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La Porte Basse, la Porte étroite

PRESENTATION DE LA PORTE

Invention humaine, on ne la trouve jamais dans la nature, la porte représente la délimitation entre deux mondes, deux espaces différenciés, la séparation de deux ambiances, personnelles ou sociales.

Elle est un symbole très riche qui représente le passage d’un monde à un autre, d’un état à un autre très différent de celui que l’on quitte en la franchissant, elle donne accès à une connaissance nouvelle à un monde nouveau, à des gens nouveaux qui sont là, derrière elle, qui vous attendent pour vous confier des choses nouvelles.

Dans la tradition juive, la porte est d’immense importance puisqu’elle donne accès à la révélation, et dans l’application de cette tradition au milieu de la nuit de Pessah, (pâques) on ouvre les portes du temple, car dans les écrits de l’ancien testament et du Talmud il est dit que des signes miraculeux se sont produits durant la fête pascale et que la porte du temple s’était ouverte seule. On a, alors, pensé que Dieu l’avait ouverte pour apporter le bonheur et que la venue du Messie était ainsi annoncée.

En rappelant que PESSAH en hébreu signifie passage, le passage de l’exil à la terre promise, de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la géhenne terrestre au royaume divin.

Dans les temples et les synagogues, les entrées qui mènent au Saint des Saints ou aux rouleaux de la Thora, sont souvent des portes somptueuses que le grand prêtre, seul, peut franchir ou ouvrir pour y prononcer le nom sacré et ineffable de Dieu. (En fait il le prononce dans un souffle).

Dans la tradition chrétienne on trouve aussi référence à la porte, notamment dans l’Apocalypse de JEAN qui ouvre sur l’accueil du Christ en majesté, que l’on retrouve sur la plupart des tympans des portails des églises cathédrales gothiques ; dans la mandorle qui les surplombe.

Il est dit dans l’Apocalypse : Je suis la porte, si quelqu’un entre en moi, il sera sauvé. On retrouve cette citation dans l’évangile de Jean (10.9)

Les Romains avaient défini les portes du ciel, dont JANUS était le gardien et dont il détenait les clefs. Elles étaient les portes solsticiales des phases ascendante et descendante du cycle solaire, que les chrétiens ont repris dans leurs traditions :

solstice de Jean l’évangéliste, en hiver, durant lequel le soleil reprend sa course vers le zénith pour atteindre le solstice d’été de Jean le baptiste à partir duquel il redescend pour atteindre son hypogée et renaître à nouveau.

Les deux portes gardées par Janus (dont le nom rappelle celui de Jean) sont aussi, selon la tradition mythique, les portes du ciel JANUS COELI et celle des enfers, JANUS INFERNI.

La porte est non seulement un lieu de passage, elle est aussi invitation au voyage, voyage vers un au-delà qui vous ouvrira des horizons nouveaux, elle est aussi symbole de protection, derrière la porte vous êtes à l’abri des indiscrets, des curieux et des agresseurs éventuels.

Pour la loge elle est la protection de l’espace sacré, elle isole les participants du monde profane, d’ailleurs un gardien s’y tient pour qu’elle ne soit pas violée ; celui-ci s’assure également que les autres portes qui mènent au temple soient interdites aux profanes.

Autrefois, ils étaient deux gardiens de l’espace sacré, rappelant par cela JANUS double gardien des portes ; l’un se tenait à l’extérieur, le Tuileur, il était chargé d’éloigner les importuns et de vérifier la qualité de maçon des visiteurs en demandant le mot de passe, il était Janus le passé. Le Couvreur se tenait, lui, à l’intérieur du temple, près de la porte, il était le présent, il annonçait les arrivants au V\M\, les deux gardiens communiquaient par des coups codés frappés de part et d’autre de la porte, le rythme de ces coups était fonction du degré pratiqué.

On trouve encore cette organisation dans les loges françaises pratiquant le rite émulation.

