GLMS | Loge : NP | 04/2008 |
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La Porte du Temple Quand on veut traiter un tel sujet, on peut se demander tout d’abord quelle porte et quel temple considérer. Qu’entendons par temple ? Un lieu de culte, une construction architecturale concrète, un espace sacré, permettant de pratiquer chacune des religions bouddhistes, musulmanes, chrétiennes ou autres ? Le panthéiste lui, franchit la porte du temple en se plongeant dans la nature. Chacun se souvient des correspondances de Baudelaire : « La
nature est
un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles. L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers » Le terme temple a des déclinaisons très différentes. De même, le temple maçonnique, bien réel lui aussi, constitue cependant un endroit essentiellement symbolique, orienté dans le temps et dans l’espace, avec des repères bien précis. La porte du temple, dans toutes ses réalisations matérielles ou symboliques, en constitue un élément essentiel, un des plus importants, et je vais essayer de définir comment et pourquoi. A bien y réfléchir, n’est elle pas, dans chacune de ses conceptions, investie de la même signification, du même symbolisme, et lequel ? Initialement, je m’attacherai donc dans ce propos, à décrire la porte du temple dans ses différentes représentations, à analyser sa fonction réelle, et je terminerai par le symbolisme attaché à son image. Représentations de portes de Temples. Tout d’abord, faisons un peu d’étymologie : le mot porte vient du latin porta, « passage étroit donnant accès à une vallée » .On retrouve cette notion dans l’ Antiquité, chez les Egyptiens qui érigeaient des pylônes au passage étroit à l’ entrée des temples, et dont le fronton entre les 2 moles de la porte, faisait penser à un col entre 2 montagnes Traditionnellement, la porte du temple est un des éléments particulièrement riche artistiquement. On a l’habitude de dire que les peintures et sculptures qui ornent les temples, et plus précisément les portes, constituent « un livre en image » Ce souci de décoration était également une invite pour les fidèles, à aller vers Dieu, à entrer dans l’église, à franchir la porte de l’éveil. Cette notion d’ouverture, d’invitation à entrer dans l’église, un peu primaire et que l’ on pourrait considérer comme un peu racoleuse, parait en contradiction avec des traditions plus anciennes , égyptiennes, maçonniques, hindoues, qui représentent la porte du temple comme un lieu fermé, à protéger farouchement, défendus par des gardiens redoutables, des bêtes féroces, des lions, des dragons ou griffons, postés de part et d’autres des temples (babyloniens par ex.) ou de sphinx devant les pyramides égyptiennes.. Donc, on se rend compte que la porte du temple peut très bien, dans sa représentation première, paraître une invitation, une ouverture ; qu’au contraire, une porte fermée parait hostile, elle ne pourra s’ouvrir qu’en montrant patte blanche, en le méritant. Dans ce cas, elle devient hermétiquement ouverte, c.a.d. réservée aux seuls initiés. Ce dernier aspect, austère et quelque peu rebutant, incarné par des animaux peu sympathiques, se manifeste également en Egypte, dans la représentation de Dieux, comme Anubis, à tête de chacal, conducteur des âmes dans l’au-delà, gardien des portes de la mort, et qui avait la sombre tâche de peser l’âme des morts dans la balance de Maat. Le temple maçonnique quant à lui, est une construction non pas architecturale , mais un « temple en esprit », à l’image du cosmos et du Grand Architecte De L’Univers, qui s’inspire de la construction du temple de Jérusalem par le roi Salomon, décrite dans la bible, mais d’une inspiration égyptienne, beaucoup plus ancienne. La porte du temple, suivant cette tradition, était encadrée dans le Hekal (partie couverte, où n’avaient accès que les prêtres de services) par 2 colonnes en bronze construites par Hiram et baptisées : Jakin et Boaz ; Jakin signifiant en hébreu « : il établit », et Boaz signifiant « en lui la force. » La porte du temple était indissociable de ses 2 colonnes, qui pourtant ne supportaient absolument rien, et cet accès, qui ne pouvait être franchi que par l’initié, mettait en marche une dynamique de construction et de stabilisation, contribuant à affermir le temple en attirant à lui la force divine. La porte du temple, comme le temple maçonnique, a une dimension cosmique. Elle est située à l’Occident, là où le soleil se couche, face à l’Orient, donc au centre de la trajectoire du soleil, entre le Nadir et le Zénith. Elle est encadrée elle aussi, par 2 colonnes solsticiales incarnées par le Dieu romain Janus, gardien des portes, détenteur des clés et dont la double face comporte un double sens : d’ abord dans l’ espace, 1 face vers l’ extérieur du temple pour veiller à ce qu’ aucun profane n’y pénètre et l’autre face vers l’intérieur pour s’assurer de l’ordre qui y règne. Et ensuite dans le temps : en fonction du cycle solaire, Janus représente les 2 St Jean, non seulement gardien des portes célestes, mais également il est l’incarnation du commencement du cycle annuel, au solstice d’hiver quand la lumière du soleil