Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le Chemin du Coeur Tous les MM\ SS\ savent que le thème central de notre grade est la quête de la Parole Perdue. Ils espèrent en leur for intérieur pouvoir La découvrir au terme de cette longue recherche entamée en Loge Symbolique, et qui leur reserve encore bien des surprises, des moments de doute et d'intense réflexion en ce degré et au delà. Leur chemin initiatique sera toujours parsemé d'obstacles à franchir, le premier d'entre eux étant de devoir surmonter le deuil dans lequel ils sont plongés suite à la disparition de leur Maître Hiram. Nous sommes tous conscients que, malgré le relèvement vécu lors de notre cérémonie de passage à la maîtrise, les trois mauvais compagnons poursuivent leurs méfaits en nous. Par la même, comment laisser l'esprit d'Hiram s'exprimer en nous, comment echapper enfin à la gangue du profane et aux vices qui nous taraudent ? Je vais donc tacher de vous montrer que notre chemin initiatique passe par le coeur, que seul l'Amour aura le pouvoir de nous transformer et d'éveiller notre conscience. De quel Amour parle-t-on en Loge ? De ce que les grecs appelaient l'Eros, amour naturel ou désir corporel ? De la Philia, amitié et amour absolu ? Ou bien plutôt de l'Agapé, cet amour divin et universel car inconditionnel ? Dans une société initiatique masculine telle que la nôtre, il est souvent malaisé et gênant de parler d'Amour, d'autant plus que nous avons affaire, pour la plupart, à des gens cultivés et intelligents. Il est curieux de constater que des hommes parfois plus « simples », s'expriment plus sincèrement et de façon plus mâture sur ce sujet. L'intellect nous éloignerait-il du coeur ? Comme beaucoup de scientifiques, je me suis astreint à reflechir, analyser le monde pour le rendre plus contrôlable, plus accessible. Depuis le jour de mon initiation, seul ou par mon travail en commun en Loge, j'ai tenté de redonner à mon coeur toute la place que je m’étais efforcé de lui refuser jusque là. Gnothi seauton ! Cette introspection met en évidence en nous nos frustrations, nos désirs inavoués, mais surtout nos peurs et nos angoisses.Et ces dernières, soyons en persuadés, ont un effet pervers et restrictif sur notre capacité à ressentir, choisir notre voie, et surtout donner de l'Amour-agapé à autrui et en recevoir. Les identifier, les comprendre, et tâcher de les accepter plutôt que de vouloir les détruire, est un processus libérateur. Car lutter contre nos peurs ne peut que les renforcer, refuser leur existence c'est créer en nous des tensions...la Lumière ne peut exister sans les ténèbres. Accepter sa part d'ombre est indispensable pour dépasser une intellectualisation trop profane mais aussi nous protéger de nos viles émotions. Dans notre société hyper rationalisée, l'intelligence est devenue la valeur souveraine, au détriment de l'émotion, mais elle n'est pas un rempart absolu contre l'erreur ou l'échec. D'ailleurs, nous le constatons tous les jours, elle ne nous garantit pas plus d'etre heureux, voire même est-elle antinomique des émotions heureuses. Faut-il pour autant opposer intelligence et intelligence du coeur ? Les initiés que nous sommes se doivent de les concilier, trop de réflexion nous privant de notre capacité à être en état d'agapé avec nos F\ F\ sur le chemin. Eviter de tout intellectualiser, de se réferer en permanence à des dogmes scientifiques ou sociétaux, peut etre est-ce là une façon de respecter la maxime « tu ne te forgeras point d'idoles humaines » ? Notre chemin du coeur est il semblable pour chacun de nous ? Est-il le même que celui que nous avons vécu comme jeune initié ? La réponse à ces deux questions est bien évidemment négative : différence de culture, de niveau d'introspection, d'expériences personnelles, tout cela contribue à rendre très individuelle la perception que chacun a de l'Amour, et à lui permettre d'évoluer dans le temps. Et je ne parle pas de lectures savantes ou de réflexions poussées sur l'agapé, mais bien d'introspection et d'expériences basées sur nos sens. Lorsque nous mettons en