La Résurrection
« O
! O ! Lève-toi, ô Roi ! Prends ta tête,
rassemble tes os, réunis tes membres, secoue la
poussière de ta chair ! Khentamenti vient vers toi et te
prend la main, il te prend dans ses bras, il t'embrasse, il te caresse.
Lève-toi, ô Roi ! Tu ne mourras pas !
» Cette Formule (373) des Textes des pyramides n'est pas sans
rappeler les mots prononcés par les Second, Premier
& Vénérable lors de notre exaltation.
Vous l'avez peut être deviné : je vais vous
entretenir d'un sujet qui, en cette chambre du milieu, nous tient tous
à cœur : LA RESURRECTION. Mais 3 mots me viennent
à l'esprit :
Régénération, Réincarnation
ou Résurrection ?
3 RE. Déjà tout un symbole ! Le dieu RE, ou RA
dans les anciens ouvrages et sous sa forme la plus commune,
était très souvent
représentée sous forme humaine, mais aussi avec
une tête de faucon surmonté du disque solaire.
Pour la plupart d'entre nous il n'est autre que le Dieu Soleil, mais
c'est aussi, dans le domaine funèbre, le patron de
l'au-delà royal.
La Régénération : Le temple
égyptien est une évocation microcosmique de la
création originelle. C'est en son enceinte, qu'un culte
quotidien entretient en permanence l'énergie divine. Au bout
d'un certain nombre d'années de règne, le pharaon
vieillissant pouvait sembler perdre de sa vitalité, de sa
force et de ce fait de son pouvoir : il devait donc rentrer en contact
avec l'être divin afin de se
régénérer dans un temple de la
fête Sed. Cette fête avait lieu pour la
première fois au bout de 30 ans de règne,
quelquefois avant, puis était renouvelée tous les
trois ans. Au cours de cérémonies
secrètes, le roi recevait du dieu toutes les forces dont il
avait besoin pour continuer son oeuvre et était
renforcé dans ses pouvoirs sur les terres d'Egypte.
Elle est encore maintenue de nos jours, sous les formes des plus
variées : Que ce soit par des bains de boue dans des centres
de thalassothérapie en Bretagne ou sur les bords de la mer
rouge en Israël. A l'aide d'aiguilles d'acupuncture ou de
médecine énergétique. Ou tout
simplement dans certains lieux comme les ermitages ou abbayes. On peut
aussi se ressourcer dans son jardin secret, à l'aide de
sécateur, gants et râteau, ou, comme nous le
faisons ce midi, dans un temple M\.
Pour ce qui est de la réincarnation et de la
résurrection, ces 2 croyances ont un point commun : LA VIE
NE S'ARRETE PAS APRES LA MORT, mais la, prend fin la similitude. La
réincarnation c'est croire à un retour
à une autre vie. Selon de nombreuses traditions, un principe
demeure : l'âme est la racine de l'être ; en
conséquence l'effet de la mort est incomplet. Comme le dit
KHRISHNA : « Ces corps ont une fin,
l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible,
incommensurable. A la façon d'un homme qui a
rejeté ses vêtements usagés et en prend
d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son
corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs »
(BAGHAVAD GITA).
Il ne faut toutefois pas considérer la
réincarnation comme une récompense, comme une
« extra-live », mais
plutôt comme une pénitence : ainsi tant que
l’on n’a pas atteint un certain degré de
perfection, on recommence. En général on
prévoit une meilleure renaissance pour celui qui aurait
été bon, et désagréable
(une vie de chien, au propre ou au figure) pour celui qui aurait fait
le mal dans sa vie précédente.
En un mot, selon cette croyance, on est condamne à faire
tôt ou tard le bien si l'on ne veut pas passer son
éternité dans des réincarnations
successives voire sans fin. On peut donc l'interpréter comme
une sorte de justice, appelée Divine, Supérieure
ou G\ A\ D\ L\ U\. Un miroir qui refléterait notre
comportement passe pour définir notre place dans la nouvelle
vie. Ne serait-ce point la, la première pierre Mac\ vers le
perfectionnement ?
La
résurrection, du latin « se relever
», est le retour à la vie après la
mort. C'est, dans la foi chrétienne, croire en une vie
éternelle auprès de Dieu, dans la
béatitude pour ceux qui le rejoignent, dans les
ténèbres pour ceux qui sont rejetés.
Nous sommes face à la miséricorde de Dieu : il y
aura un jugement certes, mais par un juge, Jésus, qui a
connu notre condition humaine et qui est prêt à
pardonner. C'est donc aussi la peur du Divin et de son jugement.
« Parlez et agissez comme devant être
juges par une loi de liberté, car le jugement est sans
miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde. La
miséricorde triomphe du jugement ».
disait Frère Jacques voici bien longtemps (2, 12-13).
