GDLF | Loge : NC | Date : NC |
Le profane pour les touristes En pensant au sujet de ma planche, une image m’est revenue. Il y a quelques années, j’ai visité le Sacré-Cœur. Ma surprise fut qu’un office religieux s’y tenait et qu’en même temps les touristes visitaient les lieux. Drôle d’image ! Deux mondes se côtoient sans se mélanger : le profane pour les touristes, l’intemporel et le temps sacré pour les personnes qui viennent se recueillir pendant l’office. Cette situation ne peut se trouver que dans un endroit ouvert au public. Nous concernant, notre espace sacré où nous allons créer notre temps sacré, nous le créons avec la mise en place de notre rituel. Avant l’ouverture de nos travaux, le local où nous nous trouvons est un lieu totalement profane. Des frères s’y croisent parlant de chose profane. Même quand l’espace est aménagé par les apprentis et le maître des cérémonies, le local a des décors mais rien de sacré. Nous sommes comme les touristes du Sacré-Cœur. Au moment où nous nous réunissons sur le parvis et que le maître de cérémonie demande le silence, nos esprits se conditionnent pour passer de l’espace profane à l’espace sacré. Le rituel d’ouverture nous fait entrer dans cet espace intemporel qui est l’espace sacré. A cet instant, nous quittons alors l’espace profane. Tous les symboles prennent donc leur place et ont une signification pour chacun d’entre nous. En effet, chaque frère a son interprétation des symboles qui se trouvent dans l’espace sacré. C’est en assemblant toutes ces significations que nous construisons l’espace sacré de la loge, que nous créons un passage et que nous entrons dans le temps sacré. Ce temps n’a plus la notion du temps profane. Il n’a ni début, ni fin. Il est intemporel. Il existe depuis que l’homme est à la recherche de spiritualité. Nous ne faisons que le pénétrer et nous en sortons à la fin de la tenue. Par contre, il est toujours là pour celui qui veut le voir. Tout cela n’est que symbolique. L’apprenti va passer du désordre du monde profane où toutes les choses sont mêlées et indifférenciées à un monde ordonné lors de son initiation. L’apprenti passe, par ses trois pas, du monde profane à l'occident, au monde sacré de la loge. Ses trois pas sont droits, rectilignes. Ils symbolisent la rigueur avec laquelle l’apprenti doit suivre le rituel. Ces trois pas symbolisent le tracé de sa route qui le mènera de l’occident vers l’orient à la rencontre de la lumière, cette lumière qu’il voit mais qu’il ne comprend pas encore, comme le lui rappelle son instruction. À la demande du mot sacré, il répond : je ne sais ni le lire ni l’écrire, je ne sais que l’épeler ; donnez-moi la première lettre et je vous donnerai la seconde. Il a besoin d’être guidé ! C’est grâce à ces trois pas et au salut des trois officiers qu’il va passer du monde profane au monde sacré. Il a eu la clé de son passage grâce à son initiation et à son instruction, ce que n’a pas un non initié. Les saluts en direction du vénérable, du premier surveillant et du second surveillant sont là pour lui rappeler les trois colonnes qui entourent le tapis de loge. Ces trois colonnes soutiennent la loge et elles symbolisent axis-mundi qui va du nadir au zénith. Pour les trois grandes lumières, l’équerre lui signifie la rigueur qu’il doit mettre dans son travail et dans son jugement. Pour le volume de la loi sacrée et le compas, il découvrira leurs significations au cours de ses recherches. Tout ce qui se trouve dans l’espace sacré de l’apprenti va par trois : son âge, les bougies allumées sur le flambeau, les colonnes (sagesse, force et beauté), les trois fenêtres sur le tableau de loge, les trois marches, les trois grandes lumières. L’apprenti étudie les nombres de un à trois, il est le nombre trois. Il va découvrir que le nombre un est le tout, le principe créateur, l’unité. Le nombre deux est la dualité entre le jour et la nuit, l’espace profane, lui avant son initiation, la lune et le soleil. Le nombre deux représente le déséquilibre, le nombre trois représente la réconciliation, celui qui rétablit l’équilibre entre les forces. Sa marche le fait passer de la dualité, symbolisée par les deux colonnes à l'occident, au ternaire symbolisé par les trois grands piliers, les trois grandes lumières et l'orient (Soleil, Lune, Delta). Le compagnon comme l’apprenti pénètre cet espace par l’occident. En plus du pas de l’apprenti, il fait un pas sur le côté droit et un second pas où il revient au centre. Ce premier pas vers la droite symbolise son chemin sur l’escalier en spirale pour accéder au niveau de compagnon. Il invite à voyager par le monde. Le deuxième pas lui rappelle qu’il ne doit pas quitter sa ligne de conduite, qu’il doit être irréprochable. Ceci symbolise le passage du bras du compas sur une branche de l’équerre. Les outils de l’apprenti et du compagnon sont des outils de construction. On pourrait donc les désigner comme opératifs. Le maître pénètre par l’occident dans la chambre du milieu. Il est le seul qui passe du temple à la chambre du milieu pour vérifier les travaux, pour affiner son plan et rediriger les compagnons et les apprentis. Le maître voyage de l’orient à l’occident. Il porte la lumière, rassemble ce qui est épars et recherche la parole perdue qu’il n’a pas trouvée mais rapporte les mots substitués. Il est au centre du cercle. Ce cercle représente son espace sacré. Ses outils sont dédiés à l’esprit et sont désignés comme spéculatifs. D’ailleurs nous pouvons observer, sur les tableaux de l’apprenti et du compagnon, la représentation d’outils issus du monde opératif. Alors que le tableau du maître n’a que des symboles spéculatifs, malgré la représentation d’outils dits opératifs. Ces outils représentent les trois grandes lumières, les trois officiers qui dirigent la loge. On retrouve, dans le mythe d’Hiram, ce même concept profane/espace sacré. Les mauvais compagnons veulent pénétrer dans le temple. Ils sont dans un espace profane où règne le désordre. En conspirant contre maitre Hiram et en essayant de pénétrer dans l’espace sacré dont ils ne possèdent pas la clé, ils vont créer le chao. Quand maître Hiram ressuscite à travers le nouveau maître et qu’il réapparaît de l’espace sacré pour rayonner, il symbolise la renaissance, il est schibboleth. Cet espace n’est consacré qu’au maître alors que l’apprenti et le compagnon ont leur propre espace sacré. Ils construisent et perfectionnent, par leurs travaux, leur propre espace afin que leur œuvre vienne prendre place dans la construction du temple. Pour finir, Hiram représente l’ordre alors que les mauvais compagnons ont créé le chao. Le chao représente l’opposition à l’ordre établi. C’est le combat entre le bien et le mal. J’ai dit. A\ K\ |
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