FRAPPEZ ET ON VOUS OUVRIRA

ROUSSEAU écrit : L’homme est né libre et pourtant il est dans les fers.

Certains cherchent le moyen de se libérer de ces fers, en venant frapper à la porte du temple où ils espèrent trouver ce qui leur sera nécessaire pour cette libération et aussi pouvoir être mieux dans une société qui ne leur permet pas de s’ouvrir à l’autre.

Frapper à la porte c’est déjà prendre conscience de la nécessité de connaître un autre mode de pensée et de guider sa vie sur un autre chemin, suivant des principes moins égoïstes et plus humanistes.

Lorsque l’on frappe, il y toujours quelqu’un pour vous attendre et vous ouvrir, pour vous faire entrevoir ce que pourrait être votre avenir spirituel ; soit que celui-ci vous a incité à frapper, soit qu’il vous a conduit devant la porte et a espéré que vous frapperiez.

La porte qui s’est ouverte à ce moment n’était que les prémices de ce que vous espériez mais qui pouvaient se transformer en espoir, espoir de connaître enfin la paix de l’âme en vous réalisant pleinement.

Dans l’évangile de Matthieu, nous pouvons lire : « Entrez par la porte étroite, car large et spacieuse est la voie qui mène à la perdition et nombreux sont ceux qui s’y engagent. Mais étroite et resserrée sont la porte et la voie qui mènent à la vie et à la lumière et rares sont ceux qui veulent la franchir ; »

Vous trouvez dans cette citation tous les motifs qui vous ont conduit à demander votre entrée dans notre confrérie, car vous avez pressenti que c’était au sein de celle-ci que vous pouviez trouver le chemin qui vous mènerait vers la lumière et vous aiderait à vous rencontrer vous-même à vous accomplir en tant qu’homme et frère des hommes.

Vous constaterez que Matthieu s’il dit que nombreux sont ceux qui s’engagent sur la voie large et spacieuse, dit que rares sont ceux qui veulent franchir la porte étroite ; en cela il fait le distinguo entre ceux qui suivent, aveuglément et de façon moutonnière,  la foule indistincte qui n’a pas d’autre but que de se laisser porter par le courant qui passe et n’apporte rien. Alors que peu de gens choisissent, volontairement, de passer par le chas de l’aiguille où pour passer il faut se baisser, faire des efforts et à l’occasion laisser en passant quelque bagage encombrant, laisser dehors des convictions et des à priori qui rendraient difficile le franchissement.

La porte est basse pour montrer la difficulté de passer d’un monde à l’autre, de celui d’un monde profane à celui, plus riche spirituellement, d’un monde initiatique.

Pour quitter un monde ou l’orgueil et la soif de pouvoir sont les motifs primordiaux de domination qui guident souvent les hommes ; chacun pensant être le centre de son monde et rapportant à son ego tout ce qui pourrait avoir des répercussions sur sa situation personnelle sans se préoccuper du sort de son prochain.

Pour quitter ses convictions et ses à priori en une seule fois, rompre avec ses habitudes et les divers enseignements qui vous ont pétri, qui vous ont donné bonne conscience et chercher une porte de sortie donnant accès sur un ailleurs où tout serait différent, voilà déjà une attitude qui devait obligatoirement aboutir, après une recherche tâtonnante que nul enseignement n’informait, vous conduire à vous orienter vers la porte où il vous faudra frapper pour ouvrir une voie à votre soif d’absolu.

Il existe plusieurs façons d’envisager la porte, et l’une d’entre elles, peut pour nous autres maçons, être envisagée comme le Temple lui-même qui peut être considéré comme une porte ; il est en même temps la porte du Ciel et la porte des hommes, par l’une le ciel se répand sur les participants au sacrifice, leur apportant la félicité et l’égrégore, par l’autre les hommes se projettent au ciel par désir d’entrevoir, par leur travail sur eux-mêmes, la lumière divine qu’ils recherchent.

