Obédience : NC | Loge : NC | 1730 |
La
maçonnerie disséquée Samuel PrichardCe texte
est
un des textes fondateurs, en particulier pour ceux qui pratiquent les
rites
basés sur les principes des Moderne. C’est
la première divulgation
complète avec le grade de Maître. Je pense
donc qu’il est de mon devoir de Franc-Maçon, dans
la recherche de la vérité, de
le mettre gracieusement à la disposition des Sœurs
et des Frères. Que le
traducteur et les frères qui m’ont aidé
soient remerciés. J’ai
inclus
le tableau de la Grand Loge de Londres fait par Picart en 1735. On le
trouve
dans Illustrations de
Cérémonies
et coutumes religieuses de tous les peuples du monde. Source
: Bibliothèque
nationale de France. Ce
document
est particulièrement intéressant : il
montre bien la forme en équerre de
la table autour de laquelle les Frères se
réunissaient et l’emplacement des
trois chandeliers. Je vous
joins
en introduction un petit texte de l’érudit de
notre Ordre en ce début du 3éme
millénaire: A/ B/ Membre de l’académie Internationale du Véme Ordre U.M.U.R.M. Que
nous apprennent
les plus anciens documents Maçonniques écrits en Anglais ? Tout
ce que nous
savons des anciennes cérémonies
maçonniques en Grande-Bretagne se trouve réuni
dans un livre intitulé The
Early
Masonic
Catechisms, publié en 1943 par
Douglas Knoop, G.
P. Jones et Douglas Hamer.
Une seconde édition de cet ouvrage, revue et
complétée, fut publiée en 1963,
avec une Préface de Harry Carr. Elle comprend notamment la
transcription de dix
manuscrits (catechisms)
et de dix
divulgations imprimées. Les
trois plus
anciens manuscrits transcrits dans ce livre proviennent
d'Écosse et furent
écrits dans les années 1700,
c'est-à-dire avant qu'aucune Grande Loge au monde
n'ait été fondée. Ils sont
divisés en deux parties distinctes: l'une comprend
les questions et les réponses que l'on posait à
un Maçon qui affirmait être en
possession du "Mot de Maçon" avant de le
reconnaître (comme tel). Ces
questions et réponses deviendront ce que nous appelons
aujourd'hui instructions
ou mémentos (les Anglais les appellent catechisms
ou lectures)
et donneront naissance
au milieu du 18è siècle à l'ouverture
et à la clôture rituelle des travaux d'une
loge. L'autre partie décrit notamment une
cérémonie se rapportant à la
communication du "Mot de Maçon" à un Apprenti.
Cette cérémonie est
l'ancêtre de ce que nous appelons aujourd'hui initiation,
passage et élévation,
c'est-à-dire la manière de recevoir un profane
dans la Franc-Maçonnerie
(l'initier comme Apprenti), puis de lui conférer deux autres
grades, ceux de
Compagnon et de Maître. La
première
divulgation imprimée fut publiée à
Londres en avril 1723. La dernière
divulgation de cette première période, Masonry
Dissected de Samuel Prichard,
date d'octobre 1730. Ce texte
célèbre est
particulièrement intéressant pour deux raisons:
il est le premier à reproduire
en trois parties séparées les questions et les
réponses concernant les grades
d'Apprenti, de Compagnon et de Maître; il est
également le premier à narrer les
circonstances dans lesquelles l'architecte Hiram fut
assassiné. Comme la
mention de ce meurtre ne se trouve ni dans la Bible ni dans les Old Charges
(les anciens manuscrits des
maçons opératifs), on peut en conclure que son
récit a dû être inventé aux
environs de 1730. Aucun
de ces vingt
textes ne constitue un "rituel" au sens contemporain du mot,
c'est-à-dire le dialogue et la description des actions
accomplies pour ouvrir
et fermer les travaux d'une loge, ou pour conférer un grade.
Mais presque tous
comprennent différentes versions du serment que
prêtait, comme aujourd'hui, un
nouveau Maçon, serment par lequel il s'engageait, sous peine
de châtiments
graves, à ne révéler d'aucune
manière les secrets qui lui avaient
été transmis.
Les précédentes générations
d'historiens maçonniques en tirèrent la
conclusion
apparemment logique qu'on ne saurait accorder d'authenticité
aux textes de ces
divulgations puisqu'ils ne pouvaient avoir été
écrits que par des parjures...
Jusqu'au jour où le hasard fit qu'on s'aperçut
que quelques lignes écrites en
1702 dans le Livre d'Architecture d'une loge d'Écosse se
retrouvaient presque
identiquement dans les anciens manuscrits des années 1700
(cf. Harry Carr, AQC
63, 1950, pp.
259-263). Les
historiens anglais comprirent alors qu'il convenait de ne pas confondre
les
documents manuscrits qui avaient sans doute servi
d'aide-mémoire, avec certains
textes imprimés, publiés dans le but de
ridiculiser la Franc-Maçonnerie ou de
lui porter tort. Ils en conclurent que plusieurs de ces textes
étaient très
vraisemblablement authentiques. Ils estiment
d'autre part qu'aucune autre divulgation de caractère
authentique ne fut
publiée en anglais pendant la période
comprise entre octobre 1730 et avril 1760.
