Le songe d’une nuit d’hiver !

Comme souvent le soir, notre Frère avait les yeux rivés sur son écran de TV, et comme tous les jours, un flot continue d’horreurs, de misères, de crimes et autres abominations ; lui qui lorsqu’il avait été initié, avait cru à la vocation de la Maçonnerie : éclairer le monde, apporter à l’humanité la Lumière afin que cette humanité devienne vivable pour l’Homme… Et depuis quelques temps il se posait la question de savoir si la Maçonnerie était encore dépositaire de la sagesse antique, de cette sagesse permettant de conduire les Peuples sur le chemin de l’espérance et même du Bonheur !

Il retrouva sa chambre, son lit, lui qui était insomniaque, s’endormit de suite… Rêve ! Cauchemar !

Dans le Temple de son début d’apprenti, il se retrouva sur le trône du roi SALOMON, dans une Loge pleine de Frères, mais il ne pouvait pas distinguer le visage des F\ F\  assis entre les Colonnes ; tous étaient dans un brouillard dense, y compris les officiers de la Loge. Aucun visage !

« V\ M\ on frappe à la porte du Temple »

« F\ couvreur remplissez votre Office ! »

Le F\ entrouvrit la porte et interrogea le F\ Tuileur ;

« V\ M\ se sont trois frères qui demandent l’entrée du Temple ! »

« F\ Couvreur donnez-leur l’entrée du Temple ! »

Les trois F\, ensemble et dans une harmonie sans défaut, firent tous les pas de la Maçonnerie, de l’Apprenti, du Compagnon et du Maître.

« Mes F\ F\ d’où venez-vous » ?

Le même son sortit des trois voix.

« V\ M\, nous venons de la Loge de Saint JEAN, et nous apportons, la Lumière de tous les grands Maçons, qui en œuvrant dans la Sagesse, avec la Force de Salomon et la Beauté des Constructeurs de cathédrale, ont donné de l’Espérance à l’homme ».

« Veuillez-vous présenter à l’Atelier »

« Je suis le F\ MOZART ! Je suis le F\ LITTRE, Je suis le F\ Schœlcher ! »

« Bien mes F\ F\, mais qu’apportez-vous, » ?

Le F\ Mozart, fut le premier à prendre la Parole ; « j’étais moi et mes F\ F\ en loge, dans ce que vous avez nommé, le Siècle des Lumières, c’était pour mon époque, une grand espérance, car cette Lumière dans la société figée par de multiples contradictions qui paralysaient les initiatives individuelles. Je ne suis pas aveugle ni complaisant avec moi et je connais bien ma vie profane qui fut à l’image de mon temps, mais ma musique pleine des valeurs maçonniques fut ma contribution pour faire évoluer la société, bien sûr, la Flute enchantée avait cette mission mais aussi mon Ode Funèbre pour le Grand Maitre, mais sans oublier le reste de mon œuvre qui je le crois fit avancer la société d’alors ! »

« J’apporte la beauté, V\ M\ ! »

Littré prit à son tour place devant le lutrin et entre les Colonnes, « V\ M\, je vivais dans une société où le savoir était détenu par une minorité nullement pressée de transmettre ce savoir à l’ensemble de la société, les gens vivaient dans les habitudes coutumières, dans la routine des jours qui s’écoulent, obéissant à ceux qui prétendaient savoir,alors que d’autres étaient partis à la découverte du nouveau Monde, aussi avec d’autres F\ et d’autres profanes, nous nous mirent au travail pour mettre à la disposition de tous le résumé de tout le Savoir de notre époque, et ce fut la naissance de l’Encyclopédie, rien ne nous était interdit et nous voulions faire partager au plus grand nombre, notre regard sur la société. L’Encyclopédie fut mon Chef d’œuvre, avec la satisfaction du travail bien fait, tout en sachant que le chantier du savoir menant à la Connaissance, n’était pas commencé, mais ce n’est pas une raison suffisante, pour ne rien faire ! »

« Je transmis, la curiosité utile à l’Evolution de l’HOMME. J’ai dit V\ M\ ! »

Le dernier à prendre la Parole, fut le F\ Schœlcher.

