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Des
mythes et symboles
de la mort et de la résurrection Lors de notre élévation au grade de Maître, nous vivons tous une nouvelle initiation : l’initiation à la mort. On peut alors s’interroger. Si la mort désigne, comme nous le dit le Dictionnaire des Symboles, la fin absolue de quelque chose de positif : un être humain, une amitié, la paix, alors Pourquoi un tel psychodrame ? Sur quel chemin veut-on nous emmener ? Si en tant que symbole, la mort est l’aspect périssable et destructible de l’existence, si elle est aussi l’introductrice dans les mondes inconnus des Enfers ou des Paradis (toujours selon le dictionnaire des symboles) alors Quel paradis nous est promis ou interdit ? Quel enfer veut-on nous faire approcher et quitter ? Au total, que va faire le maître de cette nouvelle vie qui s’offre à lui ? La mort a toujours été au centre de toute réflexion ou méditation sur la vie. Platon disait : « La vie d’un philosophe n’est qu’une longue méditation sur la vie. » paradoxe, car la mort apparaît comme la négation ou tout au moins la cessation de la vie. Ainsi les hommes refusant de fait la mort comme définitive se sont inventés par le biais des religions une survie qui serait éternelle. Mais les religions ne sont que l’expression vulgarisée d’une vieille sagesse transmise dans le secret, de maître à disciple, à ceux qui sont capables de recevoir la vérité sur la vie qui inclut la mort comme inéluctable perspective. Aussi, des mystères antiques égyptiens, grecs et romains à la Franc-Maçonnerie, le cœur de toute initiation passe par la symbolique de la mort et de la résurrection qui ne concerne en rien la survie indéfinie de l’âme après la cessation de la vie et qui n’est pas immédiatement accessible à l’initié. Ainsi, les Mystes d’Eleusis n’accédaient aux « grands mystères » qu’après avoir été au moins un an auparavant, initiés aux « petits » ; et nous, Francs-Maçons ne sommes nous élevés au grade de maître qu’après avoir été reçus apprentis, puis avoir « vu » comme compagnon « l’Etoile Flamboyante ». Mais remontons d’abord dans le Temps. La symbolique de la mort et de la résurrection remonte à la plus Haute Antiquité avant d’aboutir pour nous Francs-Maçons à la légende d’Hiram. Trois mille ans avant J-C déjà, une légende rapportait l’existence d’un roi fabuleux, Tammouz, amant ou époux de la déesse-mère, qui mourait en même temps que la nature et ressuscitait trois jours plus tard. C’est encore Ishtar, déesse babylonienne de la fécondité et de la fertilité dont Oswald Wirth nous conte l’histoire de sa descente aux enfers. « Lasse de frivolité, la déesse babylonienne se détourne de vivants et s’enfonce dans le séjour des morts. Elle s’y heurte à sept enceintes, qu’elle ne peut franchir qu’en se dépouillant graduellement de ses métaux et de ses vêtements. Elle se présente ainsi dans un état d’absolue nudité devant la reine des Enfers, sa sœur, qui, après avoir provoqué Ishtar à se révolter en lui reprochant ses fautes, la punit en la faisant accabler de tous les maux et en la retenant prisonnière. Les vivants ne connurent plus alors ni l’amour, ni ses rites. Les races étant menacées de s’éteindre, les dieux tremblent de manquer de dévots et d’offrandes. Les dieux inférieurs ont alors recours aux supérieurs et implorent la libération immédiate d’Ishtar. Ainsi, l’Enfer sera contraint de rendre sa proie. Ishtar est donc revivifiée, puis reconduite de porte en porte jusqu’à la sortie de la sombre demeure. En chemin, elle rentre en possession de tout ce qui lui appartient. La vie terrestre reprend son cours normal. » Pour Wirth, ce mythe fait allusion au renouvellement printanier de la végétation mais a une portée plus subtile. Descente aux enfers, dépouillement puis restitution des métaux, mort et résurrection, marquent autant de phases du programme constant de toutes initiations. Vient ensuite la légende d’Osiris. Râ, devenu vieux, avait choisi Osiris son fils aîné, pour lui succéder. Celui-ci, aidé de sa sœur-épouse Isis se révèle excellent souverain. Mais Seth, frère jaloux, lui tend un piège, le tue, dépèce son corps et en jette les morceaux dans le Nil afin d’empêcher sa reconstitution et sa résurrection. Cependant, Isis, à force de patience et d’obstination « rassemble les morceaux épars », reconstruit le corps de son mari jusqu’à l’appendice manquant, grâce à quoi elle peut devenir mère des œuvres du dieu qu’elle a ressuscité. Et ainsi les Egyptiens, lors des fêtes en l’honneur d’Osiris, prenaient le deuil, pleuraient pendant trois jours puis célébraient sa résurrection qui apportaient à tous l’assurance d’une vie posthume. Dieu agraire, il symbolisait aussi le grain inerte enfoui dans le sol qui germe et lève. Comment ne pas évoquer également les mystères d’Eleusis. Même si nous ne savons que fort peu de choses, le secret ayant été rigoureusement gardé, Cicéron nous a tout de même relaté les frayeurs qui précèdent la mort puis la joie qui accompagne la renaissance. Et je ne puis passer sous silence la Passion du Christ et sa résurrection, puisque réelle ou légendaire, elle s’inscrit dans la même tradition. Comme le roi Tammouz trois mille ans avant lui, le Christ ressuscite trois jours après sa mort et après être descendu