Mais afin de
mieux comprendre la résurrection, regardons d'un peu plus
près ce qu'est la mort à travers
différentes civilisations. Chez les Egyptiens, elle
était considérée comme une
interruption temporaire, plutôt que comme la cessation de la
vie. Apres momification, l'âme
réintégrait son corps. L'au-delà des
Tibétains est un monde peuple de nombreux Dieux,
Génies, Démons qui entravent ou facilitent le
destin de l'âme, pour éventuellement arriver au
bonheur véritable. Pour les Bara de Madagascar, c'est un
univers d'ancêtres impérissables qui se
manifestent en provoquant la naissance d'un enfant. Les Grecs, vers le
7eme - 6eme siècle Av J-c, pensaient que
l'âme était immortelle. Ou, plutôt,
l'âme impure était soumise à des
réincarnations successives (déjà !!!).
J-c a, dans les évangiles, plusieurs fois fait
référence à des vies
antérieures. Rappelons-nous que jusqu'en 553, au concile de
Constantinople, elle faisait partie de la religion
chrétienne, et fut écartée pour
l'impératrice Theodora. Pour les chrétiens, elle
est suivie d'une ou deux des trois étapes suivantes :
l'enfer, eventuellement le purgatoire menant au paradis et le paradis.
Dans la flore, je l'imagine comme l'hiver. La graine, ou le grain de
blé, se dessèche, germe, puis se met à
pousser, pour enfin se réveiller à la
lumière du printemps et se multiplier.
Dans l'Egypte ancienne, chacun pouvait vivre dans l'au-delà
pourvu que son corps ait été momifie et que l'on
ait placé dans la tombe tout ce qu'il fallait, pour garantir
le retour de l'âme dans le corps afin que le
défunt vive heureux à jamais.
D'une manière « physique
», le corps était momifie (à partir de
2400 Av J-c). Les viscères étaient
retirés, mais le cœur remis en place, des agents
desséchants utilisés, et le corps
placé dans une tombe où le nécessaire
à la vie dans l'au-delà l'attendait.
Cote « spirituel »,
différents textes entouraient, accompagnaient et guidaient
le défunt, comme ceux gravés sur les parois
internes des pyramides et chambres mortuaires. Naturellement, ces
premiers « écrits
» étaient réservés aux
pharaons, et à une Reine, si l'on en croit la
découverte du mois passé (plus anciens
écrits religieux). Ceux des sarcophages, un peu plus
démocratiques, donnaient des indications sur la vie sous la
terre. Apparaît à cette époque, le
moyen empire, le Jugement des Morts. Anubis, dieu à corps
humain et tête de chacal introduisait les morts devant
OSIRIS. Leur cœur était alors place dans le
plateau d'une balance, une plume servant de contre-poids. Alors la
justice de MAAT tranchait ! Ceux qui avaient été
bons accédaient à une nouvelle vie comme esprits
transfigurés, les autres rejoignaient Amemet, la
Déesse à tête de crocodile, la partie
antérieure d'un lion et l'arrière d'un
hippopotame.
1) La première résurrection dont je parlerais est
celle d'Osiris pharaon assassiné par son frère
Seth, vers 2400 av J-c. Osiris, le dieux-roi et homme était
d'une sagesse et d'une bonté sans limite. Il
réunit les tribus nomades et leur enseigna : L'irrigation
pour repousser les limites du désert ; La culture
du blé pour en faire de la farine et du pain ;
Celle de la vigne pour en faire du vin, de l'orge pour en faire de la
bière ; L'extraction des métaux et leur
travail ; Et, avec l'aide de Thot, il leur professa l'art de
l'écriture et du dessin.
Il partageait son pouvoir sur les hommes avec sa
sœur et épouse Isis (F\ M\). Mais cette
ère de douceur prit fin lorsque Seth, briguant le pouvoir et
la puissance du roi, assassina Osiris, et éparpilla les
membres du cadavre dans toute l'Egypte. Isis rechercha le corps de son
époux jusqu'en Phénicie. De retour en Egypte,
elle cacha la dépouille royale mais ne put tromper Seth, qui
la découvrit, la dépeça et dispersa
les morceaux dans le Nil. Elle parcourut alors les marais du delta pour
rassembler les lambeaux du défunt, qu'elle momifia. Son
oeuvre achevée, elle se transforma en vautour et, en
secouant ses ailes, redonna vie à Osiris. Ayant
triomphé de la mort par amour en ressuscitant son
époux, elle se plaça ensuite au-dessus de lui
afin d'être fécondée. Horus naquit de
cette accouplement et reçut en héritage le
royaume de son père, désormais souverain du monde
souterrain des morts.
2) Il était une fois un admirable oiseau Ethiopien, dont la
beauté du plumage n'avait d'égale que son ramage.
Au moment de sa mort, il construisait un nid de brindilles
parfumées et grâce à la chaleur de son
corps, il se consumait. Mais ce n'était que pour mieux
renaître de ses cendres que le Phénix
procédait ainsi, et comme vous connaissez tous cette
légende j'enchaînerais sur celle du :
3) Bennou dont on retrouve trace dans les Textes des Pyramides.