A/
B/ 33ème La
maçonnerie disséquée
Samuel Prichard Commentaire et traduction nouvelle par Gilles Pasquier Description générale et véridique de toutes ces parties depuis l'origine jusqu'au moment présent. Telle qu'elle est donnée dans les Loges régulières constituées tant en ville qu'à la campagne, selon les différents grades d'admission. Donnant un récit impartial de leur procédure régulière lors de l'initiation de leurs nouveaux membres à l'ensemble des trois grades de la Maçonnerie, c’est-à-dire I. Apprenti Entré.II Compagnon du Métier. III Maître. A cela est ajoutée sa propre défense par 1’auteur. Troisième édition par Samuel PRICHARD ancien membre d'une Loge constituée. LONDRES: Imprimé pour J. Wilford aux Trois Fleurs de Lys* derrière la maison du chapitre près de Saint -Paul Prix : 6 pence Serment
Samuel Prichard a fait le serment que le texte ci-annexé est un texte authentique et véridique dans tous les détails. (A juré le 13e jour d'octobre 1730 Aérant moi R. Hopkins) SAM. PRICHARD Dédicace
A la Très Vénérable et Honorable Fraternité des Maçons France et Acceptés Frères
et compagnons, Si
les feuillets qui suivent,
écrits avec impartialité, obtiennent
l'approbation unanime d'une si illustre
Société, je ne doute pas que leur
caractère général ne soit
diffusé et estimé
parmi le reste de l'humanité cultivée, ce qui, je
l'espère, donnera, entière
satisfaction à tous les amis de la
vérité, et je resterai, avec une très
humble
soumission, le plus obéissant et le plus humble serviteur de
la Fraternité. Ce
«
catéchisme » est assurément un grand
classique du corpus des textes anciens de
la maçonnerie, puisqu’on en connaît plus
de trente éditions sans tenir compte
des éditions pirates. La première parution est du
20 octobre 1730 et ce fut
sans doute un succès de librairie, car un second tirage
intervint le 23 octobre
suivant et un troisième le 31 octobre. C’est sur
cette troisième édition, dont
un exemplaire est conservé au British Muséum et
dont le texte est reproduit
dans Tue Early
Masonic Catechisms de
Knoop, Joncs et Hamer que nous avons travaillé. On
disposait jusqu’à
présent d’une traduction française de Masonry
Dissected datée de 1743
(reproduite en 1976 par
les éditions du Baucens).
Cette dernière traduction était
précieuse mais incomplète, voire
erronée sur
quelques points; il convenait donc d’en présenter
une nouvelle aux curieux de
la tradition maçonnique. Les
faux frères ou imposteurs
On se posera bien
sûr la question de
savoir
si l’auteur était maçon.
D’après Harry Carr (AQC, n° 94, p. 107) Samuel
Prichard était
en 1728 visiteur de la loge « Le Cygne
et la Coupe» et membre de la loge « La
Tête d’Henry VIII ». Samuel Prichard se
présente
lui-même comme un
ancien maçon, mais aussi comme un adversaire
résolu de la maçonnerie. C’est du
moins ce qui apparaît dans la justification qui suit le texte
du catéchisme
proprement dit. Pour S. Prichard, la maçonnerie est une
escroquerie à laquelle
il ne faut pas se laisser prendre. C’est d’ailleurs
pour lever ce leurre et le
rendre inopérant que S. Prichard dévoile du mieux
qu’il peut les « secrets » de
la maçonnerie. Du mieux qu’il peut
et c’est
déjà très bien:
cet adversaire de la maçonnerie est très
informé sur le sujet, le contenu du
pamphlet en fait foi. C’est justement au vu de cette richesse
documentaire que
la réaction de S. Prichard à
l’égard de la maçonnerie nous
étonne. La raison de
cet étonnement, c’est que l’on sait
qu’une position initiatique implique, pour
être soutenue, certaines conditions, nécessaires
mais non suffisantes il est
vrai. Ces conditions font l’objet de la plus grande attention
de la part des
maçons du XXè
siècle où règne la
quantité: pureté des rituels et mise en pratique
effective. Nous n’avons pas à
dire ici quels effets portent les rituels qui remplissent ces
conditions.
Seulement, nous devons remarquer qu’en 1730 lesdites
conditions étaient
indubitablement respectées: le rituel était alors
dans sa pureté d’origine et Masonry
Dissected nous donne le reflet
d’un rituel déjà très
complet. Quant à la pratique, elle
n’était à coup sûr pas
remplacée par une simple lecture. Or, il semble que S.
Prichard - s’il a été
comme il l’affirme, maçon et donc
impétrant dans un rite maçonnique -
n’ait
rien vécu: il ne lui est rien arrivé. Pour lui
les secrets de la maçonnerie se
réduisent aux mots, signes et attouchements qu’il
dévoile et il a tout à fait
l’air d’un profane avec tablier (alors que nous
connaissons des maçons sans tablier). Entrait-on
facilement dans une loge en 1730 ?
C’était sans doute difficile, mais faisable: les
tavernes où se réunissaient
les loges étaient des lieux publics. Dans la mesure
où l’information sur les
individus circulait plus lentement que de nos jours, un
« voyageur »
pouvait se faire passer pour « visiteur »
après avoir prêté l’oreille
au bon
moment, ou même après avoir lu A
Mason’s Examination. Tout
cet
arrière-plan donne au maçon S. Prichard une
responsabilité qui dut peser lourd
dans la décision du député grand
maître de proposer dès le 15 décembre
1730 (E.M.C., p.
17), que
désormais l’entrée
en loge ne soit plus accordée qu’à des
visiteurs dont les membres de la loge
pourraient se porter garants. Les minutes de la Grande Loge
précisent bien que
cette proposition faisait suite à la parution de Masonry
Dissected. On comprend
dès lors l’opinion défendue par B.E.
Jones dans Freemason’s Guide
and Compendium, selon
laquelle I
interversion des mots de reconnaissance avait été
rendue nécessaire par les
publications de A
Mason’s
Examination et
de Masonry
Dissected. Il est vrai
que, pas plus dans Masonry
Dissected que
dans A Mason’s Examination, on
ne discerne entre J. et
B. quel mot est
spécifique du premier ou du second grade: les deux textes
attribuent à la fois
J. et B. à l’apprenti. Mais outre qu’ils
exposent des détails propres à chacun
des deux grades, ces pamphlets permettaient à un patron de
taverne de faire ce
que l’on vit à l’époque:
créer de faux maçons pour quelques shillings.
