Obédience : NC Loge : NC Date : NC



Quelques aspects peu connus
de la vie et de l'œuvre de
Rudyard Kipling

Première partie

Aspects peu connus, surtout des français, est-il utile de préciser ; car les anglo-saxons sont, évidement, bien mieux informés que nous sur la vie et l'œuvre de Rudyard Kipling (1).                                   

Dans notre petit hexagone donc, K. est surtout connu par son fameux Livre de la Jungle. Quelques rares personnes peuvent encore citer Kim, Capitaine Courageux, L'histoire des Gadsby, Puck le lutin de la colline, et peut-être également La Lumière qui s'éteint, le roman qui lui valut le prix Nobel de Littérature en 1907. Dans notre environnement spécifique, on cite surtout deux poèmes, La Loge mère et  Si, ce dernier surtout connu par sa chute : " Tu seras un homme, mon fils ". On cite encore L'homme qui voulut être roi, roman dont on a tiré un film. Ces quelques éléments épars d'une oeuvre très importante, n'en donnent évidement qu'une vision incomplète, et surtout, ils ne nous éclairent que très peu sur les sentiments maçonniques de l'auteur.
C'est pourquoi, dans ce dernier domaine surtout, je vais essayer de vous apporter quelques lumières supplémentaires.

Je commencerai simplement par la biographie.
Joseph Rudyard Kipling est né à Bombay, le 30 décembre 1865. Son père, John Lockwood Kipling, l'aîné des enfants d'un pasteur méthodiste anglais, était en quelque sorte, " un artiste en tous genres " car il était tout à la fois sculpteur, peintre, écrivain, potier... Il épousa, le 18 mars 1865, à Londres, Alice Macdonald, fille elle aussi d'un pasteur méthodiste. Au moment de son mariage, John Lockwood Kipling était pauvre, mais il venait d'obtenir un poste de principal (2) à l'école d'Art de Bombay, et immédiatement après la cérémonie, le couple embarqua pour les Indes... Voilà pourquoi, le premier enfant, Joseph Rudyard Kipling, naquit là-bas. Il s'appela " Rudyard ", parce que ses parents s'étaient avoué leur amour réciproque au bord d'un lac anglais de ce nom (3). Ce prénom, bien qu'étant seulement le second, eut leur préférence, et devint l'usuel.

Donc, le jeune  " Ruddy " ( je cite ) :
"... passa les cinq premières années de son enfance dans un univers borné par les limites du bungalow de ses parents, où il jouait avec l'argile à modeler et les éclats de sculpture de l'atelier de son père. Son compagnon le plus fréquent était Meeta, un serviteur hindou, de qui il avait acquis une assez bonne connaissance du langage vernaculaire (4) ; à tel point qu'on dut souvent lui rappeler l'obligation de " parler anglais " quand il était en présence de ses parents ( fin de cit. ) (5).

En 1868, la famille revint en Angleterre pour un congé, et c'est à cette occasion que naquit un deuxième enfant, Alice, qui sera surnommée " Trix ". En 1871, lors d'un autre congé, Ruddy et Trix sont laissés en pension chez un capitaine en retraite de la marine marchande, demeurant à Southsea, près de Portsmouth ; c'était la coutume, pour les anglais établis en Inde, de renvoyer leur progéniture en Angleterre, afin d'en assurer l'éducation.

Le jeune Ruddy gardera un très mauvais souvenir de ces six années là. Il en fera d'ailleurs plus tard, une relation sans doute exagérée (6), mais elle tient compte du choc que provoqua, chez un enfant d'à peine six ans, une telle différence de confort et d'affection. Il souffrait déjà d'une forte myopie, dont sa gardienne ne s'était pas aperçue, cause de ses mauvaises notes à l'école, lesquelles déclenchaient inévitablement de nouvelles punitions à la " maison ".

L'arrivée de sa mère, en mars 1877, mit fin à ce cauchemar, et début 1878 ( il a alors 12 ans ), il entre comme pensionnaire au collège de " Westward Ho ! ". Ce collège situé à Bideford Bay (7), dans le North Devon, avait été fondé quatre ans plus tôt, par un groupe d'officiers désireux de faire donner à leur fils une éducation de " gentleman " pour un prix correspondant davantage à leurs moyens. L'établissement ne prétendait donc pas rivaliser avec Eton ou Harrow, mais était d'un niveau correct. Ces années d'internat donneront la matière pour écrire Stalky et Cie, petit chef-d'œuvre humoristique et largement autobiographique. Ceci confirme également que, contrairement à une certaine légende, les parents de Rudyard ne devaient certainement pas " rouler sur l'or " - à tel point d'ailleurs, que dès qu'il eut 17 ans, ils estimèrent que ses études étaient suffisantes !... Le 20 septembre 1882, il s'embarquait pour les rejoindre, et quatre semaines plus tard, il arrivait à Lahore, la capitale du Pendjab, aujourd'hui au Pakistan, à 400 kilomètres au nord de Delhi.
      
