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La Coupe,
l'Eau de
Mnémosymée
et la couleur Verte Lors
de l'Initiation au grade d'Apprenti, l'Expert offre au
Néophyte une coupe
remplie d'un breuvage au goût amer : le Breuvage de
Mémoire, l'Eau de
Mnémosymée. A
ce stade précis du Rituel
d'Initiation le Vénérable Maître
prononce les paroles suivantes : « Monsieur
(Madame), puisque
telle est votre volonté, quoi qu'il arrive, de devenir
Maçon. Et que c'est
librement que vous acceptez les conséquences de toute cette
rituelie
ésotérique, sur
vous-même et en vous-même ,
il vous appartient donc de continuer votre lente assimilation
à
l'Âme
de
notre Fraternité. Tout à l'heure vous avez bu le
Breuvage de l'Oubli
,
destiné à vous dépersonnaliser,
à vous enlever tout volonté
propre. Voici une seconde Coupe, celle du Breuvage de Mémoire
,
l'Eau de
Mnémosymée… Quand vous l'aurez
absorbée, votre possession sera totale, absolue.
L'Âme occulte de la Maçonnerie tout
entière sera passée en vous. En n'importe
quelle région du Monde, vous ne ferez plus qu'un avec tous
vos Frères et Sœurs.
Leurs amitiés, leurs répugnances seront les
vôtres. Alors que l'Eau d'Oubli
faisait de vous un corps sans vie, sans volonté propre,
l'Eau de Mémoire, fera
de vous le Maçon militant, le véritable Enfant de
la Veuve. En trois
fois,
buvez, Monsieur (Madame). » Ce
rituel n'est pas anodin et sans
grande valeur ; au contraire, ce moment revêt un
rôle fondamental dans la
quête initiatique et ce simple geste contient trois symboles
parmi les plus
importants qu'un maçon doit retenir, afin de donner une
pleine lumière à sa
démarche. Ces
symboles sont : la coupe,
la boisson amère et la couleur verte. En
commençant le Rituel d'Initiation
l'Expert fait boire au Néophyte le breuvage de l'Oubli, d'un
goût insipide,
afin qu'en oubliant ses penchants passés puisse se
dépersonnaliser et mourir à
sa vie passée. Il ne s'agit pas de détruire les
particularités de son caractère
ou de modifier son destin, mais de maîtriser ses penchants
afin de saisir la
quintessence de son être et de le faire vivre
conformément à son déterminisme.
Il s'agit donc bien de renaître à une autre vie,
plus consciente. Dans la
mythologie grecque lorsque l'âme se présentait aux
Enfers elle était confrontée
à cinq fleuves, mais elle n'en traversait qu'un. Ces fleuves
étaient l'Achéron
(douleur) ; le Phlégéton
(brûler) ; le Cocyte (lamentations) ;
le Styx (horrible) ; le Léthé (oubli).
Si l'âme traversait le Léthé, c'est
qu'il lui était donné de se réincarner
dans une autre vie. Or si le fleuve peut
avoir différents aspects, c'est qu'il représente
l'existence même et ses
diverses manières d'être vécue.
Descendant des montagnes, sinuant à travers les
vallées, se perdant dans les lacs ou les mers, le fleuve
symbolise l'existence
humaine et son écoulement avec la succession des
désirs, des sentiments, des
intentions, et la variété de leurs
détours. Au Rite Ancien et Primitif de
Memphis-Misraïm nous ne faisons que reproduire cette tradition
mythologique,
consistant à marquer par ce geste le recommencement, auquel
le néophyte est
appelé. Après
les épreuves rituelles une
autre coupe est offerte à l'impétrant et celle-ci
avant de lui laisser
prononcer le serment, c'est-à-dire avant qu'il devienne un
Franc-maçon. Cette
fois il s'agit d'un breuvage amer, celui de
Mémoire : l'eau de
Mnémosymée.
