent sur
le ciseau et détache les éclats de la pierre. Abordons les
différents aspects que revêt le symbole et gardons à l’esprit de parvenir à sa
signification, à sa vérité cachée, même si pour l’apprenti que je suis elle
n’est que partielle… Le Maillet [du
latin malleus] est une invitation au travail pour l’apprenti. Pour Jules
Boucher il symbolise la volonté active de l’apprenti qui doit être ferme et
persévérante (mais qui ne doit être ni obstination, ni entêtement). Pour Oswald
Wirth c’est la volonté qui exécute, [c’est l’insigne du commandement
que brandit la main droite, côté actif,] il se rapporte à l’énergie
agissante et à la détermination morale dont découle la réalisation pratique. Le Maillet
correspond à la volonté spirituelle qui stimule la connaissance il symbolise
l’énergie et la puissance, la constance dans le travail qui sous-tend le geste
et la volonté d’agir : Je vais donc
apprendre à frapper de façon réfléchie, et décider de commencer le
dégrossissement de moi-même, en m’attaquant à la pierre brute : à mes préjugés
du monde profane, préjugés de classe ou de génération, à l’attachement aux
idées préconçues, aux divers conditionnements instillés par mon histoire et mon
éducation, à l’abandon volontaire de toute passion. C’est d’ailleurs ce que le
dépouillement des métaux symbolise également, en particulier au moment de
rentrer en loge. Le maillet
se conçoit dans sa relation binaire avec le ciseau, mais également dans la
relation de ces deux outils à la pierre brute car je suis à la fois sujet
agissant et matière sur laquelle j’agis… Il y a là une grande complexité
qui met en relation l’outil et le travail ó l’être et le résultat de ce
travail que je peux observer moi-même. Je suis apte à visualiser ma propre
progression…mais suis-je en capacité de l’évaluer ? Par ailleurs
la main gauche, passive ? Qui tient le ciseau indique la direction, elle à
rapport à la pensée, la main droite active tient le maillet qui donne
l’impulsion et dirige l’action… L’Impulsion < - se conjugue donc avec - >
précision et direction La Force < - se conjugue avec - > l’intuition
formelle - intuition artistique => révéler ainsi la beauté cachée et
faire apparaître la forme belle et juste, comme le fait le sculpteur en
dégageant la forme de sa gangue ! A La
direction du ciseau (réflexion
préalable => sens que l’on doit donner). S’associe l’Impulsion donnée par
le maillet - (volonté d’action). => On
retrouve là l’idée du domaine de la pensée et de l’action, (idéal
guidant le franc maçon) mots que le vénérable prononce en fin de tenue lors de
la chaîne d’union. => Le
ciseau apporte du discernement qui permettra de procéder à des
investigations, à des recherches, le maillet dirigera l’action de
manière persévérante, il permettra d’utiliser son intelligence, son sens de
l’observation, son raisonnement et ses connaissances. Il s’agit
pour l’apprenti de dégrossir la pierre avec détermination, prudence et
discernement afin de ne pas risquer de la briser ou de l’abîmer… Comment
vais-je me servir de mes outils d’apprenti, et du maillet en particulier ? En loge, la volonté active s’exprime
d’abord par l’application que l’apprenti met à comprendre, acquérir et
respecter les éléments des rituels : par l’observation attentive de ces rituels,
des symboles qui ancrent la tenue dans le temps et l’espace du temple. L’acquisition
des postures, l’épuration et la justesse des gestes et attitudes à respecter
lors de la tenue requièrent un travail soutenu, une volonté appliquée et
déterminée, c’est touche par touche sur son propre corps qu’agit le maillet,
faisant disparaître les aspérités de la pierre brute. Cet état,
cette volonté permet de s’abstraire des contingences du monde profane et
constitue un premier pas de la réflexion sur soi-même (comment et pourquoi ces
gestes qui paraissent si simples sont-ils difficiles à maîtriser ? et pourquoi
y a t’il toujours un petit détail qui « cloche », ou même un point
important oublié ou mal réalisé ?) Cela touche
la question de la maîtrise de soi, de son émotivité, de la manière de commander
sa propre personnalité dans le travail de perfectionnement entamé le jour de
l’initiation : L’outil
permet de se dépouiller par frappes successives de ce qui n’est pas constructif
[=> rapport au dépouillement des métaux, « ce qui brille d’un éclat
trompeur »], d’éliminer les scories, les éclats, les erreurs, les pulsions
qui m’habitent, et grâce à ce travail d’éveiller l’esprit et le cœur.
Ainsi, dans sa simplicité apparaît la beauté cachée de la pierre, de
l’œuvre. …La matière
superflue disparaissant au profit de la forme cachée, révélant la beauté et le
vrai… C’est rechercher et retrouver ainsi sa vraie nature, afin de pouvoir
travailler au fond de soi même [rapport à la mort symbolique <=>
renaissance de l’initiation]. Dans la
tenue en loge la volonté que le symbole du maillet impose au travail se traduit
par une attention active, l’attention est primordiale, apportée aux diverses
phases du rituel, à l’écoute attentive des propos tenus, des idées développées
par les frères, à une présence pleine et effective (dans le silence),
cette attention est source de plénitude car elle éveille la conscience,
l’intuition et permet de percevoir la réalité confrontée aux illusions, de
privilégier le fond sur la forme, l’être sur le paraître. C’est la voie du
perfectionnement de soi ! Dans ma vie profane et dans ma vie
maçonnique le symbole du maillet est là pour me rappeler que : En
particulier depuis l’initiation, j’accepte de me confronter à mes
imperfections, je cherche régulièrement à m’interroger sur mes actes, mes
attitudes et je cherche à les juger lucidement, sans concession… J’ai compris
qu’il faut cerner mes défauts si je souhaite progresser [voie du
perfectionnement de soi]. Que ce travail demande aussi de la patience dont je
manque, de l’écoute de soi et des autres que je m’efforce de développer. La
détermination et la volonté assumée que symbolise le maillet doit permettre de
retrouver son unité, perdue ou masquée, d’harmoniser et d’unifier son être,
d’évoluer et de pouvoir s’intégrer dans un ensemble, une
communauté…l’initiation déclenche la conscience pour « rassembler ce qui est
épars et trouver l’unité ». Rechercher «
cet état d’éveil de la conscience » qui demande disponibilité, intention
juste, pure et droite permet de trouver (– retrouver) le chemin de la
connaissance de soi, en vue de rectifier et tailler sa pierre afin de simultanément
construire notre temple intérieur et intégrer cette pierre dans l’édifice
commun avec l’aide de ses frères. L’écoute, l’introspection, le questionnement
et l’observation de soi même, constituent la base du travail maçonnique que le
symbole du maillet (détermination et intention mise en action) rappelle à
l’apprenti. V\ M\ J’ai dit ! F\ M\ |
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