GLDG | Loge : NC | 01/05/2010 |
La corde aux lacs d’amour et la
chaîne d’union
Pourquoi ai-je choisi ce sujet ? Tout simplement parce que je suis très sensible à l’amour et à l’union. J’ai eu la chance d’avoir le coup de foudre deux fois dans ma vie donc d’être très amoureux. De plus, étant divorcé, je n’ai pas pu me remarier à l’Eglise, mais le prêtre de notre paroisse a accepté de faire une cérémonie qui s’appelle dans l’Eglise Catholique « la célébration de l’Union ». A l’occasion de cette cérémonie, et sur le conseil d’un ami acteur, une chaîne d’union fut faite autour de nous pendant la remise des alliances pour montrer la solidarité des présents par rapport à notre engagement. Ceci démontre que cette chaîne n’est pas le monopole des FM\ Nous allons maintenant nous plonger dans l’analyse de ces deux symboles, puisque, en effet, ce sont tous les deux des symboles, c'est-à-dire, qu’au delà de leur sens premier, ils ont un sens ésotérique. Tout d’abord les origines des mots : Le sens courant de « lac » est, bien sur, un réservoir a eau, mais il provient du mot latin « laqueus » qui signifie lacet, nœud coulant et piège au figuré. A la fin du 18ème siècle, il a pu prendre un sens figuré pour donner l’expression « tomber dans le lac » mais aussi « être dans le lac »synonyme « d’être pendu » ou lac a le sens de corde et c’est bien dans ce sens que la FM\ utilise ce terme. L’amour est un acte divin par excellence. Aimer, étymologiquement, nous renvoie à la notion de don de l’âme, donc d’animation ou don de vie. Cet amour dépasse l’individu ; il est ce qu’il y de plus profond en lui, de plus secret ; il ne s’explique pas, il ne peut que se vivre. Cherchons maintenant a quoi correspond cette corde aux lacs d’amour. Il faut, tout d’abord, remarquer que les outils employés par le maçon symbolique correspondent exactement à l’équipement normal d’un compagnon maçon opératif. Ils portent les mêmes noms et un ouvrier quelconque les reconnaîtrait aisément sur les tableaux de Loge. Le cordeau jouait un grand rôle dans l’implantation de toute construction sur le terrain, car précédant la construction d’un édifice. Il était réalisé par les tendeurs de cordeau et était accompagné de rites semblables à notre pose de première pierre. Cela avait d’autant plus d’importance que le bâtiment était un Temple ou une Cathédrale. La corde a nœud servait aussi de mesure avant le système métrique, en comptant le nombre de nœud rencontrés, les longueurs de corde étant identiques. Le maçon opératif serait seulement étonné de constater que la corde, ou le cordeau, a reçu dans la maçonnerie symbolique le nom de « houppe dentelée » avec des lacs d’amour devant représenter la chaîne d’union. Cette corde aux lacs d’amour, pendue sur le haut de nos murs, semble plutôt provenir d’un élément que l’on trouve sur les arêtes des temples égyptiens. Cette corde avait, sans doute, valeur de protection magique en assurant la cohérence de l’édifice par le lien de tous ses éléments. On retrouve cette idée sur des peintures du 14ème siècle et dans des écrits de St Thomas. En fait au 14ème siècle, cette corde avait pour fonction de sacraliser le temple de Jérusalem, dont on pensait qu’il n’avait pas la sainteté suffisante. La corde achève ainsi la construction de l’édifice avec la rigueur du cordeau, en le consacrant. De nos jours, la corde est constituée de 12 nœuds ou entrelacs, dits lacs d’amour et elle est terminée par des houppes qui se rejoignent près des colonnes J\ et B\ Le nœud de la corde est un nœud de marin, encore appelé nœud de taquet, qui consiste à faire un anneau (femelle) lâche, non serré, et a y introduire l’extrémité (mâle) de la corde, ce qui figure des organes mâle et femelle permettant l’amour. C’est pourquoi ils étaient utilisés autrefois pour le mariage, enlaçant les poignets des jeunes mariés. En effet, si on supprime le taquet, le noeud disparaît, symbole de l’union volontaire et temporaire de la part des deux époux. Le sens du courant revient après une double inversion à son sens primitif et la figure centrale fait une double croix. Ce nœud n’a donc pas été choisi arbitrairement parmi toutes les formes de noeud possibles. Le cordeau et ses 12 lacs d’amour correspondent à la ceinture zodiacale et à ses 12 signes, ce qui signifie qu’elle relie harmonieusement tout ce qui est à l’intérieur du temple, lui-même représentant