L’interversion des mots allait s’ajouter
à la précaution, déjà
mentionnée,
voulue par le député grand maître et
contribuer à protéger les loges des
"faux frères ou imposteurs"., selon son expression. Les
cowans Les imposteurs ont
leurs pendants
opératifs,
les cowans, à
propos
desquels le
catéchisme de 1730 se montre très
sévère dès le grade
d’apprenti: si un cowan était
surpris pendant les tenues
on le condamnait à rester sous la gouttière de la
loge par temps de pluie! Le
malheureux devait y être contraint, sauf bien sûr
si cette peine était fictive
comme celle de l’obligation. Mais le fait que le
rôle de couvreur, chargé de
tenir les cowans à
l’écart, soit
dévolu au plus jeune apprenti est significatif:
même le débutant de la loge
était supérieur aux cowans, qu’il
apprenait très tôt à traiter en ennemis. Qui étaient donc ces
cowans? En
nous référant au
regretté Harry Carr (The
Free-Mason at
Work, p. 86) et à Knoop et
Jones (The
Genesis of Freemasonry, p. 28)
nous pouvons dresser le
portrait de ces
ouvriers. C’étaient des bâtisseurs non
maçons qui, à l’origine,
n’avaient le
droit de construire que des murs en pierres sèches. En 1636,
à Canongate, on
autorise les cowans à
utiliser de la
glaise comme mortier, mais pas du mortier à la chaux. En
1623 à Glasgow, on
autorise un cowan, un certain John
Shedden, à construire des murs avec un mortier de glaise,
mais sans chaux ni
sable, et jusqu’à une hauteur d’une aune
seulement. Dans ce dernier cas, le cowan était
dûment enregistré dans la
liste des ouvriers du chantier, mais il s’agit là
d’une exception dans tous les
autres cas il était interdit à un
maçon de donner du travail à un cowan. Les Statuts
Schaw de 1598
comportent cette interdiction. Il existe même un document de
la célèbre loge «
Mary’s Chapel » d’Édimbourg,
document daté de 1599, qui rapporte qu’un
maçon
avait dû reconnaître et confesser avoir
offensé le surveillant et les maîtres
en donnant du travail à un cowan. Ce
maçon dut faire une « humble soumission
» et promettre de ne pas recommencer. Harry Carr remarque encore qu’à Kilwinning, les maçons qui acceptaient des cowans étaient condamnés par la loge à des amendes assez lourdes. Et, à Edimbourg, les cowans n’étaient admis au chantier du château que les semaines où aucun maçon n’y travaillait. C’est l’occasion pour notre historien de constater que le terme de cowan est d’origine écossaise. 11 faut souligner à ce propos que les sources de l’Oxford English Dictionary, à l’article cowan, sont toutes écossaises; et que le Chambers Scots Dictionary, qui est un dictionnaire de langue écossais-anglais, comporte bien un article cowan. La présence de ce mot dans Masonry Dissected serait un signe certain de l’influence de l’Ecosse sur la maçonnerie anglaise. Le
rituel de la
Première Grande Loge On ne possède pas le
rituel de la Grande
Loge
de Londres ou Première Grande Loge, fondée en
1717, mais c’est à ce rituel que
se réfère Masonry
Dissected comme on
va le voir. Il va de soi que nous ne considérons pas que la
Première Grande
Loge avait unifié le rituel de ses loges en 1730. On sait
qu’avant 1717
existaient des différences d’une loge à
l’autre puisque les
«catéchismes», dont
notre revue publie les traductions, ne sont pas semblables les uns aux
autres.
Cela continua sans doute au sein de la Première Grande Loge.
C’est d’ailleurs ce
qu’explique B.E. Jones dans son récit sur la
querelle des Anciens et des
Modernes. Les grades mêmes n’étaient pas
unifiés: en 1738 certaines loges de la
Première Loge sont signalées comme ayant
« aussi » un grade de maître (Constitutions d’Anderson,
p.
184-190).
Cela prouve au moins qu’en 1738 le système
à trois grades n’était pas
pratiqué
par toutes les loges de l’obédience. Néanmoins, on peut se
faire une idée approximative de ce
qu’était, en 1730, le rituel de la
Première
Grande Loge en lisant Masonry
Dissected car
c’est bien de cette maçonnerie-là que
S. Prichard nous parle. Les
preuves de ce que nous avançons là sont dans le
pamphlet même: il s’agit de la
liste de loges qui fait suite à la justification de
l’auteur. Cette liste est
apparue dans la troisième édition de Masonry
Dissected, édition faite par
Prichard
lui-même et non par un éditeur
pirate. C’est la liste des loges «
constituées » et il faut savoir que ce
qu’on
appelait « loges constituées » en
Angleterre en 1730, c’étaient celles de la
Grande Loge et non d’autres. On trouve ce terme de constituted
dès
1723 dans les Constitutions d’Anderson
(p. 71) où il est dit
que les loges doivent être solennellement
constituées par le grand maître ».
L’usage de ce mot est d’ailleurs resté
de
nos jours pour désigner cette
cérémonie spéciale au cours de
laquelle le grand
maître constitue une loge. C’est
donc
bien la liste de loges de la Grande Loge de Londres, année
1730, que S.
Prichard donne à la fin de son pamphlet. Au reste, si
l’on avait quelque doute,
il suffirait de comparer cette liste au tableau publié par
Erich Lindner dans L’Art
royal
illustré (p. 257). Ce
tableau donne une série de petites images. Ce sont les
enseignes des tavernes
où se réunissaient les loges de la
Première Grande Loge en 1735, soit cinq ans
seulement après la publication de S. Prichard. Les enseignes
sont numérotées et
accompagnées des noms des rues, des quartiers ou des villes
où sont situées les
tavernes. Les loges prenaient tout simplement, comme titre distinctif,
le nom de
la taverne où elles se réunissaient. Par exemple,
l’enseigne numéro 23 nous
montre un croissant de lune accompagné de la mention
« Cheapside ». Cela veut
dire qu’en 1735, la loge n°23 se
réunissait dans la taverne de la Demi-Lune
située dans le quartier londonien de Cheapside. Or,
que trouvons-nous dans la
liste donnée par S. Prichard? Qu’en 1730 une loge
portant le numéro 23
s’appelait • La
Demi-Lune et se
réunissait dans Cheapside les premier et
troisième mardis de chaque mois. Autre
exemple: dans la liste de 1730 nous trouvons, au numéro 11,
la loge de « la
Tête de Reine » qui se réunissait dans
Knaves-acre les premier et troisième
mercredis de chaque mois. Et dans le tableau de 1735 on voit, au
numéro 11, une
enseigne constituée par un portrait de femme
couronnée, accompagnée de cette
mention de lieu: Knaves-acre ». On
retrouve en tout trente-cinq loges de la liste de 1730 dans le tableau
de 1735.
