Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Vaincre ses passions


Traiter des passions, c’est affronter son propre triangle.
Un triangle constitué du Logos, c'est-à-dire, la raison, l’harmonie, la vie ; du Pathos c'est-à-dire, l’irrationnel, le désordre, la folie et la mort et l’égo représentant le JE, le moi dans son unicité pensante personnalisant une conscience sans laquelle il resterait au stade impersonnel.
Traiter des passions, c’est accepter d’ouvrir son compas et  de l’affronter avec sa petite équerre, se faire face autant que le permet notre égo, faire face à ses peur et ses craintes.
Traiter des passions, c’est éclairer les petits recoins sombres de son pathos avec les trois lumières, demander avec insistance à son ego d’aller voir ailleurs si il y est, affronter sa raison, lui demander pourquoi elle est comme elle est et pas comme notre ego souhaiterait qu’elle soit.
Traiter des passions, c’est oser regarder son image intérieure dans un miroir que l’on ne choisit pas, qui se dresse devant nous à sa guise et qui nous renvoie des images que notre MOI choisit courageusement d’ignorer …

Etymologiquement parlant, le mot passion vient du latin passio, qui porte en lui beaucoup de sens. Il traduit notamment une action de supporter, une souffrance,une indisposition, une affection,
une pertubation morale, un accident, une passivité.

j’ai longtemps pensé à ce que j’oserai dire ce soir…Et à ce que je n’oserai pas dire…
Avec le plus grand sérieux qui soit et sans provocation aucune, j’ai choisi de vous faire part d’une des plus fortes passions qui ait traversée ma vie: celle du sexe.

Je me suis souvent interrogé sur l’origine de cette passion…Etait-ce une pertubation morale ? une souffrance ? une maladie ? Etais-je si différent ?...
Cette passion me fut longtemps dévorante, avec ce sentiment mélangé de plaisir-déplaisir et l’impression qu’elle me menait ou bon lui semblait…
Peut être lassé ou conscient des conséquences de ce tourbillon, le miroir plaisant que m’offrait cette passion s’est progressivement fendu, laissant apparaître d’autres images de moi-même plus déplaisantes.
J’ai mis longtemps à accepter ces images qui inlassablement revenaient et devenaient avec le temps de plus en plus prégnantes…Elles s’imposaient à moi augmentant cette sensation de déplaisir.
Peu à peu, avec beaucoup de difficulté, j’ai accepté de m’observer. J’ai pris conscience de l’étendue de mon égoïsme, de ce besoin de séduire, de la légèreté de mon être vis à vis des autres, de la solitude qui pouvait exister dans ma vie…
Ce fut un long et un difficile éveil…je faisais la connaissance d’une nouvelle personne…j’ai cru comprendre que j’utilisais cette passion pour masquer ou combattre certaines peurs liées à ma vie…comme la mort, la maladie, le néant…et ce au détriment de ma relation aux autres et de ma propre image… Cette passion me servait de contre feu, d’exutoire à mes angoisses. Aujourd’hui, je ne suis pas loin d’en accepter l’idée.
Cette prise de conscience m’a permis de vivre en meilleure harmonie avec moi-même, avec cette passion et de m’accepter tel que je suis…
Cette passion n’a pas totalement disparu, je n’ai pas cherché à la vaincre et elle fait toujours partie de moi.
Je dirai plutôt que j’en ai digéré les fondements, les raisons de son existence et que je les ai accepté comme faisant partie de moi.
Sans aucun hasard et avec logique, une autre passion est née, beaucoup plus puissante, plus structurante, plus apaisante …une passion dont je partage la vie, dont je caresse le corps nu l’esprit en paix, qui m’accepte tel que je suis et qui est devenu mon nouveau miroir.

Cette expérience m’a donné a penser que vouloir vaincre ses passions c’est se tromper de chemin car nous sommes passion.
Pourquoi vaincre nos passions ? Vaincre ce qui coule dans nos veines ? Habite nos esprits et nos âmes ? Ce qui fait ce que nous sommes  ? Ce qui fait notre vie ?
Ce que nous faisons est passion.
Le choix ne nous est pas donné. Nous sommes faits comme des personnages d’argile de ce pathos, de ce logos et de ce moi qui nous font et nous défont
Nous sommes condamné à vivre avec nos passions, faites de dualité et de paradoxe…de bien et de mal…de plaisir et de souffrance…de vie et de mort…constructrice et destructrice…compas et équerre…
Alors si nous acceptons ce postulat que nous sommes passion, le plus important n’est il pas de les reconnaître pour se connaître, les accepter pour s’accepter, les comprendre pour se comprendre ?...
Vouloir se rapprocher de soi en allant au-delà du miroir que nous offre nos passions peut être un chemin peut être douloureux mais qui permet de se rapprocher de soi avec lucidité, d’atteindre une harmonie.

Faire face à ses passions est le premier pas. Je ne dis pas s’y opposer mais les reconnaître.
Accepter de se voir tel que nous sommes dans le miroir que nous offre nos passions est le second pas.
Le troisième pas, peut être le plus difficile, nous demande de faire face aux fondements de nos passions, de traverser le miroir qu’elle nous offre et accepter enfin ce que nous sommes.

Dans toutes les lectures réalisées pour cette planche, une chose m’a frappée.
La plupart des théories ou postulats traitent des passions en positionnant l’être seul au monde face à ses passions.
J’ai alors pensé à nos tenues, à ces moments passés ensemble qui nous donnent la formidable possibilité de ne plus être seuls pour faire face à nos passions.
Nos tenues ne sont elles pas ou ne devraient elles pas être le lieu pour les accepter, les comprendre, les partager entourés des sœurs et des frères, de leur bienveillance et des reflets qu’ils nous renvoie.
Il y aurait temps de choses à dire sur nos passions. Il y aurait tant de choses que j’aurais pu dire.
Certaines que j’ai tu inconsciemment, d’autres que j’ai gardées pour moi volontairement.
Par pudeur, mais surtout comme on dit « pour la route » , celle qui m’attend.
Car je considère cette planche comme le véritable début de mon parcours maçonnique, comme le premier coup de ciseau vraiment important donné à ma pierre brute.
Une quête sans retour, au-delà de mes passions et de mes préjugés, dont le chemin parcouru est lui même la récompense, vers un but lointain et flou, dont j’essaie de me rapprocher…peu à peu…pas à pas…pour me rapprocher de ma propre humanité.

J’ai dit

J
\F\ H\

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