Le Pour et
le Contre
Je vais vous rappeler une histoire.
Il était une fois, un âne, son maître
s'appelait Burridan.
Mr Burridan, voyant que son âne se portait mal
compris bien vite que celui-ci avait faim et soif.
Il se dépêcha de lui porter d'un bras une botte de
foin de l'autre un seau d'eau.
Il déposa l'un et l'autre devant le nez de l'animal et s'en
retourna à ses affaires.
Le lendemain l'âne était toujours dans la
même position, la tête oscillant entre l'eau et le
foin, il resta ainsi jusqu'à sa mort.
Pourquoi cet âne est-il mort ?
L'histoire raconte qu'ayant également faim et soif, il ne
parvenait pas à se déterminer.
Par où commencer ? Boire ou manger ?
La question était devenue un enfermement mental
d'où il était impossible au pauvre animal de se
sortir.
Nous savons que faire le choix d'une option n'excluait pas de faire
ensuite le choix de l'autre.
Mais l'âne ne savait par où commencer.
Hé bien vénérable maître, je
vous propose ce soir de faire l'âne.
Ce soir je suis un âne. Je vais balancer la tête
pour ou contre la peine de mort, pour ou contre la
libéralisation du cannabis, pour ou contre l'idée
que la maçonnerie est une religion.
La peine de mort
Je suis pour.
Oui, mes frères, vous avez, bien entendu, je suis pour la
peine de mort. Par ce que la société nous doit
notre sécurité. Nous hommes respectueux de la loi
ne pouvons accepter que d'autres viennent creuser en notre jardin pour
y enfouir en toute impunité les racines de leurs mauvaises
herbes.
La peine d'emprisonnement maximale en France est de trente ans.
Même en deçà de cette peine maximale
qui indexe quelque part les autres peines, l'actualité nous
raconte toutes les semaines les méfaits de ces
pédophiles violeurs, meurtriers qui ont payé leur
peine à la société et qui en
redemandent en renouvelant leurs actes dans un enchaînement
de victimes.
Les séjours en prison font office de
formation, l'école de la prison enseigne mille
méthodes pour mille abus.
Elle tisse des réseaux, lient les connaissances renseigne
sur les bons tuyaux et marginalise à haute dose.
Rien en France aujourd'hui ne garantit qu'un criminel ne
tuera plus.
Rien sauf la peine de mort qui n'est plus en vigueur. Un criminel mort
ce sont des victimes vengées mais plus encore, des victimes
évitées. (Guy Georges) Qui plus est au regard des
conditions pénitentiaires actuelles ou trop peu de chance de
réinsertions sont proposées, on est
obligé de constater l'échec de la politique
carcérale. C’est bancal et cela sert les petits
malins comme Patrick Henry, meurtrier du fils de ses amis qui pendant
l'enquête affirmait qu'il fallait tuer le coupable et qui
aujourd'hui a passé ses diplômes de droit en
cellule et a demandé sa libération
anticipée.
Et puis franchement mes frères, c'est quoi
cette hypocrisie de tant discuter sur la peine capitale d'un homme qui
a commis un crime alors que l'on condamne a mort des millions de gens
qui n'en n'ont commis aucun.
Sida en Afrique, peine de mort, enfant en roumaine, peine de mort,
Bosnie peine de mort, Afghanistan peine de mort, etc
Je le redis, je suis un âne mes frères
Alors je vais aller sur le penchant inverse
Cette foi, je suis contre la peine de mort.
Je suis contre par ce que la vie est ce qu'il y a de plus
précieux et qu'il n'a jamais été
prouvé que l'instauration de la peine capitale diminuait les
crimes. Alors si cela ne sert pas notre futur, point n'est besoin d'en
charger notre passé.
C'est une leçon humaniste qui est donnée
à l'ensemble de la population, une éducation,
rien ne vaut la vie d'un homme.
Aucun acte n'est gratuit, nous connaissons tous
l'histoire du battement d'aile de papillons à Tokyo qui
cause un tremblement de terre à new York. Tout ce que nous
faisons influe sur ce que nous sommes. Accepter la peine de mort c'est
ancrer en nous l'acceptation du crime sous un jour légal.
C'est banaliser un acte que nous ne pouvons commettre.
Condamner un homme à mort ce n'est pas seulement
éteindre une bougie, c'est tuer toute sa famille, entacher
toute la société sans jamais réparer
quoi que ce soit pour la victime.