Un beau jour, ou peut être une nuit, le dieu
créateur émergea des
ténèbres chaotiques du Noun sous la forme de
l'oiseau mythique Bennou. Il vola jusqu'à Heliopolis, une
ancienne ville près du Caire et à l'aube se posa,
sur le Benben, un obélisque représentant un rayon
de soleil. Apres avoir façonné un nid
d'épices et de rameaux aromatiques, il fut
consumé par le feu puis revint miraculeusement à
la vie.
Depuis, la pierre de faîte qui se trouve au sommet d'un
obélisque ou d'une pyramide, plus communément
appelée pyramidion, est associée au Bennou. Il
est, naturellement, symbole de la renaissance et de
l'immortalité.
4) Tout le monde de souvient de l'histoire de Lazare. Quand
Jésus apprit que son ami était malade, il
patienta encore deux jours, et dit à ses disciples :
« La maladie de Lazare ne le fera pas mourir...
». Et il parti pour la Judée. A son retour il
découvrit que quatre jours plus tôt, celui-ci
était passe à l'orient éternel. Apres
s'être fait conduire à son tombeau, une caverne
obstruée par une pierre. Il demanda qu'on la retire. On la
fit donc rouler, Jésus leva les yeux vers le ciel et cria
d'une voix forte : « Lazare, sort de
là ! » à moins que ce ne fut
: « Lazare, lève toi
et marche ! » Il se lève et le
rejoint !
5) Le vendredi 24 avril 33 a 15H06, la veille de la Pâque
juive, un homme habitant la Judée subissait un
véritable calvaire. Abandonne par ses compagnons, renie
trois fois par son ami Pierre, vendu par son frère Judas, il
gisait sur un Tau, encadré par deux forbans. Sa peine et sa
douleur furent si grandes qu'il se demanda même si son
père ne l'avait pas abandonné. Mais, au matin du
troisième jour, lorsque Marie de Magdala et ses amies
vinrent faire sa dernière toilette avec huiles et parfums
(encore !), le tombeau était vide, hormis linges et
bandelettes gisant à terre. Le miracle s'était
accompli. Conformément à ses
prédictions, en moins de 3 jours il a reconstruit le temple
détruit.
6) Nous avons tous entendu parler de personnes,
déclarées cliniquement
décédées, qui, après avoir
vu une superbe lumière blanche reviennent parmi nous. De
même, celles qui, après un certain nombre de mois
ou d'années passées dans le coma, se sont
réveillées un beau jour à la vie, et
cela comme si elles s'étaient endormies la veille.
7) Cas tout aussi troublant pour ne pas dire extraordinaire, ceux
vécus par certains hommes publics ou politiques. Je ne
prendrais, pour étayer ma démonstration, que deux
exemples connus. Celui de Charles de Gaulle, qui fut
rappelé, pour ne pas dire plébiscité
et nommé président du conseil le 1er juin 1958,
après avoir tenu l'avant scène de mai 1940
à janvier 1946. De nos jours, et sans commune mesure avec le
premier cas, Jack LANG qui, après le ministère de
la culture et une sympathique traversée du
désert, revient en force à l'éducation.
8) Quoique différente, mais tout aussi
emblématique pour l'impétrant, nous trouvons la
résurrection par le biais de l'initiation lors du passage de
l'adolescence à l'age adulte dans certaines civilisations
dites « primitives », comme
aux îles Pentecôte par le saut du Gaul, ou les
Massaïs devant vivre hors et sans contact avec leur tribus.
9) Je terminerai en nous rappelant la résurrection par
laquelle nous sommes tous passés lors de notre initiation.
Cette mort symbolique est le passage obligé qui doit nous
permettre de nous débarrasser de différentes
scories, de nous dégager de ce qui est inférieur
pour nous élever en nous sublimant. En effet, si nous ne
mourrons pas à notre état d'imperfection, nous
nous interdisons tout progrès initiatique. Savoir mourir est
le grand secret de l'Initié, car, en mourant, le Sage ne
recherche, ni ne redoute la mort ; il la considère
simplement comme une étape naturelle et
nécessaire. En cela, il cultive le détachement
car découvrant et assumant l'intemporel, il
accède à l'éternité.
En fait, quelque soit l'origine des résurrections,
elles aboutissent toutes à la même
conséquence : nous abandonnons notre ancien moi pour un moi
nouveau. Pour ma part, le cas le plus prodigieux est ce midi que nous
avons tous vécus en ce lieu et hors du temps. Ce jour
où nous avons place nos pieds dans les pas de
Maître Hiram. Ce fut un moment inoubliable, car en plus de la
superbe cérémonie, à peine deux
semaines plus tôt, je relisais le livre de Christian JACQ
« Hiram et le Roi Salomon ».
Ce compte, encore fraîchement buriné dans ma
mémoire, me transporta, m'éleva dans de telles
sphères qu'il a presque modifié mon point de vue
quant à la lecture de certains ouvrages avant « l'âge
».
Hasard, intuition, prédisposition, c'est peut être
pour toutes ces raisons que j'ai donc décidé de
vous parler ce midi de la résurrection.
J'ai dit V\ M\
J\ V\
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