Obédience : NC | Loge : NC | 19/07/2011 |
Et demain ? Je ne traiterai que du RÉAA dans son ensemble cohérent et hiérarchisé tel que je l’ai vécu dans deux organisations maçonniques françaises le pratiquant. (47ans) La question posée est : Et demain ? Ou comment allons nous continuer à faire passer notre message au générations futures ? En effet en vieillissant et en voyant mes enfants et petits-enfants se développer dans la vie active, je me suis posé cette question comment trouver le chemin de leur cœur et de leur raison pour obtenir l’adhésion, de ces jeunes gens, compte tenu de l’enseignement profane reçu et des habitudes prises et surtout de la vie difficile qu’ils vivent, beaucoup plus dure que celle nous avons nous-mêmes vécu. Je propose donc de considérer l’état des pratiques actuelles et de voir si, par des adaptations nécessaires à notre époque, nous serions plus attractifs pour ceux qui recherchent l’excellence, le sérieux et l’exemple. À mon avis et je ne suis pas le seul à le penser, il serait souhaitable d’effectuer une révision globale de certaines habitudes, de pratiquer un engagement plus personnel vis-à-vis des néophytes par un suivi individuel tel qu’on le rencontre couramment dans le sport (Coach) ou les universités américaines. On peut être tenté pour « recruter » de faire du jeunisme ou de tomber dans le convenu actuel du style politiquement correct. Cette démagogie racoleuse me paraît indigne de notre institution séculaire. Soyons conscients que nos futurs Frères sont de jeunes hommes souvent impatients, pleins d’ardeur qu’il nous appartient de canaliser vivant constamment avec leur I phone, I pad ou I Pod, mais qui ne maîtrisent pas forcément l’expression écrite, qui n’ont jamais appris à faire un plan et qui gobent assez facilement le n’importe quoi amplifié par les réseaux sociaux comme Face book ou Tweeter. Pour eux, tout doit être transparent, public, étalé. Souvent imprégnés de fausses connaissances acquises sur le net, pratiques déjà stigmatisées ici même par le Frère Jean-Bernard Lévy.Enfin peu habitués et enclins à l’obéissance et à la hiérarchie. C’est donc à nous de venir vers eux en leur proposant autre chose que les banalités du monde profane du style « Tout le mode il est beau, tout le mode, il est gentil » à la Jean Yanne. Ou tout autre niaiserie de la « bien-pensance » actuelle qu’il leur ferait perdre leur temps et secréterait le pire ennemi de notre organisation qui est l’ennui disqualifiant, conduisant inéluctablement à la démission sans regret. En effet, le postulant à l’entrée en maçonnerie peut s’engager dans trois voies selon ses aspirations et très souvent par hasard. La première est une voie que le grand public identifie immédiatement car ostensiblement sociétale, militante préoccupée de politique et d’action visible et publique et cela, depuis des lustres. Peu préoccupée de spiritualité et de qualification personnelle. La deuxième est une voie qui propose à qui le demande un « kit » de bonne conscience vertueuse universelle sans effort particulier, sauf autrefois de mémoire, avec le label de « régularité ». Progression programmée, automatique, dans tous les offices, même virtuels. Décors chamarrés, agapes arrosées. Satisfaction de l’« Ego » assurée. Le confort intellectuel et moral pour tous. Enfin une voie qu’un grand nombre d’entre nous a choisie en connaissance de cause, où l’on rencontre des Frères épris de spiritualité, plus discrète moins tonitruante, qui estime qu’elle est porteuse de moyens permettant à ses adeptes de poursuivre une démarche initiatique donc ésotérique. Ceux-là ont l’ambition d’une réalisation spirituelle obtenue par un lent travail personnel de réflexion, de méditation, d’échanges et de lectures. La progression intérieure se construisant dans l’ambiance chaleureuse des ateliers, permettant l’échange de ses expériences spirituelles personnelles avec celles d’autres hommes, animés de ce même esprit d’élévation partagée lors des travaux