§ 2

Avant d'aborder avec lui aux Indes, je crois qu'il est nécessaire de revenir brièvement quelques années en arrière.

En 1878, pendant sa première année à Westward Ho !, il avait eu l'occasion de passer de merveilleuses vacances à Paris avec son père qui avait été chargé de tenir le Pavillon de l'Inde, lors de l'Exposition Universelle. C'est de cette époque que naquit son amour profond pour la France. Il dit lui-même, dans ses mémoires ( je cite ) :
" A douze ans, ( mon père ) me permit d'errer à ma guise dans cette vaste et amicale " cité ", de parcourir librement l'Exposition et ses bâtiments. Cela fut en soi-même une éducation qui fit naître en moi un amour pour la France que j'ai conservé toute ma vie. Il veilla aussi à ce qui j'apprenne à lire le français, au moins pour mon " amusement ", et me donna un Jules Verne pour commencer. La connaissance du français n'était pas un " talent " très bien vu dans les écoles anglaises de mon temps, et on le tenait pour indiquer un penchant à... l'immoralité ! ( fin de cit. ).
C'est ce qui fait dire à Robert Escarpit que : "... les Lockwood Kipling n'étaient certes pas, sur ce point, des parents " victoriens ". L'intelligence dont ils firent preuve dans l'éducation de leurs enfants a de quoi émerveiller si l'on considère l'époque, et il n'est pas surprenant que pour le reste de sa vie, Kipling soit toujours resté étranger à l'excitation nationaliste du jingoïsme (8). Son idée de l'Empire ( britannique ) ne sera jamais empreinte de cette âpreté égoïste que l'on reproche parfois à l'impérialisme anglais, et quand viendront les jours de " l'Entente Cordiale ", cette réconciliation lui paraîtra aussi naturelle que nécessaire ; il l'accueillera avec bonheur, sans machiavélisme ni arrière pensée " ( fin de cit. ).

J'ai choisi ces deux dernières citations pour bien vous montrer que, d'une part ~ K.  fut toujours un grand ami de la France, ce qui semble encore une fois être ignoré surtout des français ! ~ et que d'autre part, il ne fut jamais cet impérialiste / colonialiste " borné ", qu'on nous a parfois décrit.

§ 3                                          

Or donc, il est à Lahore avec sa famille...
Dès le mois de novembre 1882, il commence à travailler comme assistant-éditeur dans le journal local : " La Gazette Civile et Militaire ". Les deux propriétaires de cette gazette sont des anglais, amis intimes de ses parents ; mais Rudyard n'occupe pas un poste de complaisance, il travaille énormément, au minimum dix à douze heures par jour ! Il doit souvent assurer à lui tout seul, la rédaction et l'édition du journal, du fait des absences répétées, pour cause de maladie, de son patron direct.

En 1885, ses deux premières nouvelles ( Rickshaw Phantom et Morowbie Juke ) sont éditées à compte d'auteur - dans un ouvrage collectif familial, et ensuite reprises dans la " Gazette ". Le 05 avril 1885 encore, il est initié dans la Loge de Lahore, alors qu'il n'est âgé que de vingt ans et trois mois !                                                      

Mais dès l'été 1887, il est transféré au " Pionner ", un journal plus important, car d'intérêt national, et dont le siège est à Allah-abad, une grande ville sur le Gange, à mille kilomètre de Lahore !...

Il n'y restera pourtant pas. Moins de deux ans après, il quitte le journal et l'Inde quasi définitivement, pour aller tenter sa chance comme écrivain aux Etats Unis, et embarque le 09 mars 1889, sur le Steamer Ship " Madura ".

Dès l'année suivante, il commence à devenir célèbre.
Malheureusement, il est de santé fragile. Pour raison médicale, il doit changer d'air, et il entame en août 1891, une croisière autour du monde. A Capetown, il rencontre Cecil Rhodes dont il se fait un ami, puis il gagne la Nouvelle-Zélande, l'île de Tasmanie ( à l'extrême Sud de l'Australie ), Colombo, et enfin, après quatre jours de train à travers l'Inde, Lahore, où il retrouve ses parents, juste avant Noël !

A peine est-il arrivé, qu'il reçoit un câble l'informant que son éditeur et ami, Wolcott Balestier, est subitement décédé. Kipling ne reste même pas avec ses parents pour Noël. Il repart aussitôt, et arrive à rejoindre l'Angleterre en quatorze jours seulement, ce qui est presque un record pour l'époque ! Arrivé à Londres, il épouse en huit jours ( avec dispense ) Caroline Balestier, la propre sœur de Wolcott. Peu de temps après, ils partent en voyage de noce autour du monde, tout d'abord aux U.S.A., en Nouvelle-Angleterre, où se trouve le fief de la famille Balestier (9). Puis ils gagnent le Japon, où  K. est très bien accueilli. C'est à Yokohama, qu'ils apprennent que leur banque vient de faire faillite !  Ils se retrouvent, riches seulement de leurs billets de retour, d'une somme de dix Livres Sterling, et d'un crédit de cent dollars dans une banque de New York. Mais  K. est désormais suffisamment célèbre pour savoir qu'il ne manquera plus de travail, et qu'ils peuvent ne pas s'inquiéter outre mesure de leur avenir. C'est pourquoi ils restent au Japon encore trois semaines avant d'interrompre, quand même, la suite de leur voyage en rentrant directement aux Etats Unis. Là, dans le Vermont, ils louèrent une maison à dix dollars par mois, et ils y vécurent quelques temps, il faut bien le reconnaître, dans une simplicité quasi spartiate. Mais en avril 1892, la publication de " Barrack-Room ballads " ( Ballades de la chambrée, 43 poèmes ) fut un très grand succès, et à partir de cet instant  " l'ordinaire " sera définitivement assuré. En décembre de la même année, naissance de Joséphine, leur première fille ; en février 1896, naissance d'Elsie, la seconde. En Septembre, retour définitif en Angleterre où  K.  retrouve ses parents qui sont rentrés définitivement des Indes.

