Jean
Norbua, reprends dans cet article l'idée que "chacun doit
porter en
lui, son propre cabinet de réflexion". Ce qui veut dire que
tout au long
de notre vie, il nous faut réfléchir le plus
possible, sur le symbolisme de ce
dit cabinet de réflexion, et donc des
éléments qui y sont présents. Ceci
dit,
cette réflexion doit se faire relativement longtemps
après l'initiation, car en
effet, le passage dans la chambre obscure est, d'une part assez court,
et là,
l'auteur compare de "La Divine comédie" de Dante, dans
laquelle à
l'inverse, la descente aux enfers représente 1/3 de
l'œuvre ; de plus la
cérémonie qui s'ensuit contribue à
gommer les souvenirs du passage dans le
cabinet de réflexion.
L'auteur s'attache alors à travailler sur le symbolisme du
sablier, auquel il
confère un premier sens : celui évident de
l'écoulement du temps, induisant les
notions de vieillissement, de fatalité,
d'irréversibilité et donc de mort... Il
note également et c'est très important, que ce
sablier doit être positionné
d'une part, entre le coq, symbole de renaissance et de vie, et d'autre
part de
la tête de mort. Il en déduit un axiome, selon
lequel : coq et sablier résument
à eux deux le mystère de l'initiation.
Dans son écoulement de sable, le sablier, est un symbole
cyclique, à l'image du
monde. Mais pour être comme le monde, c'est-à-dire
toujours en mouvement, il
faut le retourner ce sablier. Jean Norbua s'appuie sur des
démonstrations
scientifiques, notamment celles de Jean Brunhes et François
de Closets, qui ont
montré des inversions de polarités cycliques dans
la nature, et il compare
enfin ceci à la démonstration
métaphysique de René Guénon dans
"Formes
traditionnelles et cycles cosmiques".
A l'image des cycles cosmiques, que l'on retrouve dans les
écoles Platonicienne
et Pythagoricienne, mais aussi en Inde et en Amérique
Centrale et du Sud,
l'écoulement de sable commence lentement et semble en
apparence, seulement,
s'accélérer jusqu'à la fin. A
l'échelle d'une vie humaine, l'homme mur
considère que ses années d'enfance ont
duré très longtemps, alors que le sujet
âgé lui, dit ne plus voir passer les jours,
ressentant ainsi subjectivement une
accélération, alors que bien
évidemment rien n'a changé... On peut donc
légitimement s'interroger sur le fait de savoir, si nous ne
sommes pas dans
cette période, où l'on à justement
découvert la relativité du temps, en train
de vivre une phase d'accélération de fin de
cycle...
De manière plus "mystique", on peut dire que les 2 parties
du sablier
peuvent être assimilées au ciel et à la
terre. Le sable subit
"naturellement" les lois de l'attraction terrestre, alors que
l'élévation est impossible sans un renversement,
qui veut qu'alors l'âme se
détourne du monde et se répande sur la terre...
un peu comme une conversion en
sorte...
L'étranglement lui, est mis en rapport avec le symbolisme de
la "porte
étroite", passage obligé de la
réalisation du plein épanouissement
spirituel, comme l'illustre l'épisode Evangélique
"du chameau et du trou
de l'aiguille". Le principe du sablier qui se vide, via ce passage
étroit,
symbolise "une forme de mort" avant que le retournement,
c'est-à-dire
l'initiation, n'induise une renaissance.
Dans le même esprit, Jules Boucher, associe le sablier, la
tête de mort et les
os, et la faux, bien évidemment à des
emblèmes de mort, mais aussi d'alchimie,
en lien avec Saturne et le plomb. La renaissance du profane illustre
ainsi la
transmutation du vil plomb en or. Autre symbole, le sable, image la
stérilité
de la terre, et donc la putréfaction, essentielle elle, au
processus de
réalisation du Grand Œuvre. L'art du blason ne
dit-il pas qu'un champ noir est
dit "de sable".
Le symbolisme du sablier et ses multiples facettes, est à
l'instar du
symbolisme en général. Et Jean Norbua de conclure
en citant René Guénon : « Le
symbolisme en tant que support de l'intuition intellectuelle, ouvre
réellement
des possibilités illimitées et même
rigoureusement indéfinies comme la
Possibilité elle-même».
De
Jean Norbua - Renaissance
Traditionnelle N°13/14 - Janvier/Avril 1973. p 99 - Tome IV
Résumé
par Dominique S\
- Posté le
dimanche 08 octobre 2006 et Modifié
le vendredi 07 décembre 2007 |