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La Batterie
Le terme batterie est apparu au XIIème siècle, de "battre" ; il signifiait alors une querelle violente, un échange de coups. Vers la fin de ce siècle, il s'est mis à désigner un ensemble d'ustensiles de cuisine allant au feu et, un peu plus tard, le moyen que l'on emploie pour réussir à quelque chose ou, au contraire, faire échouer une tentative (d'où l'expression plus moderne de batterie au sens de combinaison, machination, mesure, plan : "dresser ses batteries", "changer de batteries"). Une autre extension de ce sens a donné la manière de battre le tambour en un roulement particulier qui, au fil du temps, fera de batterie le synonyme de breloque (dans les armées napoléoniennes, batterie de tambour qui appelait les soldats à une distribution de vivres ou les faisait rompre les rangs), chamade (appel de trompettes et de tambours manifestant l'intention des assiégés de se rendre, d'où l'expression populaire de "battre la chamade" : être affolé), champ (roulement de tambours et sonnerie de clairons pour rendre les honneurs, charge (roulement de tambour rythmant la charge), diane (batterie de tambours et/ou de clairons pour réveiller les soldats), générale (pour battre le rappel des troupes), rappel (idem), réveil.. Au XV-XVIème siècles, il a pris un sens militaire : l'action de tirer sur l'ennemi, de faire feu sur lui, une réunion de pièces d'artillerie et des matériels nécessaires à leur service, l'emplacement d'une telle réunion et/ou une unité de régiment d'artillerie. De là est venue l'expression populaire de batterie de décorations. En physique, une batterie est la réunion d'éléments générateurs de courant électrique et, dans l'industrie, un ensemble d'éléments, une série (batterie de chaudières, de laminoirs…), dernier sens devenu courant dans de nombreux usages (exemple : une batterie de tests). En musique, une batterie est une suite de notes détachées en arpèges sur un instrument à corde. A la guitare, elle est la manière de jouer la guitare en battant les cordes avec les doigts. Par la suite, elle a désigné et désigne toujours d'abord l'ensemble des instruments à percussion d'un orchestre (d'où l'expression "tenir la batterie") et, sous l'influence du jazz, un instrument de percussion composé de plusieurs éléments (caisse, cymbale, timbale…). En F\M\ la batterie est constituée d'un ou plusieurs signaux sonores obtenus, pour les officiers, en frappant du maillet et, pour les FF..., en tapant des mains. Une batterie est donc une "phrase musicale" ponctuant une T\. Deux hypothèses sont retenues pour l'origine de la batterie maçonnique : elle serait ainsi un "héritage" des forgerons martelant les métaux ou des tailleurs de pierre chassant le trait ou ciselant la pierre. On ne sait pas à quelle date ou période elle est véritablement apparue dans la F\M\ mais, toujours est-il qu'elle est attestée dans le Secret des francs-maçons de l'abbé Pérau paru en 1742, lequel la fait remonter au tout début du XVIIIème siècle alors que l'ouvrage The Three Distinct Knocks publié en 1760 l'établit comme beaucoup plus ancienne et, en fait, concomitante à la naissance même de la F\M\., les trois coups scandant la demande d'entrée dans le temple formulée par le profane mais aussi la fin de l'initiation Pour certains, la batterie maçonnique aurait une origine ésotérique, notamment rosicrucienne) et même des vertus "énergétiques" puisque puisant son origine dans la magie blanche ! Si elle est commune à toute la F\M\ la batterie diffère dans le nombre de coups et le rythme selon les rites et obédiences. Ainsi pour les Rites Émulation, Écossais Ancien et Accepté et Français le rythme est irrégulier mais le nombre de coups diffère : 3 pour le premier quel que soit le grade ; 3, 5 et 9 selon le grade pour le second et 3, 6 et 9, toujours selon le grade, pour le troisième tandis que pour le Rite Écossais Rectifié le nombre de coups est également 3,6 et 9 mais selon un rythme régulier. La batterie maçonnique peut également ponctuer des cérémonies particulières. Dans le Rite Français il en est ainsi de la batterie de deuil qui intervient au terme de la minute de silence marquée pour le décès d'un F\ et qui est aussitôt suivi d'une batterie d'allégresse symbolisant la vie. Par analogie musicale et, en particulier, par référence au tambour, on pourrait sans doute considérer que la batterie du maillet est "claire" tandis que celle des mains est "sourde" (de sourdine) puisqu'elle se fait gantée alors que les applaudissements profanes sont clairs puisque faits les mains nues lesquels constituent non des batteries mais des salves, des tonnerres, des tempêtes… Cette analogie musicale pose questions : si la batterie du maillet est, en quelque sorte, l'illustration sonore du travail fait en L\, laquelle est l'atelier où les FF\ dépolissent la pierre brute en la taillant, la ciselant pour en faire, sous sa forme achevée de chef d'œuvre, une pierre cubique à pointe, pourquoi "feutrer" la batterie des mains ? Serait-ce pour, justement, la distinguer de l'applaudissement profane et marquer la tenue – ou la… retenue ? – des FF\ réunis, non pour se distraire, s'amuser, "festoyer", faire la fête, voire la bombe ou, de nos jours, la "teuf"…, mais pour travailler quand, au Moyen Âge les tailleurs de pierre et les morteliers portaient des gants portaient des gants par souci de protection ? Mais alors pourquoi la batterie scandant un hommage ou un sentiment (batteries de deuil, d'allégresse, de bienvenue) se fait gantés quand la main nue est le signe de la sincérité, de la franchise et que c'est mains nues que se fait la chaîne d'union ? Serait-ce parce que, symbole de la pureté des cœurs et des mœurs mais aussi de l'égalité des FF\, les gants donneraient à la batterie une "droiture" l'élevant au-dessus de la trivialité de l'applaudissement ? D'un autre côté, qu'en est-il du nombre de coups ? Trois est le nombre de coups commun aux batteries de tous les rites car, selon les Anciens, les trois premiers nombres ont une fonction éminemment créatrice (Ainsi, ce serait trois grands maçons qui auraient été employés à la construction du monde ainsi qu'à ce noble ouvrage d'architecture qu'est l'homme ; trois grands maçons auraient bâti le Temple de Salomon ; Maître Hiram aurait été abattu de trois coups…). N'étant pas féru en arithmologie, je me contenterai de relever que 6 et 9 sont des multiples de 3, 9 étant aussi, selon Samuel Prichard (in Masoniary Dissected,1730), la mesure en pouces du câble par laquelle est pendue la boîte en os appelée "bouche" dans lequel sont conservés les secrets du métier. Cinq correspond aux sens et aux branches de l'étoile : le pentagramme représentatif de la maçonnerie dans son ensemble. Pour le Rite Écossais Ancien et Accepté, 5 est le nombre parfait de la maîtrise et correspond aux 5 "centres" du corps humain (pied, genou, sein, épaule et bouche). Aujourd'hui, je n'irai pas plus loin dans mon travail, sauf à dire que, à titre personnel, je préfère entendre dans la batterie maçonnique une phrase musicale sourde à toute allusion militaire ou, pire encore, guerrière ! J'ai dit V\M\ |
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