« V\ M\ j’ai le sentiment de ne pas avoir travaillé à la libération de l’Homme, car depuis la Loge d’en haut, je constate que l’esclavage est toujours une activité économique florissante, vous êtes respectueux du Frère La Fayette, alors que lui était un esclavagiste convaincu, rien, à mes yeux n’a changé. Je considère que mon travail n’a pas d’héritiers, et que vos yeux comme ceux de mon époque sont insensibles à la misère, alors vous osez parler de Progrès, alors que moi je considère cela comme une régression et que vous manquez de discernement, votre indignation, est une indignation de façade, parlons de ce que vous appelez la Tolérance, moi je dis que vous faites erreur, il plus juste de dire laxiste, surtout vous ne voulez pas que votre confort soit perturbé, et pourtant sur le chantier, il y a souvent des imprévus et des aléas, qui bouleversent l’ordre des choses, c’est l’ignorance qui dirige vos propos.

« J’ai fait œuvre de Liberté et de respect, pour que l’Homme puisse vivre avec les autres Hommes dans le respect et même la Fraternité !

J’ai dit V\ M \ »

« Merci mes F\ F\ ! »

Mais les trois Maçons, restèrent entre les colonnes, après un silence, et d’une seule voix, ils reprennent la Parole. Nous sommes les envoyés du Grand Architecte de l’Univers, et nous devons t’avertir de ce qui va arriver à l’Ordre Maçonnique : tout comme Moïse, ils déroulèrent un parchemin, écrit uniquement avec des consonnes, et ils commencèrent à lire sans bouger les lèvres :

Le Grand Architecte de l’Univers, constate que l’Ordre Maçonnique, n’est plus à même de remplir le plan qu’il avait dessiné et projeté pour l’évolution de l’Humanité, que l’Ordre avait comme fonction et comme but, l’élévation de l’Homme, connaissant le passé, le présent et l’avenir, il sait, Le Grand Architecte, que la Maçonnerie n’est plus capable de former des Maçons digne de servir sa volonté, et pourtant, il a mis à la disposition de l’Ordre maçonnique, tous les outils utiles à l’élévation, au savoir et à la Connaissance, bien au contraire les mauvais compagnons ont cru qu’ils pouvaient prendre la place de Maître Hiram, sans effort, et sans instruction, en pensant qu’un simple tablier suffisait pour les rendre parfaits !

Ils ont reçu la Lumière, sans en comprendre l’utilité et le sens, aussi le Grand Architecte de l’Univers décide de laisser mourir l’Ordre Maçonnique, en le privant de la Lumière et de la Connaissance nécessaire aux Maîtres Maçons ; que l’obscurantisme gagne l’ensemble des Temples et que les outils maçonniques ne soient plus que des reliques sans utilité. Vous avez négligé vos serments mais aussi la Veuve et l’Orphelin, votre Pierre Brute et vous avez négligé la Fraternité tout en vous interpellant comme mon Frère… !

A ces mots un à un les Envoyés du Grand Architecte, se dirigèrent vers l’autel des Serments, et retirèrent, qui le Compas, qui l’Equerre et le dernier, le Volume de la Loi Sacrée… Dans un sursaut notre dormeur se réveilla ; l’esprit embué de ce qu’il avait vu en rêve, stupéfait d’avoir fait ce rêve, il prit son petit déjeuner, tout en ayant l’esprit ailleurs, réfléchissant, il se dit que la Maçonnerie comme tout chose vivante, était soumise à la loi des cycles, et que tout naturellement, elle pouvait disparaitre, comme l’alchimie, la gnose ou encore la chevalerie et puis, il se dit que notre pays était plein de vestiges historiques rappelant la grandeur du temps passé, mais n’ayant plus de raison d’être de nos jours, en qu’en fin de compte, n’étant plus capables de construire des cathédrales de pierre, nous étions encore plus incapables d’édifier des cathédrales spirituelles, notre monde ne construisant que des tours de Babel, pour glorifier le règne de l’argent.

Vendredi, je serais comme souvent, en Loge…GABAON

J'aime la Vie !

P\ L\