Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Les 3 questions posées à l'initiable Comme vous le savez, le temps est un concept purement humain, et par là tout relatif. Hier donc, on me fit pénétrer dans un réduit noir, éclairé s'une seule lumière flageolante, parce que je prétendais être digne de devenir M\. Aujourd'hui, on me re-pose les mêmes trois questions qui ont été mon premier contact avec ce que je savais pas encore être un Ordre -au sens chevaleresque du terme-, et auxquelles j'ai alors répondu de façon purement spontanée, ne serait-ce que parce, avant même d'être ni nu ni vêtu, il me fallait mettre à nu mon intimité. Et quelle question plus intime dans notre monde actuel que celle de sa foi ? Depuis, j'ai au moins appris au contact de mes FF\ à me débarrasser de ces fausses pudeurs : Tout ce que je dirai ce soir est personnel, subjectif, non livresque, même si ma gestation depuis ces premiers temps m'a amené à relire, mais d'un autre oeil, des textes sacrés depuis longtemps délaissés. Rappelons ces 3 questions que nous avons tous
méditées dans les mêmes conditions : Honnêtement, je n'ai aucune souvenance de mes
1ères réponses, faites dans l'émotion
de l'instant. J'avais à l'époque la foi dite du
charbonnier, héritée de mes parents, aveugle et
sans question... J'aurais pu m'inspirer de notre Rituel d'Apprenti, qui contient toutes les réponses, mais, je vous l'ai dit, à question personnelle, réponse personnelle...Aussi me permettrez vous, V\M\, une première audace : ces 3 questions se résument pour moi en une seule -tout comme Dieu est unique dans la Trinité- tant je suis désormais convaincu qu'il ne peut y avoir de vraie foi sans vraie vertu et sans conscience active de la vraie nature de l'homme, donc de ses vrais besoins. La réponse revient donc à une quête de la Vérité, et c'est peut-être là que se situe l'essence de la voie initiatique. Comme le résume si bien l'Article 1 de notre règle : « La F\M\ est une fraternité initiatique, qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, G.A.D.L.U., et en Sa volonté révélée ». Dès lors, tout s'enchaîne : la présence du Livre de la Loi sur l'autel du V\M\, que, nous dit notre catéchisme, « tout F\M\ doit méditer », et sur laquelle se fondent l'équerre, le compas et le pouvoir du V\M\, symbolisé par son épée posée ; l'engagement du nouvel apprenti sur ce même Livre, qui matérialise, en tant que fidèle de la Tradition, son adhésion aux règles qu'Il prescrit ; mais, plus encore, son adhésion aux enseignements, mythes, voire mots, qui, dans le Livre, superposent à l'usage fondamentalement religieux, un usage maçonnique qui, peut-être, le dépasse, sans pour autant le transcender. Le serment maçonnique est donc conscience de la religion exotérique, mais aussi pénétration ésotérique des significations du Livre. Dans notre R.E.R., l'ouverture -l' « introït » - se fait au 1er verset de l'Evangile de St Jean, « patron » de l'église intérieure, qui, dès sa première parole, révolutionne la Genèse hébraïque et ouvre le cherchant sur l'Univers. Dès lors, nul étonnement devant l'ancienneté du serment sur St Jean, depuis les premiers temps du Christianisme tels que rapportés par St Augustin, en passant par le serment des empereurs germaniques ou par les alchimistes, pour qui, dès la « Légende dorée » du XIIIème siècle, « Jean a changé en or les branches d'arbres des forêts », l'or de ce Grand Oeuvre étant, bien entendu, d'ordre spirituel. Mais si, on le sait, notre rituel est, de par ses origines, d'essence catholique; certains régimes adjoignent à la Bible d'autres volumes de la Sainte Loi, lorsqu'il y a en Loge des FF\ de confessions différentes, comme pour souligner, s'il en était besoin, la vertu maçonnique de tolérance dans la reconnaissance de toutes les traditions et de leur unité transcendante, pourvu qu'il n'y ait ni agnosticisme, ni indifférence. Seule en effet la compréhension de l’unité transcendante permet de concilier le respect des formes et des voies, l'acceptation de leurs différences et leur dépassement dans la non-dualité, donc la prétention, justifiée, de notre Ordre à l'universalité (sens étymologique, d'ailleurs, de « catholique »). Dans la même voie des rappels historiques
signifiants, la G\L\ des Anciens d'Angleterre, dont on
connaît la rigueur chrétienne, notamment dans
l'observance des fêtes de St Jean, ouvrait pourtant ses
travaux à la 2ème épître de
Pierre, que je résume : « Que
la grâce soit multipliée par la connaissance de
Dieu et de Jésus ! Par elle nous possédons les
plus grandes promesses, afin que vous deveniez participants de la
nature divine. Faites donc tous vos efforts pour joindre à
votre foi la vertu, à la vertu la science, à la
science la tempérance, à la tempérance
la patience, à la patience la piété,
à la piété l'amour fraternel, et
à l'amour la charité ».