CHERCHEZ ET VOUS TROUVEREZ

Il n’existe aucune voie commune, rassemblant tous les hommes en dehors de l’intériorité, elle est le chemin qui conduit d’une façon inexorable vers le but espéré, le choisir, le suivre et s’y maintenir est seulement possible en restant sourd aux appels du dehors, en se tenant spirituellement à l’écart du monde profane.

L’homme initié poursuit sa route en sachant que le passage par le silence, l’isolement et la solitude précède l’illumination. Il devra cheminer seul avant de rencontrer ses frères, il lui faut devenir un homme neuf, choisissant sa nouvelle vie.

Cette nouvelle vie ne survient qu’après un ultime détachement de tout ce qui encombre et qu’on a pu longtemps considérer comme nécessaire. C’est un passage du chaos à l’ordonnance, de l’esclavage à la liberté, la liberté de penser autrement et d’agir autrement que dans le monde profane ; tout doit être purifié, il faut pénétrer dans l’athanor alchimique d’où surgira le grand œuvre, l’étincelle divine qui guidera l’initié sur son chemin de lumière.

Ce Temple-porte où nous sommes conduits par le frère expert, est le lieu qui marque la limite entre le monde profane et la société siégeant dans son enceinte sacrée.

Celui qui y est conduit et que l’on oblige à se baisser pour pénétrer les mystères de la F\ M\ , est préparé, ni nu ni vêtu, il porte une corde au cou, il représente le monde profane dont les actes et les paroles sont fonction de la société où il vit, il n’est pas libre, enchaîné qu’il est par les conventions de cette société qui règle son existence suivant des critères élaborés pour l’obliger à se plier à ses lois.

On lui demande, en fait, de franchir une porte qu’il ne voit pas et qu’il n’avait pas imaginée avant son désir d’initiation, et tout à coup on le somme de faire preuve d’humilité, lui qui dans la vie profane est ,peut-être, un dirigeant, un P D G, ou même un politicien connu ; devant l’initiation il n’y a plus de distinctions, nous sommes tous des profanes sans connaissance initiatique, nous ne savons ni lire ni écrire, à peine savons nous épeler.

Il faut alors se baisser pour passer la porte basse ; on doit pour cela rentrer la tête dans les épaules, se ramasser en boule comme le fœtus avant la naissance. Cette naissance, ou plutôt cette renaissance, qui se produira après avoir passé par les épreuves de l’air, de l’eau et du feu et être devenu un initié.

On naît à une nouvelle vie qui doit apporter d’autres satisfactions que celles connues jusqu’alors, on découvrira, après cette initiation, que le travail amène à une connaissance ignorée mais qui fera de ce nouvel initié un cherchant de lumière et un dispensateur de sagesse et d’amour.

Pour accéder à cela il lui a été demandé, sinon imposé, de passer sous la porte basse car celle-ci est partie intégrante du rituel de l’initiation ; une fois franchie cette porte il a commencé à parcourir le chemin qui l’a mené à la porte étroite, celle qui ne permet de passer que si l’on a prouvé, par sa constance et sa volonté, le désir de connaître les mystères qui aideront à déchiffrer les symboles qui mènent vers cette lumière et l’accomplissement de soi.

Il va entrer dans un autre monde, après être passé par l’épreuve de la terre qui l’a forcé à réfléchir sur sa vie, son passé, son présent et ses engagements qui l’ont conduits à envisager son avenir ; il ne sait ce que sera celui-ci mais il présume qu’il sera différent de ce qu’il a vécu jusqu'à ce moment, il ne se rend pas encore compte qu’il est en train de mourir aux préjugés de la vie profane et qu’une renaissance l’attend, il ne pressent pas les épreuves qu’il devra affronter pour pouvoir commencer un chemin qui devra le mener vers une connaissance différente, de lui-même et du monde qui l’entoure, il n’a pas encore conscience des difficultés qu’il rencontrera pour y parvenir et que le chemin sera dur, mais que malgré tout ce sera une route d’illumination intellectuelle et humaine, une ouverture pleine de renoncement et d’amour.

