Depuis quelque temps, notre homme, maçon de profession venait sur le chantier de la cathédrale, non pas par nécessité ou par plaisir, non il venait par habitude. Sitôt le bonjour donné à tous ses compères, et faisant semblant de s’activer, il disparaissait dans un recoin de la cathédrale en construction, et ce n’est pas les cachettes éventuelles qui manquaient. Lorsque la clochait sonnait la fin du travail, notre homme réapparaissait avec l’air fourbu comme quelqu’un qui a usé ses bras à l’ouvrage. Personne n’avait fait attention à son absence, faut dire que les autres maçons avait le cœur à l’ouvrage et qu’ils ne surveillaient pas le travail des autres, cela ne se faisait pas, chacun connaissait sa place sur le chantier, et il était normal de ne pas se préoccuper des autres.

Notre maçon bien caché dans son coin, dormait donc, et il rêvait aussi, il rêvait qu’il était le meilleur ouvrier du chantier et que son travail était proche du chef d’œuvre, qu’il recevait les félicitations du maitre d’œuvre, et lorsqu’il se réveillait il y avait confusion entre le rêve et la réalité, au point qu’il était fatigué par son dur labeur.

Donc, comme depuis bien longtemps, notre maçon, se dirigea vers le chantier. Surpris de voir le calme qui régnait sur les lieux, il se dit qu’il était peut être en avance sur les autres, troublé par le calme mais pas au point de changer ses habitudes, il gagna son coin de prédilection et il s’endormi une nouvelle fois, rêvant toujours au grand œuvre.

Aux environs de midi, il fut réveillé par des chants grégoriens, sont ce les anges ? Il s’étira, se détendit et risqua un œil, ce qu’il vit le pétrifia, dans le chœur de la cathédrale et dans le transept une foule de dignitaires participait à l’office religieux, intrigué, interloqué, notre maçon ne voyait pas ce que cela pouvait signifier.

Connaissant les us et coutume de la religion, il se rendit compte que la cérémonie qu’il voyait était la cérémonie de consécration de la Cathédrale par l’Evêque, un coup d’œil dans les travées, il y avait la bannière des maçons, ainsi que celles des autres corporations ; et lui caché dans son asile temporaire, assistait à cette sacralisation du lieu. Il se dit que décidément il avait bien travaillé, et qu’en fait son rêve était devenu réalité, sauf qu’il n’était pas dans les rangs des constructeurs… !

Si l’on doit donner une moralité, elle ne sera que simple : tout le monde a le droit de dormir, mais le monde lui pendant ce temps, continue à tourner… ! Et comme le dit l’antique Tradition : réveillez vous… !

P\ L\