Obédience : NC Loge : NC Date : NC

 

Recevoir une réponse ou construire une réponse ?

A la lecture du travail proposé par le Vénérable Maitre, j’étais ravi. La proposition de la possibilité de refuser le sujet pour en proposer un autre me semblait de n’avoir aucun sens. Après un début de réflexion j’ai réalisé l’ampleur du sujet et la difficulté de concrétiser une synthèse compréhensive.

Une réponse est le résultat à une question.

La vie profane est une suite de questions. Une question est une demande faite pour obtenir une information, ou encore pour vérifier des connaissances. Elles se posent quotidiennement, elles se rapportent à tous les moments de la vie, la vie éducative, la formation, la vie familiale, la vie professionnelle, la vie intime, personnelle.

Certaines demandent une réponse immédiate, d’autres nous laissent plus de temps. Pour certaines questions les réponses existent, elles sont disponibles, elles sont le résultat des expériences de la vie passée.

Mon travail ne traite pas l’aspect de l’ensemble de toutes les questions, mais plus particulièrement celles qui touchent à notre vie intime, c’est-à-dire d’où venons-nous, où allons-nous et qui sommes-nous ?

Recevoir une réponse ou construire une réponse, il me vient rapidement à l’esprit. Recevoir une réponse, je ne fais rien, je suis disposé à attendre que quelque chose arrive, je l’accepte par ce que c’est vrai. Construire une réponse est plus tôt le résultat d’un travail que je dois réaliser.

Je vous propose de traiter en premier : Recevoir une réponse.

Le Larousse nous dit pour recevoir : entrer en possession de ce qui a été donné, et l’admettre comme vérité.

Recevoir une réponse c’est : accepter une solution toute faite. Le fait de recevoir une solution toute faite met l’individu en situation de dépendance, qui finit par aliéner la personnalité de soi.

Recevoir une solution c’est aller vers la soumission à quelqu’un, à une idée. On finit par attendre la solution, attendre le résultat d’un travail qu’on ne veut plus faire.

C’est en caricaturant un peu, attendre une réponse s’assimile à copier. C’est l’élève qui attend que son voisin ait fini son travail pour essayer d’en profiter. Profiter du travail de son voisin qui a construit la réponse au devoir proposé. L’élève qui copie n’est pas apte à répondre aux questions car il ne s’en n’est pas donné les moyens, Il va vers la facilité.
 
Dans la vie il n’est pas forcément question de chercher à copier, mais de se satisfaire d’une solution existante, qui convient. C’est aller à la recherche de la facilité qui finit par supprimer l’écoute attentive. Tout semble simple, l’incompréhension a pris le dessus sur la connaissance. C’est le début de la fabrication des préjugés et par accumulation c’est l’ouverture au Dogme, à la séduction du Gourou.

Accepter des réponses est devenir Dépendant, l’individu est à la recherche de l’homme providentiel, d’un Gourou. Il perd une partie de sa liberté. De dépendant il devient résigné, sa vie devient terne.

Résigné, il devient faible et va devenir demandant. Il est à la recherche de réponse qui le conforte dans son choix. Il est séduit par l’idéologie des réponses. Il va vers la perte de sa Liberté de faire un choix. Il n’est plus apte à écouter, il refuse d’office toute nouvelle idée.

Dans la vie profane l’ambition des Hommes les pousse à une forme de surenchère, ils cherchent à séduire ceux qui sont à la recherche de solutions toutes faites. Les solutions que l’on leur propose sont souvent basées sur des hypothèses non vérifiées et non vérifiables, elles suscitent la Foi. Beaucoup de religions monothéistes expliquent d’où l’on vient, ce que nous devons être et imposent des comportements pour réussir la fin de la vie. Elles jouent sur la peur. La peur de la vie, la peur de la mort.

Les voix les plus fortes imposent leur parole afin de faire accepter leur volonté. In finé ceci crée un chaos, un vacarme qui sème une grande confusion, c’est le domaine du Gourou. Tout cela sur un bruit de fond qui nous parvient du passé, c’est l’histoire qui prêche le nationalisme, et propage les religions.

Finalement les réponses lui viennent de l’extérieur de soi, elles deviennent communes à toute une population, une population qui perd son âme. L’Homme est en mode passif, qui pousse à résignation. L’Homme a perdu sa liberté, il est prisonnier de son entourage.

Construire une réponse :

Pour construire la définition du Larousse est : élaborer, concevoir quelque chose, assembler, bâtir, édifier.

Construire une réponse à une question est un travail. Ce travail demande une connaissance, un savoir-faire, une expérience. Elle suscite l’acquisition d’un nouveau savoir. Construire une réponse nécessite une part de conception, de créativité, d’imagination, d’innovation.