est à son minimum et qu’elle commence son ascension. Janus était la divinité latine des Portes. Il est aussi le plus ancien des dieux latins, toujours cité avant Jupiter même ! Avec l’aide des heures, il gardait les portes du ciel et du domaine des Dieux. Dieu romain des commencements, des entrées et des passages, il avait donc un rôle d’initiateur. Porte d’entrée ou de sortie ? Au seuil de l’ouverture et des opportunités, Janus se présentait toujours avec deux visages : l’un tourné vers le passé et l’autre vers l’avenir ; ou bien l’un tourné vers la terre et l’autre vers le ciel. (Don de « double-science » cadeau du Dieu Saturne en remerciement de services rendus). Ses sanctuaires étaient tout logiquement érigés aux portes de villes. A Rome, son temple avait la particularité d’avoir les portes ouvertes en temps de guerre, pour signifier que le Dieu était parti au combat, et fermées en temps de paix car il regagnait alors son lieu de culte pour y veiller sur la ville. Les Rites et Symboles Attachés à la Porte du Temple. Il me parait important de signaler que la porte du temple, outre son aspect ornemental et architectural, est avant tout un passage. Et ce franchissement présente un aspect binaire : Il y a le dehors et le dedans, l’avant et l’après, le bruit et le silence et, à cet accès, sont attachés dans toutes les traditions, des rites et un symbolisme très fort. Tout d’ abord, pratiquement partout, on trouve à ce passage un rite très ancien: La purification, permettant aux fidèles de toutes religions et à l’initié maçonnique d’être digne de pénétrer dans le sanctuaire. Le maçon doit se protéger les mains avec des gants blancs, couleur de pureté, il doit laisser ses métaux à la porte du temple. De même, le chrétien doit s’asperger d’eau bénite en entrant dans une église, les musulmans doivent enlever leurs chaussures à l’entrée de la mosquée. Par ailleurs, le passage de la porte du temple marque solennellement les étapes de vie de ceux qui la franchissent. Rituellement, dans la religion chrétienne, la fiancée entre dans l’église au bras de son père et en ressort après la cérémonie du mariage, au bras de son mari, marquant ainsi une nouvelle phase importante de sa vie. Au dehors : Avant de pénétrer dans le temple, sur le parvis, se déroulent également des actes sacrés, et solennels. Dans la bible, le seuil du temple est parfois le lieu de miracles. Dans l’ Acte des Apôtres chapitre 3, on va chercher un impotent pour mendier à la porte du temple Pierre et Jean lui disent , au nom de Jésus : « Lève toi et marche », et le miracle a lieu. Au dehors, devant la porte, le roi rend la justice (St Louis par ex.) Au-dedans : Dans la tradition maçonnique, la porte du temple est le lieu par excellence des épreuves que doit subir le profane avant de devenir initié. Il y a une notion de mérite dans l’accès au temple : Le passage de la porte étroite, sous laquelle le récipiendaire, les yeux bandés, devra se courber, symbolise la difficulté du passage d’une vie à une autre, semblable à la naissance, et à toute re-naissance, le passage du monde obscur de l’ignorant, au monde de la Connaissance et de la Lumière, le passage du tapage extérieur au silence, du profane au sacré. Les épreuves d’initiation, les 4 éléments, les yeux bandés, ensuite le miroir, sont subies également entre les colonnes. Ce passage entre les 2 colonnes ( Nord et Sud, Yin et Yang) souligne également la dualité inscrite en chacun de nous, et de cette dualité naît un élément ternaire, une énergie et un dynamisme, la naissance d’ une âme neuve, prête à pratiquer le VITRIOL, cette envie de laisser derrière nous, symboliquement, l’enveloppe du vieil homme, sa vie profane, et à tailler jour après jour la pierre brute pour la transformer en pierre cubique, à construire jour après jour notre temple intérieur de fraternité, de tolérance et d’amour, dans le souci de Vérité et Justice. Vaste et ambitieux programme ! Le passage de la porte du temple, quel qu’il soit, correspond à un besoin de dépassement et de rencontre avec soi-même et avec les autres , mais aussi à un élan vers le sacré, vers une transcendance à laquelle nous aspirons tous plus ou moins. Pénétrer dans le temple, c’est changer de dimension, se vêtir d une certaine solennité, c’est sortir de notre condition tragique d’être humain, c’est nous apporter une consolation, un apaisement, c’est communier avec le divin. Conclusion : Ce que je retiendrai dans le symbolisme de la porte du Temple, c’est finalement de donner un sens à sa vie dans la recherche d’une nouvelle éthique, de comprendre le sens de toutes les portes que nous avons déjà franchies et que nous franchirons encore. Une porte de Temple, c’est une invitation au rêve, une invitation au voyage ; et je ne peux résister à l’envie de citer, pour finir, ces quelques vers de Baudelaire : « La pendule sonnant minuit,
Ironiquement nous engage A nous rappeler quel usage Nous fîmes du jour qui s’enfuit » Le temps ne s'arrête jamais, le passé et le futur se confondent dans le présent, mais un regard sur nos actes n'est pas du temps perdu. J’ai dit Vénérable Maître H\L\ |
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