en Loge. Je pense que tout le monde sera d’accord sur ce point : La pérennité d’une institution dépend entièrement du discernement de ses membres, qui ont le devoir de transmettre ce qu’ils ont reçu et entretenu en adaptant au siècle et aux conditions de vie en perpétuel changement la stratégie pour atteindre le cœur et la raison de ceux qui vont nous suivre. Nous devons répondre à trois questions : Pourquoi transmettre ? À qui transmettre ? Comment transmettre et pourquoi le faire en changeant quelques habitudes ? Pourquoi transmettre ? D’abord, parce que nous sommes membres d’un Ordre traditionnel et que Tradition implique étymologiquement une transmission ininterrompue. Ensuite, nous en avons le devoir. Nous, qui avons eu la chance de recevoir de nos anciens vivants ou morts ce trésor. Il n’est pas question pour nous de le thésauriser mais de le partager et même de tout donner à ceux qui peuvent le recevoir avec profit. Ce devoir n’est pas l’exclusivité d’un degré particulier du Rite, il apparaît dès le début de notre progression dans l’Ordre et ne nous quitte plus. On peut prendre comme comparaison une cordée où le premier de cordée se doit de mener à bien l’ascension de tous les autres. Ne pas transmettre équivaudrait à une rupture du contrat moral qui nous lie à l’Ordre. Enfin parce que le RÉAA en Occident, propose une approche de la connaissance de soi qui ne dépend pas d’une préalable adhésion à un système de croyance ou d’éthique, mais qui pourtant est susceptible de conférer un sens à l’univers et à notre vie. À qui transmettre ? Si possible, à des adultes les plus jeunes possible, car la route est longue et les chances d’évolution sont d’autant plus grandes que le postulant débute tôt. À des hommes capables de prendre des responsabilités dans le monde profane, en bonne santé mentale (La Maçonnerie n’est pas une thérapeutique), conscients de leurs devoirs d’hommes et de citoyens, capables de gagner leur vie correctement par eux-mêmes. C’est la première véritable épreuve à subir et à réussir c’est celle de l’autonomie dans la vie. Car la caractéristique du Franc-Maçon Écossais est d’être à la fois dans le monde qu’il a pleinement intégré et hors du monde profane dans sa pratique ésotérique du sacré. À tous ceux qui ont les qualifications nécessaires : Ouverture d’esprit, ambition, curiosité et recherche plus ou moins confuse de se sortir du quotidien. C’est-à-dire ceux qui ressentent le besoin de trouver leur place dans la nature et dans une société et une culture universelle. Ceux qui en sont capables et qui possèdent l’intelligence des différences autant que des ressemblances. À ceux qui pourront profiter par leurs aptitudes et leur caractère, de leur intégration dans l’Ordre en étant capables de se libérer du « formatage » qu’ils ont subi jusque-là. À ceux qui peuvent tenir un engagement maçonnique qui sur le plan pratique prend beaucoup de temps et réclame quand même des moyens financiers. Les enquêtes indispensables ne doivent servir qu’à vérifier le caractère trempé et de jauger les potentialités de progression dans l’Ordre. Nous ne devons pas hypertrophier le niveau d’études qui ne garantit rien pour la suite et qui parfois ne permet pas au sujet de s’ouvrir à des modes d’appréhension du réel différent de ce qui lui a été enseigné. Ce qui alourdit parfois ses possibilités latentes qui s’exprimeront après décrassage des idées reçues par une lente et progressive alchimie spirituelle. Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas là de rechercher systématiquement le candidat « niaiseux » et analphabète ! Mais de juger les qualités foncières et pas les idées du moment qui comme le dit le rituel sont amenées à évoluer. L’expérience prouve que moins le profane en sait sur l’Ordre, mieux la pâte prend. Force est de constater, que certains sont privilégiés par la nature car ils ont le don de l’assimilation immédiate de l’impalpable, des nuances et des harmonies ; ce sont les musiciens et les artistes authentiques. Que transmettre ? Le plus tôt possible des notions fondamentales que le néophyte ignore. Il nous appartient de l’intéresser de l’éveiller à une vision du monde nouvelle pour lui. Il faut qu’il ait envie de participer aux tenues et aux activités de l’atelier. Avant tout, une proposition de démarche spirituelle qui se démarque des voies confessionnelles car pour nous, la question est moins en effet de croire que de savoir ou de voir. Il faut à tout prix lui éviter de tomber dans l’évasionnisme des nostalgiques du passé et surtout des projections utopistes et chimériques dans le futur. Une mise en garde a été exprimée par un de nos Frères en ces termes : « Ce que nous devons combattre, c’est le modernisme, le scientisme, la politisation, le piétisme, ou, pis encore, le moralisme insipide qui sont bien vivants en tant que systèmes clos et fermés sur eux-mêmes, qui peuvent expliquer n’importe quoi dans leur système d’explication qui reste imperméable aux autres et ne renvoie qu’à lui-même ». Que la symbolique doit être considérée comme une expression naturelle, primitive et nécessaire, de l’intelligence humaine et non comme une forme arbitraire de pensée. Qu’il n’est pas question de nier la raison mais de ne pas déifier le rationalisme qui prétend tout expliquer. Que la perception symbolique requiert une « oreille symbolique » comme l’écrit le Frère René Alleau, et entraîne une apparition soudaine un éclair qui laisse entrevoir à nos regards un horizon sans bornes. (Creuzer). Le symbole révèle certains aspects de la réalité, les plus profonds qui défient tout moyen de connaissance. Sa nature fondamentale est d’élever l’âme humaine vers le surhumain. Il faut absolument faire comprendre aux néophytes : Que tout cela n’a rien à, voir avec la psychologie analytique ou autre approche. Que nous appartenons à l’ordre du temps car nous sommes postérieurs à la création mais que nous tendons vers l’éternité qui est de nature divine. Les mettre en garde devant deux ennemis : l’idéalisme qui annule l’objet et le matérialisme qui annule le sujet. Ensuite faire comprendre la vertu de l’imagination créatrice à l’aise avec la symbolique qui tend vers l’union avec le divin (hiérogamie) et d’intérioriser le monde dans notre cœur. (Temple intérieur) L’imagination créatrice qui loin d’être un délire constitue un des fondement de l’art royal et de la science de haut niveau, celle des chercheurs. La pensée mythique complément de la pensée rationnelle de type aristotélicien. En accord avec le Frère Antoine Faivre, il importe de porter la réflexion et l’étude du néophyte sur quatre éléments fondamentaux. D’abord le principe d’interdépendance universelle microcosme macrocosme. (Table d’émeraude) Ensuite, de lui montrer que les principes aristotéliciens de non-contradiction, de tiers exclus et de linéarité causale sont supplantés par ceux du tiers inclus. Puis la complexité du cosmos pluriel et hiérarchisé vivant, qu’il faut savoir lire, pour acquérir la Connaissance que nous a développé le Frère Jean-Bernard Lévy,ce qui permet d’établir un rapport cognitif et visionnaire avec le monde intermédiaire, le « Mundus imaginalis » du Frère Henri Corbin. Enfin d’insister sur l’expérience intérieure inséparable de la connaissance, de l’imagination active qui seule peut obtenir la transmutation ou la métamorphose du sujet. Comment transmettre ? Peut-être en modifiant certaines habitudes ? D’abord : Par l’accueil chaleureux et bienveillant au sein de l’atelier ce qui ne pose pas de problème, à la G\L\D\F\. Je propose que, dès son intégration au sein de la Loge, le néophyte soit réellement suivi par son parrain qui en a pris l’engagement et en cas de carence du parrain pour une raison ou une autre, le V\ M\ devrait demander à un Frère ancien et volontaire de suivre le jeune Frère tout au long de sa progression. (Au moins jusqu’à sa Maîtrise). Le rôle du second Surveillant, toujours rempli avec dévouement, est indispensable