Pour terminer plus rapidement cette biographie, je vais adopter le style télégraphique, journalistique peut-on dire, que  K. utilisait d'ailleurs souvent.

En 1897, il est à l'apogée de sa gloire ! Quelques temps après les cérémonies du Jubilé de Diamants des soixante ans de règne de la reine Victoria, il publie dans le Times ( du 17 juillet 1897 ) un poème intitulé : " Recessional " (10). Ce poème dit à peu près ceci :
"... Que la grandeur de notre Empire, ne nous aveugle pas sur son humaine fragilité. Que la vanité des mots et les masques de la gloire, ne nous masquent pas les dures réalités. Que Dieu nous préserve de l'orgueil, et nous fasse nous souvenir des leçons de l'Histoire ! " (11). La chute en est : " Pitié pour ton Peuple, Seigneur ! "

Eh bien, comme cela arrive souvent, ce ne sont pas les intentions de l'auteur qui ont été retenues, mais tout autre chose ; le public a considéré que " Recessional " glorifiait les sentiments quasi mystiques de l'impérialisme anglais du moment. Il a définitivement consacré  K. comme le chantre immortel du nationalisme, alors qu'au contraire, il fut un des rares hommes de l'époque qui ait su analyser lucidement la situation. Il souffrit énormément de cette étiquette nationaliste, mais il ne protesta pas, et endossa sans mot dire, cette responsabilité littéraire.                      

En août de la même année, naissance de son fils John.

En février 1899, au cours d'un séjour aux Etats-Unis pour visiter les parents de Caroline, toute la famille tombe gravement malade.  K. s'en sort difficilement, mais le 06 mars, sa fille Joséphine meurt (12).

De 1898 à 1908, toute la famille passa les vacances d'hiver en Afrique du Sud, dans un confortable cottage nommé Woolsack, qui avait été mis à leur disposition par Cécil Rhodes lui-même (13).

1902 est également l'année de l'installation définitive dans leur dernière résidence nommée Bateman's, à Burwash, un petit village dans le Sussex, au sud de Londres.          

Le 10 décembre 1907, dans l'attente des funérailles du roi Oscar II de Suède, la ville de Stockholm était en deuil et c'est ce jour là, que  K.  y  reçut le prix Nobel de Littérature, dans une atmosphère funèbre et fantomatique. Quelques années plus tard, la mort atteignait presqu'en même temps ses parents. Sa mère, devenue pratiquement impotente s'éteignit à la fin de l'année 1910. Son père  lui étant d'un an à peine son cadet tomba aussitôt gravement malade. Un jour de janvier 1911, Rudyard reçut un télégramme qui l'appelait d'urgence à son chevet ; mais une crise cardiaque l'avait emporté avant qu'il ait pu le rejoindre.       

C'est à partir de ce moment que  K. se lança dans la politique. Malheureusement peut-on dire, car son caractère entier, honnête et idéaliste ne pouvait guère s'accommoder de cet univers. Il faut pour essayer de le comprendre, tenter de se replacer dans le contexte social de l'époque... :
Il était contre la politique libérale, et il pensait sincèrement qu'il fallait faire cesser les troubles violents et les grèves en Irlande. En mai 1914, devant 10.000 personnes, il fit un discours assez virulent dans ce sens, discours qui nuira ensuite pendant très longtemps à sa popularité... A la même époque, il était devenu l'ami de Baden Powell, et soutenait très activement le mouvement Boy-Scout. La déclaration de guerre 14/18 mit un terme définitif à ses préoccupations politiciennes.                                   

