La Flamme
dans le Rituel Maçonnique au 1er Degré
I - L’entrée au
Temple :
Quand nous entrons dans le temple, il est faiblement
éclairé par la flamme d’une chandelle
qui brille à l’orient, sur le plateau du
Vén\M\.
D’un point de vue profane, cette flamme nous communique la
chaleur de sa présence par la vue de la lumière
mouvante et chaude qu’elle produit, grâce
à cette petite flamme, nous n’entrons pas dans un
local froid et sans vie mais dans un temple accueillant qui sommeille
en nous attendant. La flamme représente le foyer
allumé :
Nous entrons chez nous…
Plaçons nous maintenant du point de vue M\ :
La flamme symbolise la conscience de chaque FF\ :
Après chaque tenue, nous l’emportons
avec nous, régénérée, dans
le monde profane.
Cette flamme se nomme volonté de comprendre,
désir d’apprendre, recherche d’harmonie,
foi dans l’humanité, respect de l’autre
et de ses différences, amour d’autrui, amour de la
vie.
C’est la flamme de la F\M\universelle qui vit, hors du temps,
dans chaque loge et qui est aussi présente dans le monde
profane à travers chaque FF\ de la grande chaîne
d’union M\ autour du monde.
La flamme symbolise la vie.
Le temple est construit sur le modèle de l’Univers
et l’Univers est né par le feu qui a
généré la chaleur et la
lumière qui ont permis, à leur tour, la vie.
De même que la vie humaine s’est
développée sur la Terre et s’y
développera tant qu’autour de notre
planète la chaleur sera entretenue par le soleil (la flamme
externe) et par le magma en fusion au centre de la terre (la flamme
interne) ; de même notre vie de F\M\ se
développera tant que vivra la flamme du temple (la flamme
externe) et que vivra notre flamme interne qui en est issue.
De même que les parties terrestres
éloignées du soleil se refroidissent puis se
régénèrent au gré du cycle
des saisons, de même les FF\ éloignés
du temple régénèrent leur flamme au
gré du cycle des tenues.
La flamme symbolise la
spiritualité :
Le temple est construit
dans le respect des lois naturelles de l’univers et la flamme
est le symbole par excellence de la dictature de ces lois dont elle est
une preuve permanente.
L’homme a presque tout violé sur terre sauf la
flamme. Il a pu certes, la domestiquer, l’asservir mais,
s’il manque un instant de précaution à
son égard, elle le brûle, elle
s’échappe, grandit et devient
dévastatrice.
La flamme est mouvement, c’est une réaction en
cours, inconsistante et sans volume précis. Son
immobilité apparente est illusoire car elle se
déplace sur le support qu’elle consume sans
relâche, c’est une dynamique permanente.
Elle est mystérieuse et
imprévisible, insondable dans son essence,
indéchiffrable.
Ajoutons à cela qu’elle produit la
lumière et nous sommes en présence du symbole
idéal pour évoquer puissamment la
réalisation de l’être et son
élévation à la
spiritualité. Ce symbolisme a d’ailleurs
été amplement pratiqué en tous lieux
et dans toutes les civilisations profanes.
Nous sommes donc en présence d’un symbole des plus
évocateurs dès notre entrée au temple.
Cette « petite flamme» est
infinie dans le temps car elle remonte à
l’origine de la matière et de la vie. Elle est
aussi infinie dans l’espace où nous la
trouvons aussi loin que nous puissions sonder les étoiles et
les galaxies.
Cette flamme est à la fois une et à la fois
multitude car sa multiplication n’a pour limite que les
supports qu’elle consume en les transformant en chaleur
(gaz), en lumière et en cendres. Sur le plan du rituel, elle
constitue trois symboles à la fois: symbole de vie de la
F\M\et de notre vie de FF\, symbole de la création de
l’univers et de ses lois, symbole de
l’élévation de
l’être à la spiritualité.
C’est par elle que débute le rituel M\de nos
travaux au 1er degré.
II - L’ouverture des
travaux au 1er degré :
Tous rassemblés, nous avons
abandonnés nos métaux à
l’extérieur du temple, nous nous reconnaissons et
nous sommes à couvert.
Les travaux n’ont pas encore commencé
que nos pensées sont déjà à
l’unisson, grâce à cette
« petite flamme ».
Face à l’Est, nous l’avons tous
fixée avec les yeux de nos flammes sœurs
intérieures.
Le Vén\M\ décide alors d’ouvrir les
travaux. Avec précaution et méthodiquement, il va
répandre cette flamme dans le
temple selon un rituel précis et établi :
Il fait en sorte que la flamme se transmette sur le chandelier
à trois branche : tout d’abord une flamme
au milieu, puis une à droite puis une à gauche.