au cours des réunions en dehors des tenues, mais reste collectif, celui de ce Frère ancien se doit d’être personnalisé et permet d’établir un lien de confiance entrelui et le néophyte. L’ascension du néophyte peut être comparée à celle d’une fusée. Elle réclame une énorme énergie au décollage pour sortir de la pesanteur terrestre et de moins en moins jusqu’à l’apesanteur libératrice qui est le but à atteindre. En donnant une image de sérieux par une exécution impeccable du rituel Un rituel rigoureusement exécuté à tous les degrés doit être vécu et littéralement joué pour ébranler la conscience du candidat et des participants. Il doit percuter et mettre en branle la totalité de l’Etre qui à ce moment peut se révéler. Un rituel qui ne soit pas trop « bidouillé ». En effet, les recherches effectuées par des Frères passionnées, érudits et compétents, soucieux de retour aux sources, devraient à mon sens en présence de deux rituels du même degré choisir le plus efficace pour une révélation intérieure. Quand bien même des apports ont été introduits récemment ils ne sont pas pour autant sacrilèges. Qui se plaindra par exemple de cet apport récent mais combien riche de signification qu’est la réponse « À leur place et à leur office » qui marque immédiatement la fonction organique et cosmique de la Loge. Attention au dogmatisme ! Car la valeur et la diffusion d’un rituel doit se juger, je le répète, sur son efficacité à faire émerger par le vécu qu’il induit une prise de conscience d’un état particulier de l’Etre. Être debout et, à l’ordre, c’est se placer volontairement dans un ordre (le cosmos) et à un niveau de perception du sacré en accord avec le degré auquel travaille l’atelier. Tout rituel qui n’est pas littéralement joué par les officiers et tous les Frères perd de son efficacité et devient une pantalonnade ennuyeuse et stérile. L’efficacité se transmet par la conviction et l’enthousiasme-au sens étymologique du terme-des participants. Chaque officier en vivant son office devient une cellule organique du Tout que représente la Loge. Il est bien comme nous l’avons déjà dit « à sa place et à son office ». On peut comparer la Loge à un orchestre dirigé par son Vénérable Maître. Si un couac apparaît, tout est à reprendre et ce couac ce sont les questions et les discussions profanes qui transforment un espace sacré en parloir de réunion électorale. Efficace par des sujets de planches clairs, percutants, classiques, en évitant de dériver avec des titres de trois lignes portant essentiellement sur des détails toujours secondaires et byzantins et en fin de compte passant à côté de l’essentiel. En effet, la recherche à tout prix de planches qui se veulent absolument originales ne remplit pas son rôle de moteur d’échange et de partage. Les sujets fondamentaux qui ne seront jamais épuisés méritent d’être rabâchés, redondants, car non seulement l’auditoire change mais les interprétations sont multiples et originales à chaque Tenue. C’est toujours la première fois pour les nouveaux participants. La polysémie symbolique étant si grande et les perceptions des Frères si variées, qu’on entend jamais la même planche sur un grand sujet. La planche permet tout d’abord à l’orateur d’entrer en lui-même et d’exprimer son vécu, son ressenti qu’il livre aux autres et surtout elle est le point de départ d’une expression de la perception et de l’expression de chacun des membres sur le sujet évoqué, qui mène à la création d’un consensus exprimé par le Frère Orateur, in fine. Si vous n’êtes pas convaincus, je vous livre cette réflexion d’un Frère éminent de la G\L\D\F\ : « La Maçonnerie permet à l’homme de s’améliorer, de s’élever et de tendre vers son créateur en s’incorporant à son plan afin de le réaliser. On doit s’emparer des symboles et des légendes que nos initiations successives nous proposent, les explorer, les travailler, les assimiler jusqu’à ce que, de nouveau ils suent de nous-mêmes comme notre propre sang. Alors nous serons des initiés véritables et nous progresserons vers la Lumière ». Redescendons à une vision plus pragmatique de la question du « Comment transmettre ». On ne peut pas demander à un jeune homme, ou à un Frère plus âgé, de passer au moins deux soirées par mois pour perdre son temps. L’effort à faire n’est acceptable que si le jeu en vaut la chandelle et c’est pourquoi nous nous devons d’une part de proposer l’excellence et d’autre part de prendre en compte les problèmes que ces jeunes Frères et les autres sont amenés à résoudre quotidiennement. On doit tenir compte des efforts matériels, de gestion d’emploi du temps qui sont souvent importants avec des distances aller-retour, fatigantes pour un homme actif travaillant tôt le lendemain matin. Il faut être réaliste nous sommes au XXI siècle, un siècle dur où il faut se battre pour survivre. Il faut absolument se concentrer sur la cible qui est l’ascèse bimensuelle (Pierre Simon) et pour cela revoir tout ce qui est inutile et qui fait perdre une partie du temps des 3 h 30 que nous consacrons deux fois par mois à nos tenues. C’est pourquoi je vais maintenant vous proposer des mesures pour densifier ces 3 h30. Passons en revue ces habitudes routinières, sacralisées et constitutives d’un dogme, pour certains, qui à mon sens freinent la dynamique de la Loge gaspillent un temps considérable et nuisent à son efficacité pour poursuivre ce qui est sa mission essentielle, faire entrer les F\F\ pendant la tenue dans l’espace-temps sacré, lieu de tous les possibles. Le principe directeur qui doit
prévaloir est que tout ce qui réclame une
discussion sur la gestion matérielle de la Loge est
profane et doit donc se traiter en dehors du
Temple. C’est la raison d’être
du Conseil d’administration et les décisions
prises à l’issue de ses longues
réunions doivent simplement êtres
entérinés en Loge. Ceux qui n’y ont pas
assisté au Conseil doivent faire confiance aux
Frères rapporteurs et l’on ne doit pas tout
reprendre tout en Loge. Il en est de même pour l’appel totalement inutile et infantilisant Le livre de présence autrement patent de la présence effective du F. par la signature s’impose. C’est ce qui se passe à la R\ L\ « Jean Scot Érigène » à la satisfaction de tous. En compensation, un rapport succinct du Frère Hospitalier donnant des nouvelles des Frères absents serait le bienvenu. La lecture des planches tracées des derniers travaux, interminables, redondantes décrivant des cérémonies connues de tous. Au lieu d’écrire simplement par exemple « le profane a été initié selon les usages », on décrit toute la cérémonie en détail. Encore une perte de temps ! L’élection du Vénérable Maître : Les successions doivent être prévues de longue date par le Conseil d’administration. Sauf incident, le vote en loge entérine la décision. En ce qui concerne le collège la répartition se fait en comité en tenant compte de la liste présentée par le Vénérable Maître et c’est le Collège en entier qui est élu sur un seul vote. C’est une marque essentielle de confiance vis-à-vis du Vénérable élu. Seul vote à part, compte tenu de la responsabilité personnelle, est celui du Frère Trésorier. Voter pour chaque officier et son suppléant est sans intérêt. Une fois élu le Vénérable Maître doit avoir, je le répète toute la confiance des Frères, il choisit son Collège, il est le patron, le décideur, il jouit de l’autorité et surtout il est l’animateur de l’atelier. Son rôle n’est pas celui d’un figurant qui se borne à donner la parole à chacun pour un oui ou pour un non. Il n’est pas le président d’une assemblée de parlementaires. Son rôle d’animateur va prendre toute son importance au cours de l’agape telle que je vais vous la proposer. L’AGAPE (Moment privilégié à ne pas gaspiller). Dans la forme que je vous propose d’adopter largement, l’agape est la continuité de la tenue et elle n’est plus seulement une petite bouffe sympa entre copains après une présence en Loge interminable. Et ceux qui l’ont vécue ainsi ailleurs en ont tous la nostalgie car l’action bénéfique de cette façon de travailler est amplement avérée. Dans cette proposition, tout le travail en commun concernant la planche ou le commentaire de la cérémonie se passe en salle humide sauf exception pour les Frères ne pouvant pas rester à l’agape et désirant prendre la parole en Loge. Comment cela se passe-t-il dans la réalité et en détail ? À la suite immédiate de la tenue dans le Temple qui a commencé à l’heure dite et au cours de laquelle tout ce qui peut se traiter ailleurs a été éliminé, les comptes-rendus concentrés. Les travaux sont clos immédiatement après l’audition de la planche ou à la fin de la cérémonie. Les Frères gagnent alors directement la salle humide et chemin faisant en profitent pour bavarder et échanger sur le sujet traité en Loge. Tous les F\ F\ s’installent à table, commencent le repas et bavardent à loisir. Quand le Vénérable Maître estime que tout le monde est détendu, que le plat principal a été ingéré et a remonté la glycémie de chacun. Appliquant un rituel de table simplifié, il déclare que les travaux de table reprennent force et vigueur et demande de charger et d’aligner sur les deux colonnes et l’on tire alors les deux ou trois santés d’obligation, à l’ordre de table. Immédiatement après il donne la parole au Frère 2ème et ensuite au 1er S. pour cadrer et relancer le sujet à leur guise et selon leur talent. Le Vénérable Maître fait alors circuler la parole. Mais à la différence de ce qui se pratique en Loge, ce ne sont pas les Frères. qui demandent la parole aux Surveillants mais c’est le Vénérable Maître qui sollicite l’intervention d’un Frère précis en le nommant et en le priant d’apporter sa contribution personnelle. Par courtoisie, il donne d’abord la parole aux Frères visiteurs puis aux Compagnons et enfin aux Maîtres et bien évidemment jamais aux Apprentis dont le privilège est d’écouter, de voir et de se taire. Le but poursuivi est que tous les assistants contribuent au travail en commun, aucun n’est laissé à l’écart, chacun se sent concerné en tant que participant à son niveau. Le Vénérable Maître mène les interventions, il peut demander à l’intervenant d’être plus concis ou plus personnel, tout se passe sous sa houlette et s’il connaît bien ses Frères, il obtient un crescendo de qualité des interventions pour terminer sur les interventions les meilleures. Après que le dernier Frère ait pris la parole et le Frère conférencier ayant répondu aux questions et remarques.le Vénérable Maître demande au Frère Orateur de résumer les débats et de les replacer obligatoirement dans la perspective du Rite. Après la dernière santé tirée, il clos les travaux de table si possible à 23 heures précise par courtoisie et respect pour les Frères devant se lever tôt le lendemain. Cette façon, de travailler à l’agape, permet de raccourcir le temps passé dans le Temple ne pas enchaîner immédiatement les interventions après l’audition de la planche en Loge, de donner à tous le temps de la réflexion avant d’intervenir en ayant eu la possibilité de griffonner sur la nappe en papier le plan de son intervention car chacun sait que la parole va lui être donnée par le Vénérable Maître. Ainsi les trois heures et demie passées ont été pleinement utilisées pour le bonheur de tous et de plus on peut ainsi tester la valeur des interventions des Surveillants et la progression constante des Frères, qui prennent l’habitude d’intervenir de façon courte et concise. Ainsi se crée l’âme de l’atelier et sa spécificité due aussi aux talents du Vénérable Maître. Rien n’empêche alors les Frères qui le désirent, après la clôture des travaux de table, de rester entre eux jusqu’à une heure tardive pour goûter aux joies de la fraternité autour d’un verre ou plus ! Le résultat de cette pratique est spectaculaire tous les Frères se connaissent mieux à travers les interventions de chaque Frère et c’est l’impression ressentie au cours de l’agape à laquelle