Et qu'en est-il de l'erreur judiciaire ?
Omar Hadad a passé des années en
prison, sa culpabilité est mise en doute, son
procès va être révisé parce
que la science a avancé. Et s'il avait
été condamne à mort ? Qu'en serait-il
aujourd'hui ?
La justice des hommes n'a pas le droit de risquer de commettre
l'irréparable. La justice doit se laisser une porte ouverte
à la révision. L'homme doit vivre en portant sa
faute. C'est la seule façon pour que la
société porte un regard au présent sur
la mémoire de l'histoire, c'est la seule façon de
continuer de réfléchir sur l'origine du mal, pour
sortir la vérité de l'histoire et se souvenir de
son futur.
A chaque fois qu'un homme meurt c'est un bout d'univers
qui s'éteint, c'est peut-être là
l'origine du fameux trou noir.
Je ne peux pas accepter l'idée qu'une
société tue.
C'est le seul moyen de rester vivant.
Le dysfonctionnement de la justice qui fait que des
récidivistes peuvent renouveler leur crime ne doit pas nous
orienter vers la peine capitale mais vers la recherche de solution qui
évitent la récidive sans tuer.
Et il s'agit la d'un vrai combat. La seule façon
d'éradiquer la peine de mort dans le monde, c'est de trouver
les solutions qui permettent à la
société de se protéger.
Changeons de sujet mes frères,
Je vais encore faire l'âne. Cela fait tourner la
tête.
A propos de tête qui tourne, Je suis pour la
dépénalisation du cannabis.
J'ai trois enfants, l'aîné a 21 ans. C'est un
artiste, il est en fac d'art. Vous me voyez venir. S'il ne cultive pas
le chanvre. Le cannabis fait déjà parti de sa
culture.
Selon une étude datant de 1998 menée par
l'observatoire français des drogues et des toxicomanies et
portant sur 10000 lycéens, âgés de 15 a
19 ans, il a été établi qu'un tiers
l'a expérimenté (ce taux passe a 40 % en RP).
Alors que veut dire pour tous ces consommateurs le texte
de loi sur la consommation illicite ?
Cela revient à mettre tous ces jeunes hors la loi. Il me
semble que c'est là qu'est un des plus grands dommages de la
justice en regard du cannabis.
Habituer toute une population à ne pas respecter une loi.
Je suis pour la dépénalisation par
ce qu'en fait le haschich est pour la population montante l'alcool des
seniors.
Nier cette évidence c'est ouvertement nier une demande de
junior. Pour le moins, par ce qu'en fait, la tranche des fumeurs
d'herbe monte sur une tranche d'âge bien plus haute.
Refuser de l'autoriser c'est refuser d'avoir un contrôle sur
le produit lui-même qui dans un contexte de prohibition se
mélange avec n'importe quoi, crotte de chameaux, foin huile
de vidange, et nouvellement ecstasy, cocaïne et j'en passe.
Refuser de l'autoriser, c'est faire l'économie d'une
information que l'on ne fait pas pour les autres drogues
légales, tabac, alcool, barbituriques et dopants en tout
genre.
Il semblerait de plus que le cannabis ait certaine vertu
thérapeutique, les malades du cancer et du sida y
trouveraient de quoi rompre leur lassitude et retrouver leur
appétit, la dépénalisation aurait
l'avantage d'étendre les études sur le sujet et
surtout d'en élargir la prescription.
Un autre effet nuisible de la pénalisation du cannabis est
qu'elle habitue la jeunesse à fréquenter des
milieux mafieux pour se fournir, avec toutes les implications que cela
suppose. Incitation à la revente, incitation à
goûter autre chose, illusion de l'argent facilement gagne
etc. Lors d'une projection de film par le service d'information de la
police, j'ai pu assister à la comparaison faite par les
autorités entre les médicaments, l'alcool et le
cannabis. La police dans son discours range ces trois produits dans la
même catégorie. L'histoire est celle d'une famille
ou la mère prend des tranquillisants, le père du
whisky, le fils un joint. La fille qui veut soigner tout le monde met
le tout dans un sac, alcool drogue et médicament
à destination du vide-ordure, quel symbole.
