Le
défi du siècle
Le plus grand défi du siècle pour
l’avenir
de l’homme est la préservation de la
planète. Comment pourrons nous concilier
le progrès de l’humanité avec pour
corollaire le développement durable et
convaincre les états et les citoyens d’accepter
les contraintes qui s’imposent.
Pour
répondre
à cette question, il faut nous accorder sur deux
préalables :
· La
question en elle-même et les éléments
induits de
réponse qu’elle contient ;
· Et
sur les causes, qui ont conduit l’homme à devoir
relever ce défi.
A propos de
la question,
- Hormis le fait que la Planète s'est
passée de nous durant des milliards d'années et
qu’à ce titre elle n’a pas besoin de
l'homme pour continuer de tourner dans l'univers,
majoritairement, en regard de l’intitulé de la
question, les frères et sœurs de la loge
s’accordent à déclarer que ce
n’est pas le plus grand défi du siècle,
mais le DEFI que doit relever
l’humanité si elle veut perdurer.
Qu’en cela notre instinct de survie
devrait suffire à convaincre les états et les
citoyens d’accepter les
contraintes qui s’imposent.
- Une autre
certitude unit les frères et sœurs dans leur
réflexion, c’est que le
développement durable fait partie intégrante du
progrès de l’humanité et n’en
pas une conséquence ; ce qui veut dire
aussi qu’il
n’est nul besoin de concilier mais plutôt de
réconcilier progrès et développement
durable.
- Enfin il
leur apparaît clairement qu’il y a urgence,
car les changements climatiques auxquels nous
assistons actuellement vont s’opérer sur une
courte durée alors qu’ils
s’étalaient jusqu’alors sur des milliers
d’années. A date, les
moyens politiques et techniques envisagés, jusque
là, pour enrayer ce phénomène ne feraient que retarder une
échéance inéluctable et
à la condition que toutes les nations veulent s’en
donner la peine, ce qui n’est pas encore le cas.
C’est
bien
pourquoi il faut nous interroger sur
ce qui a pu causer cette faillite
dans la gestion des richesses de notre planète.
C’est un préliminaire sans
lequel et si nous n’en sommes pas d’accord, il nous
sera difficile de prôner
une solution efficace et durable. Sur ce propos les frères
et sœurs de la loge
relèvent trois causes
principales :
- La
première, nait d’une humanité
qui ne pense qu’à satisfaire des besoins
nés d’une conception individualisée de
son bien-être. De fait, le lien social se
délite et la solidarité devient un alibi pour les
plus nantis alors que celle véritable est le fait de groupes
marginalisés. Il est logique dans un tel contexte
qu’une vision anthropomorphique de
la nature se soit développée, et que l’homme s’en éloigne
de plus en plus et refuse d’en mesurer la réelle
puissance.
- La seconde
vient de nos sociétés industrielles et
matérialistes qui se sont appuyées sur
l’idée que le
progrès de l’humanité était
subordonné aux seuls progrès techniques et sur
une économie basée uniquement sur le profit
individuel. Toutes certitudes qui ont permis à
l’homme d’agir comme si nos ressources
étaient illimitées.
- La
troisième enfin, est la résultante des deux
autres et nous ramène à la
place, la vigueur et la justesse de nos démocraties et de
leur responsabilité dans l’éducation
à la citoyenneté. Qu’en
est-il du pouvoir politique face à celui des
multinationales, comment sans démocratie peut-il exister une
prise en compte avérée et partagée
de cette problématique, plus simplement, comment
peut-on réfléchir à la
citoyenneté en ayant le ventre vide ?
Globalement
on pourrait interpréter qu’en se
désolidarisant de sa communauté
l’homme a géré sa
« maison » (économie)
tout en
ignorant la « connaissance »
qu’il en avait (écologie).
Aujourd’hui, les temps qui régissent les principes
écologiques et ceux
économiques ne sont plus concordants
(l’écologie raisonnant sur du long terme
et l’économie sur du court terme), alors
qu’en réalité l’un ne va pas
sans
l’autre. Comment peut-on
prétendre
vouloir gérer quelque chose qu’on ne
maîtrise pas ?