l’Univers. Ordonnatrice de l’espace, la corde peut aussi l’être du temps selon les 12 heures du jour et de la nuit. Mais la corde peut aussi indiquer un temps hors du temps s’accordant avec les 12 étapes du rituel de la pénombre lors de l’ouverture des travaux à celle de la clôture. Je n’ai pas réussi à les repérer. Certaines obédiences mettent 13 nœuds a la corde avec comme justificatif : 3 à l’Orient et 5 de chaque coté du Septentrion et du Midi, correspondant a la hiérarchie initiatique, 3 la dirigent et 5 l’éclairent. En résumé cette corde a permis de créer le lieu et le temps de la vie rituelle dans le temple. Le tableau de Loge, auquel je n’avais jamais prêté attention aux détails, n’est que la transposition sur un tissu plan de tous les symboles décorant le Temple. M\ L\ prétend que le cordeau qui y est représenté aurait curieusement une origine différente de celle des murs. Celle-ci remonterai à la Duchesse Anne qui, lors de son deuil, avait pris une cordelière blanche comme ceinture. Elle fondera ensuite l’Ordre de la Cordelière. Cette cordelière de soie noire et blanche dont les veuves entourent leurs armoiries est faite de lacs d’amour, de même les armoiries des cardinaux, évêques et abbés comportent au dessus d’un chapeau une cordelière formée de lacs d’amour et terminée par des houppes. C’est ce qui aurait conduit les premiers maçons spéculatifs a remplacer le cordeau opératif par un cordeau ornemental dans le tableau de loge qui est considéré comme l’armorial maçonnique. Je ne peux m’empêcher de mentionner, au titre de la Vérité et même si je ne suis qu’apprenti, que notre tableau de Loge d’apprenti ne comporte que 3 nœuds avec probablement une gradation du nombre de nœuds et celui de compagnon en aurait 5, correspondant à l’âge symbolique. Par contre, dans notre rituel de premier degré, il comporte les 12 nœuds, donc en contradiction avec notre pratique (voir pages 8 et 9 du rituel) ! Cependant on peut aisément comprendre que la confection d’un tapis a 12 nœuds demanderai un travail beaucoup plus important. Cette corde aux lacs d’amours a aussi vocation d’être le symbole de la chaîne d’union dynamique, d’où le rapprochement entre les deux. En terme d’origine des mots, rien de surprenant pour chaîne et union. Le mot chaîne signifie le lien composé de maillons, mais a été utilisé fin du 18ème, pour signifier une suite de personnes assemblées dans un but d’entraide. Quant a union, il a désigné initialement la réunion de plusieurs personnes pour former un tout, puis on est passé à un sens de concorde, soit de bonne entente entre plusieurs personnes ou groupe. La chaîne d'union incarne un concept très simple et très accessible: ce que devrait être sur terre une fraternité humaine permanente et profonde, D'ailleurs, ce n’est pas par hasard si l’on forme la chaîne par une exhortation profonde dans ce sens. Former, qui vient du latin « forma » associé à la beauté, c’est donner un forme juste et belle. De plus, la chaîne d’union est le seul acte rituel dans lequel les FF\sont physiquement en contact direct les uns avec les autres, avec l’Orient et le sol du Temple. Chacun d’eux émet une impulsion émotive et spirituelle qu’il transmet à la chaîne d’union permettant d’atteindre le summum de son influx dans la tolérance, respectant l’existence distincte de chacun. La rupture de la chaîne d’union s’effectue au commandement du VM\ qui demande d’éprouver la chaîne par une triple pression des mains et un triple balancement des bras. C’est à ce moment qu’a lieu la « projection », après la « concentration » sur une idée force. Si l’on s’intéresse aux systèmes naturels, on s’aperçoit que les propriétés de ceux-ci peuvent être imprévisibles à partir de celles de ses composants. Par exemple, le chlore et le sodium, tous deux des éléments dangereux donnent le sel. On peut donc en déduire que le système à quelque chose de plus que ses composants et c’est ce que la FM\ espère tirer d’une chaîne d’union. Par contre, sur les modalités, il y a de nombreuses différences. Tout d’abord, la plupart des obédiences de la FM\ ont repris le symbole de la chaîne d’union, mais certaines ne la pratiquent pas ou que deux fois l’an. En effet, ils craignent de prendre un risque de la faire en pratiquant cet acte fondateur de toute la démarche initiatique, si les uns et les autres se regardent en chiens de faïence. J’ai beaucoup de mal