La Porte du Temple
Si
j’ai choisi ce
sujet de travail, c’est qu’un jour sur la route de
ma vie profane, alors que je
traversais un moment très difficile, une porte
s’est profilée devant moi, la
porte du Temple de la Franc Maçonnique et ce fut comme une
révélation je devais
aller frapper à ses battants, intuitivement je savais que des
possibilités de perfectionnement
et de bonheur m’y
attendaient.
« Demandez
et vous recevrez,
cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira »
La porte, et les
éléments qui s’y
rattachent : le seuil, l'huis, l'entrée, renforcent
l'idée de franchissement.la
clef et la maison,
donnent l’image
de la protection.
La porte est investie d’une
mission car elle
traduit le
sens, le projet de ses bâtisseurs En architecture les portes
sont l’objet
d’attention particulière. Elles annoncent la
nature, la fonction voir même le
statut social des occupants de cet édifice. Elles peuvent
être monumentales ou
fortifiées ou étroites, voir
dérobées. Dans tous les cas le
fonctionnement de la porte est double :
• une porte peut être largement
ouverte et laisser pénétrer les hommes,
les idées, les valeurs, spirituelles ou
matérielles.
• une porte peut être
fermée ou refermée, dans une attitude prudente,
protectrice, voir peureuse.
La porte indique en effet la notion de passage. La porte se situe entre le
dedans et le dehors,
l'intérieur et l'extérieur, et dans la
littérature fantastique, la connexion
possible entre le monde ordinaire et celui du mystère
Le mot porte est doublement
important
car s’il désigne ici l’entrée
du temple , il symbolise de même la
transition entre le monde profane et
le monde sacré, entre la lumière reçue
lors de l’initiation et les ténèbres de
l’ignorance , entre la richesse de la
vérité et la nudité d’une
vie
stérile , entre la naissance de
l’initiée et sa mort à la vie profane .
C’est
l’expression de la rupture.
La porte marque une limite,
physique c’est à dire, elle
est la frontière
entre deux lieux mais
aussi le lien entre soi et le reste
du monde, en Maçonnerie entre la nouvelle initiée
et les sœurs de l’atelier,
entre la protection d’un monde familier et le risque de
l’inconnu. Car tourner
la clef pour entrer ne suffit pas ,il faut faire preuve
d’audace pour en
franchir le seuil.
La porte est liée
à la maison, et
symboliquement à l’utérus maternel qui
accueille et
protège C’est la porte de
l’amour, c’est l’hymen
déchiré qui
permet à l’être d'accéder
à la vie,
c’est la
porte du premier temple de l’Homme, le ventre de la femme. En
franchissant la
porte du col de l’utérus, cette nouvelle vie
permettra
d’établir une
prolongation entre toutes les portes entrouvertes par les parents.
Il faut donc voir
à travers les
symboles de la porte, non seulement le passage
mais aussi la continuité. Ce
passage
ne s’effectue pas instantanément lors de
l’initiation mais il se continue tout
au long de la vie maçonnique.
La première porte
qui s’est ouverte
devant moi fut celle du cabinet de
réflexion. Porte qui s’est rapidement
refermée sur un monde de solitude, de
silence, d’obscurité et
d’immobilité. Univers
inconnu, hors du temps, qui m’a permis de
connaitre ma première
introspection.
Un peu plus tard, je fus
amenée
devant une nouvelle porte où trois grands coups furent
frappés Il m’a semblé
que cette porte s’entre baillait et je fus surprise
d’entendre ces mots «
qui va là »Ils me parurent durs et
inhospitaliers alors que j’étais
confiante et prête à être
reçue en fraternité Aujourd’hui ils me
font penser à
une des maximes que j’ai lu dans le cabinet de
réflexion « Si la curiosité
seule t’a conduite ici va-t-en »
Pour pouvoir franchir cette
porte, la
récipiendaire doit être née
libre
.c'est-à-dire avoir l’entière
liberté de ses choix, et être de bonnes
mœurs
Quand j’ai franchi
la porte du temple
lors de mon initiation, j’avais les yeux bandés,
j’entrais dans l’inconnu,
j’ignorais tout des rites et des symboles. La porte ne
représentait qu’une
barrière interdisant l’accès aux non
initiés On m’a demandé
de me baisser pour passer une porte
étroite
et basse Ainsi, la porte basse, celle qui nous fait plier
les genoux, baisser la
tête et resserrer le corps pour passer de l’autre
côté de son battant,
symbolise la difficulté du passage d’un monde dans
un autre, comme le bébé a de
la peine à naître., elle nous oblige à
nous courber donc à faire preuve
d’humilité. Cette position incommode traduit les
difficultés que la profane
rencontrera lors de son passage du monde profane au monde initiatique.. Comme toute
naissance, ce passage ne
s’effectue qu’une seule fois, sans
possibilité de retour.
Cette gêne
à passer, aveuglées, courbées,
pieds nus, mains enchainées, d’un monde
à l’autre, symbolise cette difficulté
que l’être éprouve à changer
d’état Toutes nous sommes placées dans
la même
situation de simplicité quelque soit notre milieu social
familial ou culturel L’initiation
est une renaissance, la porte
ouverte à une nouvelle vie
La porte comme le sablier
dans le
cabinet de réflexion nous invite à
méditer sur la fuite du temps, sur
l’éphémère : nous ne faisons
que passer dans
l’infini du temps. L’initiation telle une porte est
l’épreuve qui introduit
dans une autre phase de la vie, un nouveau commencement. La porte est
bien ce
lieu binaire
à la fois d’arrivée et de
départ.