A ma question, comment faire comprendre à un
enfant de ne pas consommer de cannabis si on le compare à
des produits licites, la réponse a été
« Simplement par ce que c'est interdit par
la loi. » Vous vous en doutez, cet
argument est Irrecevable par n'importe quel adolescent. Ce film de
propagande projeté dans les lycées à
destination des parents prouve bien le peu d'argument à
présenter pour la pénalisation du cannabis. On
insiste sur le coté toxique en le comparant à des
produits licites. L'argument de la toxicité n'est pas un
argument frappant quand on n’a aucune idée de sa
propre mort. Alors face à l'incohérence des
autorités sur les sujets et face au danger que fait courir
la pénalisation du cannabis je suis pour la
dépénalisation.
Quoique, si je fais encore l'âne, je serais tout aussi
contre. Oui je suis contre la dépénalisation.
Pourquoi autoriser une drogue de plus alors que les civilisations ont
commis l'erreur reconnue d'en autoriser trop ? L'alcool fait des
ravages dans la santé et un trou gigantesque à
l'assurance maladie. Il est un des principaux facteurs d'accidents de
la route, juste avant les tranquillisants en tout genre. Pour le
cannabis, on ne sait pas mais il n'y a pas de raison que ce ne soit pas
un facteur d'accident de plus, surtout quand on sait que le taux
d'accidents des jeunes est très élève.
Autoriser le cannabis ce n'est pas seulement autoriser le produit
lui-même, c'est aussi reconnaître toute la culture
qu'il véhicule. Une culture en opposition avec une
société où le travail et la
performance ont une telle importance.
La consommation de cannabis entraîne une
série de pathologie qui ne peut être sans effet
à long terme.
Larmoiement, conjonctivite, sécheresse de la bouche,
hypoglycémie, troubles digestifs,
céphalées, hypoventilation artérielle,
tachycardie, vasoconstriction etc. c'est la tempête sous un
crâne quoi.
Tout ce que je viens de citer est un lieu commun des utilisateurs
occasionnels.
Il en est tout autre pour les utilisateurs chroniques. Le risque est
bien plus grand.
Au stade euphorique peut se substituer un état de malaise
entraînant une dépression transitoire ou des
réactions de panique ou d'anxiété. Un
état confusionnel qui peut entraîner des crises de
bouffées délirantes. La phase d'extase peut
être accompagnée d'un état
d’absence morbide de volonté pouvant d'ailleurs
être recherché par certaines sectes pour rendre
leurs sujets passif et inactifs.
Un joint équivaut à la
consommation de 5 à 15 cigarettes. L'age moyen d'apparition
d'un cancer de la gorge pour les canabinomanes
invétérés est de trente ans.
Il faut savoir que le delta-9-thc est très long
à être éliminé de
l'organisme : sa demi-vie étant de 2,5 jours, il est
nécessaire d'attendre 10 a 30 jours pour évacuer
définitivement une cigarette de cannabis alors qu'une dose
similaire d'alcool est éliminée en 6 heures,
d'héroïne en 8 de cocaïne en 2 Sur le plan
du banditisme, la dépénalisation aurait pour
effet l'augmentation conséquente de l'importation d'autres
drogues beaucoup plus nocives. En effet, les milieux mafieux qui
retirent du cannabis une manne importante reventileraient leur
activité si l'arrivée d'argent issue de l'herbe
leur était coupée sous les pieds. Nous risquerons
de subir une vague de poudres de toute les couleurs ou de cachets
d'amour de toutes les formes.
Alors pour toutes ces raisons je suis résolument contre la
dépénalisation.
Ceci dit, Je vous propose le troisième sujet
de l'âne de service.
La Franc maçonnerie est une religion.
C'est drôle d'annoncer cela dans un milieu
réputé pour crier en permanence à bas
la calotte. N'empêche, je crois que c'est vrai. La FM est une
religion La laïcité prônée par
les francs-maçons ne les protége pas contre cette
affirmation.
La laïcité c'est la libre pratique
de toutes les religions, faire de la laïcité un
cheval de bataille c'est en quelque sorte défendre sa
paroisse.
Je me suis posé la question de savoir ce qui
caractérisait une religion.
Il y a le Dieu, en maçonnerie c'est le GADLU.
Il y a le lieu de réunion, le temple, identique dans tous
les pays. Il y a les coutumes, l'assistance, les agapes, la
façon de penser.
