Obédience : NC | Loge : NC | 07/05/2010 |
La Porte Cinq minutes, vous l’avouerez, laissent peu de place à digression. Et pourtant, à compter le nombre de synonymes du mot porte ainsi que la multitude de citations dans lequel il se trouve, je pourrais rester sur ce sujet de midi à minuit. Je vois là quelques mous dubitatives ; un peu de réprobation peut-être ? Y aurait-il un sujet plus intéressant que la porte ce soir ? Je ne vois pas… Bref, à ce stade, je me demandais ce que pouvaient bien faire les Hommes avant de l’avoir inventée ! Mais je m’emporte, le temps s’écoule comme le grain de sable du sablier passant par son étroite porte nous signalant que le présent est déjà passé et je n’ai pas encore ouvert mon huis. Je m’efforcerai d’en ouvrir quelques une, de portes, vous offrant, je l’espère, l’opportunité d’ouvrir la porte de votre imaginaire afin d’en faire profiter la Loge en général, votre serviteur et plus particulièrement nos Frères Apprentis qui pour l’instant n’ont qu’à ouvrir la porte ô combien essentiel en Maçonnerie : celle de l’écoute. Du latin « porta » , il est dit qu’elle est une ouverture pratiquée dans un mur pour permettre le passage. Elle est sensée s’ouvrir et se fermer, s’entrouvrant quelquefois, passant d’un état à un autre, jamais en même temps, pour mieux annoncer toute sa dualité. Signifiant tout à la fois, départ/arrivée, commencement/fin, naissance/mort, obscurité/lumière, entrave/liberté, elle nous rappelle que franchir son seuil n’est pas un acte anodin et que si pour la plupart, ces incitations aux voyages, dans l’espace restreint ou infini, dans le temps passé, futur ou suspendu, spectateur ou acteur de l’événement nous ramènent plus riche que nous ne l’étions auparavant, parfois franchir la porte est un voyage sans retour. Janus, dans la mythologie romaine est le parfait exemple de cette dualité. Ce Dieu aux deux visages opposés était le gardien des portes et le Dieu des passages. Il symbolisait tout à la fois l’entrée et la sortie. Il permettait l’accès au passé comme au futur, le changement d’une condition à l’autre. Mais il était aussi symbole de renouveau permettant le passage d’une année à l’autre, favorisant ainsi le cycle des saisons : des semailles aux moissons. Janus n’est pas le seul à être gardien des portes. Bien des représentations existent, tels les monstres des seuils présents sur tous les continents et dans toute l’histoire pour mieux signifier l’interdit. Notre Gardien du Temple n’a rien d’un monstre mais il garde sa fonction et son épée pourrait inquiéter bien des profanes. Au delà de sa première nature, visant à protéger les biens ou les personnes des regards ou des oreilles indiscrètes, elle évoque également la séparation, du bien d’avec le mal, telles les portes de prison visant à garantir notre sécurité des personnes que la justice des Hommes a considéré comme dangereuses. Elle symbolise également la séparation du profane et du sacré telles les portes des églises, des cathédrales, de certains tombeaux. Parfois imposantes comme pour mieux signifier l’importance du lieu. D’autre fois sculptées, annonçant au visiteur ce qu’il advient lorsque l’on franchit son seuil. Nul ne peut entrer dans notre Temple sans s’être identifié auprès de notre Frère Couvreur confirmant ainsi sa fonction de gardien en soulignant cette séparation entre le monde profane de celui de l’initié. Mais notre porte a une autre qualité puisque l’espace d’un instant cette porte du Temple deviendra la porte basse lors de l’initiation d’un profane révélant toute la complexité de ces changements d’état. Eprouvant l’impétrant, telle une seconde naissance, pour mieux l’imprégner du chemin difficile qu‘il devra parcourir. En ouvrant les portes de sa vraie nature, il découvrira les clefs de sa renaissance et ce faisant, favorisera l’ouverture des portes menant à la vérité. Mais à cet instant, la porte m’évoque la tristesse et la joie. Il s’appelait Morgan, il avait 3 ans 6 mois et une semaine lorsqu’il a quitté ses parents. C’était le petit fils d’un ami. Il est décédé il y a trois semaines, se dirigeant sans un bruit vers la porte des étoiles. Elle s’appelle Emma. Elle a six semaines. C’est un Ange descendu du ciel pour la joie de ses parents. C’est la petite fille de mon voisin. Une porte s’est fermée, une autre s’est ouverte sur la vie. L’une fermée, vide, de sens et d’humanité. L’autre ouverte, pleine, de joie et de confiance en l’avenir. Les portes s’ouvrent et se ferment sans que nous sachions réellement ce qu’il va advenir. Et pourtant nous poussons ces portes encore et encore ne serait–ce que pour oublier nos faiblesses, notre impuissance. Je ne voudrais pas terminer ces cinq minutes de symbolisme sans vous dire ce qu’elle m’évoque lorsque je suis parmi vous. Elle symbolise le lien. Ce dernier lien lorsqu’à midi elle se ferme, elle se noue, pour joindre notre houppe dentelée formant ainsi le cercle parfait pour mieux nous retrouver en son centre. Puis, lorsque le travail est terminé, content et satisfait, à minuit, elle s’ouvre de nouveau, se dénoue, permettant à chacun d’entre-nous de répandre les vérités acquises. Midi cinq, pari tenu ! Avant de refermer ma porte, je souhaiterai vous livrer cette citation de TAHAR BEN JELLOUN découverte au gré de mes recherches. Pour la circonstance, je me suis permis de remplacer le mot amitié par Fraternité. Je vous la livre : « La fraternité ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement, elle permet d'en partager le poids, et ouvre les portes de l'apaisement. ». J’ai dit P\
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