Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
La lumière et l'esprit Depuis quelque temps, ces deux mots reviennent sans
cesse à mon esprit sans pour cela que je puisse en
trouver le sens exact, l'éclairage en un mot
la lumière. Deux questions se posent
systématiquement à moi : - y a t-il un
esprit de lumière? - y a t-il une
lumière de l'esprit? LE TERME « Dieu » (au singulier et avec une majuscule) renvoie dans notre culture pénétrée de christianisme à l'affirmation monothéiste de l'Ancien et du Nouveau Testament (la Bible juive, plus les premiers écrits chrétiens que les Eglises tiennent pour normatifs). Il désigne à la fois le Créateur, l'auteur de toutes choses, et un absolu de bonté, un principe de salut, qui opère dans l'histoire. Si l'on distingue ces deux fonctions, on parle du Dieu de la nature et du Dieu de la grâce. Mais il reste entendu, pour la foi chrétienne comme pour la foi judaïque, que c'est le même Dieu qui attire le monde du néant et qui se révèle dans le temps, par l'intersession de témoins privilégiés. Simultanément on professe qu'il est transcendant, mystérieux, et qu'il devient connaissable par ses oeuvres (la création) ou par sa révélation historique : l'expérience religieuse d'Israël, à laquelle les chrétiens ajoutent celle de Jésus, reconnu comme Christ-Messie, Verbe incarné, homme-Dieu. LA CREATION Dans la Bible juive, le Livre de la Genèse a pour titre son premier mot, Bereshit (« au commencement »). Dans la version des Septante, c'est Genesis (« origine »), terme immortalisé par sa latinisation dans la Vulgate. D'une manière large, le titre « Genèse » s'explique par le fait que le livre débute par le récit des origines du monde, de l'homme. Mais revenons au premier jour à ce FIAT LUX au Prologue de Saint-Jean qui nous révèle Le VERBE et la LUMIERE. Mais que serait pour nous ce Verbe et Cette Lumière s'ils n’avaient été suivis de la Création de l'homme fait à l'image de Dieu, à l’image donc de ce Verbe et de cette lumière, et engendré par le souffle du créateur. LE SOUFFLE Le long de l'axe de la verticalité humaine, la connaissance symbolique hiérarchise trois champs de rapports au monde. Elle symbolise de façon unitaire ces champs par la notion de souffle. Ainsi, trois types de souffles les animeraient : le souffle cosmique, le souffle animal et le souffle vital, correspondant respectivement, au niveau de la tête, à celui de la poitrine et à celui du ventre, cette tripartition symbolique constitue l'image traditionnelle de l'humain archétype et correspond à la position de notre main à l'équerre dans les trois signes d'ordre en Loge. Correspondant à la tête et à la gorge, le premier niveau est celui du souffle créateur, ou le souffle qui plane sur les eaux dans la genèse hébraïque. Il correspond au grec pneuma, à l'hébreu ruah, au latin spiritus, à l'arabe coranique er-ruh, au français esprit. C'est le respire divin, émanant du centre du cosmos comme du centre de l'être humain. Ce centre est un vide, une attente, une pure potentialité de souffle. L'être s'évide de soi, Dieu s'efface et appelle la création à l'être. De ce vide central jaillit le son primordial (symbolisé comme un coup de tonnerre, de tambour cosmique, de trompe, imité par le grondement du rhombe, cet instrument fait d'une pièce de bois attaché à une corde, que l'on fait ronfler dans l'air en lui donnant un mouvement circulaire. Temps d’inspiration, d'involution, de concentration cosmique, soupir de compassion selon l'islam, qui porte en soi tous les possibles, correspondant au « Que la lumière soit » de la Genèse. Le respiré créateur est ainsi pensé comme le paradigme (la déclinaison) de toutes les dyades (Réunion de deux principes opposés et complémentaires) dynamiques qui rythment le cosmos comme un flux et un reflux d'un océan cosmique de vibrations, d'où jaillissent et où se résorbent les formes, enveloppement et développement, procession-récession, génération-altération. Ce mouvement d'inversion du souffle cosmique, de part et d'autre du vide central, est symbolisé très souvent par des spirales de sens contraires s’inversant en leur centre commun, spirales qui se retrouvent dans l'essence même de la vie de l'homme, son ADN. Lui correspondent également tous les symboles d'équilibre comme la balance, symbole humain de la Justice. Pour la connaissance symbolique, la parole est ainsi structurée analogiquement au souffle créateur. D'où les spéculations sur les phonèmes sacres (om sanskrit, amen hébreu, alpha et oméga gréco-latin qui se prononçait aüm, les sons-germes (sphota), les « verbes séminaux » (logoi spermatikoi), les correspondances