La porte a le pouvoir d’ouverture ou de fermeture,
d’échange
ou de rupture. Une infinité de sens et de dualités
s’en dégage.
Ceux-ci sont
représentés dans la plupart des civilisations
Dans
la mythologie grecque la porte de corne symbolisait la sortie
des songes véridiques et la porte d’ivoire les
songes menteurs.
Janus,
divinité latine était le Dieu des portes
Avec l’aide des heures,
il gardait les portes du ciel et du domaine des Dieux.
Au seuil de l’ouverture et des opportunités, Janus
se montrait toujours
avec deux visages : l’un tourné
vers la droite, le
passé, le
recommencement et l’autre tourné vers la gauche,
vers l’avenir vers
le futur, sans espoir de retour en
arrière; Janus se présentait comme
l’image du passage d’un monde à
l’autre,
d’un temps à l’autre.
Ses sanctuaires
étaient tout logiquement
érigés aux portes des villes. A Rome, son temple
avait la particularité d’avoir
les portes ouvertes en temps de guerre, pour signifier que le Dieu
était parti
au combat, et fermées en temps de paix car Janus regagnait
alors son lieu de
culte pour
y veiller sur la ville. Etant le
dieu des portes il était donc tout logiquement le dieu des
départs et des
retours et par extension le dieu des
ports il prenait dans ce cas là le nom de Portunus
Janus
était également
le dieu des commencements
Janus ou .Januarius peut se traduire
par janvier ou mois
de Janus, le premier mois de notre calendrier, mois
arrivant après
le solstice d’hiver.
La porte du temple est
à l’occident,
c’est à son seuil que le soleil se couche,
c’est-à-dire que la lumière
s’éteint
Au dehors règnent les ténèbres par
conséquent le monde profane. La
porte d’Occident nous protège à
l’intérieur du temple, des intrusions
extérieures malveillantes Tout comme
Janus, au double visage, surveille le dehors et
l’intérieur du logis ; .la
gardienne de la
porte, la couvreuse, dans le
Temple, remplie
cet office. Avant chaque Tenue, sur le parvis
j’aime l’instant de
recueillement en attendant , que la Maitresse des
cérémonies, comme une
maîtresse de maison nous ouvre les portes du Temple Mais pour
en franchir les
battants il nous faut , à l’image
de la
clef de notre demeure , donner à
l’Experte les mots de semestre. Apprenties
nous entrons les premières et je me sens petite face
à la grandeur du Temple
La
porte du Temple
maçonnique s’ouvre sur les deux colonnes qui,
selon la bible, marquaient
l’endroit où devaient fusionner
l’homme
et le divin. la Loge est orientée selon l'axe est
ouest, à l'instar des
églises du Moyen Âge Les deux colonnes sont
respectivement placées au sud-ouest
et au nord-ouest. Comme dans le Temple du Roi Salomon, la colonne
J,celle de
notre 2° surveillante, peut être assimilée
au solstice d'hiver et la colonne B
au solstice d'été.
• La porte des dieux,
en relation avec le solstice d'hiver, période ou le soleil
reprend sa course
ascendante est associée à Jean
l’Evangéliste
• La porte des hommes,
solstice d'été, moment où le soleil
descend, est associée à Jean Le Baptiste
Ces
deux colonnes,
ces deux portes, comme les deux visages de Janus sont indissociables
Les deux
solstices sont des moments importants du calendrier
maçonniques, car ils relient
le passé et l’avenir. La maçonne doit
donc regarder en arrière et en avant,
mais aussi savoir s’arrêter entre les deux battants
de la porte ,pour vivre et
apprécier le moment présent.
Ici
l’initiée après
avoir été reçue en loge par trois
grands coups, meurt à la vie profane pour renaître
Les colonnes sont
placées à cet endroit pour que
tout être,
qui entre dans le Temple, réintègre en lui ou en
elle leur orientation : la
verticalité mais surtout le questionnement. Le temple est le
lieu où l’Homme doit
être debout, c'est-à-dire parlant et questionnant.
Lieu ou l’initiée ouvre les
portes de son Temple intérieur
C’est pourquoi
encore, la maçonne
avant de franchir la porte du Temple doit se débarrasser de
ses métaux, faire
taire ses passions et oublier jusqu’à
ses intérêts personnels,
s’imprégner d’humilité. Le corps, le cœur et l’esprit
sont les trois portes que la maçonne
doit apprendre à franchir pour obtenir le
discernement ,accéder à un
nouveau degré de compréhension du monde, et pour
atteindre un meilleur
perfectionnement personnel et permettre une transposition de celui-ci,
dans le
monde profane.
Il est important enfin de penser aux portes
qui s’ouvriront
le jour de notre mort, La mort, le trépas sont un passage,
une porte qui
s’ouvre, pour certaines sur un autre monde, pour
d’autres sur
le néant,
pour nous francs maçonnes , en quête de la sagesse
ultime, c’est
le passage à l’Orient Eternel.
Aujourd’hui, pour
moi, la porte
représente aussi le symbole de la transformation de
l’esprit, la première et
non la dernière des étapes d’une longue
quête personnelle. .
La porte est bien ce lieu
à la fois
d’arrivée et de départ pour un
recommencement ; elle est un accès possible à
autre chose.
J’ai dit Vénérable
Maîtresse
C\ B\
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