John Kipling, son jeune fils, avait décidé d'embrasser la carrière des armes. Dès l'appel en faveur du volontariat lancé au début d'août 1914 par le ministre de la guerre Kitchener, il s'était présenté aux autorités, bien que n'ayant pas encore atteint ses 17 ans. C'est surtout à cause de sa mauvaise vue ( faiblesse héréditaire, semble-t-il ! ) qu'il fut ajourné. R.K. écrivit alors à Lords Roberts, un général de ses amis (14), qui fit engager le garçon dans son propre régiment : " Les Gardes Irlandais ". John partit pour le front presque immédiatement... Le 02 octobre 1915, un télégramme du War Office annonçait à ses parents effondrés, qu'il avait été blessé puis porté disparu, au cours de la bataille de Loos, près de Lille. Comme son corps ne fut jamais retrouvé, commença pour eux le long calvaire des faux espoirs et des fausses nouvelles. Ce n'est qu'au bout de deux ans qu'ils purent apprendre les circonstances de sa mort :
Il avait reçu une balle en pleine tête, sans doute tué sur le coup, et avait été allongé dans un abri par son sergent. Puis il avait fallu battre en retraite et abandonner le terrain, lequel pulvérisé, bouleversé par les obus, n'avait été repris que beaucoup plus tard. Dix mille soldats anglais disparurent dans des conditions analogues, enterrés par les obus et les bombes, dont on ne sut jamais plus rien d'autre...  

C'est vraisemblablement à cause de cette longue attente angoissée qu'il avait lui-même subie, et de sa propre peine, que  K. décida dès lors de se consacrer à la mémoire des soldats morts à la guerre, et plus précisément à celle des morts anonymes. Dès la fin de 1917, il fut pressenti pour faire partie de la Commission des Sépultures de Guerre. C'est lui qui proposa le texte de l'inscription : " Leur Nom Vivra à Tout Jamais " ( Their Name Liveth for Evermore ) qui fut gravé par la suite, dans chaque cimetière militaire. C'est lui encore qui contribua à faire retenir l'idée d'un monument  " au Soldat Inconnu Britannique " ; idée qui ultérieurement, sera reprise par les autres nations belligérantes, dont bien entendu la France... Ce sont ses fonctions au sein de la Commission des Sépultures qui l'amenèrent à rencontrer le roi George V, lorsque le souverain effectua en 1922, un pèlerinage pour rendre hommage aux soldats britanniques tombés et enterrés sur le Continent. Kipling et son épouse furent présenté au roi et à la reine. A son retour en Angleterre, le monarque demanda à l'écrivain de revenir le voir, et ce fut le début d'une série d'entretiens privés au cours desquels un courant de sympathie  puis d'amitié s'établit entre les deux hommes. En 1924, après le mariage d'Elsie, leur dernière fille, les Kipling restèrent seuls...

Mais l'écrivain se passionnait, encore et toujours, pour la vie de l'esprit. Il lisait et relisait beaucoup, aimait à se documenter sur les littératures étrangères, notamment la nôtre. D'où les questions renouvelées qu'il posait, au dire de ses amis, sur Alexandre Dumas, Anatole France, Pierre Loti, Flaubert, et Colette dont il affirmait qu'elle écrivait des histoires d'animaux bien supérieures aux siennes ! Ils n'avaient pas renoncé à voyager, bien au contraire. Ils traversaient toujours les mers, se rendant tantôt aux Bermudes, tantôt en Nouvelle-Ecosse... Et l'œuvre écrite se poursuivait :
En 1932, parut son autobiographie, qui fidèle à son titre ( Something of myself ) " Un peu de moi-même ", n'est nullement exhaustive ; elle constitue cependant du point de vue de l'élucidation psychologique de l'auteur, un témoignage personnel de la plus haute importance.

Le 30 décembre 1935, Rudyard Kipling atteignait ses 70 ans. Parmi les innombrables preuves d'attachement qu'il reçut à cette occasion, figurait une lettre personnelle du roi.

Le début de janvier 1936 se passa en préparatifs, car le départ annuel pour la France approchait. Le 12, à la veille de s'embarquer,  K.  paraissait en excellente santé. Dans la nuit cependant, il eut une violente hémorragie ; on dut le transporter à l'hôpital et l'opérer d'urgence. Il mourut le 18, jour anniversaire de la 44ème année de son mariage. Le 22 janvier, ses cendres furent transportées à l'abbaye de Westminster, dans l'attente de ses funérailles solennelles qui devaient avoir lieu le lendemain. La mort du roi George V survint alors, plongeant cette fois le pays tout entier dans l'affliction. L'écrivain fut inhumé dans " Le coin des poètes ", escorté par les hommes les plus en vue de l'Empire, et accompagné, si l'on peut dire, par son propre souverain qui, de son vivant, l'avait sincèrement compris et honoré (15).                                                                                                                                        
§ 4                

Maintenant que nous connaissons un peu mieux l'homme, il nous faut essayer de découvrir davantage le Maçon.            

Sa carrière officielle est connue, mais on prête toujours beaucoup aux riches... il nous faut donc, en cette matière souvent controversée, être prudent et s'appuyer uniquement sur les preuves existantes qui sont assez nombreuses pour qu'on n'en invente pas davantage. Il faut être d'autant plus prudent que K. lui-même a pris quelques libertés avec la vérité !