Si le premier breuvage avait le goût insipide de la vie
profane et matérielle
dans laquelle l'Esprit n'est pas encore éveillé,
le deuxième apporte l'amertume
de la vie de l'Initié, de celui qui cherche, de celui qui
est tourmenté par le
désir de connaître, mais aussi par la profonde
solitude qu'il devra accepter
pour découvrir soi-même. Le choc de ce
goût amer éveille en lui la mémoire
d'un
monde passé, d'une unité primordiale dont il ne
reste que le souvenir dans les
formes acquises par les vertus que l'Initiation lui propose de
pratiquer. Cette
pratique le fera renaître à une vie plus
spirituelle, dans laquelle il sera
amené à gravir une échelle de valeurs
autres et bien plus solides que celles de
la pure existence profane. Un
jour, lorsque l'initié pourra
être considéré un Adepte,
c'est-à-dire lorsqu'il sera parvenu à la
sérénité,
seulement alors il pourra goûter la douceur de l'Ambroisie. Même
si ces trois phases nous
reconduisent aux trois degrés fondamentaux de l'Initiation,
le symbole lié à
cette boisson est contenu dans la coupe. La coupe qui nous est plus
connue est
certainement celle du Graal de la légende celtique. Cette
Coupe creusée dans
l'émeraude et contenant le sang du Christ, que Joseph
d'Arimathie porta en Bretagne,
afin que l'Initiation puisse survivre et se perpétrer dans
la recherche de
chacun des hommes à l'esprit éveillé. A
ce propos Fulcanelli disait :
«Le Graal est le mystère le plus
élevé de la chevalerie mystique et de la
Maçonnerie qui en
dégénère ; il est le voile du
Feu Créateur , le Deus
Absconditus dans le mot INRI,
gravé au-dessus de la tête de Jésus
en croix. Les Egyptiens possédaient aussi cet
attribut : Sérapis est
souvent figuré avec, sur sa tête, le
même objet, nommé Gardal sur
les
bords du Nil. C'était dans ce Gardal que
les prêtres conservaient le
feu matériel, comme les prêtresses y conservaient
le feu céleste de Phtah. Or,
ce dieu Feu, ce dieu Amour s'incarne éternellement en chaque
être, puisque
tout, dans l'univers, a son étincelle vitale. C'est l'Agneau
immolé depuis le
commencement du monde, que l'Eglise catholique offre à ses
fidèles sous les
espèces de l'Eucharistie enclose dans le Ciboire, comme le
Sacrement d'Amour.
Le ciboire, aussi bien que le Graal et les cratères
sacrés de toutes les
religions, représente l'organe féminin de la
génération, et correspond au vase
cosmogonique de Platon, à la coupe d'Hermès et de
Salomon, à l'urne des anciens
mystères. Le Gardal des Egyptiens est
donc la clef du Graal. C'est en
somme le même mot. En effet, de déformation en
déformation, Gardal est
devenu Gradal , puis, avec une sorte
d'aspiration, Graal . Le
sang qui bouillonne dans le saint calice est la fermentation
ignée de la vie ou
de la mixtion génératrice. Nous ne pourrions que
déplorer l'aveuglement de ceux
qui s'obstineraient à ne voir dans ce symbole,
dépouillé de ses voiles jusqu'à
la nudité, qu'une profanation du divin. Le Pain et le Vin du
Sacrifice
mystique, c'est l'esprit ou le feu dans la matière, qui, par
leur union,
produisent la vie. » Le
rite de la Coupe est la dernière
épreuve avant que le néophyte ne prononce le
serment d'Initiation maçonnique et
que la Lumière ne lui soit donnée. Ce moment est
donc le plus important et son
ésotérisme n'est pas assez
étudié. La couleur verte est celle de
l'émeraude et
par conséquence celle du Graal. Elle est aussi celle du plan
« astral »,
l'intermédiaire entre le plan physique et les plans
supérieurs, spirituels. Dans la tradition orientale, du
système énergétique
régissant l'être humain, le vert est la couleur du
4 ème Chakra, celui du cœur.
Ce dernier se situe entre le trois premières d'en bas et les
trois d'en haut,
il est le chakra de la fusion équilibrée entre la
matière et l'esprit. Le vert
est la couleur des corps en décomposition, mais aussi de la
nature renaissante,
d'ailleurs la disposition zodiacale du processus alchimique situe en
Taureau le travail intérieur à
la matière, juste avant la calcination .
Nous savons que la planète Venus, à laquelle on
attribue la couleur verte, est
en domicile dans le signe du Taureau ; c'est alors que en ce
signe de
couleur verte le mouvement lent et constant commence à
produire les prémices
vitales. Le vert représente ainsi une phase transitoire de
l'évolution ;
la même transition est confiée à la
Coupe d'amertume. Il est à noter que dans
la liturgie catholique, le vert est employé pour les
ornements sacerdotaux du
deuxième au sixième dimanche après
l'Epiphanie et à tous les dimanches après la
Pentecôte ; c'est-à-dire dans l'attente,
l'espérance des deux pivots du
Catholicisme : Pâques et Noël. Si,
donc, la couleur verte
représente le travail intérieur de la naissance
et de la renaissance, comme
transformation de la matière par l'esprit,
c'est-à-dire par le feu créateur, il
semble tout à fait logique et naturel, que la
lumière centrale sur nos autel et
sur le plateau du V\
M\
soit
la flamme d'une bougie verte,
symbolisant en même temps l'eau du fleuve de la vie, la
naissance, la
décomposition de la mort, et le plan
intermédiaire de l'harmonie à laquelle
tend l'Initié. G\
C\ |
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