Certaines ont entre-temps changé de numéro, mais
pas de nom ni de lieu de
tenue, comme la loge du « Cerf blanc » qui se
réunissait à Bishopsgate et
portait les numéros 44 en
1730 et 45
en 1735. Cela ferait vraiment trop de coïncidences:
c’est bien de la maçonnerie
de la Première Grande Loge dont nous parle S. Prichard. Il
faut d’ailleurs
noter au passage qu’il y a, en plus des similitudes, des
différences entre les
deux listes. En 1730 la liste comporte soixante-sept loges alors que le
tableau
de 1735 en donne cent vingt-neuf, dont plusieurs d’ateliers
supérieurs au grade
de maître. Par ailleurs, sur les soixante-sept loges de 1730,
trente-deux ont
disparu (ou changé de nom?) en 1735. Tout cela donne
l’impression d’un
formidable bouillonnement et l’impression est encore plus
forte si l’on
continue les comparaisons en utilisant la liste publiée
à la fin de l’édition
de 1738 des Constitutions d’Anderson. Hiram
enfin
Avec le manuscrit
Graham (1726) on assistait
au premier redressement d’un corps, mais ce
n’était pas encore du cadavre
d’Hiram qu’il s’agissait. Depuis quand
était-il question de cet assassinat dans
la franc-maçonnerie? Dans Early
masonic
Pamphlets (p. 193), Knoop et
Jones nous rapportent un texte
qui constitue
une sorte de prospectus destiné à un public de
maçons; « La Maçonnerie
antédiluvienne ». Ce document fait allusion au
« fils d’une veuve, tué d’un
coup de masse». En 1723, le pasteur Anderson mentionnait
Hiram dans la première
édition des Constitutions, mais
ne
soufflait mot de la destinée du maître et de sa
position de référent dans le
rituel d’élévation (11-12, note). Il
est vrai qu’en 1723, la Première Grande
Loge ne fonctionnait encore qu’avec un système
à deux grades, ainsi qu’en
témoigne l’article IV des Constitutions de
1723. Comment
la mise au
point, ou pour mieux dire la mise en rite, de la légende
d’Hiram avait-elle pu
s’opérer? Nous devons bien admettre que le
processus est encore très mal connu
et nous espérons que des documents anciens restent
à découvrir qui nous
apprendront la vérité sur tout cela. Toutefois il
est possible de résumer la
situation de la maçonnerie en 1730 de la façon
suivante: La
Grande Loge de
Londres, ou Première Grande Loge, fondée en 1717,
avait débuté avec un système
à deux grades: l’apprenti et le compagnon ou
maître; le maître en titre étant
le maître de la loge, celui qui préside. Par
ailleurs, il
existait un système à trois grades.
Témoignent de l’existence de ce système
les
manuscrits Trinity College (1711) et Graham (1726). En
témoigne également un
document de la loge de Dumbarton Kilwinning, daté de 1726 et
que nous rapporte
Harry Carr (The
Free Mason at Work, p.
274): ce texte dit que le compagnon Gabraël Portefield a
été reçu
maître « après avoir
renouvelé
son serment et payé son droit
d’entrée». Si
l’on admet que le
grade de maître est apparu au terme d’une
évolution, on peut considérer que le
manuscrit Graham (1726) nous donne un état primitif du
grade: pas encore de
meurtre, Noé tient la place d’Hiram, mais on
relève bien un corps. Dans cette
perspective et compte tenu du fait que les deux textes peuvent
appartenir à
deux «courants »différents, Masonry
Dissected donne
un
état du rite très
avancé dans l’évolution du grade.
Très avancé,
mais pas encore achevé: les trois grades ont encore entre
eux des adhérences et
la distinction de chaque grade par rapport aux autres n’est
pas tout à fait
réalisée. Par exemple, l’apprenti
reçoit deux mots alors que, quelques années
plus tard, un de ces deux mots sera attribué à
l’apprenti, l’autre au
compagnon. Autre exemple: Harry Carr (The
Free-Masons at Work, p. 104)
souligne que
d’après S. Prichard,
c’est dans la Chambre du Milieu que se trouve la lettre G et
que le compagnon
reçoit son salaire. Enfin, on verra en lisant Masonry
Dissected que les cinq points
par lesquels on
relève le
maître, sont encore les cinq points du
« compagnonnage». Ces quelques
réflexions nous rendent évident le fait que les
maçons
spéculatifs ont intérêt à
savoir ce qu’est la maçonnerie
opérative, la
franc-maçonnerie ayant connu une mutation en passant de
l’état opératif à
l’état spéculatif. Ce changement de
nature qui a pris en tout et pour tout une
vingtaine d’années semble
s’être accompagné de
l’avènement du mythe d’Hiram
dans le rituel du troisième grade. Le
judéo-christianisme
de la maçonnerie
On verra dans Masonry
Dissected que le livre sur
lequel se prête
l’obligation du
maçon est la Bible. La Bible est d’ailleurs la
source de plusieurs éléments du
catéchisme concernant le Temple de Salomon, sa construction
et certaines de ses
parties. Le passage de la Bible, dans lequel se trouvent les mots, est
cité dès
le grade d’apprenti et, bien sûr, le roi Salomon
est cité dans le grade de
maître. On trouve également au grade
d’apprenti la précision suivante: la loge
est située dans la vallée de Josaphat, et si elle
est orientée c’est parce que
toutes les églises et chapelles le sont. Au grade de
compagnon la description
des colonnes est empruntée à la Bible et
accompagnée de la référence biblique.
Enfin, toujours au grade de compagnon, il est expliqué que
si les loges
s’appellent loges de Saint Jean, c’est que celui-ci
fut le prédécesseur du
Sauveur et qu’il traça la première
ligne parallèle à l’Evangile. Tout cela donne à
Masonry Dissected un caractère
nettement
judéo-chrétien. Cela ne
doit pas surprendre les maçons du XXè siècle,
même s’ils ont acquis la
conviction du contraire. Il nous semble utile
de faire ici la distinction entre ce qui est
de l’ordre de la
conviction ou de l’opinion, et ce qui est de
l’ordre de l’information.
L’étude des textes anciens de la
maçonnerie
et des versions d’origine des différents rites
encore pratiqués à notre époque
montre à l’évidence que la
franc-maçonnerie est une des formes d’expression
de
la tradition judéo-chrétienne,
indépendamment des différentes convictions et
opinions qui ont pu se
former à ce sujet
et dont chacun est libre. Dans
les rituels de
langue française cela est vrai même pour le plus
récent des rites encore actifs
de nos jours, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, dont la
plus ancienne version
connue remonte au plus tôt à 1804. Dans ce rite, c’est
sur la Bible
qu’est
prêtée l’obligation d’apprenti (Guide, p.
