Si le travail et le devoir d'un franc-maçon est de dégrossir la pierre brute afin de contribuer à la construction  universelle, son premier travail est avant tout métaphysique car il se doit d'avoir des réflexions philosophiques, qui ont pour objet la connaissance de l'être, la recherche des  principes premiers et des causes premières, telle cette grande doctrine de RABELAIS, qui s'attache à démontrer la faiblesse de la raison humaine, poussant l'homme a ressasser et à puiser pour rechercher au plus profond de lui-même une certaine vérité .
 D'où cette devise, en forme de perpétuelle remises en question : " Que sais-je ? ".
Pour cela, l'enseignement maçonnique apprendra à l'initié, que tout est un éternel recommencement ; Cela sera la clé de son d'instruction.
Son principal travail sera alors, au cours de son cheminement , d'acquérir
" la connaissance ", et d'étudier tous ses dérivés , afin de pouvoir créer son propre système d'explication des rapports entre sa propre pensée et le monde.
Pour cela, l'initié, s'intéressant aux principes capitaux de notre ordre et à son symbolisme, possédera certainement, les plus beaux outils qu'un homme n'ait jamais eu entre ses mains.

Sa première démarche et réflexion sera : " d'où viens - je " ?

Pour le profane, cette interrogation  pourrait  le mener sur des sentiers divers et tortueux dans lesquels il pourrait se perdre.
Pour l' initié, sa première démarche , pour répondre à cette question,  pourrait l'amener dans le cabinet et de réflexion.
Cette étape , le cabinet de réflexion, tellement importantes et trop souvent enfouie est assimilée à un lointain souvenir.
Comme le dit Oswald WIRTH dans son premier volume sur l'apprenti,
" pour apprendre à penser, il faut s'exercer à s'isoler et à s'abstraire. On y parvient en rentrant en soi-même, en regardant au dedans, sans se laisser distraire par ce qui se passe au dehors ".

L' apprenti apprendra par la suite, qu’il utilise déjà, dans le cabinet de réflexion ,la perpendiculaire.
Il fait rentrer au plus profond de lui-même cette sonde verticale qui l'amènera peut-être un jour à comprendre la sève du mot vitriol, (visita intériora terrae,rectificando invenies occultum lapidem, signifiant visite l'intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée des sages) .
Le profane, sans le savoir, joue déjà  à l' alchimiste .
Cette pierre cachée des sages, n'est autre que la pierre dite philosophale utilisée par les praticiens du Moyen Âge, pour qui l'alchimie était la SCIENCE par excellence qui contenait à elle seule les principes de toutes les autres formes de savoir.
Cette science, avait pour objet l'étude de la vie, son but étant de découvrir un secret mystérieux, grâce auquel la vie pouvait être indéfiniment prolongée .
Cette pierre philosophale, ou pierre cubique des francs-maçons, doit pouvoir conduire le profane à rechercher en lui-même cette substance qui lui permettra de se construire intellectuellement et moralement, pour participer au grand oeuvre.
Dans ce cabinet de réflexion, notre homme, confronté à lui-même et complètement seul,  devient à la fois microcosme et macrocosme.
C'est-à-dire qu'il est en même temps un être à part entière, un homme ,un microcosme ou un univers, qui à lui tout seul, reflétera le monde en général, ou macrocosme, auquel notre homme appartient. Il est alors, univers intérieur et extérieur dans  sa relation parallèle avec l'homme dans la tradition  ésotérisme .
On peut dire qu'il est à la fois créature et créateur et vice versa.
Ainsi, notre futur initié, ne peut prétendre accéder aux  voyages sans être encore entré en lui-même, pour répondre aux trois questions de son testament moral et philosophique :
   - Son devoir par rapport à lui même .
   - Son devoir par rapport à sa famille .

   - Son devoir par rapport à l’humanité .

Notre homme, est maintenant initié, et poursuit étapes par étapes son instruction et son cheminement. 
Désireux d'aller toujours plus loin, de vouloir progresser encore davantage pour accomplir son chemin initiatique, afin de découvrir d'autres mystères non révélés, il continue à dégrossir sans cesse la pierre brute en cherchant au fond de lui-même le ferment , la verve nécessaire à son évolution.
Beaucoup d'outils, de symboles, sont là à sa rescousse ,et il en existe un autre qui peut l'aider dans sa démarche .
On peut trouver celui ci à la suite du troisième voyage .
Après avoir séjourné au milieu des flammes, symbolisé par une bougie allumée ,que la main du profane  effleurera , et celui-ci se sentant envahi d'une chaleur  bienfaisante, d'une force nouvelle et constructive qui lui donne  l'impression de pouvoir réaliser de grandes choses, le récipiendaire éclipsera toutes ces impressions de chaleur, de grand calme, de repos intérieur pour laisser place à l'amertume du calice.
Après avoir ingurgité ce breuvage , cette liqueur forte, brûlante et âcre, qui se dissipe peu à peu en laissant place à un goût de moins en moins amer, notre homme retrouve progressivement quiétude et sérénité.
D'ailleurs, on peut dire qu’à partir de ce moment, qu'il est véritablement initié.
Ce calice démontre bien, que tout être existant sur terre , ne peut prétendre avoir une vie sans obstacles et que les sentiers de sa destinée peuvent se montrer sinueux.
Cette boisson, est bien l'emblème de l'introspection , de la remise en question et de notre fil à plomb .
Elle peut rappeler, à chacun d'entre nous , que pour pouvoir progresser , il faut pouvoir  aller chercher en soi certaines choses pas forcément agréables, et remuer parfois peines et tourments ,afin de pouvoir  ressortir vainqueur de ces épreuves et ressentir à nouveau ,une tranquillité intérieure ,une plus grande force.
Toutes ces expériences, connaissances, ne font pas route isolément.
Le relativisme , tente d'expliquer, que toute connaissance est tributaire d'une autre connaissance, celles-ci étant donc dépendantes l'une de l'autre .
Chaque sujet, chaque outil de discernement, est donc relatif aux connaissances globales que nous avons reçues , aux facultés intellectuelles de chacun d'entre nous.