C’est
donc
bien en regard de ces constats, qu’il nous faut analyser la
question et tenter
d’apporter une réponse que nous avons
délibérément choisi
d’être maçonnique en
s’appuyant sur des principes et sur
nos valeurs, avec en finalité notre devoir de
transmission.
Notre
première réflexion de maçons nous
ramène à l’universalité
pour replacer l’individu de son état individuel
vers celui plus communautaire
et planétaire indispensable à sa survie dans un
univers en expansion.
Pour passer
de cet état singulier à celui qui devra
être nécessairement plus collectif, seule
la Fraternité universelle peut nous
aider à satisfaire à cette exigence ;
et à la condition de faire vivre
nos autres valeurs maçonniques,
l’Egalité et la Liberté. Seul un monde fait de
Fraternité peut permettre à une
société
d’hommes assez
désintéressés, bons et bienveillants
de vivre entre eux sans
qu’il y ait ni privilèges, ni droits
exceptionnels, et où les hommes
pratiqueront entre eux la Justice avec des droits égaux.
Dans cette
perspective, le rôle du
Maçon est
d’importance car il doit s’attacher
à vulgariser
et faire vivre le principe de Fraternité pour remodeler chacun des concepts erronés
à l’origine de cette crise
écologique ce qui peut se traduire par :
- Il
nous faut faire pression sur nos élus car seul le
pouvoir politique pourra redonner une cohérence à
ces ensembles apparemment antithétiques que sont
l’économie et l’écologie. Nos élus
doivent redonner toute sa place à
la démocratie directe pour envisager à
moyen ou plus court terme, voir fleurir de nouveaux modes de
gouvernance, universels, solidaires et partagés par
territoires, par pays, par nations et au niveau planétaire.
- Il
nous faut encore faire pression sur nos élus car
tous les frères et sœurs s’accordent
à penser que ces nouveaux mode de gouvernance supposent une éducation à la
citoyenneté, basée sur une éthique de
l’implication et de la responsabilité
à tous les niveaux et dans toutes les nations du monde. Il
est du ressort du pouvoir politique de semer le germe de cette
éducation à la citoyenneté et de le
cultiver. L’individu,
citoyen du monde, doit pouvoir se réapproprier son univers
politique, écologique, économique.
- Il
nous faut toujours faire pression sur nos élus et
obliger le pouvoir politique à replacer
l’humain au centre de nos préoccupations et
notamment celles économiques. Cette condition est
indispensable pour concevoir une économie plus
éthique, sociale et solidaire. Déjà
à l’œuvre dans les structures de
l’économie sociale et solidaire (associations,
mutuelles, coopératives,), les modes de gouvernance
démocratique, la non lucrativité individuelle, le
respect de l’individu participent de cette
nécessaire évolution et sont autant
d’exemples dont il faut favoriser la propagation.
Si nous
voulons avancer sur la voie du progrès de
l’humanité dans le respect des
enseignements écologiques sans lesquels l’avenir
même de l’humanité est remis
en cause, il nous faut mettre en
œuvre
ces préceptes né du principe de
fraternité. En dehors d’une telle
approche
on risque fort de ne voir fleurir que des réponses
techniques qui n’auront pour
effet que de colmater des brèches au lieu de traiter du
problème dans son
intégralité.
Il nous
semble en effet évident que ce sera en réagissant
aux impérieuses nécessités
qui se font jour en matière de refondation
de nos modes de gouvernance, de revitalisation
du tissu social et d’une vision
responsable de l’économie, que nous
nous donnerons les moyens de répondre à
ce défi.
Pour nous
maçons, cette réponse passe par le « connais-toi,
toi-même ! », sur ce
que chacun de nous est prêt à abandonner
pour faire vivre une telle société et comment au
travers ses comportements
faire vivre et promouvoir ces idées dans le monde profane.
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