L’oreille s’ouvre au silence et le regard se tourne vers les symboles qui lui ouvriront les chemins de la connaissance et de la lumière.

DEMANDEZ ET ON VOUS DONNERA

L’homme peut choisir entre le bien et le mal et espérer ainsi le salut, dit un philosophe.

Il s’avère que cette citation peut s’appliquer au profane qui frappe à la porte et à qui la F\ M\ pourra, peut-être, donner une réponse à ses interrogations.

Lorsque l’on est initié on reçoit beaucoup, car tout commence, la loge est là pour donner tout ce qu’elle possède à celui qui a demandé, elle communique une nouvelle éthique, une autre façon d’envisager la vérité, car pour le franc maçon la vérité est multiple et s’accorde avec la pensée de celui qui l’énonce sans recevoir de démenti ni de contredit, la vérité de chacun est respectée, la maçonnerie n’affirme rien, sinon que le bien est le bien et le mal est mauvais, elle diffère en cela des religions qui affirment et émettent des dogmes indiscutables ; pour eux la vérité est leur vérité.

Le franc maçon devra trouver sa vérité et beaucoup travailler pour se trouver lui-même et entrevoir sa vérité ; il lui faudra tailler sa pierre avec ferveur, car on ne travaille bien que si on aime son travail, le travail contraint est toujours contre productif ; il arrivera ainsi à la Pierre Cubique qui est la possible pierre d’angle d’un édifice bien pensé avant d’être bien construit, il devra, comme le dit l’instruction des apprentis : Fuir le vice et pratiquer la vertu, «  tresser des couronnes pour le bien et forger des chaînes contre le mal. » afin de tracer son chemin de lumière pour essayer d’aboutir à la lumière suprême qui est Vérité.

La Franc Maçonnerie n’est pas une école de pensée unique, elle est un espace de liberté et permet à chacun de faire savoir son mode de réflexion et ses choix, en respectant, sans exclusive, les sensibilités des uns et des autres, qu’elles soient religieuses ou politiques, sans prosélytisme contre une autre école de pensée. Un parfait œcuménisme doit être la règle de conduite d’un vrai franc maçon.

Le franc maçon aspire à la sagesse et à la sérénité de l’âme, il doit rayonner, et comme le dit le rituel : « Achever au dehors l’œuvre commencée dans le Temple »

Il doit rassembler les hommes malgré leurs différences, et chacun, par son exemple, contribuera à l’élévation spirituelle et morale de l’humanité, pour y porter la paix, la tolérance et la fraternité.

Cette fraternité, chez les francs maçons, s’analyse sous deux aspects, l’un lié  aux rapports avec le monde profane, nos frères en humanité, qui ont aussi en eux une parcelle de divin ; l’autre lié à nos rapports avec le monde sacré dans l’échange avec nos frères francs maçons. C’est dans ce contexte que nous agirons, nous nous transformerons, degré par degré, en transcendant la notion de bien et de mal ; car tout ce qui se fait d’important et de grand se fait toujours par delà le  bien et le mal.

C’est l’obligation acceptée, par serment, par le néophyte lors de son initiation, au moment de son passage par la porte étroite.

Toutefois, pensons aussi que la porte donne accès dans les deux sens, par elle on entre mais on peut aussi sortir, et il important de savoir qu’a la fin du chemin il y aura une porte à franchir, au moment du passage à l’eternel Orient, qui donnera, peut-être, sur une connaissance nouvelle, dont pour l’instant, nous ne savons rien, mais qui, sera peut-être aussi enrichissante que celle que nous approchons sur cette terre.

Celui qui passe cette porte est, désormais, certain qu’il a trouvé le bout de la route, qu’il est allé à l’extrême achèvement de son travail ; il sait maintenant ce qu’il est nécessaire de savoir.

Et cela est quoi ?

QUI LO SA ?

J’ai dit

A\ B\

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