Nous entrons alors dans la phase où :
Trois la dirigent -
La loge sort un peu de la pénombre tandis que le
vénérable fait en sorte que cette flamme se
transmette encore sur le plateau du 2ème puis du
1er surveillant. Nous entrons alors dans la phase
où :
Cinq l’éclairent
-
La loge continue à sortir de la pénombre tandis
que Vén\, 1er et 2ème surveillants font en sorte
que leur flamme respective se transmette dans l’ordre aux
trois petites lumières de la F\M\ :
Sagesse, Force et Beauté reprennent
vie, tour à tour, dans le temple –
Au fur et à mesure, le temple s’est
éclairé, la lune le soleil et le delta brillent
tandis que le Vén\ fait en sorte que la flamme se transmette
également au plateau du Secr\ et de l’Or\. Nous
entrons enfin dans la phase où :
Sept la rendent juste et parfaite –
La loge se trouve alors en pleine lumière et peut
fonctionner de nouveau.
Par cette « petite flamme »,
flamme des FF\, flamme de la vie, flamme de la spiritualité,
La F\M\a redonné force et vigueur à un de ses
ateliers qui se remet aussitôt à
l’ouvrage. Quant à nous, les FF\ de cet atelier,
nous régénérons nos flammes
intérieures pour continuer notre quête.
Depuis quand cette flamme est-elle en chacun de nous ? En tous
cas depuis notre initiation.
III - L’initiation :
En effet, cette « petite
flamme » se trouve dans le cabinet de
réflexion quand y entre le récipiendaire.
Pour nous, elle a le même rôle symbolique
qu’au temple mais le candidat ne le sait
pas ; pour lui, c’est la seule compagnie active,
pour ne pas dire vivante, en cet endroit.
Elle est le symbole de l’origine universelle qui, peu
à peu, apporte sa chaleur et sa lumière au
visiteur profane, éloignant son
anxiété et l’invitant à
découvrir, un par un à l’aide de la
lumière dosée qu’elle diffuse, les
autres objets placés devant lui. Si les intentions du
profane sont pures, cette flamme devient la flamme de sa
conscience pour l’aider dans sa première
démarche de « M\ sans tablier
» : c’est à dire recherche de
la vérité dans le cabinet de
réflexion.
La simple volonté du profane de comprendre ce qui
l’entoure a permis à la flamme de
pénétrer son cœur.
Ce n’est donc plus tout à fait un
profane que nous devons voir entrer au temple les yeux
bandés, ni nu, ni vêtu car il est
déjà habité par cette flamme que nous
avions répandue jusqu’au cabinet de
réflexion et qu’il ramène avec lui pour
les mêmes raisons que nous autres, ses futurs
frères : désir d’apprendre,
recherche d’harmonie, foi dans
l’humanité, respect de l’autre et de ses
différences, amour d’autrui, amour de la vie.
Aussi bien lors de l’ouverture des travaux que
lors de l’initiation le symbole de la flamme de vie nous aide
à effectuer une véritable re –
création :
Re - création de l’Univers sous
l’emprise exclusive de la Sagesse, de la Force et de la
Beauté.
Re - création du profane en FF\.
La flamme peut être aussi le contraire. En
effet, elle intervient encore à trois reprises pendant
l’initiation, comme symbole, cette fois du feu destructeur ou
du feu purificateur :
Pendant le deuxième voyage,
l’épreuve du feu destructeur de
l’âme qui se livre aux passions comme la haine ou
la colère.
Lors du 1er degré de lumière, l’urne
funéraire contenant les noms des FF\qui ont trahi leur
serment et qui est présentée au candidat.
La destruction par le feu du testament philosophique du
récipiendaire.
Ces feux ne résultent pas d’une
transmission de notre « petite
flamme ». C’est pourquoi ils sont
allumés puis éteints sans
cérémonie. Il s’agit d’un
symbolisme classique que nous rencontrons tout au long de
l’histoire du monde profane.
Destruction, transformation ou sublimation de la matière par
le feu sont des thèmes qui ont
préoccupé les hommes depuis longtemps…
La flamme s’associe au bien comme au mal. Ce qui est
destruction sur terre n’est que transformation dans
l’Univers, ce qui est une fin sur terre n’est
qu’une étape dans l’Univers et le
symbole de cette flamme qui continue à vivre en nous
après chaque tenue nous montre qu’une tenue
terminée n’est qu’une étape
dans notre vie M\.