Outre un fascinant énoncé des vertus cardinales
-ou maçonniques-, on y trouve une véritable
promesse initiatique : participer à la nature divine, plus
forte encore dans le texte original latin, où le mot
« consortes » implique une
véritable fusion. Ainsi inspirés, nos « Pères fondateurs » (Saint-Martin, Willermoz, Turckheim...) fixeront, dans la Règle des Loges Réunies et Rectifiées entérinée à Wilhemsbad, comme but à l'initiation maçonnique de recouvrer « la ressemblance divine » pour pénétrer « dans les régions supérieures qui sont l'héritage et la vraie patrie » du Maçon, afin « d'être réuni à jamais » à Dieu. C'est ce que la doctrine patristique nomme la « déification », qui est au coeur de la mystique orthodoxe ; mais à l'usage religieux, la voie initiatique joint, pour atteindre ce but ultime, une pratique qui le dépasse, je l'ai déjà dit, sans le contredire. Parmi les vertus qui sont -ou devraient être-
partie intégrante de ce processus, il en est certaines qui
dépassent aussi le cadre strictement religieux : Ainsi de l'Amour, qui situe l'homme-Dieu auprès du Christ, « intercesseur », comme le dit Martinez de Pasqually dans un titre qui en dit long (« Tableau Naturel des Rapports qui existent en Dieu, l'Homme et l'Univers », 1782), dans la réintégration de l'homme en son état originel d' « image immortelle de Dieu », mais qui le situe aussi auprès de ses semblables, dimension qu'apportent Willermoz et Turckheim, en assignant comme but actif à l'Ordre au Convent des Gaules (1778), à partir de l'égrégore de forces individuelles qui le composent, de « former un dépôt de lumières et de bienfaits » : les « Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte » dispensent leurs lumières par la connaissance de soi, premier « bienfait », qui mène à la « contemplation auguste de la Vérité », et par la pratique de la charité, dans tous ses sens, matériels et spirituels. Comme le disait encore Willermoz à Wilhemsbad, « la 1ère classe a pour unique but l'étude et la pratique des vertus morales, sociales, religieuses et patriotiques, et d'une bienfaisance active qui la rende utile à l'Ordre et à l'humanité ». Là encore, le fondement de la vertu se trouve dans les Saintes Ecritures : rapportée par St Luc (10,25-37), la parabole du bon Samaritain en est l'exemple type. A la parole de Jésus « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » répond la question « Qui est mon prochain ? ». La réponse de Jésus est, dans le contexte quasiment tribal de l'époque, scandaleuse, et pourtant imparable : c'est le Samaritain, ethnie honnie des Juifs pieux, mais « qui a fait preuve de bonté ». Pour nous, Maçons, dont la fraternité a pour dimension l'universalité, le message est bien celui de l'amour, qui abat les frontières entre les hommes, pourvu qu'il s'identifie à l'amour de Dieu. Et si, dans le texte sacré original, aimer et connaître sont un seul et même verbe, travailler à la gloire du G.A.D.L.U., c'est à la fois le connaître, se connaître soi-même, l'aimer, et aimer son prochain comme soi-même. J'allais presque dire : et la boucle est bouclée... Pour revenir à mon propos initial, c'est
ainsi que je répondrais aujourd'hui, V\M\, à la
question - que je pense avoir été
scindée en trois pour des raisons symboliques -
posée au candidat maçon dans la chambre de
préparation, autre appellation symbolique puisque d'origine
hermétiste, voire alchimique. C'est par cette
méditation forcée que commence notre
« grand œuvre »,
quête longue et difficile, tout comme celle du Saint Graal ou
plus encore, de la Jérusalem céleste
chère à notre tradition chevaleresque et
johannique. La réponse à cette question de Dieu,
de Dieu fait homme, de Dieu en l'homme, indissociable de la vertu, est
plus qu'un besoin : c'est la quête même du sens de
notre existence, notre raison d'être en
Maçonnerie, tant il est vrai que chercher Dieu, au travers
du concept universel de GADLU, c'est trouver l'homme. J'ai dit, V\M\ |
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