Obédience : NC Loge : NC 11/11/2012


La Maçonnerie virtuelle
Conte à dormir debout

En 2050, la société humaine est entièrement informatisée, les plus petits gestes quotidiens relèvent d’une puce électronique et d’ailleurs la majorité des humains est sous le contrôle des nanos éléments. De l’enfance à la vieillesse l’Homme est surveillé, toutes ses activités sont enregistrées, vie professionnelle, vie sexuelle et vie culturelle, tout cela est bien paramétré, et doit se conformer au formatage exigé par la nouvelle société.
En son temps la Maçonnerie avait été le conservatoire d’un Humanisme indéniable, mais elle aussi avait succombée aux « délices » de l’informatique les années 2000 avait vu l’explosion de sites, forums et autres blogs, et pour faciliter la communication interne, les obédiences avaient mise en route le réseau intranet, le but avoué étant la simplification administrative…

Tout ceci pourrait paraître normal et n’être qu’une adaptation à l’évolution technique de la société, la plume d’oie n’étant plus qu’un lointain souvenir. Mais arriva la grande dépression économique ainsi que la pénurie de carburant. Les Obédiences durent vendre une grande partie du parc immobilier de la Maçonnerie, de plus l’ordinateur central, déclara que les Maçons n’étaient pas prioritaires pour bénéficier des bons de carburant.

Le grand malheur arriva, un grand maitre, plus zélé que les autres, prit la décision que toutes les Tenues, du premier au 33éme degré se feraient dorénavant par un système de vidéo conférence. Cette décision fut approuvée par toutes les autres obédiences, car toutes y trouvèrent leur compte, pensez y, on pouvait contrôler la présence de chaque maçon, surveiller les débats, voir si le rituel étaient bien conforme à celui obligatoire de l’obédience, prélever directement les capitations, et si un ordinateur restait fermer pendant la tenue, un sérieux rappel à l’ordre et une demande d’explication justifiée, parvenait chez le Frère en cause.

Mais surtout plus question de donner sa démission, car aussitôt, l’obédience transmettait l’info aux services centraux du département, et il s’en suivait une cascade de suppression de droits pour le velléitaire.

Du niveau à l’équerre en passant par le compas, les Esprits étaient formatés et paramétrés, et tout aller bien dans le meilleur des mondes.
Sauf que dans une région peu couverte par les réseaux électroniques et en dépit comme en conséquence et malgré le fait que chaque individu était « pucé », comme n’importe quel animal domestique ; des maçons pouvait encore se réunir comme dans le bon vieux temps, le nom de la Loge était lui aussi une indication de la survivance de l’ancienne maçonnerie : « Aux trois Cœurs flamboyants ! ». Donc une fois par mois, nos gaillards se réunissaient dans un vrai Temple avec de vraies Colonnes, et de solides maillets. On venait d’un peu partout, avec cette nostalgie des temps anciens, et chacun apportait sa pierre à la vie de la Loge dans la différence des compétences des uns et des autres. Le Gadlu présidait à l’ouverture et la fermeture des travaux ainsi qu’aux agapes, quant le cœur y était, on entonnait des chants maçonniques et compagnonniques. Bien tard dans la nuit ou quant le chant du cop annonçait les premières lueurs du jour on se quittait. Ne pouvant plus répandre l’extérieur les vérités acquises à l’intérieur, le travail maçonnique se donnait comme tâche l’élévation spirituelle de l’individu, en remettant en service des vieilles pratiques maçonniques, comme la méditation, mais aussi par le travail manuel du bois comme de la pierre

Quoi de plus réjouissant que de prendre dans ses mains un rituel sur papier, alors que dans la maçonnerie virtuelle, on ne savait jamais si le GM lors de ses prestations était virtuel ou réel.

Cela aurait pu durer longtemps, mais comme toujours la nature humaine dans ce qu’elle a
de négatif repris le dessus. Grace à un intrus, la loge fut située géographiquement, la suite est facile à imaginer, destruction, arrestation et rééducation…

Ce jour là, la Maçonnerie disparut, et ne laisse que peu de chose dans la mémoire de l’humanité !

P\ L\


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