La
Porte Basse
Conte
à dormir debout
Il était une fois dans un Orient incertain et dans une Loge
sans Nom, la vie initiatique de deux Frères, qui
œuvraient dans un Rite Oublié des autres
Maçons. L’un des deux Maçons
était un simple menuisier maniant le ciseau, la varlope et
le bédane, l’autre Frère, un avocat de
renom, maniant les mots pour en extraire ce qu’il croyait
être la Vérité et surtout la
quintessence de la Parole perdue.
Chacun vivait donc sa maçonnerie suivant son
tempérament, son acquis culturel mais aussi avec son
caractère, voulant dire par là que dans le
tréfonds de chacun il y avait encore quelques traces de
métaux qui malgré tout entraient dans le
Temple…
Régulièrement, notre Frère avocat
planchait ; il mettait un point d’honneur à
proposer aux Frères de la Loge ce que l’on
appelle, abusivement, des morceaux d’architecture, ainsi sans
le dire, il devenait un Ténor, un notable de la
Loge…dépassant quelque fois
l’autorité des trois Lumières.
Comme le voulait les us et coutumes de la Loge sans Nom, une fois par
an les Maitres Maçons devaient fournir un travail
à l’attention des autres maçons de la
Loge. Notre Frère menuisier, ne dérogea pas
à ses devoirs…
Le jour venu, il nous parla de sa malle et des outils utiles
à son métier. Les premières
réactions des autres Frères furent la surprise et
même l’incrédulité. De
copeaux en sciure, de planches gauches et de tenons en mortaises, notre
Frère fit réfléchir
l’ensemble de l’Atelier surtout quand notre
menuisier, expliqua que ce n’était pas sa main
seulement qui à travers les outils, transformait la
matière, mais son cœur, car il mettait un point
d’honneur à faire de la belle ouvrage, tout en
restant simple et anonyme, considérant que le
mérite revenait à ses outils et surtout au
GADLU…
A la fin de son exposé, la Parole ne circula point, mais
c’est le silence conduisant à la
réflexion et même à la
méditation, qui pour beaucoup de Frères, inspira
leurs questionnements, et pour d’autres
l’incompréhension d’une planche toute
simple, bousculant les habitudes d’écoute. Une
réalité toute nue s’offrait
à eux, loin des discours alambiqués, et
c’est cela qui était le pus difficile à
admettre, pour eux ; Notre Frère menuisier, en parlant de
ses outils avait ouvert la malle du Cœur…
Plusieurs mois après, et assurant la continuité
de ce rituel oublié, la Loge devait procéder au
degré suivant de la Maitrise, le degré dit de la
Porte Basse. Naturellement nos deux Maitres maçons devaient
passer cette épreuve initiatique.
Un petit éclairage s’impose sur la loge sans nom ;
elle avait la chance de posséder un vaste local, lui
permettant d’avoir pour sa pratique rituelle, trois Temples
distincts, chacun correspondant à une étape
initiatique bien précise.
Le jour dit le grand Préparateur, convoqua les Elus, pour
passer par la Porte Basse et… Nos Frère furent
débarrassés de tout ce qui pouvait faire illusion
comme les tabliers et cordons, comme les costumes de ville trop bien
coupés, ainsi que les chaussures et autres
métaux. Pieds nus et vêtus d’une
chasuble blanche, nos F\ F\ furent placés dans la Chambre de
Méditation, en règle
générale pour méditer, il faut au
moins de la tranquillité et surtout du silence, mais nos F\
F\ une fois la porte refermée, furent abasourdis par un
immense vacarme, dans le but évident
d’empêcher la méditation mais surtout
pour éprouver la force de caractère des
participants… Comme la concentration de leur Esprit.
Plus tard, le Frère Préparateur, les conduisit
dans une pièce plus calme : « mes F\
F\, j’imagine votre surprise, mais nous devions vous
préparer pour accéder à un monde
très différent du notre, et nous avons voulu vous
éprouver, car nous savons que la frontière entre
la raison et la folie est mince et que l’on peut vite sombrer
dans la démence ».
Le Frère Accompagnateur les conduisit devant la Porte Basse,
dernière étape de ce jour, il informa les
prétendants : « mes F\ F\ vous allez
affronter une autre réalité dont vous
n’avaient pas idée ; avant de franchir la Porte
Basse, vous êtes encore dans le monde de
l’illusion, celui de la matière, de la
dualité, après votre regard sur le monde ne sera
plus jamais le même, imaginez que vous êtes au
sommet de la Montagne et que votre regard dans l’instant
embrasse toutes les vallées dans les moindres
détails, mais ce que vous allez vivre sous peu en
franchissant la Porte Basse, ne peut être dit par les mots de
l’HOMME . Peu d’homme on fait le voyage que vous
allez faire, c’est le monde des dieux qui va vous accueillir,
mais en tant qu’homme initié aux petits
mystères, vous ne pourrait pas aller plus loin de votre
vivant, l’accès du royaume du GADLU vous
étant interdit, mais peut être qu’en
revenant dans la monde terrestre en devenant un phare pour
l’humanité ; alors en passant de vie à
Trépas, les grands mystères vous seront connus.
Cela dépend de vous et de votre travail pour
l’humanité ».
Chemin faisant ils étaient arrivés devant la
Porte Basse, séparant les deux mondes. La Porte Basse
s’ouvrait sur une pièce, dont il était
difficile de donner une description fiable, étant
donné que ceux qui avaient franchis la Porte Basse
étaient condamnés au Silence, et tout ce que peut
imaginer le narrateur, votre serviteur, c’est qu’il
y avait au centre de cette pièce un fil à plomb
sur un ciel ouvert… Pour le reste seul
l’imagination des futurs Elus, entretenait la confusion.
De même que pour le temps écoulé,
impossible de dire avec précision combien de temps les Elus
avaient passé dans cette pièce, même si
la montre du Frère accompagnateur, marquait trois heures
pleins, et d’ailleurs cela n’avait aucune
importance. De retour sur les colonnes, nos deux Frères
ressemblaient à n’importe quel autre
Frère, en apparence seulement, la partie visible de ce
changement était pour notre avocat, un peu
d’humilité, et pour notre menuisier, de
l’assurance dans ses propos, mais le principal changement,
c’est à l’intérieur
d’eux même qu’il se trouvait, mais cela
relève de l’ineffable.
Après bien des mois, la Loge Sans Nom, a continué
ses activités, peu nombreux, sur les Colonnes, elle faisait
franchir la Porte Basse aux plus méritants, et ainsi de
suite… Cette histoire, c’est un vieux Sage qui me
l’a raconté, il me voyait cherchant dans de
nombreux livres, changeant régulièrement de
Rituels maçonniques et même de Loges, un jour me
prenant à part, il éclaira, un peu mon
cheminement maçonnique, et me donna la bonne direction
à suivre, mais malheureusement pour moi, je n’ai
pas encore trouvé la Loge Sans Nom…
P\ L\
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