L’Homme y trouve un enrichissement personnel, il est fier du résultat de son travail. La construction valide la compréhension et fustige la créativité. La créativité forge la richesse de nos destins.

L’innovation suscite le savoir, la connaissance, l’intelligence. Elle participe au progrès de l’humanité. Les créateurs innovent, bâtissent, créent du savoir, apportent du confort, produisent de la richesse. Pour cela ils sont capables de prendre des risques. La création amène la promotion professionnelle, la promotion sociale. Les créateurs vivent une vie exaltante.

La solution vient de leur intérieur, c’est un enrichissement. Elle demande de l’indépendance, une action active. Elle est enrichissante. Pour cela il faut être indépendant, ceci nous amène à être libres.

Le créateur est un Homme libre.

Qu’en est-il pour nous Francs-maçons, qu’attendons-nous par « recevoir une réponse ou construire une réponse ? » En Franc-maçonnerie tout repose sur la volonté personnelle des frères de s’améliorer, c’est un engagement que l’on fait à soi-même.

Après l’ouverture de la Loge orchestrée par le V\ M\ assisté par le rituel, tous les Frères de la Loge sont invités à commencer les travaux dans la sagesse, avec force et beauté. Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à l’extérieur de la Loge. Avec l’aide de nos outils, Apprentis Franc-maçon, nous avons évacué nos préjugés. Nous sommes disponibles à écouter le travail de nos Frères comme vous le faites présentement.

L’objectif premier du travail maçonnique est le développement personnel, l’épanouissement de soi. Pour cela, nous taillons notre pierre brute et nous cheminons vers la réalisation de notre soi.

La principale partie du temps que nous passons en Loge est d’écouter des planches réalisées par nos Frères. Une planche est le travail personnel d’un Frère, où il répond à une question posée. Il a construit une réponse et il nous la propose. Après une écoute attentive de tous les Frères, le Vénérable Maitre ouvre le moment où chacun peut demander une précision sur le travail qui nous a été présenté, mais aussi apporter un complément qui lui semble utile.

Cela implique l’ensemble des Frères présents. La Loge est au travail. Elle apporte un enrichissement profitable à l’ensemble des Frères. Contrairement à l’élève qui copie, ou la personne qui reçoit une réponse prête et qui est prête à l’accepter, les Francs-maçons, dans la sagesse du débat et de l’implication de chacun, participent à la construction de la réponse. De réponse personnelle elle devient une réponse collective. Chacun y trouve la réponse utile pour la construction de son chemin personnel. Elle sera différente pour chaque Frère, car chacun de nous chemine sur le chemin qui doit l’amener à la recherche de la vérité, de sa vérité. Ceci est possible car un Franc-maçon est un homme libre.

En Franc-maçonnerie, nous n’avons ni Dieu, ni Gourou. Le grand Architecte de l’Univers ne nous explique rien, ne nous prédit rien. Au cours de notre Initiation, en recevant la Lumière, Il nous remet les outils maçonniques afin de construire notre chemin initiatique, présent et futur. Ceux-ci nous permettent, par un travail sur nous même, la recherche de notre vérité. Ce qui est important, c’est le chemin, plus que les outils dont nous disposons, il nous amène à la réponse. Dans la construction de notre chemin vers notre vérité, le travail ne peut être que personnel. La démarche est toujours au Maçon de la trouver. C’est la construction de sa Vérité.

Pendant le rituel de la fermeture des travaux, la formation de la chaine d’union, main dans la main, nous unit dans la fraternité, mais nous unit aussi pour tout le travail que nous avons réalisé pendant la construction de la réponse donnée par la Loge. A chaque fin de tenue nous repartons dans le monde profane un peu plus fort que nous y sommes entrés.

De retour dans le monde profane, bien que démunit du rituel, nous continuons à porter en nous la plus-value que nous avons acquise dans le temple, que nous avons quitté. Travailler à l’amélioration de l’Humanité c’est aussi écouter, participer aux réponses que le monde profane se pose, en amenant notre part d’innovation. Comme en loge maçonnique, nous devons être attentifs aux réponses reçues, nous devons les écouter, les comprendre, et les enrichir par un apport personnel, mais ne jamais en devenir complice. Alors la réponse reçue devient notre réponse construite. Une réponse n’est jamais définitive. Elle évolue dans le temps avec l’apport d’autres réponses. Restons mobilisés à l’écoute, prêt à faire évoluer une réponse qui a été construite dans le passé.

Nous sommes replacés face à notre engagement de Franc-maçon, qui nous rappelle que nous œuvrons pour un monde meilleur.

Je n’ai pas répondu à la question « D’où venons nous, qui sommes-nous et où allons-nous ? »

J’ai dit V\ M\

R\ D\


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