trois jours aux enfers. Mais la symbolique de la mort et de la résurrection n’est pas l’apanage des grandes civilisations. Dans toutes les parties du monde, les populations « non civilisées » célèbrent de véritables mystères auxquels on n’est admis que par voie d’initiation. Ils renferment presque toujours des scènes mimées où l’élément dramatique le plus fréquent est la simulation d’une mort suivie d’une résurrection. On retrouve de tels rites en Australie, dans l’archipel des Iles Fidji, au Congo, en Nouvelle-Guinée. Les similitudes de ces initiations pourtant très éloignées dans l’espace et dans le temps peuvent surprendre. On approche ici du caractère universel du message transmis par ces mystères pour tous les hommes, de toutes les contrées et de toutes les époques. « Nul ne saurait se dire véritablement initié, tant qu’il n’est pas mort trois fois » rappelle Wirth. Notre réception au grade d’apprenti figure de manière symbolique, la mort de l’être profane et sa résurrection en tant qu’initié. Le processus débute lors notre recueillement au sein du cabinet de réflexion où la tête de mort côtoies l’énigmatique VITRIOL. C’est notre première mort initiatique suivie de l’initiation, seconde mort initiatique où nous nous libérons de notre esclavage pour devenir un homme libre. Enfin, nous mimons la mort puis la résurrection d’Hiram et accédons à la troisième mort symbolique. Mais pourquoi cette cérémonie qui nous touche à jamais, épisode parfois douloureux, toujours perturbant ? Est-ce le vrai commencement ? La mort a plusieurs significations. Elle peut être libératrice des peines et des soucis. Elle n’est pas une fin en soi. Mors janua vitae : la mort porte de la Vie. Au sens ésotérique, le dictionnaire des symboles nous dit qu’elle symbolise le changement profond que subit l’homme par l’effet de l’initiation. Maître Hiram meurt donc pour donner naissance à un nouvel Hiram : la vie a vaincu la mort, l’esprit a dominé la matière, la Lumière a triomphé des ténèbres, le compas peut couvrit l’équerre. Le Maître doit mourir pour permettre au Compagnon de réaliser sa propre naissance, pour lui donner la possibilité de s’accomplir pleinement et devenir un nouvel Hiram spirituel. Ainsi la lumière que chacun peut recevoir et transmettre brillera éternellement et nous pouvons dissiper notre angoisse devant la mort. Car pour nous qui sommes intégrés dans « une chaîne d’union », notre propre mort devient une péripétie inévitable, d’importance secondaire dès l’instant que le groupe lui survit. L’initié ne doit pas avoir peur de mourir. Ayant éprouvé son courage en mimant la mort, il sait qu’il vivra éternellement, non pas dans un au-delà mythique, mais dans la « Chaîne d’union » qui lui survivra grâce aux autres maillons qu’il aura lui-même contribué à engendrer et façonner. Puis vient le temps où il faut quitter le linceul noir. La « remontée » débute par le mot de passe des Maîtres Maçons : Tubalcaïn qui signifie que nul ne saurait se prétendre tel s’il n’a visité les enfers, ses propres enfers. Tubalcain, Maître du Feu, des métaux et des Enfers nous montre la voie. Nous devons forger nos métaux, nous rendre maître de notre énergie intérieure, sortir de l’enfer qui peut s’appeler tour à tour vanité, ignorance, fanatisme, peur de l’autre, rejet, jalousie, colère, pulsion, mensonge, haine, oubli, jugement. Ensuite arrive le temps de la résurrection. Que faire de cette résurrection ? Tout d’abord, le mot interroge. Littéralement il signifie se lever une nouvelle fois, en mythologie et religion c’est le retour de la mort à la vie , le terme grec anastasis utilisé dans le Nouveau Testament signifie relèvement ou action de lever ou d’être levé une nouvelle fois à partir d’une position couchée. L’aspirant à la maîtrise est donc prêt pour la résurrection, prêt à quitter le tombeau « qui a sept pieds de long sur cinq de large et trois de profondeur ». Hiram est alors ressuscité « par les cinq points de la Maîtrise », réanimation d’un corps afin de lui redonner vie. Il peut désormais être l’homme qui s’applique à la réalisation d’une œuvre et , tel l’architecte Hiram qui construisait le Temple du Roi Salomon, à la construction d’un temple du Cœur et de l’Esprit. Maître, il sera celui qui se heurte au pouvoir et à l’ambition, à l’ignorance, au mensonge et au fanatisme, les trois mauvais Compagnons de la légende. Il devient l’espoir d’un monde du bien et du beau. Il quitte sa vieille dépouille et endosse l’habit d’un homme imaginatif, créatif et libre. Il abandonne dans le cercueil son « corps psychique » pour renaître « corps spirituel », purifié, libéré et heureux. Il est le symbole de l’homme de valeur qui, malgré les tentations et les persécutions, remporte la victoire sur ses faiblesses et ses passions ; il est le symbole d’homme fidèle au devoir, du Franc-Maçon qui préfère mourir que de faillir à sa tâche. Ainsi la résurrection, cadeau de l’initiation à la mort, nous montre au bout du chemin le paradis, ou plutôt notre Paradis, ce lieu de notre esprit où selon la tradition toltèque règne la joie, où on est heureux, libre d’aimer et d’être qui l’on est vraiment si on réussit à détruire le parasite c’est-à-dire nos défauts. L J’ai dit C\ M\ |
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