Obédience : NC | Site : http://lamassenie.over-blog.com | 27/04/2008 |
L’Ordre
des
Hascischins
L'Ordre
comportait sept degrés d'initiation. Les initiés
du septième degré étaient les
"Daïs". Ceux-ci faisaient exécuter les ordres du
Seigneur ; ils
étaient souvent chargés de missions importantes,
en particulier pour ce qui
concernait l'organisation de l'Ordre, à
l’extérieur d'Alamout, selon les
directives d'Hasan. Le rituel de l'Ordre avait
été fixé par Hasan compte tenu
de ses propres expériences initiatiques chez le
Maître secret de la Montagne et
en Egypte, et en se référant aux vieilles
traditions avestiques de l'Iran (
Avesta ). Celles-ci avaient été
importées sous le nom de mazdéisme par
les Mèdes, peuple qui descendait des Aryens de la
Région de l'AmouDaria.
C’était une religion dualiste par excellence,
révélée au VII°
siècle avant
notre Ere, par le grand Prophète Zoroastre, et
consignée dans le livre sacré du
Zend-Avesta. Il y avait d'un côté le Principe du
bonheur personnifié par
Ahura-Mazda (Ormuzd), et de l'autre celui du malheur
personnifié par
Angro-Ma´nyous (Ahriman). Il faut
vénérer Ormuzd et tendre vers la perfection
morale. Les pratiques magiques n’étaient pas
exclues du rituel d'Alamout. En
dehors de l'enseignement métaphysique, Hasan
s’efforçait d'inculquer aux
membres de l'Ordre des principes de chevalerie spirituelle, de les
rassembler
en un compagnonnage mystique dont les membres sont liés
entre eux par des
symboles ayant une correspondance astrologique. Ils sont des chevaliers
de l'Esprit
qui doivent préparer une humanité nouvelle. Ils
se meuvent dans le troisième
Règne, celui de l'Esprit, du Paraclet, qui doit suivre le
Règne du Père annoncé
par les prophéties anciennes, et celui du Fils
annoncé par Jésus, Mahomet zet
Ali. Ils doivent rechercher "l’île
verte", lieu de l'Imam de la
révélation qui a son parallèle, en
Occident, sous les noms de Thulé et de
Groenland, la terre verte. L’île verte est le lieu
de refuge de l'Imam, homme
parfait qui est l'accomplissement des Imams terrestres,
équivalent de l'Adam
Kadmon des Hébreux. L’île verte, c'est
l’équivalent du Mont Serrat des
chevaliers de la Table Ronde de Wolfram von Eschenbach et des Cathares.
Attendre l'Imam de la révélation, cela
équivaut à l'attente de la
"Parousie", le second avènement du Christ. La queste
incessante des
chevaliers spirituels, c'est aussi celle du Vase Saint, du Graal de
notre
tradition, réceptacle de la sainteté. Tel est
l’idéal de l'Ordre des chevaliers
d'Alamout ! Le 12 juin 1124,
Hasan ibn Sabbat sut qu'il allait mourir. Il réunit ses
principaux fidèles pour
les en informer, et leur dire qu'il désignait comme
successeur Kya Buzurg
Humid, un de ses plus anciens disciples. Le mythe de la
survivance d'Hasan s’établit chez les
Ismaéliens et fut soigneusement entretenu
par Kya Buzurg qui, pourtant, l'avait vu mourir. Hasan reviendrait avec
l'Imam
de Résurrection, le Mahdi, être de
lumière. Dans cette attente, il fallait
continuer à suivre les enseignements qu'ils avaient
dispensés pendant sa vie
terrestre. Le nombre des
partisans d'Hasan augmentait sans cesse. Kya Buzurg disposait
maintenant
d'environ 70 000 hommes, et de 74 forteresses réparties de
la Méditerranée à
l'Indus. On était loin des deux centaines d'hommes
réunis à Alamout après la
prise de cette place par Hasan. Kya Buzurd continua la politique de
terreur par
la pratique des assassinats ; c'est ainsi que furent tués,
par des fidawis, les
califes fatimides du Caire et de Bagdad, ainsi que de nombreuses
personnalités
sunnites. Malheureusement, Kya Buzurg dévia de la ligne
austère qu'Hasan avait
si strictement suivie. L'Ordre
atteignit l’apogée de sa puissance sous les deux
successeurs de Kya Buzurg, son
fils et son petit-fils, de 1138 à 1172, et cela
malgré des erreurs et des
défaillances. Puis, il déclina jusqu'à
ce que se produise un événement
considérable : l'invasion Mongole. L'Iran fut
submergé et, en 1265, Alamout
tomba sous le choc furieux des armées de Houlagou,
petit-fils de Gengis Kahn.
La terreur Mongole, marquée par d'affreux massacres
collectifs, succéda à la
terreur des assassinats individuels. Heureusement,
en prenant Alamout, Houlagou se rendit compte de l'importance de sa
bibliothèque qui comprenait quelques trente mille volumes,
dont certains
étaient précieux. Il chargea Djouény,
historien mongol arabisé, d'en faire le
recensement. Celui-ci dura plus d'un an. Djouény prit de
nombreuses notes,
releva de nombreux extraits. Mu par son sectarisme
anti-Ismaélien, il publia un
mémoire dans lequel il condamnait
sévèrement la doctrine du Seigneur de la
Montagne. L'analyse qu'il en fit à cette occasion a au moins
eu l'avantage de
faire connaître une partie de l'oeuvre de Hasan ibn Sabbah
avant qu'elle ne
soit détruite. En effet, allant encore plus loin dans son
hostilité, Djouény
réussit à convaincre Houlagou de
détruire la bibliothèque. Ce qui fut fait sur
les lieux mêmes dans un abominable autodafé ! Les
recherches patientes de deux
savants contemporains, W Ivanof et Henry Corbin, ont permis de
retrouver
récemment, aux Indes, quelques textes ismaéliens
que l'on croyait perdus pour
toujours. Ils se trouvent aujourd'hui à la
bibliothèque Iranienne de Téhéran
que dirige Monsieur Corbin. Une partie d’entre-deux a
été traduite et leur
exploitation peut ainsi se poursuivre. par Jean de Gisors publié dans : Enseignement
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