22 et 31) de même que celles de compagnon et de
maître (p. 62 et 89).
L’hypothèse selon laquelle on pourrait remplacer
la Bible, non plus pour un
impétrant mais en permanence, par divers livres tels que le
Coran ou le Zend
Avesta est certes intéressante, mais ce serait sortir de son
cadre propre le
livre qui doit s’y trouver pour y insérer des
livres appartenant à d’autres
traditions. Bien sûr, il existe une initiation chinoise Ming
dans laquelle
l’impétrant pose le genou nu sur une
équerre, mais cela ne prouve qu’une chose:
que l’acte de construire prête partout à
sacralisation. Le premier homme qui
construisit, fût-ce une cabane, fit sortir
l’humanité des cavernes. En cessant
de vivre sous terre et dans les abris naturels, en accédant
à la surface de
l’ordre naturel et en le modifiant par des constructions
l’homme savait, comme
les alchimistes, qu’il aidait la nature et que la nature
l’aidait. Construire
c’était toucher à
l’Œuvre de Dieu, mais aussi participer à
celle-ci. Il est
bien normal qu’il ait été saisi de
crainte et d’adoration tout à la fois,
d’une
part, et que ce comportement fondamental n’ait pas
été propre au
monde occidental ni à la maçonnerie,
d’autre part. Les maçons du Rite
Ecossais Ancien et
Accepté
des origines n’utilisaient d’ailleurs pas la Bible
sans savoir ce qu’ils
faisaient. Des signes de cette conscience apparaissent dans le corps du
rituel
dès le grade d’apprenti: — Pourquoi
votre loge est-elle située est et ouest? — Pourquoi cela? — Parce que l’Evangile fut d’abord prêché dans l’est et s’étendit ensuite dans l’ouest. (Guide, p. 33.) Il en va ainsi jusqu’au grade de maître. On demande au maître: — Pourquoi étiez-vous sans souliers? Et le maître de répondre — Parce que le lieu où je fus reçu était une terre sainte, sur laquelle Dieu dit à Moïse: « Ote tes souliers, car le lieu où tu marches est une terre sainte. » Ce n’est donc pas â
l’étourdie que le Rite
Écossais Ancien et Accepté avait un
caractère judéo-chrétien:
c’était témoigner
de ses sources mêmes. C’est également
évident pour le Rite Français et encore
plus pour le Rite Ecossais Rectifié.
Ce
ne sont pas là
des remarques ponctuelles. Le Rite Ecossais Ancien et
Accepté plonge ses
racines dans la maçonnerie des « Anciens
» et c’est même là ce qui lui
valut
son titre d’Ancien. Cette maçonnerie des
« Anciens »a été elle aussi
victime
d’une divulgation: en 1760 un ouvrage intitulé Trois Coups
distincts donnait une
description complète de ce
qu’était le rite des Anciens. Cela
nous permet de
vérifier qu’en 1760, aux trois grades, on
prêtait les obligations sur la Bible (Three
Distinct Knocks, p. 19, 40 et
54)
et que dès le grade d’apprenti, il
était fait référence au roi Salomon et
â la
construction du Temple (ibid., p.
30). Entre autres preuves de l’ancrage
judéo-chrétien de ce rite des «Anciens
», on trouve, toujours au grade d’Apprenti, ces
questions et réponses (p. 32): —Parce qu’il y avait onze patriarches quand Joseph fut vendu en Egypte et qu’on le crut perdu. — Quelle est la seconde raison mon frère? — il n’y avait plus que onze apôtres après que Judas eût trahi le Christ. Là encore si la
maçonnerie
décrite dans Trois
Coups distincts ne doit rien au
hasard quant à ses sources, c’est bien que la
maçonnerie britannique de 1760
descendait de celle de 1730 que Prichard nous montre émerger
dans un système à
trois grades. Ce qui n’était pas
nouveau
pour la maçonnerie
de 1760 ne l’était pas davantage pour celle
d’avant 1730. Il n’est pour le
vérifier que de lire les textes anciens publiés
en traduction dans ce cahier. Il
est clairement
question de Noé, de Salomon et du Christ dans le manuscrit
Graham de 1726. Cela
n’est d’ailleurs pas spécifique des
textes anglais. Dans le manuscrit Dumfries
(1710), peut-être d’origine écossaise,
les données extraites de l’Ancien et du
Nouveau Testament abondent. Nous n’en rappellerons que trois
tirées des
questions et réponses de ce catéchisme: 1) David
prescrivait
que les fondations du Temple fussent posées
sur une « aire à blé, comme vous pouvez
le lire dans la Sainte Bible, où elle
dénomma l’aire d’Oman le
Jébuséen ». — Trois. — Lesquels? Le Père, le Fils et le Saint-Esprit. 3) Le Christ est le
marbre blanc sans tache,
la pierre que les bâtisseurs ont rejetée, mais que
Dieu a choisie d’entre les
autres pour que le Temple puisse être construit. Il n’est pas
jusqu’aux textes
écossais de
1696 et 1700 qui ne précisent que c’est sur la
Bible que l’on prête
l’obligation du maçon. Ces deux manuscrits,
Edimbourg (1696) et Chetwode
Crawley (1700), donnent même, en dépit de leur
brièveté et de leur
dépouillement, deux références
bibliques pour les mots J et B: I Rois, 7-21, et
II Chroniques 3, dernier verset. Nous
ne citons même
pas ici tous les textes anciens. Qu’on y aille voir: le
manuscrit Sloane (1700)
et le manuscrit du Trinity College (1710) n’infirment pas
notre thèse, bien au
contraire. A
Mason’s Confession (1727)
ou le manuscrit
Wilkinson (1727). Une telle constance de la part des maçons,
de 1696 à 1804,
n’a d’autre explication que celle que nous
avancions au début de notre propos:
la maçonnerie est une des formes d’expression de
la tradition judéo-chrétienne. Ceci
nous amène à
une double réflexion. Bien
des
maçons pensent que
puisqu’il
est interdit par les Constitutions d’Anderson
(1723) d’être un athée stupide, il
suffit d’être un athée intelligent pour
faire un maçon régulier. Nous n’avons
pas la prétention d’être
nous-mêmes un
très fort angliciste mais enfin, il faut être
vraiment très faible en langue
anglaise pour donner dans le panneau. Relisons Anderson: «
... If lie
rightly understands the Art, lie
will
never be a stupid Atheist, nor an irreligious Libertine. »Si
d’après cette
phrase il est possible, selon certains traducteurs
d’Anderson, d’être un athée
intelligent, il sera tout autant possible d’être un
libertin religieux. Voilà
ce qu’on gagne à philosopher
prématurément: la position de
l’adjectif devant le
substantif ne doit pas faire illusion, en anglais c’est la
règle - ça s’appelle