application la maxime VITRIOL, il nous devient évident que nous nous devons en tout premier lieu de nous aimer nous même. Comment être en état d'agape avec son F\ si l'on ne s'aime pas soi même, si l'on éprouve une sensation de vide affectif que l'on chercherait à combler par une demande d'amour obligatoire en retour ? L'agapé ne peut être échange, il est don de soi. En oeuvrant sur notre moi profond, nous pouvons donc nous ré apprivoiser nous même et par la suite débuter une relation plus sereine et harmonieuse avec l'Autre ! Quelle place devons nous accorder à l'amour pour nous même sur notre chemin ? S'il est nécessaire dans notre processus de prise de conscience de nous même et dans notre façon de vivre l'altérité, n'entre-t-il pas en opposition voire en conflit avec notre égo, cet égo que l'éducation ou la religion voudraient nous voir policer, dompter voire dissoudre complètement ? Notre égo ne doit pas être notre ennemi, il nous est nécessaire et indispensable et nous nous devons, non seulement de l'accepter, mais encore de lui laisser en nous sa juste place pour qu'il n'entre pas en conflit avec celui de nos F\ F\. Ne pas envahir nos F\ F\, ne pas se laisser envahir par eux, définir la frontière entre agapé et envahissement, tout est affaire de ressenti individuel, de progrès effectués sur notre chemin initiatique. En acceptant de nous aimer nous même réellement, nous laissons aux autres plus de place, et l'Amour que nous donnons est plus sincère car indépendant de toute réciprocité attendue. Quand nous oeuvrons dans le Temple, vivons nous réellement l'agapé ? Ne serions nous pas plus proche d'un sentiment tel que la Philia des grecs, cet amour-plaisir à se retrouver ensemble, voire même d'un amour quasi familial reliant les Frères entre eux, l'initié à son présentateur ? Je crois que si tel était le cas, la démarche initiatique, la pratique du symbolisme, des rituels, nos travaux en commun n'auraient plus vraiment de sens ni d'intérêt. En travaillant notre pierre, puis en oeuvrant pour permettre à l'esprit d'Hiram de revivre en nous, nous finissons par mieux nous connaître, nous osons nous mirer dans notre miroir et dans le miroir des yeux de nos F\ F\, sans crainte et sans honte. Nous devenons capables d'appréhender le monde dans sa pluralité, ses côtés lumineux et obscurs. Ayant abandonné nos métaux, nous sommes devenus aptes à nous aimer malgré notre égo, donc aptes à mieux aimer les autres au sens de l'agapé... Voilà sans doute le lien entre VITRIOL et le chemin du coeur. Mais je crois que, malheureusement, la plupart d'entre nous ont par trop développé leur mental dans le monde profane, ayant laissé se dessécher en eux leur capacité innée à ressentir. Retrouver cette capacité me semble être un devoir primordial de tout maçon, quel que soit le grade. Les religions du Livre parlent toutes d'Amour, amour du Créateur pour ses créatures et pour le cosmos, amour de ceux-ci pour leur Créateur, et amour que doivent se prodiguer les êtres entre eux et avec l'univers dans lequel ils vivent. La Bible posée sur notre autel des serments affirme dans la Génèse « Dieu créa l'homme à son image ». Il me plaît de voir dans cette affirmation la confirmation de ce que j'ai toujours pensé, qu'il existe en nous une petite part de sacré, une étincelle de divin dont nous ne prenons pas toujours pleinement conscience, et que beaucoup se refusent à admettre ou laisser s'exprimer en eux. Et si cette parcelle de divin était l'Amour ? Si toute notre travail consistait, par le chemin de notre coeur, de relier celle-ci à une entité supérieure ? Si le chemin du coeur était ce pont à bâtir entre la transcendance et l'immanence ? L'ancien athée que j'ai pu être le pense desormais sincerement...et je confesse qu'il m'a fallu bien des pérégrinations, abandonner bien des peurs et des schémas mentaux pour accepter cela. Oui, donner de l'Amour n'est pas toujours facile, même si cette capacité est en nous, car toute une vie profane s'est chargée de dresser un rempart pour nous isoler et limiter l'expression de notre coeur. L'agapé est un