vibratoires entre les choses, les images et les noms (signatura rerum, idéogrammes, hiéroglyphes symboliques), les ponctuations, accentuations, répétitions, modulations liturgiques et poétiques. Par le souffle cosmique, le niveau superficiel des formes correspond aux structures symboliques profondes de la pensée comme de la nature. D'où les symboles hiérogamiques conjoignant l’esprit créateur et la parole matricielle, le Souffle saint trinitaire et la Sophia sainte dans l'Eglise orthodoxe. Assimilable à la cage thoracique, le niveau symbolique intermédiaire du souffle correspond aux deux grands systèmes physiologiques que sont la respiration pulmonaire et la circulation sanguine centrée sur la cour. Il s’identifie à ce que Platon nommait thumos. C'est le champ du souffle animal, correspondant à la vie de l'émotion, à la motivation et à l'acte de volonté animale (la volition), à la sensibilité à valeur affective (notamment l’odorat), à toutes les colorations, valeurs, nuances, intensités, du sentiment. C'est à ce niveau psychophysiologique que joue le symbolisme des éléments : de l'air et de la terre par la respiration, de l'eau et du feu par le sang. Ce symbolisme met en place une véritable compréhension « écologique » du souffle. La terre respire (notamment par les cycles jour-nuit), et toute vie « bat » en synchronie de ce rythme. Respiration atmosphérique qui est comparée en Chine à l'image du soufflet. L'image symbolique qui représente cet accord entre l’animation globale terrestre et l’âme animale est le vent (anemos). C'est également le niveau de l'orientation animale et des comportements actifs exploratoires. D'où les symboles de la tour des vents, de la girouette, de la rose ou de la roue des vents et leurs correspondances avec les saisons, les éléments, les tempéraments et, finalement, avec les caractères, les humeurs et les organes internes. Dans cet espace aérien, l’âme est vécue à travers l'image de l'aile. Mais elle est surtout psyche, c’est-à-dire étymologiquement « souffle frais ». Elle est ainsi identifiée à l’inspiration vivifiante, rafraîchissante, pure, neuve, renaissante, en opposition à l'air expulsé, chaud, porteur des miasmes, des esprits mauvais, des vapeurs fétides, des germes de maladie et de mort. Ce souffle frais est le principe qui revivifie les « esprits animaux » du sang, qui redonne l’élasticité aux fluides subtils qui animent les organes, qui entretient le feu de la cour et sa vie rythmique. Toute la physiologie jusqu'au milieu du XIXe siècle joue sur des métaphores liées au souffle animal et à son « écologie ». A ce niveau intermédiaire, le souffle d'animation est comme dédoublé, en écho de soi-même : animus et anima pour les Latins, nefesh et chajah pour les juifs. Ces deux aspects complémentaires sous-tendent la vie affective et émotive. Ils sont symbolisés par le Soleil et la Lune, psyche solaire ouverte sur le milieu extérieur, psyche lunaire ouverte sur le milieu intérieur. Compris comme polarité masculin-feminin, ce dédoublement module affectivement toutes les expressions du souffle qui jaillit du niveau le plus profond de la vie, à travers le diaphragme : « bouillonnement » du sang sous l'effet de la colère, crises d'anxiété ou d'angoisse (du latin angere : étouffer, suffoquer), crises d'asthme, jubilation éclatant dans l’enthousiasme ou le chant, « chaleur » de la tendresse, aura émotionnelle des parfums. C'est le niveau de la respiration « océanique » qui correspond à un état de détente profonde et d'expansion de la conscience par-delà le mental, niveau donc de la « conscience océanique », de la sympathie universelle, de l’effusion animale. Enfin, se situe sous le diaphragme, le niveau inférieur du ventre (epithumia selon Platon), dont le nombril est le centre symbolique. Tout à la fois cavité chaude matricielle et outre gonflée de l'énergie des pulsions, le ventre correspond au symbole du tambour chamanique, qui est femelle par sa cavité résonnante et male par sa peau tendue. Niveau du digestif (âme viscérale) et du génital (âme libidinale), c'est celui de la respiration dite « abdominale » ou souffle vital profond. Il correspond au champ de la psyche primitive, reptilienne. Précisément, cette paléo-psyche est universellement symbolisée par le serpent, love en spirale à la racine de la vie animale, dont le souffle se manifeste parfois de façon catastrophique en explosion psychosomatique incontrôlée d'une incroyable puissance, hurlement de survie, pétrification d'effroi, sursaut de rage ou de surprise, cri d'horreur. Le souffle vital est indissociable de l'espace vécu tactile et du « corps