Sel, Souffre et Mercure

"Le Tao produisit l'Un, l'Un produisit le Deux, le Deux produisit le Trois. Le Trois produisit les êtres et toutes les choses. Tous les êtres et toutes les choses sortent du Yin et vont au Yang" - Le Livre des Mutations

En reprenant la lecture de mon compte rendu d’initiation je me rend compte à quel point le cabinet de réflexion fut un moment important pour moi et le nombre de questions et d’observations que je me faisais alors m’amènent à penser que j’y serai bien resté plus longtemps.

Mais ce moment de symbolique me permet de revenir sur ces trois coupelles et les matières contenues dans ces trois coupelles.

Dans mes réflexions post initiatiques je partageais ces quelques mots avec vous, je cite :

Je reprend alors mon exploration de ces objets et matières en tentant d'en décoder l'aspect symbolique. A droite un pichet d'eau rangé dans un angle et contenant un liquide pas très avenant. Devant lui des matières symboliques, le souffre, le sel et le mercure. L'alchimie est une démarche que j'oppose à la science, cela me fait penser à ces vieilles superstitions en décalage avec notre temps. Les secrets de la sagesse se trouverait elle dans ces matières ? de quelles vertus sont elles parées ici ?

Les deux questions que je me posais et dont je n’avais pas la moindre idée d’un commencement de réponse me reviennent alors.

SI ces trois coupelles et ces trois matières sont ici représentées, leur sens me restait caché et il me fallait alors me remettre dans l’aspect symbolique de la démarche de l’initiation.

Je commençais donc par revisiter mes croyances et convictions par rapport à l’alchimie et bien entendu par rapport aux alchimistes.

A la base de leur théorie hermétique, on trouve une grande loi : l'Unité de la Matière et le Grand Œuvre, la transmutation des métaux pour les amener à leur perfection : l’or.

La Matière est une, mais elle peut prendre diverses formes et, sous ces formes nouvelles, se combiner à elle-même et produire de nouveaux corps en nombre indéfini.
Cette matière première était encore appelée semence, chaos, substance universelle. Sans entrer dans plus de détails, Basile Valentin pose en principe l'unité de la matière.
« Toutes choses viennent d'une même semence ; elles ont toutes été à l'origine enfantées par la même mère »

« De l'unité, tirez le nombre ternaire et ramenez le ternaire à l'unité. » disait Paracelse "le père de la médecine hermétique", tel que le qualifie le "Petit Laroussse".

Voilà peut être une autre clé pour décoder la symbolique de ces trois matières et expliquer leur présence dans ce cabinet de réflexion, antichambre de la mort. Il devient alors la séparation de la vie, l’ancienne vie à laquelle il faut renoncer et même mourir. Le testament n’est il pas alors la finalisation de cette abandon de cette mort symbolique ?
Après avoir triomphé de cette redoutable épreuve il faudra alors au candidat à une nouvelle vie faire les 3 voyages symbolisant cette voie nouvelle d’évolution et ses étapes.

Sel mercure et souffre…

Trois matières ? Assurément non !

Trois principes de la création de toutes choses.. l’alchimie est une approche de la création, une recherche symbolique de la mutation et de l’évolution.

Trois principes de la création, de l’évolution ou plutôt de la transformation comme le pensaient les alchimistes.

Nous voilà donc arrivés dans la symbolique maçonnique et peut être la raison de la présence de ces trois matières dans le cabinet de réflexion.
L’impétrant doit-il alors comprendre que Le Soufre, le Mercure et le Sel ne sont que des abstractions, commodes pour désigner un ensemble de propriétés ; une symbolique à découvrir et à rapprocher de la démarche maçonnique, sachant qu’il ne s’agit pas bien évidemment, de Mercure métallique, pas plus que de soufre vulgaire, ni de sel de cuisine, mais de trois Principes.

Le sel liant et équilibrant , le souffre principe actif et le mercure principe réactif.

C’est ici le principe universel de transformation de la matière, de l’énergie.

Les trois coupelles seraient elles là pour nous rappeler l’essence de toute chose, de toute création vivante, appartenant tant au monde minéral, végétal ou animal.

Le cabinet de réflexion, première épreuve de l’impétrant. Il entre là, anti-chambre de sa nouvelle vie et trouve alors les symboles censés lui expliquer son parcours, sa démarche, ce qu’il trouvera en maçonnerie.

Trois coupelles pour instruire le futur apprenti.

Assurément, Platon avait saisi l'importance de tout édifice tripartite, lorsqu'iI enseignait dans le rimée: « Mais, que deux termes forment seuls une belle composition, cela n'est pas possible sans un troisième. Car il faut qu'entre eux il y ait un lien qui les rapproche tous les deux. »

La transmutation d’un simple métal en or n’est elle pas la symbolique de la transformation du profane en…? En quoi d’ailleurs ?

Ces trois coupelles me ramènent alors à ce que je suis venu chercher ici.

En quoi cette voie peut elle m’aider à atteindre cette sagesse ultime, cette compréhension du monde, des autres et de moi même ?

Paracelse qu’on ne peut décidément pas dissocier de cette réflexion symbolique préconisait la Spagyrie comme processus alchimique, ce que l’on peut comprendre étymologiquement par :

spao extraire et agero rassembler

Je comprends aussi qu’il est vain et inutile de comparer mon chemin à celui des autres, l’endroit ou je me trouve avec celui ou se trouvent mes frères. Nous ne suivons pas forcément le même chemin, nous n’en sommes pas au même point.

J’ai alors accepté que la maçonnerie ne rendait personne parfait, mais permettait à chacun de se perfectionner. A son rythme, a sa vitesse, dans sa direction.

Je peux alors faire le lien avec ces trois coupelles.

Ce sont nos trois principes fondateurs et chacun d’entre nous peut donner un sens différent à ces trois principes, le sien et seulement le sien.

A chacun sa force, a chacun sa sagesse et à chacun sa beauté.

Le rituel est alors là pour nous montrer comment allumer chacune des ces trois petites lumières qui nous rendent si différents et si semblables en même temps.

Ainsi mettait-il en évidence l'analogie spirituelle entre la conception méta­physique de l'Homme: esprit, âme, corps, et les trois principes liés à la matière vivante: Mercure, Soufre, Sel .

Plus prosaïquement, de quoi suis je fait, quels sont les principes qui composent ce que je suis ?

Comment répondre à cette question de façon mois ésotérique ou plus exotérique ?

Voilà qui me ramène à mon propre parcours de développement personnel. En y appliquant ces trois principes cela donne :

Une force active, cette partie de ma personnalité qui me pousse à agir, à construire et à apprendre. Une force réactive, celle qui me permet d’établir des relations avec les autres, d’être empreint de compassion et cette capacité à comprendre pour aider.

Et une force neutre, celle qui me permet de prendre du recul sur les événements, celle qui me rend observateur impartial du monde qui me donne une vision intemporelle de la Vie. C’est aussi celle qui me permet de mettre en relation les événements du présent avec mon passé, mon futur, dans une perspective temporelle qui redonne à chaque élément la place qu’il mérite.

Il me reste alors à les distinguer les unes des autres, à les purifier, les perfectionner pour les ré assembler ensuite !

J’aime cette perspective que cette symbolique me permet. C’est en moi que se trouvent les richesses qui me permettront de me perfectionner, d’arriver à cette sagesse à laquelle chacun aspire.

J’ai dit.