Tout d'abord sa propre version. Dans son autobiographie, il dit :
"... en 1885, je fus fait Franc-Maçon, avec dispense, dans la Loge " Espérance et Persévérance, n° 782 ", étant au-dessous de l'âge requis, parce que la Loge espérait ainsi, avoir un bon Secrétaire. Ils ne l'eurent pas, mais j'aidais, et le Père en témoigne ! à décorer les murs nus de notre Temple selon les mêmes prescriptions que pour celui de Salomon. Là, j'y rencontrais des musulmans, des hindous, des sikhs, des membres du Araya et du Brahmo Samaj, et un Tuileur juif qui était le rabbin et le boucher de sa petite communauté dans la ville. C'est ainsi que s'ouvrit à moi un autre monde, dont j'avais besoin. "             

Ailleurs encore, dans une lettre adressée au Times ( en 1925 ), il écrit : "... je fus Secrétaire pendant quelques années ( ? ) de la Loge de Lahore, n° 782, " Espérance et Persévérance ", qui comptait des Frères d'au moins quatre croyances : je fus initié par un membre du Brahmo Samaj, un hindou, augmenté par un musulman, et exalté par un anglais ; Notre Tuileur était un indien juif ; nous nous rencontrions bien entendu, sous le Niveau ; la seule différence notable entre nous, c'était qu'à nos banquets, quelques uns de nos Frères à qui  il était interdit de par leurs règles de castes de consommer de la viande non rituellement préparée, restaient assis devant des assiettes vides. " ( fin de cit. )

Mais qu'en fut-il exactement ? 
Kipling fut parrainé et proposé pour l'initiation par un de ses amis, le colonel Oswald Menzies, et secondé par le frère C. Brown, tout deux britanniques bon teint... Et il faut dès maintenant démentir la légende qui lui attribue une hérédité ou une parenté maçonnique quelconque !  Son père n'a jamais été franc-maçon. Si cela avait été le cas, compte tenu de la profonde affection et de l'admiration qu'il lui vouait,  K.  y aurait nécessairement fait allusion dans sa correspondance, ou dans son oeuvre ; même certitude pour ses autres parents plus éloignés. Aucun document n'a été découvert, qui puisse laisser supposer un lien antérieur entre les Kipling et la Maçonnerie...

Mais revenons en Inde.                                                
Kipling ne fut pas initié, comme il l'indique dans ses mémoires, en 1885, mais plus précisément le lundi 05 avril 1886, le Vénérable en Chaire étant le Respectable Frère G. B. Wolseley. Il passa Compagnon le mois suivant, le 03 mai 1886, le Vénérable en Chaire étant alors le Colonel Menzies, son parrain en Maçonnerie. Il fut élevé à la Maîtrise le 06 décembre de la même année ! , le Vénérable en Chaire étant de nouveau le Frère Wolseley.   
En 1886, il fut donc initié en avril, passé Compagnon en mai, et élevé à la Maîtrise seulement en décembre ; ce  " retard " s'expliquant par le fait que la Loge fermait pendant les mois de grandes chaleurs... Cette rapide progression était traditionnelle à l'époque, et il ne faut pas s'en offusquer aujourd'hui. Mais vous avez pu noter au passage que les deux Vénérables qui ont présidé ces trois cérémonies étaient indubitablement des citoyens anglais, et qu'ils n'étaient pas " de races ou de religions différentes " comme se plaît à l'affirmer Kipling...

Il est néanmoins certain que cette entorse à la vérité s'explique par le fait que ce qui l'avait le plus frappé d'entre tout ce que peut composer le monde maçonnique, c'était la possibilité - exceptionnelle pour l'époque - de faire se rencontrer sous le niveau, sans distinction de classe, de couleur, de race ou de croyance, des êtres aussi différents que sont les Occidentaux, et les Orientaux. En témoigne, vous le savez, son poème La Loge Mère, dont c'est le thème majeur. C'est la valeur de cet idéal-là, celui de la Fraternité entre tous les hommes, auquel il restera toute sa vie attaché, qui nous permet d'excuser ces quelques " défaillances ", dans l'exactitude de ses souvenirs.

Le Rapport Annuel de sa Loge, rédigé de sa propre main, et daté du 31.12.1886, indique vingt quatre membres sur lesquels quatre seulement, ne sont pas des européens. il s'agit de Bikrama Singh ( profession non indiquée ), de Mohammed Hayat Khan ( commissionnaire assistant ), de Protal C. Chatterjee ( avocat ), et de Gopal Das ( dont la profession est indiquée par les initiales U.C.S., que je ne sais pas traduire ). Mais  K. ne connaissait pas bien encore tous les frères de la Loge, et il en oublie au moins deux, qui sont également indien : le docteur Brij Lal Ghose ( chirurgien assistant ), membre depuis 1879, et B.C. Jussawalla ( marchand ),membre depuis 1884. Cette proportion de six sur vingt six n'est pas énorme, mais il faut, pour l'apprécier à sa juste valeur - encore une fois -  se replacer dans le contexte et les mentalités du moment.

Donc, après avoir du rédiger lui-même en tant que Secrétaire par intérim, le procès-verbal de sa propre élévation à la Maîtrise - ce qui prouve bien que la Loge avait un véritable et urgent besoin d'un Secrétaire ! - il est mentionné comme Secrétaire dûment élu à la Tenue du 10 janvier 1887, et il est revêtu du sautoir de son Office, à la Tenue suivante de février... Il assista chaque mois aux Tenues, jusqu'au 01 août 1887...