de mouvement » avec ses « prolongements » énergétiques que sont les quatre membres. Il s'organise ainsi en symbiose du système musculaire et osseux. D’où l'importance guerrière de ce souffle ventral (nomme hara dans le budo japonais. Il constitue la source instinctive des cris martiaux), des hurlements jaculatoires, du hourrah profane aux formules sacrées du yoga. C'est également la source énergétique des combats rituels les katas, mais tout autant des danses sacrées qui mettent en jeu et prétendent réveiller, par l' « appel du souffle », les énergies vitales les plus archaïques, telles que les « vitalités » animales du chamanisme. Le génital est intégré et vécu à ce niveau. Dans sa racine pulsionnelle et son expression érotique, la libido est tout entière l'expression de ce souffle vital : échange de souffles du baiser, surexcitation tactile, soupir, souffle haletant, cris de l'orgasme, détente pulsionnelle profonde... A un niveau infra génital, le yoga et le tantrisme voient naître le souffle à partir d'une énergie vitale purement indifférenciée, correspondant à la pure poussée biologique. Nous avons vu que ce souffle est une manifestation du Verbe et de la Lumière, revenons maintenant à cette Lumière. LUMIERE ET TENEBRES L'opposition lumière-ténèbres constitue un symbole universel. Pour en esquisser l'enjeu symbolique, on peut introduire trois grandes acceptions de la lumière sur le plan de l'imaginaire : la lumière-séparation, la lumière-orientation, la lumière-transformation. Ces trois aspects de la lumière comme symbole se définissent par rapport à trois formes de ténèbres, soit, respectivement : l'abîme ; l'obscurité ; l’ombre et l'opacité. Lumière-séparation et abîme s'opposent dans une symbolique de la création. Lumière-orientation et obscurité structurent la symbolique de la connaissance. La lumière-transformation se heurte à une double altérité : s'opposant à l'opacité, elle est le symbole de la manifestation, se confrontant à l'ombre, elle devient le symbole de la purification (catharsis). La dimension proprement démiurgique de cette opposition se retrouve à la racine de toutes les grandes cosmogonies. Du sein d'un abîme préalable (chaos), sans fond, sans forme, va brusquement émerger l'ordre, c'est-à-dire la séparation-archétype originelle. Deux principes opposés sont ainsi différenciés : la lumière et les ténèbres. Trois séparations démiurgiques vont en procéder. Elles engendrent le cosmos dans sa totalité. Une première séparation opère la création des grandes oppositions cosmogoniques fondamentales : l'avant et l'après, le haut et le bas, la nuit et le jour. Elle correspond à la croisée horizontale et verticale du ciel et de la terre. Il s'agit du symbolisme lié à la lumière-répartition. Celle-ci déploie l'intermonde ou vont jouer les forces fécondantes ouraniennes et les forces matricielles chtoniennes. La deuxième séparation est liée à la genèse de la vie. Elle joue sur les variations régulières nuit-jour qui déterminent les saisons. Création des cycles de mort et de renaissance, de lumière croissante et décroissante entre solstice d'hiver et solstice d'été. Cette séparation règle donc le jeu d'équilibre et de conflit entre eau et feu. Lui correspondent tous les symboles de la lumière-fécondation : lumière souterraine et psychopompe d'Anubis, « soleil vert » de l'émeraude qui est sang et fécondité chez les Mayas comme dans le symbole du Graal, soleil chtonien comme dieu-grain qui meurt à l'automne et ressuscite au printemps. La troisième séparation cosmogonique a lieu entre zénith et nadir. Au-dessus de la fertilité végétale et de l'âme lunaire et aquatique se différencie le symbolisme de l'esprit et de la lumière-illumination. Ce symbolisme oppose les images ascensionnelles de l'air et du vent aux images de la pesanteur de la terre. Au soleil terrestre et à ses cycles de fécondation s'ordonne la permanence du soleil céleste, porteur de la clarté de l'intellect, également symbolisée par la lumière éclatante de la foudre. La dimension spécifique de la lumière-orientation se donne à travers l’image-archétype du chemin. Chemin ascendant peuplé d'images lumineuses, aériennes, portant allégresse et éveil ; chemin descendant jalonné d'images sombres, étouffantes, lourdes de toutes les peurs et de tous les tourments. Symbole d'un combat éternellement recommence entre l'élan spirituel vers la lumière et l'inertie matérielle qui fait régresser dans les obscurités de l’âme. Toutes les gnoses reposent sur ce conflit latent. D'une part règne le constat effrayant de l'obscurité du vécu de l'âme « Sauve-moi de la matière et des ténèbres », supplie la Pistis Sophia. D'autre part lui répond la lueur d'espoir née de ce constat même, universellement, l'étoile est l'image symbolique de la lumière salvatrice. Dans la nuit de l'âme, seule brille l'étoile-guide, notre étoile flamboyante, (étoile polaire, étoile des bergers, des Rois mages, « étincelle » des alchimistes.). Si certains gnostiques accentuent le dualisme à l'extrême, la plupart des gnoses présentent le chemin de retour de l'âme vers la lumière, comme constitue d'alternances entre phases sombres et phases claires. Ce chemin se donne alors dans les symboles « noirs et blancs » de notre pavé mosaïque, des damiers et des échiquiers, des pavements sacres, des labyrinthes sur le sol des cathédrales, du côté noir et du côté blanc de l'ouroboros. L'orientation symbolique est une conversion à la lumière : de la connaissance lunaire (réfléchie, cyclique, rationnelle), le regard se retourne vers la connaissance solaire (jaillissante, irradiante, intuitive). Le symbolisme de la lumière-orientation joue sur l'opposition montagne-caverne (cf. le mythe de la caverne de La République de Platon). Le héros ou l'âme exilée, tel Gilgamesh, doit affronter l'obscurité du monde souterrain, pour sortir de « l'autre côté »de la montagne dans la lumière de l'aurore. Que ce soit l'orphisme, le poème de Parménide, la gnose valentinienne, les actes de Thomas, il s'agit toujours d'un voyage vers la lumière de la connaissance, par la distinction initiale entre la droite (lumineuse, aurorale) et la gauche (obscure, crépusculaire). Ces deux directions se révèlent suivant H. Corbin, entre l'Orient et l’Occident de l'âme. Si l'aurore symbolise la sortie de la nuit de l’inconscient suivant C. G. Jung, c'est en plein midi qu'a lieu la délivrance de l'agnoia (l'inconnaissance). « Soudain, une lumière, comme un feu jaillissant, surgira dans l'âme » (Platon, Lettre VII ) ; « Tout a coup, vers midi, une vive lumière venant du ciel resplendit autour de moi » (Actes des Apotres, XXII, 6) ; « Pour le connaissant, il est toujours midi » (Chandogya Upanishad, III, XI, 3), j'ajouterai qu'il en est de même pour l'initie Tout au bout du chemin de connaissance (Gnosis, Jnana ), la lumière-orientation symbolise finalement la brusque éclaircie de la contemplation, comme ouverture de l'instant sur l'éternité (cf. A. Coomaraswamy), disparition de la durée du moi, apparition de la présence du soi. Enfin, lumière et ténèbres déterminent un troisième axe de symbolisation, celui de la transformation de la réalité. La création se transforme par le regard de la créature. Ce regard est le creuset de l'alchimiste, par ou se transmue la nature en visage. Ce troisième aspect de l'opposition repose sur la reconnaissance symbolique du paradoxe de la lumière. D'une part, la lumière est à soi-même son propre obstacle et donc sa propre altération. La lumière révèle, manifeste, suscite la vision réceptrice ; mais par la même elle se diffracte dans le « prisme » de la vision. En retour, elle permet éclairage et focalisation ; mais par la même, elle crée de l'asymétrie, de l'écart, du retard, entre le jaillissement et le reflet, entre le sujet et l'objet, entre l'original et sa représentation. D’autre part, la lumière est à soi-même illumination et retour à son intégrité. Au mystère de la lumière créatrice correspond le miracle de la vision réceptrice. Ainsi, la lumière est saisie symboliquement comme tissage avec soi-même. « C'est lumière sur lumière », affirme le Coran ; « Dans Ta lumière nous verrons La lumière », annonce la Bible. Lumière et ténèbres sont les deux faces d'une même réalité. La lumière voile en dévoilant, les ténèbres dévoilent en voilant. La lumière engendre et dissipe ses propres ombres, mais elle est formée d'opacité. La lumière est la forme de l'apparaître et de sa propre disparition. Je pense avoir traduit les propos de notre Bien Aimé frère Guy DUB\, lors de la planche tracée sur la Lumière par notre BAF Sylvain BEN\GUY\ L'Eternel est bien dans les ténèbres dans le noir de notre pavé mosaïque, il n'a laissé en nous que cet Esprit de Lumière qui nous fait entrevoir notre chemin. Le Delta lumineux cache cette lumière qui s'éloigne, et c'est pour cela que nous voyons son rayonnement et non pas un halo, comme si elle était collée au Delta. En conclusion de cette planche, qui je l'espère aura apporté la lumière dans vos esprits, vous qui êtes des esprits de Lumière, issus de la Lumière de l'Esprit, qui est tout à la fois, Esprit, Verbe, Lumière, et Souffle le tout enveloppé d'un Amour infini. J'ai dit V\M\ C\ B\ |
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