de la syntaxe - et pour le pasteur Anderson et ses lecteurs
anglophones, un
athée est stupide tout comme un libertin est
irréligieux. Par suite, ni l’un ni
l’autre ne pouvaient être maçons en
1723. La seconde réflexion découle de la
première. Il n’entre aucune part
d’interprétation dans notre traduction de la
phrase d’Anderson citée plus haut, en voici la
preuve. On s’est beaucoup servi
de cette phrase pour le plus grand profit des athées
intelligents, mais aussi
pour promouvoir une sorte de « religion maçonnique
»: la religion naturelle ou
déisme. Cette religion naturelle serait sans
révélation, une religion d’avant
les opinions particulières que sont par exemple le
judaïsme et le
christianisme. Ce dernier point est exact, et c’est bien
à la religion de Noé
que pensait Anderson; il le dit nettement dans ses Constitutions
de
1738. Mais il faut être aussi ignorant de
la Bible
que les athées intelligents le sont de la syntaxe anglaise
pour croire que le
pasteur Anderson proposait une religion naturelle en 1723 et 1738 aux
maçons de
la Première Grande Loge. Il eût
été étonnant en effet qu’un
pasteur ne
connaisse pas la Bible et en l’occurrence les passages
desquels il ressort que
Noé, tout au long de son histoire, a
bénéficié de nombreuses
révélations sur
lesquelles il réglait ses actes. Noé ne marchait
dans les voies du Seigneur que
parce que celles-ci lui étaient tracées
d’en haut. Voici trois citations parmi
bien d’autres qui confirment ce que nous disons:
1) Alors Dieu dit à Noé: la fin de toute chair est arrêtée par-devers moi; car ils ont rempli la terre de violence; voici, je vais les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gopher; tu disposeras cette arche en cellules, et tu l’enduiras de poix en dedans et en dehors (Genèse, 6-13, 14). 2) L’Eternel
dit à Noé: entre dans l’arche, toi et
toute ta maison; car je t’ai vu juste,
devant moi parmi cette génération
(Genèse, 7-1).
3) Dieu
parla encore
à Noé et
à ses fils
avec lui, en disant: voici, j’établis mon alliance
avec vous et avec votre
postérité après vous
(Genèse, 9-8, 9). Ainsi Noé, après
avoir
été sauvé grâce à
l’avertissement de Dieu, devint
l’ouvrier de Dieu en servant à la
création selon Ses directives. Si l’on admet
que le pasteur Anderson avait lu la Bible, on admettra aussi que la
religion
noachide dont il parlait en 1738 n’était pas le
déisme. Cela méritait d’être
précisé avant que le lecteur n’entre,
par la lecture de Samuel Prichard, dans
les secrets et mystères de la Maçonnerie du
pasteur Anderson. INTRODUCTION
L’institution primitive de la Maçonnerie repose sur le fondement des sciences et Arts Libéraux, mais plus spécialement sur le cinquième, C’est-à-dire la Géométrie. Car c’est lors de la construction de la Tour de Babel que l’Art et le Mystère de la Maçonnerie furent en premier introduits, et de là transmis par Euclide, digne et excellent mathématicien des Egyptiens, et il les communiqua à Hiram, le Maître-Maçon qui s’occupa de la construction du Temple de Salomon à Jérusalem, où il y eut un excellent et singulier Maçon qui commandait sous les ordres de leur Grand-Maître Hiram; son nom était Xannon Grecus, il enseigna I’ Art de la Maçonnerie à un certain Carolos Marcil en France, qui fut élu plus tard Roi de France. Et de là ensuite il fut introduit en Angleterre à l’époque du Roi Athelstone, qui ordonna qu’une assemblée fût tenue une fois chaque année à York, ce qui fut sa première introduction en Angleterre. Et les Maçons étaient faits de la manière suivante. “Tune unus ex Senioribus teneat Librum, ut illi vel ille ponant vel ponat Manus supra Librum ; tum Praecepta debeant legi”. C’est-à-dire: Tandis que l’un des Anciens tient le Livre, qu’il (ou ils) mette(nt) leurs mains sur le Livre pendant que le Maître devra lire les Lois ou Devoirs, Lesquels Devoirs étaient: qu’ils soient sincères les uns envers les autres sans exception, et s’engagent à secourir les Frères et les Compagnons dans la nécessité, ou bien leur donnent du travail et les rétribuent en conséquence, Mais
durant ces derniers
temps, la Maçonnerie n’est plus
composée d’artisans, comme elle
l’était dans
son état primitif, lorsqu’un petit nombre de
questions par demandes et réponses
était suffisant pour déclarer un homme
suffisamment qualifié comme Maçon
opératif. Les termes de Maçonnerie Franche et Acceptée n’ont pas été entendus (tels qu’ils le sont maintenant), jusqu’à ces dernières années. Il n’a été question d’aucune Loge Constituée ni de communications trimestrielles jusqu’en 1691 lorsque des Lords et des Ducs, des Hommes de Loi et des Commerçants, et autres négociants plus modestes; les portiers, n’étant pas exceptés, furent admis dans ce Mystère ou dans cette absence de Mystère. La première catégorie fut reçue en versant une très grosse somme, la seconde à un taux moyen, la dernière pour la somme de six ou sept shillings, en échange de quoi ils reçurent l’insigne honneur qui est (comme ils disent) plus ancien et plus honorable que l’Etoile et la Jarretière ; son ancienneté repose d’après les Règles de la Maçonnerie, sur le fait qu’il aurait été transmis par leur tradition sans interruption depuis Adam, ce que je laisse au lecteur Impartial le soin d’examiner Des Maçons Acceptés proviennent les Vrais Maçons et des deux proviennent les Gorgomons, dont le Grand-Maître, le Volgl, tire son origine des Chinois, dont les écrits, si on peut les croire, soutiennent l’hypothèse des Pré-Adamites, et par conséquent doivent être plus anciens que la Maçonnerie. La société la plus libre et la plus ouverte est celle du Grand Kaihebar, qui consiste en une compagnie choisie de gens compétents, dont le principal, sujet de conversation concerne le Commerce et les Affaires, et développe une amitié mutuelle sans contrainte ni restriction. Mais
si, après
son admission dans les secrets de la Maçonnerie, quelque
nouveau frère n’aime
pas leurs façons et se met à
réfléchir en voyant qu’on lui a
soutiré aussi
aisément son argent, se retire de la fraternité ou
bien
se tient
éloigné à cause des
dépenses trimestrielles de la.