De ses Travaux personnels, on sait que le 04 avril de la même année, il présenta une planche ayant pour titre : Origine du 1er degré de la Franc‑Maçonnerie ; une autre encore le 04 juillet : Simples considérations sur la Franc‑Maçonnerie. Il est bien dommage que ces textes n'aient pas été retrouvés, car connaissant sa méticulosité et son habituelle rigueur dans la recherche de ses sources - on est en droit de supposer qu'il se procura et lut tout ce qu'il put trouver localement sur le sujet - et je pense que la lecture de ses Travaux serait d'un grand intérêt aujourd'hui.                    

Par ailleurs, le 14 avril, il avait été promu dans le Mark Degree, " Fidelity mark ", Loge n° 98, et le même jour admis dans " Ark Mariners 'Lodge, Mont Ararat ", n° 98 également.

Mais hélas, dès l'été 1887, il doit, nous l'avons vu, partir pour Allahabad, et donc démissionner de son office de Secrétaire, qu'il n'aura tenu en tout et pour tout, que neuf mois ! Nous sommes loin des " quelques années " évoquées dans ses mémoires...

A Allahabad, le 22 décembre 1887, il participa à la Tenue d'Installation de la Loge " Indépendance et Philantropie ", n° 391, et moins de quatre mois plus tard, il y était installé comme membre régulier. Cependant, il ne la fréquentera qu'à peine un an, puisqu'il quittera l'Inde le 09 mars 1889, non sans avoir démissionné le lundi précédent, de sa première Loge de Lahore. Le 30 juin suivant, il démissionna également de ses Ateliers Supérieurs... Enfin, le 31 décembre 1895, alors qu'il était aux Etats Unis depuis plus de six ans déjà, il démissionna de la Loge " Indépendance et Philanthropie ", sachant bien qu'il y avait très peu de chance qu'il ne revienne jamais à Allahabad. Dès cette date, et de ce fait, il n'a plus aucun lien régulier avec la Franc-Maçonnerie... Au total, neuf années d'appartenance à l'Ordre, durant lesquelles il n'aura été véritablement actif que pendant trois ans. Mais ce seront trois années qui l'auront marqué pour toute sa vie durant.

§ 5

Cependant, du fait de sa désormais très grande notoriété, il continua à être sollicité par les Frères.
Au cours d'une autre convalescence en Ecosse ( dans les Scottish Highlands ) où Andrew Carnégie (16) lui avait prêté une résidence, il fut élu membre honoraire de la Loge  " Canongate Kilwinning, n° 2 ", et honneur encore plus grand, il fut désigné ( de 1905 à 1908 ) comme étant son Poète Officiel, succédant ainsi à des frères éminents, dont le premier aura été rien moins que Robert Burns lui-même ( de 1787 à 1796 ) !  Et pourtant, aucune preuve et pas même le moindre indice, ne permet d'affirmer que  K. ait jamais visité cette Loge !... Ailleurs un passage très curieux des archives de  " La Loge des Ecrivains " (17) nous informe indirectement sur cette espèce d'activité maçonnique " sauvage " :
... en 1900, au cours de la guerre en Afrique du Sud, Conan Doyle faisait son service militaire en tant qu'officier médical, à l'hôpital de Laugham Field... C'était, je cite :
"... un de ces Frères qui formèrent l'inoubliable Loge " Secours d'Urgence ", dont la Tenue se tint à Bloemfontein, en compagnie du Frère Rudyard Kipling et d'autres Maçons notoires. "
Il n'existe malheureusement aucun autre renseignement sur cette Tenue très particulière, à laquelle  K. aurait participé alors qu'il n'était plus Maçon régulier depuis cinq ans déjà !  Quand à Conan Doyle ( Sir Arthur ) il était effectivement depuis plusieurs années, l'ami des Kipling.

C'est en juillet 1909, que  K.  redevint Franc-Maçon, officiellement cette fois. Pour ce faire, il adhéra à la  Societas Rosicruciana in Anglia, Société Rosicrucienne d'Angleterre. C'était, je cite :
"... un groupement spécifiquement chrétien, ouvert aux Maîtres Maçons de haute moralité... ayant une aptitude suffisante pour être capables de comprendre les révélations philosophiques, théosophiques, scientifiques, et étant en possession d'un esprit libre de préjugés et soucieux de s'instruire. "
Cette brève citation définit assez clairement le champ de recherche des neuf degrés que comptait cette Société,  et elle indique également combien  K.  avait le désir d'avancer dans sa quête initiatique. Il est vrai que les événements et ses diverses tribulations ne lui en avait guère laissé le temps - ce qui a permis à quelques critiques un peu superficiels, de la classer abusivement dans la catégorie des " Maçons dilettantes "...
Bref, pour en revenir à Rosicruciana, la toute première condition d'entrée dans cette Société stipulait que le candidat devait être soit membre actif d'une Loge régulière de la Grande Loge Unie d'Angleterre, soit membre actif d'une Loge d'une juridiction amie. Cela posait un problème, puisque à l'évidence de toutes les archives connues, à cette date,  K.  n'était plus membre actif d'aucune loge depuis quinze ans déjà ( vous vous souvenez qu'il avait démissionné de sa Loge mère de Lahore le 04 mars 1889, et de celle d'Allahabad le 31.12.1895 ). Or, sur le formulaire de demande d'admission, rédigé le 08 juillet 1909 de sa propre main, on peut constater qu'il affirme être toujours membre d'Espérance et Persévérance, n° 782, à Lahore. Il en avait démissionné vingt ans auparavant !