Il y a le rite et la tenue vestimentaire.
En fait il y a tout ce qui relie les hommes et qui a une certaine
permanence et la nous en sommes pourvus.
Oui je crois que la maçonnerie est la
dernière des religions, où il est
nécessaire d'avoir la foi en l'homme.
Dans toutes les religions l'homme c'est dieu, avoir la
foi en l'homme c'est avoir la foi en Dieu.
Et comme pour toutes les religions il y a en
franc-maçonnerie le mythe d'un homme extraordinaire au
destin tellement peu courant qu'il n'a pu être
dessiné que par une main divine.
La maçonnerie est une religion car elle
entend améliorer l'homme et l'humanité toute
entière, professant que chaque homme est un
frère, prônant la liberté individuelle,
l'égalité partagée, la
fraternité offerte.
Comme dans toute religion la religion
maçonnique a son cortège d'interdits et
d'obligations. Interdit de parler des tenues hors des tenues, interdit
de graver ou buriner les secrets, obligation de prêter
serment sur les règlements actuels et à venir,
obligation de se faire excuser quand on ne peut se déplacer,
elle a même comme dans toute église qui se
respecte le rituel du tronc ou chacun est invite à laisser
tomber son aumône.
Oui je crois que la maçonnerie est une
religion.
On entre dans les deux ordres de la même façon,
prêt à devenir différent par la
pratique, engagé à se trouver soi et à
trouver de par la même le chemin vers l'autre, prêt
à accomplir des gestes à prononcer des mots que
l'on ne comprend pas forcement.
Le Macon travail à ciel ouvert par ce que c'est dans les
étoiles que se cachent toutes les divinités, et
c'est par cette ouverture que le cœur de l'homme est
relié au corps du divin.
Etre maçon c'est savoir que l'espace se
compose de deux parties l'une profane l'autre sacre.
C'est apprendre que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas,
c'est apprendre qu'il y a quelque chose en haut. Notre engagement nous
procure une morale qui nous accompagne dans nos faits et gestes
profanes.
Cela dit, pour bien faire l'âne il nous faut
regarder l'autre penchant.
Et de l'autre coté, il est dit que la maçonnerie
est tout sauf une religion.
La démonstration la plus facile en est l'absence de dogme.
Ici pas d'obligation de croyance en un Dieu. Pas d'interdiction non
plus remarquez.
L'article des constitutions d'Anderson concernant dieu et la religion,
parle d'athée stupide, et de libertin irréligieux.
Ce qui implique que l'on peut être
athée, ne pas croire en Dieu du moment que l'on ait une
certaine conscience du sacré.
Le maçon est libre de ses convictions ou de leur absence et
ne doit rendre de compte à personne.
Pour entrer en franc-maçonnerie, le
baptême ou la circoncision ne sont pas des
critères d'admission ou de rejet. Si nous travaillons dans
l'enceinte du temple de Salomon nous savons tous que cela n'a qu'un
sens symbolique et historique, contrairement à toute
église qui apporte des définitions
précises à ses symboles la franche
maçonnerie laisse ses adeptes libres de les
interpréter, de les ressentir de leur donner un sens.
La vérité en franc
maçonnerie n'est pas une mais une multitude, elle
révèle une facette à chaque travail
apporté, à chaque pierre taillée.
La franc-maçonnerie si elle revendique par endroits
l'existence d'un grand architecte, n'oblige aucun de ses membres
à adhérer à une définition
précise de ce GADLU. Qui plus est il n'existe pas en
franc-maçonnerie d'architecture de pouvoir qui fait qu'il y
ait sur terre un représentant du GADLU en personne.
Ni dieu ni maître, cette célèbre
acclamation anarchique pourrait bien être ne d'une bouche
d'initié.
La quête du maître maçon est la parole
perdue, cette parole dans les textes est celle d'un homme, non d'une
divinité l'enseignement maçonnique en fait un
maître d'ouvrage mortel, ne représentant que son
art.
Alors que la religion apporte des mots de vérité
la FM a pour tout langage un alphabet de symbole dont la lecture
individuelle est finalement intraduisible. Des rituels nous disent que
la maçonnerie nous demande d'aimer la justice, de la
révérer de marcher dans ses voix de la servir de
tout cœur. Mais il ne s'agit pas la d'une justice divine, il
s'agit de sa propre justice. Celle qui se construit par le jugement ou
le cour et la raison son liés.