Loge et des Communications trimestrielles, bien qu’il ait
été légitimement
admis dans une Loge Régulière et
Constituée, il lui sera refusé le
Privilège
(en tant quo Frère Visiteur) de connaître le
Mystère pour lequel il a déjà
payé,
ce qui est en contradiction manifeste avec l’Institution do
la Maçonnerie
elle-même, ainsi qu’il apparaîtra de
toute évidence dans le traité qui suit. Gravure de Bernard Picart Grande Loge de Londres 1735 Illustrations de Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde Source : Bibliothèque nationale de France vue 105
L'Auteur
se justifie lui-même
en raisons des préjugés d'une partie de l'Humanité De tous les abus qui sont apparus dans l’humanité, aucun n’est aussi ridicule que le Mystère de la Maçonnerie, qui a diverti le monde et suscité diverses interprétations. Ces soi-disant secrets, (qui sont) sans valeur, ont été, quoique incomplètement, révélés, et l’Article essentiel, c’est-à-dire l’Obligation, a été plusieurs fois imprimée dans les journaux publics, mais il est entièrement authentique dans le Daily Journal du Samedi 22 août 1730 qui s‘accorde par sa véracité avec ce qui est donné dans cet opuscule. En conséquences, lorsque l’obligation du secret est abrogée, le susdit Secret devient sans effet et doit être entièrement aboli. Car quelques Maçons Opératifs (mais selon la manière polie de s’exprimer, des Maçons Acceptés) rendirent visite, venant de la première et plus ancienne Loge constituée (selon le Livre des Loges de Londres), dans une Loge réputée de cette ville, où l’entrée leur fut refusée sous le motif que leur vieille Loge s’était transférée dans une autre maison, ce qui, bien qu’en contradiction avec ce grand Mystère, exige une autre constitution, à un prix qui n’est pas inférieur à douze guinées, avec un divertissement élégant, sous le prétexte de servir à des fins charitables, ce qui, si c’est exact, mériterait de grands éloges à une si digne entreprise. Mais on peut en douter et il est plus raisonnable de penser que cela sera dépensé en vue de constituer un autre système de Maçonnerie, l’ancienne structure étant si délabrée que, à moins d’être renforcée par quelque Mystère occulte, elle sera bientôt réduite à néant. J’ai
été amené
à publier ce puissant Secret pour le Bien public,
à la demande de plusieurs
Maçons, et
cela donnera, j’espère,
entière satisfaction, et cela aura son effet
souhaité en empêchant un si grand
nombre de personnes crédules d’être
attirées dans une Société aussi
pernicieuse. FINIS LISTE DES LOGES
RÉGULIÈRES
PAR ORDRE D’ANCIENNETÉ ET DE CONSTITUTION 2. La Rose et le Taureau, contre l’auberge Furnival, Holborn. 1er mercredi. 1712. 3. La Taverne de la Corne, à Westminster. 3e vendredi. 4. Le Cygne, Hampstead. 1er et 3e samedis. 17 janv. 1722. 5. Les Trois Cygnes, dans Poultry. 2ème vendredi. 11 juillet 1721. 6. Le Café de Tom, dans Clare Street près Clare Market. 2e et 4e mardis. 19 janv. 1722. 7. La Coupe, dans Queen Street, Cheapside. 2e et 4e jeudis. 28 janv. 1722. 8. La Taverne du Diable, à Temple Bar. 2e mardi. 25 avril 1722. 9. Le Tonneau, dans Noble Street. 1er et 3e mercredis. Mai 1722. 10. Le Lion et le Bouclier, dans Brewer Street. Dernier jeudi. 25 nov. 1722. 11. La Tête de Reine, dans Knaves Acre. 1er et 3e mercredis. 27 février 1722-3. 12. Les Trois Tonneaux, dans Swithin’s Alley. Vè mardi. 27 mars 1723. 13. L’Ancre, dans Dutchy Lane. 2e vendredi et dernier lundi. 28 mars 1723. 14. La Tête de Reine, dans Great Queenstreet. 1er et 3e lundis. 30 mars 1723. 16. Le Lion Rouge, dans Tottenham Court Road. 3e lundi. 3 avril 1723. 17. Le Taureau et la Jarretière, dans Bloomsbury. ler et 3e jeudis. 1723. 18. La Couronne et le Coussin, à Ludgate Hill. ler mercredi. 5 mai 1723. 19. Le Dragon vert, à Snow Hill. let et 3e lundis. 1723. 20. Le Dauphin, dans Tower Street. 3e mercredi. 12juin 1723. 21. La Tête de Baudet, dans Prince’s Street, Drury Lane. 2e et dernier jeudis. 22. Le Navire, à Fish Street Hill. 1er vendredi. 11 septembre 1724. 23. La Demi-Lune, dans Cheapside.1er et 3e mardis. 11 septembre 1723. 24. La Couronne, hors les murs à Cripplegate. 2e et 4e vendredis. 25. La Mitre, à Greenwich. Dernier samedi. 24 décembre 1723. 26. Les Armes du Roi, dans le Strand. 4e mardi. 25 mars 1724. 27. La Couronne et le Sceptre, dans St Martin’s Lane. 2e et dernier lundis. 27 mars 1734. 28. La Tête de Reine, dans la ville de Bath. Dernier jeudi. 29. La Tête de Reine, dans la ville de Norwich. 30. Le Cygne, dans la ville de Chichester. 3e vendredi. 31. Le Taureau Fie, dans Northgate Street, Ville de Chester. 32. Le Château et le Faucon, dans Watergate Street, ville de Chester, 33. La Tête de Baudet, dans Carmarthen, Galles du Sud. 34. Les Armes de l’East India, à Gosport dans le Hampshire. 2e jeudi à 3 heures. 35. L’Ange, à Congleton dans le Cheshire. 