Personne, hier comme aujourd'hui, ne peut lui reprocher ce mensonge administratif, puisqu'il avait poursuivi son activité maçonnique physiquement ( Nous en avons au moins la preuve lorsqu'il était en Afrique du Sud ), et surtout littérairement en continuant à écrire durant cette parenthèse de nombreux textes d'inspiration maçonnique, dont entre autre, en 1902, Le Palais ( poème traduit plus loin ) et qui à mon avis est le plus beau texte qu'il ait écrit sur sa propre compréhension de la notion de Devoir et de celle d'Espérance, contenus dans l'idéal maçonnique.      


Ce formulaire présente en outre l'avantage de nous informer sur la devise pleine d'humilité qu'il s'était choisie pour cette occasion : " Fortuna non Virtute ", qu'on peut traduire à peu près par : si j'ai réussi, c'est bien plus par ma chance, que par mon mérite.


Donc, il est de nouveau Franc-Maçon régulier en 1909.
C'est en 1910, que la " Loge des Ecrivains, n° 3456 ", que j'ai déjà citée, fut crée. Kipling, sollicité pour en être membre fondateur, et à défaut pour assister à la consécration, enverra une lettre pour excuser son absence à cette occasion. Il en sera pourtant considéré comme membre honoraire jusqu'en 1928, bien qu'en ce cas encore, une très sérieuse étude des registres ait montré qu'il n'a jamais participé - ou contribué d'aucune façon - aux Travaux de cette Loge.

C'est en 1917, qu'il écrivit Dans l'Intérêt des Frères ( In the Interest of the Brethren ) qui est considéré par les anglo-saxons comme étant, et de loin, le meilleur de ses écrits maçonniques. Ce texte est trop connu pour que nous en parlions ce soir.

En janvier 1922, la Commission anglaise des Tombes établit son quartier général en France, à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Le même mois une Loge y fut installée, la numéro douze sur les registres de ce qui était à l'époque " La Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises, et qui est aujourd'hui la G.L.N.F.. Parmi les membres fondateurs on compte bien entendu Kipling, et c'est à son initiative qu'il fut décidé qu'elle s'intitulerait  " Les Bâtisseurs des Villes du Silence ", nom qui exprime parfaitement l'objectif que s'était fixé ses membres ( je cite ) :
"... membres dont le travail attachant consistait à construire et à maintenir en état, les Champs de Repos pour les vaillants soldats de l'Empire Britannique tombés au cours de la grande Guerre. " ( fin de cit. )

C'est encore en son honneur que cette Loge adopta pour ses Travaux au 3ème degré, une variante d'un rituel dit  " du Sussex ". Effectivement  Kipling s'était définitivement installé dans cette région, mais il n'en demandait sans doute pas tant, car il est également bien établi qu'il n'a jamais assisté à aucune Tenue dans cette province d'Angleterre où il résidait - et en ce qui concerne la Commission des Tombes, il est bien évident que son intérêt était davantage motivé par l'œuvre qu'elle accomplissait, que par la Loge qui en était née.

Le 28 juin 1918, une nouvelle Loge, importante pour l'esprit de l'époque, fut consacrée dans le Freemason's Hall de Londres : La " Motherland Lodge, n° 3861 ". Elle s'était fixée pour mission ( je cite ) :
"... de chercher à réunir les Frères de la grande famille des pays de langue anglaise, qui avaient combattu côte à côte pour le Droit et la Liberté, face à l'iniquité et à l'oppression. "
Kipling fut, bien entendu, invité à en être un des membres d'honneur. Bien qu'il ait envoyé une lettre courtoise et fraternelle pour demander à ce qu'on veuille bien excuser son absence lors de cette cérémonie, il fut, comme d'habitude, inscrit comme membre fondateur et honoraire de cette Loge ! Il est tout aussi certain qu'il ne lui a jamais manifesté le moindre intérêt, et qu'il ne l'a jamais visitée...                             

En 1925, la Commission des Tombes installe finalement le siège de sa Direction à Londres même - ce qui conduit inévitablement à la création d'une nouvelle Loge, sous le même signe distinctif que sa sœur française : Les Bâtisseurs des Villes du Silence, sous le numéro 4948. Elle fut consacrée en décembre 1927, et Kipling, toujours très impliqué dans les travaux de la Commission, fut encore déclaré membre fondateur. De la même façon, il n'existe aucune trace qui puisse laisser penser qu'il ait été présent lors de la Consécration, ou qu'il ait participé, ne serait-ce qu'une seule fois, à une de ses Tenues. Il n'en démissionna pourtant qu'en 1935, peu de temps avant sa mort.                            