C'est ce qui fait  la richesse de notre symbolisme ; chacun apportant sa propre pierre, ses propres connaissances, sa propre sensibilité, son propre discernement, sa propre perception .
D'une façon plus claire, c'est ce que tente de démontrer cette planche.
Le cabinet de réflexion est dépendant du  vitriol, du souffre, du mercure et du sel,* des trois voyages, du calice d'amertume , de la colonne du nord ,du second surveillant et donc de la perpendiculaire.
WIRTH , cite dans son livre sur l' apprenti : " la perpendiculaire du 2éme surveillant, sollicite au contraire, chacun à s'élever aussi haut que possible, en même temps qu'à descendre jusque dans les abîmes les plus profonds de la pensée ".
Cette perpendiculaire peut-être associée à d'autres valeurs  :
   - à la matière représentée par les facultés de l'apprenti.
   - à l'élément féminin et créateur, la mère, celle qui enfante , et qui par extension donne naissance au monde .
   - à notre colonne J ,où notre initié touche son salaire après avoir travaillé, écouté, et participé intérieurement aux travaux de l'atelier .
   - à l'imagination, qui ne demande qu'à être canalisée.
   - au chiffre un, qui a lui seul, ne pourra jamais rien accomplir, rien bâtir, rien réaliser.
Tout se travail, symbolisé par la verticalité du fil à plomb, amènera notre apprenti à se stabiliser, s'équilibrer, se donner une certaine assurance et confiance en lui ; en fait un certain aplomb.
Mais en aucun cas, il faudra qu'il  n'oublie que cet aplomb s'avérera toujours éphémère, car une remise en question sera toujours nécessaire, afin de peaufiner ses connaissances et  aptitudes et d'envisager un travail plus horizontal .
Ainsi, si la définition de l'encyclopédie Larousse est de décrire une droite verticale comme étant la direction de la pesanteur matérialisée par le fil à plomb , l' apprenti apprendra de cette façon là à ressentir la pesanteur de ses pensées, de ses actes, et de ses propos.
D'ailleurs, il ne pourra oublier que la franc-maçonnerie est une institution progressive ,dans laquelle ,elle le dirigera dans une recherche permanente de l'étude de la vérité, de la morale, et que cette connaissance de lui-même, lui permettra de mieux travailler à la pratique de la solidarité.

L' homme, pourrait représenter la synthèse du monde, et nous l'avons vu tout à l'heure, celui -ci est un microcosme, qui touche les trois niveaux du delta ; nous pourrions les assimiler à  l'air, la terre, et le ciel.
L'homme alors, le pilier cosmique, est à la recherche de son unité.

Il est l'image de Dieu, du grand architecte, de la nature, d'une création, selon les croyances de chacun, et pourtant il est fait de chair et de matière. L'homme, est le symbole de la recherche active , de l'extraversion, du sérieux et du dynamisme.
Il va vers l'extérieur, indiquant à la fois la puissance de la vie, mais aussi sa conscience, sa faiblesse, et tente de démontrer que seul son intelligence compense.
Ainsi, l'homme étant à la foie entité et symbole, schématise l'espoir et l'instabilité.

En travaillant par la verticalité, il apprendra à dénouer les problèmes, et à se libérer de ses entraves et attachements, et deviendra progressivement conscient des réalités.
Symbolisant les rencontres, il pourra ainsi affiner et consolider les liens tel à un noeud.
Nous pouvons donc ici les assimiler comme deux outils pouvant engendrer l'union.
Tout comme son tempérament et tout ce qu’il constitue, l'homme ainsi que le noeud doivent être dénoués avec intelligence et patiente  car, si la boucle se reforme, se ressére, si notre homme se replie sur lui même, évitant la confrontation avec l’extérieur, tout cela deviendra encore plus difficile à défaire, à refaire .
Les défauts sont donc toujours plus compliqués à corriger et il vaut mieux essayer, faire du mieux possible tout de suite.
Alors, il ne reste plus qu'à contempler notre belle corde, qui fait le tour de notre temple, symbolisant l'union et le travail de tous les frères de la loge et sur le globe, union que nous devons créer et maintenir, pour donner l'exemple à l'extérieur, et essayer de relier dans un esprit de fraternité tous les hommes de la terre.

J’ai dit Vénérable Maître

F\ G\


*( le soufre, énergie expansive qui part du centre de tout être,( colonne J);
le mercure, s’opposant au soufre, car pénétrant toutes choses par une influence venant de l’extérieur,(colonne B);
 le sel, principe de cristallisation représentant la partie stable de l’être.)