véritable élixir philosophal, il nous transforme et transforme ceux à qui nous le prodiguons. Si nous sommes bienveillants, il me paraît évident que nous susciterons la bienveillance autour de nous. Et, par exemple, si nous avons appris à pardonner, car pour moi le pardon est un acte profondément fraternel et maçonnique, nous avons fait un pas supplémentaire dans l'acceptation de l'Autre comme notre égal. Mais, de plus, c'est avant tout un acte pour soi même, un acte libérateur, le pardon a un indéniable pouvoir cathartique. Combien pouvons nous trouver juste cette phrase du rituel « Ecoute tous les hommes avec attention et déférence, aie la ferme résolution de les comprendre ». Notre vie d'initié est jalonnée de serments, d'obligations prévues par le Rite et formalisées par le rituel. Une des plus importantes est de devoir développer notre conscience, pour favoriser au plus profond de nous un état d'équilibre nécessaire à faire naître une soif accrue de justice et à nous donner les moyens d'atteindre cette dernière. Le M\ S\, va se trouver confronté à la necessité de marcher sur le fil du rasoir, ce fil qui sépare le monde de la justice de la Loi, qu'elle soit loi des hommes, loi divine, ou loi dictée par le Rite, et le monde de la justice de l'Amour. Mais si l'initié a pris conscience qu'il fait partie intégrante de l'Univers et que l'Univers est en lui, ainsi que l'a affirmé le Trismégiste, alors il se sentira de plus en plus en communion intime avec lui même et avec le monde, il abandonnera progressivement cette sensation de dualité permanente. En quelque sorte, il pourra édicter sa propre loi, il deviendra sa propre loi. Juste avec lui même, il ne pourra qu'être juste envers ses F\ F\. Quelle meilleure façon de respecter cette obligation que nous fait le rituel « La Maçonnerie demande d'aimer la justice, la révérer, marcher dans ses voies de tout son coeur, de toute son âme ». Notre Devoir impérieux
de M\ S\ est de retrouver la Parole Perdue, la vraie
Lumière. Et si nous cherchions bien loin ce qui est si
proche et si difficile à trouver ? Et si cette
Lumière que nous désirons ardemment et dont nous
aimerions pouvoir rayonner hors du Temple une fois nos travaux
achevés était simplement cet Amour
agapé ? Ou si cet Amour n'était qu'une des formes
d'expression de cette vraie Lumière ? Si tous nos pas
d'initiés nous menaient vers ce Saint des Saints hors de
nous et en nous, ce lieu où notre petite
étincelle de divin pourrait venir se fondre Alors, faire notre Devoir parce qu'il est notre devoir, serait tout simplement un rappel au quatrième degré des enseignements donnés à l'Apprenti, au Compagnon puis au Maître : « Cherche et tu trouveras en toi, frappes à la porte de ton coeur et l'on t'ouvrira, demande toi et tu répondras » pour paraphraser le rituel et la Bible. Porteurs du voile frappé de l'équerre, ayant réussi à reconcilier nos parts d'ombre et de lumière, nous nous sommes affranchis de nos convictions souvent erronées qui nous maintenaient esclaves de notre ignorance, et du fanatisme qui nous guidait. Puis libérés du pouvoir excessif de notre intellect, responsable en grande partie de l'ambition qui nous avait conduit à tuer le Maître en nous. Parvenus au quatrième degré, nous savons que que rechercher la Lumière c'est nous mettre en mouvement pour quitter les lieux ou règne notre seule verite pour nous diriger vers le lieu où règne la Vérité. Cette vérité, c'est celle que nous pourrons approcher en étant devenus differents grâce à la compréhension des autres, Frères en initiation, Frères en humanité mais aussi tout le macrocosme dont nous concevons désormais mieux « la Loi unique et multiple qui régit toutes les choses dans leur ensemble et chaque chose en son détail ». Parviendrons nous au terme de notre chemin du coeur à trouver la Parole et, pourquoi pas le bonheur ? En fait peu importe, puisque, ainsi qu'a pu le dire Gautama, « Il n'y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin ». T\ F\ P\ M\ et vous tous mes F\ F\ M\ M\ S\ S\ J'ai dit. |
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