Je ne sais ni lire… !

Depuis qu’il avait été initié, c’est à dire, il y a peu de temps, l’apprenti se demandait ce que pouvait bien vouloir dire les signes inscrits dans les cartouches, sur les deux murs opposés du Temple. Certes on lui avait bien dit qu’il ne savait ni lire, ni écrire et que s’il donnait la première lettre, on répondrait en donnant la seconde, mais en réalité cela n’avançait à rien dans la compréhension des lettres sur le mur du Temple.

Que pouvait bien vouloir dire cette succession de carrés, de points, d’équerres à l’endroit, à l’envers, de parenthèses pointes en haut, pointes en bas, pointes sur les côtés, de ces U pivotant de tous les sens. Il connaissait la difficulté de pouvoir lire les hiéroglyphes égyptiens ; d’accord pour une langue morte, mais lui il était dans un Temple maçonnique du 20ème siècle, il se demandait s’il y avait un rapport avec le rituel de son initiation.

Pendant les agapes, il se rapprocha du deuxième Surveillant, et osa lui demander des éclaircissements sur la présence de ces deux cartouches ; bien embarrassé le Surveillant balbutia une réponse qui n’en était pas une et qui à coup sur, ne répondit pas à la question de l’apprenti laissant ce dernier sur sa faim. Mais pour l’apprenti piqué au vif de sa curiosité, se dit que la non réponse de son Surveillant, était peut être du fait qu’il était qu’un apprenti, et que cet arcane mystérieux lui serait dévoiler en accédant aux autres grades.

Un soir après avoir fait une planche, pour son augmentation de salaire, portant sur les origines de l’écriture dans la marche de l’Humanité, il crut possible de demander à son futur Surveillant le sens caché de ces hiéroglyphes sur les murs du Temple, car il savait fort bien qu’en changeant de Colonne il aurait en face de lui l’autre cartouche avec les mêmes carrés, tout cela pour lui restait énigmatique.

Après la Tenue comme toujours il y avait les Agapes, placé à côté du Vénérable, avec toujours en tête sa question qui devenait une obsession, car il n’y a rien de pire qu’une question qui reste sans réponse ; notre vénérable éluda la question par un tour de passe verbale, mais cela ne pouvait pas satisfaire notre nouveau compagnon.

Devenu un maître circulant de colonne en colonne, il avait quand même remarqué qu’il n’y avait aucun cercle dans les cartouches. Bizarre comme c’est bizarre ! Mais ne voulant pas piocher dans un bouquin comme le Boucher, mais faisant confiance au savoir des membres de la Loge, il restait devant soi un mur d’indifférence, soi devant un mutisme qui ne faisait que renforcer son questionnement. Quelque fois, il se mettait à penser au penseur de Rodin, à Champollion avec sa Pierre de Rosette. Mais il préférait être dans la tête de Champollion, car comme ce dernier, il se doutait bien qu’avec de la persévérance, il aurait enfin accès au savoir concernant les cartouches.

On parle de hasard, de coïncidences, le seul maître qu’il n’avait pas questionné, c’était le « Père Gasser », hospitalier de la Loge depuis un temps immémorial, qui faisait partie des « meubles de la Loge ». Le père Gasser, avait en plus de son vieil âge une autre distinction, il ne portait pas son cordon d’Hospitalier, mais il gardait depuis bien longtemps son cordon de Rose Croix ; compte tenu de son âge il n’y avait aucun problème d’ordre rituel.

Notre questionneur, prit bouche avec le Père Gasser, et l’ancien fut le seul à répondre au jeune curieux : « voilà c’est un alphabet qui date du 18ème siècle, il est basé sur l’équerre et la croix avec les différentes variantes que l’on peut utilisé avec la droite ou la règle si tu préfères, quant au point il sert à différencier les lettres en multipliant les possibilités afin de pouvoir couvrir les vingt six lettres de l’alphabet profane ». De même tu as pu voir que le cercle en était absent, chose normale car le symbole de la spiritualité ne peut pas s’inscrire dans un alphabet même maçonnique. Je ne pense pas que notre alphabet, remonte aux constructeurs de cathédrales, car à l’époque, si mon savoir est correct, peu de gens savaient lire et écrire, et c’est aussi une des raisons que dans les cartouches du Temple, tu ne retrouves pas de cercle, car au grade que nous travaillons, nous somme censés de ne pas savoir écrire.

Mais mon frère, que veulent dire les deux cartouches du Temple ? N’y vois pas de grands mystères, n’y vois pas quelques grandes énigmes symboliques, comme je sais que depuis ton initiation cette question te taraude l’esprit, je vais mettre fin à tes interrogations : il s’agit simplement de nom de notre Loge, reste à toi de retranscrire notre « secret » en langue profane et comme cela tu connaitras les équivalences avec l’alphabet profane ; es tu satisfais ?

Oui mon frère, tu as répondu à un long mais puéril questionnement. Le Père Gasser avec sa bonhomie habituelle dit, tu vois quand on cherche, on trouve toujours !

P\ L\