36. Les Trois Tonneaux, dans Wood Street. 1er et 3e jeudis. Juillet 1724. 37. Le Cygne, à Tottenham High Cross. 2e et 4e samedis. 22janvier 1725. 38. Le Cygne et la Coupe, dans Finch Lane. 2e et dernier mercredis. Février 1725. 39. La Tête de St-Paul, dans Ludgate Street. 2e et 4e lundis. Avril 1725. 40. Le Sarment de Vigne, dans Flolborn. W lundi. 10 mai 1725. 41. La Têté d’Henry VIII, dans St Andrew Street, près des sept cadrans. 4è lundi. 42. La Rose, à Mary-la-Bone. W lundi l’hiver et 3e lundi l’été. 25 mai 1725. 43. Le Cygne, dans Grafton Street, Ste Anne, Soho. W et dernier mercredis. Septembre 1725. 44. Le Cerf Blanc, hors les murs à Bishopsgate. 1~ mardi. 19janvier 1726. 45. Le Café Mount, dans Grosvenor Street, près de Hanover Square. 1er mercredi. 12janvier 1727. 46. Les Trois Couronnes, à Stoke Newington. 1er samedi. 9 août 1727. 47. La Tête de Roi, à Salford, près de Manchester. 1er lundi. 48. Le Château, dans Holborn. 2e et dernier mercredis. 31 janvier 1727-8. 49. Les Trois Fleurs de Lys, dans St Bernard Street, à Marid. ler dimanche. 50. Le Sac de Coton, dans Warwick. 1er et 3e vendredis. 22 avril 1728. 51. Le Café de Bishopsgate. 1er et 3e mercredis. 1728. 52. La Rose et la Couronne, dans Greek Street, à Soho. 1er et 3e vendredis. 1728. 53. Le Lion Blanc, à Richmond. 1er et 3e samedis à midi. 54. La Couronne et l’Ancre, dans Shorts Gardens. 55. La Tête de la Reine Elizabeth, dans Pittfield Street à Hoxton. W 1er et 3è lundis. 56. La Couronne, dans la Halle aux blés, à Oxford. Chaque jeudi. 8 août 1729. 57. Les Trois Tonneaux, à Scarsborough. 1er mercredi. 7 août 1729. 58. Les Trois Tonneaux, à Billingsgate. 2e et 4e jeudis. 22janvier 1730. 59. Les Armes du Roi, dans Cateton Street. 1er et 3e vendredis. 24janvier 1730. 60. Ceorge, à Northampton. W samedi. 16janvier 1730. 61. Prince William, à Charing Cross. 2e et 4e lundis. 26 février 1730. 62. L’Ours, dans Butcher Row. W et 3e vendredis. 6 mars 1730. 63. La Colline St Roch, près de Chichester dans le Sussex. Une fois l’an, c’est-à-dire le mardi de la semaine de Pâques. Sous le règne de Jules César. 64. Le Lion Rouge, dans la ville de Canterbury. 1er et 3e mardis. 3 avril 1730. 65. Le Café de Dick, dans Gravel Street à Hatton garden. Dernier jeudi. 16 avril 1730. 66. Les Clous Dorés, à Hamstead. 2e et 4e samedis, 28 avril 1730. 67. La Tête de Roi, dans Fleet Street. 2e et 4e vendredis. 22 mai 1730. NOTES 1. Catechetical: de catéchèse. Nous nous sommes risqué à traduire par catéchisme car les problèmes de catéchèse sont le fait de clercs, alors que les questions que l’on peut poser ~ un candidat maçon ne peuvent être de catéchèse, mais de catéchisme. 2. On comprendra que le terme furnitures ne pouvait mieux se traduire que par s meubles ». Étant donné ce que sont ici les meubles, il n’était pas sans intérêt de noua en tenir à ce terme qui possède, entre autres, un sens héraldique. 3. Rough ashler. Ashler désigne une pierre taillée utilisée pour la face extérieure du mur, ou pierre cubique. (Early Masonic Catechisms p. 241.) Le terme rough suggère qu’il s’agit d’une pierre dure, propre à l’appareil du mur. 4. Broach’d thurnel. C’est une corruption de broached ornel: une pierre assez tendre travaillée au ciseau ou à la laie (E.M.C., p. 241). Le travail à la laie ne donne pas une pierre polie, c’est pourquoi nous traduisons par le terme de pierre dégrossie 5. On remarquera les nombreuses erreurs que comportent le signe, l’attouchement et les mots. 6. Notre traduction est de nature à ne pas dérouter les maçons de langue française. Il convient toutefois de noter qu’en anglais la phrase est: « For the sake of the letter G. . Cela pourrait se traduire par: Pour l’amour de la lettre G.» C’est là une traduction extrême mais le caractère polémique de sake devait laisser ce sens présent à l’esprit du maçon de 1730. 7. Combien? Juste après la question des escaliers, constituait un coq-à-l’âne incompréhensible. C’est pourquoi nous avons ajouté entre crochets un complément explicatif autorisé par la suite du texte. 8. Where was you pass’d Master? dit le texte anglais. Il ne s’agit pas pour autant de devenir passé maître » mais simplement d’être reçu maître. L’expression est cependant ~ retenir car les ~‘ passed masters » apparaîtront quelques années plus tard dans la Franc-Maçonnerie. 9. Nous soumettons bien volontiers cette réplique à la discussion des anglicistes: « A Setting Maul, Setting Tool and Setting Beadle.» Beadle est sans doute une altération de beetle (masse). Quant à setting tool, « outil de pose », nous avons cru pouvoir le traduire par « niveau ». On pourrait aussi le traduire par « levier », dans la mesure où le verbe to set signifie « poser» mais aussi « mettre en place». |
3241-J | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |