GLDF Loge : Amour et Spiritualité - Orient de Gex Date : NC


Les outils de l’apprenti

Pratiquer le symbolisme, c’est regarder ce qui existe comme une grande écriture, c’est penser la pensée et parler du langage, c’est trouver un terreau commun, universellement reconnu par tous pour expliquer, définir, préciser, mais aussi résumer, faire comprendre, rendre intelligible un concept, une idée, un notion…

Comme le souligne le mot, le symbole est un ensemble qui réunit plusieurs éléments, afin que sa globalité représente d’avantage que la somme des parties.

Nous apprenons chaque jour à utiliser nos outils symboliques au mieux, afin de mettre de l’ordre dans nos idées, dans nos esprits d’éternels apprentis.

Nous construisons chaque jour un édifice, une cathédrale symbolique, un monde meilleur. Chacun sur le chantier de l’initiation fourbit ses instruments, ses outils, sous la conduite du vénérable maître, chef de ce chantier gigantesque, perpétuel, universel.

La loge où se trouve l’Apprenti, à l’image des cabanes des chantiers des cathédrales médiévales, est remplie d’outil que celui-ci apprend chaque jour à manipuler, utiliser, transcender au mieux de ses capacités.

Le néophyte s’apercevra tout d’abord que le Maître de la loge, le Vénérable qui siège à l’Orient, porte comme insigne de ses hautes fonctions une EQUERRE, tandis que le Premier Surveillant place son office sous l’Egide du NIVEAU et que le Second Surveillant est porteur d’une PERPENDICULAIRE.

D’autre part, sur l’autel, il verra avec l’équerre, un COMPAS, un MAILLET, une EPEE FLAMBOYANTE, un FLAMBEAU A TROIS BRANCHES et le livre, le VOLUME DE LA LOI SACREE.

Le rituel et l’instruction du grade d’Apprenti lui apprendront que l’EQUERRE est l’emblème de la rectitude, de l’égalité et du droit puisqu’il conjugue en sa forme le NIVEAU, le symbole de l’égalité, et la PERPENDICULAIRE, qui figure sa droiture.

On dit du COMPAS « qu’une de ses branches étant fixée, elle forme un point central autour duquel l’autre branche peut, en variant son écartement, décrire des cercles sans nombre, symboles de nos Loges et de la Maçonnerie de l’étendue peut être infinie ».

Pour d’autres le COMPAS symbolise l’exactitude et la droiture de nos mœurs. Mais la définition la plus vivante et la plus juste est celle de notre frère Oswald WIRTH qui stipule que « le COMPAS symbolise la mesure dans la recherche de la vérité ».

Le MAILLET pour sa part, doit être considéré comme le symbole de l’intelligence qui agit et persévère, qui dirige la pensée et anime la méditation de celui qui, dans le silence de sa conscience, cherche la vérité.

Quant à l’EPEE FLAMBOYANTE, parce que la légende biblique en arme les gardiens angéliques de l’Eden, on a dit qu’elle « figure les combats que le Maçon doit soutenir pour faire triompher la vertu », pour « chasser de nos Temples, l’hypocrisie et le crime ».

En vérité la cohérence de l’enseignement initiatique nous inciterait plutôt à admettre que l’EPEE FLAMBOYANTE est les symbole de la pensée vivante, de l’activité spirituelle.

C’est cette interprétation qui explique pourquoi le récipiendaire est consacré Maçon par la triple apposition de l’épée sur la tête (pensée), sur l’épaule droite (activité) et sur l’épaule gauche (vigilence).

Cette ordination est soulignée par trois fois trois coups de maillet sur la lame. Trois fois trois ! Le FLAMBEAU A TROIS BRANCHES symbolise les trois piliers du Temple, les trois éléments fondamentaux du travail maçonnique : « Force, Sagesse, Beauté ».

Il se complète par les flambeaux simples qui brillent sur les plateaux des différents Officiers et, de même queque la PERPENDICULAIRE et le NIVEAU s’unissent pour former l’EQUERRE, de même que le Officiers se superposent pour, par 3, 5 et 7, faire que la Loge soit « juste et parfaite », la somme des flambeaux qui éclairent l’Atelier est de 9, ce qui, une fois de plus, nous ramène à la la puissance de trois fois trois.

A ne surtout pas confondre avec le règlement d’une obédience, la REGLE est un élément essentiel de la vie d’une Loge initiatique, à la fois comme principe de fonctionnement et comme outil symbolique du Maître d’Oeuvre.

Selon la Tradition, c’est le dieu Thot, maître de la connaissance et de la langue sacrée, qui créa la première règle et en révéla l’usage aux bâtisseurs.

Et c’est de cette règle que naît le Temple; et c’est toujours de cette règle que sont issus les autres outils utilisés par les bâtisseurs : l’EQUERRE, le COMPAS, la PERPENDICULAIRE et le NIVEAU.

La REGLE est le module et l’axe autour duquel s’organise et se développe l’œuvre de création, à la manière d’un diamant qui se cristallise suivant un plan invisible mais parfaitement rigoureux.

Avec l’EQUERRE, le Maître d’œuvre trace le plan et il y inscrit les proportions dynamique que l’Apprenti peut découvrir dans la Loge.

En observant le tracé de l’EQUERRE, on constate qu’elle prolonge la REGLE en faisant intervenir la notion d’angle, indispensable pour croiser les plans, relier le haut et le bas et, plus généralement, s’orienter par rapport à tous les points de l’espace.

En latin, EQUERRE se dit norma, mot qui signifie également REGLE au sens de la loi, qui a donné la norme et en langage mathématique la « normale » qui n’est autre que l’ANGLE DROIT.

Utiliser l’EQUERRE revient à inscrire dans le plan les lois d’organisation de l’univers. Avec elle, le Maître d’œuvre organise l’espace sacré et le régule en justesse. Il oriente la construction, lui donne ses dimensions et ses axes, y inscrit les rapports harmoniques afin que le Temple « soit comme le ciel en toutes ses parties ».

Avec le NIVEAU et la PERPENDICULAIRE est vérifiée la juste mise en œuvre de ce plan. Les deux outils permettent de formuler, donc de visualiser, l’axe immuable qui ordonne toutes choses.

Pour comprendre ce qui unit NIVEAU et PERPENDICULAIRE, il est nécessaire de revenir aux sources de la Tradition des bâtisseurs. En ancienne Egypte, le peson des deux outils était constitué d’une pierre ayant le forme de l’hiéroglyphe du cœur.

Dans la scène célèbre de la pesée de l’âme représentée dans les « vignettes » du Livre des Morts, on voit ce cœur de pierre posé sur l’un des plateaux de la balance du jugement. Sur l’autre plateau, la plume de Maât, symbole de la REGLE. Pour que le défunt soit déclaré « juste de voix », le cœur doit être aussi léger que la plume de la REGLE.

Le peson du NIVEAU et de la PERPENDICULAIRE mesure la « justesse de cœur et de voix » des Frères et leur capacité à traduire dans leur travail le plan d’œuvre afin que l’édifice soit correctement construit.

L’un des noms du Temple est précisément « la place du cœur », et que pourrait accomplir un Franc-Maçon sans l’intelligence du cœur ?

L’Apprenti prend conscience que l’axe de son travail passe par le cœur de la Loge et qu’il doit mener un rude combat pour faire en sorte que le centre de son être soit en accord avec la PERPENDICULAIRE, cet outil qui lui est plus particulièrement destiné, afin de ne pas gaspiller le désir et la force qu’il porte en lui.

Vivre et penser selon la PERPENDICULAIRE, c’est, pour un Apprenti, s’engager sur un chemin de cohérence, de droiture et de rectitude qui n’est certes pas facile mais qui lui réserve de grandes joies.

Dès son entrée dans la Loge, l’Apprenti découvre l’importance de la notion d’ANGLE et d’EQUERRE, notamment lorsque les signes d’ordre et de reconnaissance lui sont révélés. Dans la mise à l’ordre comme dans la démarche rituelle, il,s’agit d’être vraiment debout et de bien marquer l’ANGLE afin d’être d’EQUERRE.

Traditionnellement l’œuvre commence par le haut. Le rôle du NIVEAU est d’assurer la stabilité de la construction et de la concrétiser sans perdre l’axe. Mettre à niveau ne consiste pas à réduire de manière uniforme, mais à associer entre eux les éléments de façon qu’ils forment une assise solide à partir de laquelle l’élévation pourra être poursuivie.

Dans le Temple aucune pierre n’est identique à une autre ; c’est leur assemblage selon la REGLE qui donne force et cohérence à l’ensemble. Mais toutes les pierres sont reliées entre elle par une unité, l’amour fraternel. A toutes les étapes de la construction, le niveau permet de contrôler le juste croisement entre les plans, entre la cause et sa manifestation, entre le céleste et le terrestre.

La richesse symbolique des outils révélés à l’Apprenti est inépuisable, et nous n’en avons évoqué ici que quelques aspects. Si l’accent est mis sur le perpendicularité, c’est bien pour rappeler l’ancienne maxime des bâtisseurs selon laquelle est naturellement « tordu » et ne pratique pas spontanément la rectitude. Ainsi la PERPENDICULAIRE apparaît-elle comme un remède à la dispersion et au désordre dont souffre le profane.

L’apprenti manie deux autres outils majeurs : le maillet et le ciseau.

C’est avec eux, en effet, que l’Apprenti effectue son premier travail, ou, plus exactement, son travail primordial qui consiste à frapper par trois fois la pierre brute selon un rythme particulier.

Un élément important de la Tradition mise en évidence par le travail primordial de l’Apprenti est la référence au Métier, et plus précisément à celui de sculpteur ou de tailleur de pierre.

Toute une vie initiatique sera nécessaire pour prendre conscience de ce qui a été accompli à cet instant rituel car ces gestes, si simples en apparence, introduisent d’emblée l’Apprenti dans le mythe de création et l’incitent à participer lui même à l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers.

Maillet et Ciseau sont irremplaçables pour travailler la pierre brute, avec la force du maillet et la précision du ciseau. Qu’il s’agisse du carrier, du maçon, du tailleur de pierre, du sculpteur ou du scribe, on n’a jamais rien trouvé de plus simple et de plus efficace pour travailler ce matériau d’éternité qu’est la pierre.

Maillet et ciseau sont inséparables et interdépendants. Utilisé seul, le maillet ne crée pas de forme construite ; il ne peut que détruire tandis que le ciseau reste peu utilisable s’il n’est pas percuté par le maillet qui lui transmet la puissance nécessaire à l’accomplissement de l’acte.

Pour les anciens Egyptiens, le maillet est « l’ouvreur de cœur » et il a souvent une forme tronconique qui évoque un soleil. Il offre la particularité de tourner dans la main à chaque fois qu’un coup est appliqué, rendant impossible toute répétition mécanique du geste. Pour que la frappe soit précise, la conscience de chaque geste est essentielle. Elle naît de l’intelligence du cœur transmise à l’outil par la main qui le saisit et le manie.

C’est cette intelligence qui est éveillée et développée par la pratique du métier. Elle requiert une purification et une rectification rituelles afin que le bâtisseur parvienne à exprimer la justesse sans détériorer l’œuvre.

C’est l’instrument du chef par excellence, et pour particulièrement du chef des artisans. Cet attribut manifeste sa capacité à canaliser sa force et à l’utiliser à bon escient, qualités indispensables pour diriger le travail d’autrui et faire œuvre utile. En Loge une telle fonction revient au Vénérable et aux deux Surveillants, ce qui explique pourquoi tous trois sont porteurs d’un maillet.

L’Apprenti n’est bien entendu pas encore en mesure de diriger quoi que ce soit mais au court de l’initiation il lui est donné d’agir en tant qu’Apprenti Archétypal au nom de toute la Loge. A cet instant le néophyte incarne une fonction rituelle, fonction dont il prendra pleinement conscience tout au long de son apprentissage.

Le nom égyptien du ciseau est « amour », car il est ce qui relie l’esprit à la matière pour faire jaillir la vie. Son aspect tranchant évoque la Lune, puissance réfléchissante et déclenchante par excellence. Par le ciseau il devient possible de passer de la puissance à l’acte, de la potentialité à la manifestation, de faire apparaître la forme juste où la lumière rayonne.

A ces symboles rituéliques « visibles » et qui se rattachent au travail maçonnique considéré dans son ensemble, à tous les degrés, il convient encore d’ajouter l’outil spécifiquement réservé à l’Apprenti : le CISEAU.

Sa destination matérielle est connue, elle reste identique à elle-même dans le cadre de l’initiation, mais elle s’exerce cette fois sur le plan mental.

Les aspérités, que le CISEAU, mû par le MAILLET qui le heurte et l’Apprenti conscient qui le dirige, a pour mission de faire disparaître, s’y dénomment erreurs et préjugés. C’est ce que l’on appelle « dégrossir la Pierre Brute ».

La symbolique du CISEAU met l’accent sur l’aspect important du travail fraternel. L’amour fraternel est le canal par lequel l’énergie créatrice s’exprime et s’inscrit dans la pierre pour en faire jaillir la lumière et donner la vie.

Le travail du sculpteur est de faire « chanter la pierre ». D’ailleurs en Egypte ancienne les artisans, les tailleurs de pierre, les bâtisseurs, ne se nommaient-ils pas « ceux qui donnent la vie ? ».

L’action qui bâtit naît du croisement des énergies du maillet et du ciseau. Celle du maillet, émettrice, symbolise puissance et volonté de création ; celle du ciseau, réceptrice, canalise et féconde cette puissance pour la transformation en acte créateur.

Le CISEAU représente la pensée arrêtée, les résolutions prises, et le MAILLET la volonté qui les met à exécution.

En fait tout est outil pour l’Apprenti car son SILENCE, les nombres TROIS et SEPT, les COLONNES J et B, les TROIS GRANDES LUMIERES, le TABLEAU DE LOGE, la CORDE A NŒUDS, les TROIS FENETRES et tout se qui se trouve à portée de son regard, de ses sens, de son cœur sont des outils symboliques qui lui permettent, quel que soit son grade, de demeurer apprenti et d’œuvrer à son épanouissement personnel et au perfectionnement intellectuel et moral de l’humanité, n’est ce pas là la définition de la Franc maçonnerie ?

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