à comprendre ce raisonnement, car ce n’est pas croire à la fraternité. Sur la manière de la pratiquer, la aussi il y a deux formes différentes : la chaîne fermée ou courte et la chaîne ouverte ou large. La chaîne d’union est toujours une chaîne vivante formée par des maçons en se tenant mutuellement la main dégantée, pour optimiser le contact, étant réunis en cercle fermé qui encadrent le tableau de loge, et cela sans distinction de grade. Elle inclut dans sa mémoire tous les membres de la Loge et, par extension, de l’ordre depuis sa fondation. Cela a été repris par le poète Paul Fort qui écrivait « alors on pourrait faire une ronde autour du Monde, si tous les gars du monde voulaient se donner la main » et par St Exupèry pour qui « le plus beau métier est celui d’unir les hommes ». La chaîne ouverte est la plus naturelle. On la pratique les bras tendus, les pieds se touchant. Le corps semble former une étoile à 5 branches et la chaîne réalise ainsi une union d’étoiles rappelant la perception que, née des étoiles, la vie y retourne grâce a l’initiation. De plus, la position des mains est orientée vers la perception de la circulation d’un élément immatériel, tel l’énergie. Pour cela, chaque Frère présente sa main gauche la paume vers l’avant au F\ qui est à sa gauche et la paume de la main droite vers l’arrière au F\ qui est à sa droite. Dans cette chaîne, il y a un dynamisme : on reçoit et on donne. C’est cette chaîne qui revêt l’image de la plus grande universalité. Toutefois, la chaîne d’union qui est pratiquée par le compagnonnage français l’est avec les bras croisés et les compagnons tournant dans le sens de la marche du soleil. C’est la chaîne fermée. De nombreuses loges la pratiquent afin de rapprocher les cœurs des frères les uns des autres, en espérant une concentration de volonté par des effets suggestifs et réconfortants. Dans cette chaîne, c’est la main droite que l’on tend au Frère placé à sa gauche sur le bras gauche en donnant la main gauche au Frère placé à sa droite. C’est celle qui est décrite dans notre rituel du premier degré (page 24). Cette forme de chaîne semble moins propice à la circulation d’énergie et est plutôt destinée à transmettre des secrets en dehors de certaines personnes présentes, les Frères Visiteurs par exemple. Je constate que, à part lors de la transmission du mot de semestre et encore pas toujours, c’est la chaîne ouverte que nous pratiquons régulièrement, ce qui est en contradiction avec le rituel du premier degré. L’avantage matériel de cette pratique est que le manque de FF\est pallié par une plus longue manière de faire la chaîne, ce qui peut permettre au VM\ de ne pas quitter son plateau et que la chaîne entoure le tableau de loge. De plus, bien souvent, nous ne pratiquons pas toujours correctement la chaîne ouverte, a savoir main droite tournée vers l’arrière!! Venons en a la fréquence avec laquelle on forme cette chaîne d’union. Certaines obédiences considèrent que lors d’une tenue, il y a nécessité d’une première chaîne d’union au début de l’ouverture des travaux, d’une deuxième à l’achèvement de cette ouverture et d’une dernière à la clôture. C’est cette dernière chaîne d’union de clôture des travaux que nous pratiquons systématiquement à la GLDF, alors que d’autres obédiences la soumettent à l’appréciation du VM\ quant a la présence des Frères à l’oeuvre pour leur travail ! A la GLDF, la chaîne d’union est également formée lors de la cérémonie d’initiation. En effet, dès son admission, le nouvel initié prend place dans cette chaîne dont il sera un maillon tout au long de sa vie maçonnique. Cette chaîne d’union est donc le lien qui, dans l’idéal maçonnique, doit relier tous les habitants de la terre et d’abord les FF\ dont elle symbolise l’étroite fraternité. En conclusion, la chaîne d’union et la corde a nœuds sont pour moi deux représentations de la mise en relation des FF \l’une active et l’autre statique. Mais, si la chaîne d’union est si importante en FM\ce n’est pas seulement parce qu’elle réuni les FF\qui sont déjà ensemble dans le Temple et a couvert ; mais surtout parce qu’elle a une valeur d’universalité et qu’on cherche a rassembler toutes les personnes de la Terre dans cette union. VM\ J'ai dit. B\ K\ |
Un visiteur de L'Edifice nous fait remarquer deux précisions quant au texte ci-dessus :
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