En fait les textes FM nous incitent à ne jamais
aliéner notre jugement, quelle religion ferait cela ?
Non la franc-maçonnerie n'est
décidément pas une religion.
Voila mes frères, il me reste à jeter ma peau
d'âne pour conclure. Pourquoi vous ai-je proposé
ce sujet ?
Inutile de vous dire que si j'ai fait l'âne j'ai tout de
même mon avis sur les sujets précédents.
Je réfléchis depuis longtemps sur un espace
minuscule que je trouve captivant.
Je l'ai appelé le point de bascule.
Ce point de bascule c'est l'endroit où l'esprit est
prêt à pencher d'un coté plus que d'un
autre. C'est la microseconde où l'acte se décide,
l'infiniment petit qui va entraîner toutes les
conséquences du choix. Il peut être sur la limite
qui fixe la démarche de l'initié, vous savez
juste entre les carrés noirs et blancs du pavé
mosaïques. Cette de marche sur la limite, pour parvenir au
point de, bascule est assez énigmatique. Elle ressemble
à l'attitude de l'âne de Burridan. En
rédigeant cette planche j'en arrive à une amorce
de raisonnement.
La limite n'est pas faite pour y stationner, elle est faite pour
être arpentée puis abandonnée quand
vient le point de bascule. L'initié ne peut rester dans la
contemplation de forces complémentaires sans choisir, sans
prendre option.
La position instable sur un pied, au sommet du point de bascule nous
permet de contempler le plus grand angle possible, mais nous ne pouvons
y rester. Il nous faut choisir. C'est un devoir que de se prononcer.
Le danger est de ne pouvoir le faire, de rester paralysé par
l’observation, de ne parvenir à s'extraire des
forces opposées.
Tout est vrai et son contraire aussi. Le sophisme nous permet de tout
démontrer.
Notre choix est-il arbitraire ? Oui forcement. Tous les choix
historiques que le temps nous permet d'analyser nous
ramènent à cette micro zone.
Il y a quelque chose de fascinant là dedans.
C'est un moment très fort, imaginez par exemple la
pratique du saut à l'élastique. Il y a la
préparation, la route, l'équipement tout ce qu'il
y a avant le moment où l'on se retrouve sur le parapet. Face
au vide, face à l'autre versant. L'instant crucial est celui
où une très légère
impulsion va nous faire basculer. Le reste n'est que
conséquence.
Mais l'instant où la décision de sauter se joint
à l'acte est le moment le plus intense de
l'évènement.
Les dés sont jetés. L'histoire
humaine dans son ensemble est ponctuée de points de bascule.
L'histoire individuelle l'est tout autant. Nous aurons tous
à affronter un dernier point de bascule, ce moment
à la limite du domaine des morts quand notre heure sera
venue.
Nous aurons tous à vivre un instant où nous
aurons d'une coté ce qui fut notre vie et de l'autre ce que
sera notre mort. Sans être suicidaire, je suis avide de
connaître cet instant.
C'est un point unique, le point de l'ultime
vérité, le point de l'ultime vacuité.
Ce point se trouve assez bien symbolisé dans une histoire
ancienne.
Un jour un apprenti demande à son
maître comment il fait pour connaître toute chose
et avoir l'attitude adéquate en toute circonstance.
C'est par ce que je suis le maître s'entend-il
répondre Mais encore quête l'apprenti ?
Ecoute, lui répondit le maître, je te confie une
enveloppe. A ma mort et seulement à ma mort, je t'autorise
à l'ouvrir et à accéder au savoir de
la maîtrise.
L'apprenti garda l'enveloppe sans l'ouvrir jusqu'à la date
annoncée.
La nuit suivant la mort du maître, l'apprenti choisit un
endroit où il lui serait agréable de recevoir
l'ultime savoir.
Les mains tremblantes il déchira l'enveloppe et en extrait
une carte.
C'est tout ce qu'elle contenait.
D'un coté de la carte il était écrit
de la main du maître en lettres blanches sur fond noir
« tout ce qui est écrit de
l'autre coté est vrai ».
L'apprenti retourna l'imprimé, de la main du
maître il y était écrit en lettres
blanches sur fond noir « tout ce qui est
écrit de l'autre coté est faux ».
J'ai dit
N\ J\
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