Nous arrivons donc à la clôture de nos
travaux…
IV - La clôture des
travaux :
Quand la Tenue arrive à son terme, avec ou
sans initiation, Le Vén\M\ et ses officiers ferment les
travaux de la même manière avec
précaution et méthodiquement, selon un rituel
précis et établi, en éteignant, sans
les souffler, une à une, les flammes sœurs de
notre « petite flamme »
répandues dans le temple :
D’abord la Sagesse puis la Force puis la Beauté
puis celles des plateaux respectifs des 1er et 2ème Surv\
ainsi que du Secr\ et de l’Or\.
La lune, le soleil, le delta et le Temple replongent progressivement
dans l’obscurité
jusqu’à ce que le Vén\M\ ait
éteint également les trois flammes du chandelier
placé à l’Orient.
Seule, la « petite flamme »
reste allumée ainsi que ses sœurs en
nous-mêmes.
Nous nous retrouverons réunis lors de la prochaine tenue et
ainsi de suite…
Le temple obéit aux lois de
l’Univers et le rythme des saisons en est issu, les Tenues de
St Jean d’hiver et d’été
marquent le début et la fin du cycle annuel de nos Tenues en
respectant les dates charnières du déclin du jour
ou de la nuit. La chaleur du Soleil et de la Terre
dégagée par les feux respectifs de ces deux
astres étant la cause directe de ce cycle, le symbole de la
flamme va de soi pour évoquer ce
phénomène.
V - La Tenue de Saint - Jean
d’hiver :
Les jours vont redevenir plus longs, les nuits plus
courtes et la chaleur fera de nouveau s’épanouir
la vie sur Terre. Tout se passe comme si l’Univers avait
décidé d’offrir à la Terre
un cadeau bienfaiteur, une preuve d’amour. Ce sentiment nous
exhorte à répercuter cet amour, parmi nous et
autour de nous.
Dans ce but, notre « petite flamme »
est alors répandue différemment dans le
Temple :
Depuis les trois flammes du chandelier à trois branches, la
flamme de droite donnera une flamme symbole « d’amour
– Beauté » sur le
plateau du 2ème Surv\, la flamme de gauche donnera une
flamme symbole « d’amour
– Force » sur le plateau du 1er
Surv\, la flamme du milieu une flamme symbole « d’amour
– Sagesse » sur le plateau du
Secr\ et une flamme symbole « d’amour
– Sagesse » sur le plateau de
l’Or\.
Ce sont ces « flammes – amour »
qui allument ensuite respectivement les candélabres des
trois petites lumières.
Au fur et à mesure, la lune, le soleil, le delta et le
temple se sont illuminés.
A la clôture des travaux, aucune de ces
flammes ne sera éteinte.
Les « flammes – amour »
doivent continuer à briller pour que leur rayonnement
atteigne aussi le monde profane et pas seulement les FF\.
En quittant le Temple, les FF\ trouveront sur le parvis un sapin avec 3
flammes sur trois bougies disposées en forme de triangle.
Ces 3 flammes sur le sapin ne sont pas symboliques en elles -
mêmes. Elles ont été
allumées sans cérémonie par le F\
Couvr\ pour matérialiser le symbole du triangle.
Ce rayonnement d’amour diffusé au
monde profane par notre « petite flamme »
et ses flammes sœurs durera symboliquement
jusqu’à la Saint Jean
d’été. A l’occasion de cette
tenue commémorative, une suite logique est donnée
au symbolisme de la tenue de Saint Jean d’hiver :
VI – La tenue de Saint - Jean
d’été :
Les jours vont devenir plus courts et les nuits plus
longues, la chaleur va diminuer progressivement pour faire place au
froid. La vie va peu à peu se recroqueviller sur
elle-même. C’est comme si la Terre se
préparait à mourir. Et cela nous amène
à faire un bilan de nos actes, à sonder notre
conscience.
En entrant dans le Temple, nous avons retrouvé, en plus de
notre « petite flamme »
les « flammes –
amour » laissées sur les
candélabres des trois petites lumières lors de
notre sortie de Tenue de Saint Jean – d’hiver. Ces
flammes ont brillé symboliquement durant toute la saison des
jours croissants pour que Sagesse, Force et Beauté rayonnent
sur le monde profane.
Pour aller au fond de nous-mêmes et nous
trouver avec la seule flamme de notre conscience, il nous faut
l’obscurité du cabinet de réflexion.
La flamme de la Beauté va retourner sur le
plateau du 2ème Surv\
La flamme de la Force va retourner sur le plateau du 1er Surv\
La flamme de la Sagesse va retourner à l’Orient
sur le chandelier à trois branches qu’elle
allumera successivement au milieu puis à gauche, puis
à droite.
La lune le soleil, le delta et le Temple se sont éteints
progressivement pendant ce temps.
Par la suite les flammes des plateaux des 1er et 2ème
surveillants vont passer de main à main sur leur colonne
respective pour revenir à l’orient où
elle seront éteintes par le Vén\qui
éteindra ensuite celles du chandelier à trois
branches.