il a participé que le Frère emporte chez lui. Bien évidemment cette façon de travailler n’est pleinement réalisable que dans des ateliers dont l’effectif n’est pas pléthorique et qui peuvent disposer d’une salle humide, où les F\ F\ sont seuls et à couvert. Néanmoins devant un grand nombre de participants, le principe reste applicable, mais le Vénérable Maître ne peut alors donner la parole à tous les participants. Conclusion Ce que nous devons proposer à nos Frères actuels et futurs c’est un RÉAA comme il s’est affirmé depuis environ 70 ans représentant en Occident une des voies parmi d’autres, sérieuses de réalisation spirituelle qui s’offre à l’homme de désir. Le RÉAA a évolué depuis plusieurs décennies vers une meilleure compréhension de son rôle initiatique, nous a dit le Frère Lazareff, il doit améliorer sa pratique pour mériter de perdurer. Mais il n’est pas à l’abri des incompréhensions qui conduisent à des dérives. Ces dérives vont à l’encontre de la recherche de la Vérité, en apportant des solutions toutes faites et des prêts à penser, souvent séduisants et rassurants pour le confort intellectuel. Toutes ces récupérations poussent à une attitude sectaire, puis inéluctablement au fanatisme dogmatique attitude qui n’a jamais eu sa place à la G\L\D\F\. Attitude aux antipodes des valeurs essentielles de l’Ordre : l’esprit libre, l’imagination créatrice et la tolérance. L’ésotérisme prend en compte l’individu dans ce qu’il a d’unique et n’a que faire des théories des pseudos sciences et des idéologies pour tous et n’importe qui. Si le travail du maçon ne s’arrête jamais, nous devons permettre à nos successeurs de devenir des hommes unifiés capables de « Chevaucher le Tigre »d’être des veilleurs plutôt que des gogos épris de confort intellectuel, victimes d’utopies calamiteuses rendant inconscient des réalités actuelles et futures. Nous devons leur apporter les meilleures conditions pour, -comme l’a écrit notre Frère Gréven- « Pratiquer une démarche initiatique traditionnelle visant à construire l’homme pour le conduire à sa plénitude, en proposant un sens à sa vie par l’intermédiaire d’une spiritualité rendue encore plus nécessaire de nos jours dans une société en proie au matérialisme effréné et qui a perdu ses repères ancestraux ». Mais pour nous, qui nous sommes engagé sur cette voie s’impose le devoir de faire vivre l’Ordre et d’assurer sa pérennité dans une époque de confusion et de dureté. Pour cela nous pensons qu’une approche pragmatique fondée sur l’expérience des différents modes de fonctionnement du Rite en France permet d’éliminer le superflu souvent héritier de pratiques surannées qui n’apportent rien sur le plan initiatique et sécrètent un mortel ennui. Si nous comparons l’Ordre à un arbre, ses racines profondes doivent être connues, son tronc pointant vers le ciel doit pouvoir progresser pour prendre toujours plus de lumière. Mais certaines branches stériles détournent une partie de la sève. Nous devons donc tailler et éliminer ces branches inutiles pour redonner de la vigueur à notre arbre. Je pense qu’il faut adopter les modes de fonctionnement éprouvés, qui rentabilisent le temps et l’espace sacré créé par nos rites et le temps profane à ne pas gaspiller. Enfin pour que la raison même d’être du Rite soit exprimée de façon limpide et tranchée je vais conclure en citant à nouveau ce Frère grand serviteur inlassable de l’Ordre Écossais dans cette maison : « Le Rite Écossais Ancien et Accepté est le rite d’un Ordre initiatique dont l’unique objet est la transformation de l’homme pour qu’il devienne conscient de sa place et de son rôle dans l’Univers pour la plus grande Gloire du Grand Architecte de l’Univers. La Maçonnerie écossaise c’est cela, rien que cela, mais tout cela ». C’est bien ce RÉAA là, que nous devons transmettre à nos successeurs et non ses dérives passées qui malheureusement perdurent chez certains. J’ai dit. J\P\ P\ |
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