Au risque d'avoir été fastidieux, j'ai collationné et énuméré tous les liens prouvés ou possibles de Kipling avec la Franc-Maçonnerie. Certains auteurs maçonniques en ont avancé d'autres, qu'ils n'étayent d'aucune preuve !.. mais comme le dirait justement  K.  :  Ceci est une autre histoire.

§ 6      

En janvier 1936, juste avant de regagner Londres pour son départ annuel vers la France, Kipling répondait à une convocation du Secrétaire de la Loge des Écrivains : 
 
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à Bateman's, Burwash, Sussex
le 02 janvier 1936 

Très Cher Frère Spalding,

merci du fond du cœur, de ton invitation pour la Tenue du 15, mais je suis désolé de te dire que chaque année à cette époque, c'est pour moi la fin de la période où j'ai dû consacrer tous mes efforts à combattre les rigueurs du climat anglais, pour entamer celle ( de mon séjour ) dans la douce fraîcheur du sud de la France... et vers le 15, j'espère me trouver là-bas, quelque soit la qualité de l'ensoleillement que ce monde un peu fou puisse avoir à m'offrir.

Je t'en prie d'en adresser mon regret à tous les Frères, et de croire à mon sentiment le plus fraternel.
 
Signé :  Rudyard Kipling
 
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C'est très certainement son dernier écrit maçonnique puisque quelques jours plus tard, à Londres, au Brown's Hôtel - se préparant donc à partir pour Cannes - il fut dans la nuit du 13, frappé de l'hémorragie cérébrale qui devait l'emporter, malgré une rapide intervention chirurgicale.     

°°°°
Petit Larousse en couleurs ( 1980 )

Kipling ( Rudyard ) : écrivain anglais né à Bombay ( 1865-1936 ). Ses poésies et ses nouvelles ( les deux Livres de la Jungle, 1894/1895 ; Kim, 1901 ) célébrèrent la supériorité de l'impérialisme anglo-saxon.( Prix Nobel, 1907 ).

Pour qui a réellement lu les deux Livres de la Jungle et Kim, ce jugement péremptoire laisse pantois, et montre à l'évidence que l'auteur de l'article s'en est lui-même dispensé !

M\ R\

Seconde partie ...

(1)  La plupart des informations concernant la vie maçonnique de K.  sont extraites du long article ( pages 213 ® 252 ) de Harry Carr, publié en 1964 dans Ars Quatuor Coronatorum, volume LXXVII ).  
(2) En réalité, et plus modestement, il fut pour commencer l'un des trois professeurs chargés d'enseigner les travaux manuels : le modelage, la fabrication des poteries en terre cuite, et plus tard, l'art de la sculpture architecturale. ( Angus Wilson, The strange ride of Rudyard Kipling, Grenada publishing, p. 33 )
(3) Le village Rudyard, et son lac, 53°7'N - 2°4'W, dans le Staffordshire, au sud de Manchester, près de Stoke-on-Trent : poteries et porcelaines, sidérurgie.
(4) Vernaculus = indigène.
(5) Quatuor Coronati 1964, p.214.
(6) Dans " Baa, Baa, Black Sheep ", publiée dans " Wee Willie Winkie ".
(7) Au nord de Plymouth, sur le Bristol Channel.
(8) Jingo : surnom donné, en 1877, aux anglais exaltés du sentiment national, partisans de la guerre avec la Russie ; prov. d'un juron des marchands londoniens : by jingo ! abrév. de : " Par Saint Gingoulf ! ", dans un refrain d'une chanson populaire, excitant à la guerre contre la Russie ; Synonyme de chauvin.
(9) Plus précisément, à Brattleboro, dans l'état du Vermont, à environ 250 kilomètres au Nord de New-York.
(10) Un Recessional est un hymne religieux qui, par opposition au Processional, se chante après l'Office, au moment où le clergé quitte le chœur.
(11) Robert Escarpit, p. 164.
(12) K. était si faible, qu'on dû lui cacher cette nouvelle le plus longtemps possible, tant sa propre guérison paraissait incertaine. Il ne se remettra jamais de ce premier drame.
(13) Lorsque Rhodes mourut, en 1902,  K. composa son épitaphe.
(14) Feld-maréchal, commandant en chef de l'armée britannique de 1900 à 1904, décédé en 1914.
(15) Cette dernière partie de la vie de  K. est adaptée de la courte biographie qui précède l'édition de son roman La Lumière qui s'éteint, dans la collection des " Prix Nobel de Littérature ", édition Rombaldi 1970.
(16) Le grand Carnégie ! : américain né en Ecosse, créateur du Trust de l'Acier, industriel philanthrope qui subventionna des fondations charitables et des instituts scientifiques.
(17) Vol. V, p. 226.

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