Ainsi, nous retrouvons-nous dans la pénombre
avec notre « petite flamme »
symbole de notre conscience, de notre vie M\et de notre amour fraternel.
C’est pourquoi elle ne doit jamais
s’éteindre, nous l’emportons avec nous
dans « le Temple que nous sommes nous
mêmes » comme il est dit dans
le rituel de cette
Saint - Jean. C’est pourquoi nous veillons aussi à
la régénérer par la participation
régulière à nos Tenues.
Conclusion :
Le symbole est utilisé dans le rituel pour la
puissance évocatrice du concept, de la pensée ou
de l’idée qu’il doit
véhiculer parmi nous.
La flamme est sans doute la figure la plus
représentative, la plus suggestive et la plus
synthétique de la vie et de tout ce qui
l’accompagne en tant que création de
l’Univers.
A la fois concrète et abstraite, elle touche
les deux pôles de l’homme : le rationnel
et l’irrationnel.
Elle nous apporte une compréhension
subjective qui nous fait dépasser le seuil de notre propre
mental.
Si nous observons le symbole de la flamme avec toute
l’attention qu’il mérite, il a un effet
expansif sur notre conscient par rapport au langage et à la
réflexion logique et objective qui ont plutôt
tendance à réduire notre conscient.
Pour ma part, je n’y ai d’abord pas
prêté cette attention et je n’ai donc
pas tout de suite perçu toute la puissance
évocatrice de ce symbole car mon esprit de
chrétien auquel on a inculqué le symbole des
flammes de l’enfer, du démon et de la damnation,
avait un a priori tout à fait autre, vous vous en
doutez…
D’autre part j’avais vu assez de cierges
à l’église, ces chandeliers
n’étaient donc pas aptes à susciter ma
curiosité a priori.
Comme bien des FF\j’ai eu plus de sympathie et
d’attirance pour la lumière et je suis
tombé dans le piège de la facilité
comme d’autres y sont tombés :
à savoir, d’en faire un symbole universel
polyvalent et incontournable.
Pendant un moment, J’ai même
considéré la flamme avant tout comme un symbole
de lumière, ce qui m’a considérablement
gêné dans ma compréhension du rituel.
Puis, c’est le rituel lui même qui
m’a aidé peu à peu à
remettre toutes ces idées à leur place, par
exemple par la notion de degrés de lumière. Trop
de lumière éblouit et peut même rendre
aveugle.
L’homme perçoit la
lumière par les yeux or, son premier réflexe de
concentration est de fermer les yeux. La lumière du soleil
nous cache les étoiles etc…
La flamme d’une bougie éclaire une
chose à la fois et on doit l’approcher de cette
chose pour pouvoir l’analyser en profondeur sans
être distrait par son environnement.
Autres exemples : le cabinet de réflexion et le
pavé mosaïque qui nous rappellent que le chemin de
la vérité passe aussi par les
ténèbres et que la vie est faite de
dualité.
D’autre part, des êtres ont droit
à la vie sans connaître la lumière
comme les chauves souris par exemple.
La lumière éternelle comme paradis est une
allégorie moins sympathique quand on pense aux papillons de
nuit et autres insectes qui, attirés par sa
lumière, viennent se brûler contre
l’ampoule,…
Est-ce que les aveugles sont interdits de M\ ?
Comment perçoivent-ils notre rituel ?
Les aveugles, par le développement exceptionnel
d’autres perceptions que la vue, se
révèlent tout à fait capables de
tailler leur pierre brute.
La lumière est un résultat, la
flamme produit, entre autre, la lumière mais surtout la
chaleur qui donne la vie.
Nos yeux voient mais aussi nous trompent. Faute de
capteurs adéquats, nous ne percevons pas
l’électricité, le
magnétisme, la radioactivité ou les ondes
hertziennes.
De même que notre ouïe ne capte pas les infra sons
ou les ultra sons, nos yeux ne voient pas tout le spectre lumineux.
La flamme et la lumière sont intimement liées
mais je me garde désormais d’un mysticisme trop
tentant à l’égard de la
lumière.
L’interprétation des symboles est
l’affaire de chacun mais la rigueur dans le respect du rituel
est l’affaire de tous.
En tant que responsable de la colonne d’harmonie au sein de
notre Atelier, je terminerai par une image propre à ma
tâche :
Le rituel me fait penser à une pièce musicale
dans son ensemble, où les symboles et les
allégories représentent les notes qui en
composent la mélodie.
Nous ne pouvons exécuter cette pièce musicale
ensemble, sans l’observation rigoureuse des règles
du solfège.
Cependant, nous avons toute liberté quant à
l’interprétation de sa mélodie.
J\C\ J\
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