Le Crépuscule de la Maçonnerie
Nous étions
à la fin d’une décade, et ce soir de la Saint Jean d’Hiver, dans douze
pays d’Europe, dans douze Loges de Femmes et douze loges d’hommes,
ouvrirent leurs travaux, les unes à midi tapant et les autres à minuit
finissant. Il faut bien dire que dans la plupart des loges, l’âge des
participants était très proche des trois fois vingt-sept ans.
Dans le monde profane nous étions plus près de la grande fête de la
consommation universelle, le moment où les firmes finissaient de
concrétiser leurs objectifs économiques.
Donc dans
un pays et dans un temple maçonnique : la sœur principale ouvrit les
travaux, combien était-elle bien peu en vérité…juste ce qu’il faut pour
qu’une loge soit juste et parfaite, il en fut de même pour le principal
de la loge masculine avec le même nombre que nos SS, et avec le même
ordre du jour.
Nous avons retrouvé cet ordre du jour commun aux vingt-quatre loges des
douze pays, dont voici un extrait encore visible, dans différents
documents éparpillés à travers différents pays, mais tous lisibles pour
ceux qui connaissaient encore l’écriture maçonnique, dont en voici un
extrait :
« Nous Femmes et Hommes régulièrement initiés, par
l’équerre et le compas dans un lieu situé aux quatre points cardinaux,
dans un Temple, éclairé par la voute céleste et à la Lumière de
l’Etoile du Nord, prêtons Serment dans les Temps obscures qui, ce jour
rendent difficiles la recherche de la Vérité et la pratique de la
croyance au Grand Architecte de l’Univers, décidons d’être les gardiens
de la Tradition Primordiale et d’enterrer, dans un lieu sur et protégé,
les secrets , les textes, les outils, les rituels, les traditions de
l’Ordre Initiatique de la Maçonnerie, afin quand les temps seront
venus, comme le veut le Phénix, de transmettre aux futurs Cherchants ,
les moyens, de redonner à la chaine d’union intemporel, force et
vigueur aux générations à venir , pour la plus grande Gloire, de
Salomon d’Hiram de Tyr et d’Hiram l’Architecte. »
Donc avant
de rejoindre l’Orient Eternel, jurons sur l’autel des Serments et au
chapitre de Saint Jean Baptiste, de transmettre, le savoir initiatique,
dont nous sommes provisoirement, les possesseurs, afin de
perpétuer... Le document au trois quart illisible, ne pouvait
pas être lisible sans en altérer l’authenticité.
C’est ainsi que dans toutes les loges concernées, que les
SS\ et les FF\ prirent connaissance de ce texte et la
Parole circulant, il faut bien le dire, le silence régna sur les
colonnes, chacun et chacune, réfléchissant à cette lourde
responsabilité, pendant de très longues minutes, mais tous conscient du
dépôt qu’ils avaient entre leurs mains, jurèrent retransmettre, les
valeurs spirituelles de la Maçonnerie.
Puis les travaux étant clos les deux loges se retrouvèrent, dans la
Salle humide pour des agapes communes ;
Les tables
étaient disposées en cercle, avec aux pôles, au nord un Frère, et au
Sud une sœur, au diamètre de chaque extrémité une sœur ou un frère, les
tables étant disposées en forme d’étoiles, à chaque pointe il y avait
soit une sœur, soit un frère, au centre du cercle sur une table, une
principale et son pendant masculin ; après les Grâces les agapes furent
servis, mais dans le silence, car chacune et chacun pensaient au
serment fait au paravent.
Avant la clôture des travaux de bouche, les deux principaux prirent la
parole : A vous toutes et tous, soyez bien convaincus de vos Devoirs
vis-à-vis de l’Ordre, et dites-vous bien que dans le proche avenir,
vous, nous serons de moins en moins nombreux à pouvoir transmettre ce
trésor spirituel, et sans prétention de notre part, sachez que c’est
notre « chef d’œuvre » personnel, que nous et
vous allons transmettre, et que de notre choix dépendra, la bonne ou
moins bonne transmission de notre savoir permettant d’accéder à la
Connaissance ; levons nos coupes pour une santé à la défunte Maçonnerie…
Les
documents manquants on peut imaginer que les Santés furent plus
nombreuses et que l’émotion de nos SS\ comme de nos FF\,
d’être les derniers d’un longue chaine initiatique, fut intense et
profonde, SS\ et FF\, comme initiés savaient bien que tout est
périssable, que toutes les constructions humaines que se doit dans le
monde matériel comme dans le monde spirituel, finissent leur vie
temporaire.
Le narrateur referma et rangea ses documents, il était dans les
derniers dépositaires de cette Tradition Primordiale, et combien de
SS\ et de FF\ dans ce vieux continent, pourraient le
saluer suivant le Rituel du Parfait Initié ? Et pourra-t-il trouver, un
homme ou une femme, capable de comprendre l’importance de l’Initiation,
tout comme il savait que c’était son dernier travail avant le passage à
l’orient éternel, que la Saint Jean d’Eté serait pour lui la dernière
étape, pour transmettre ce que d’autres lui avaient enseigné. Comme
n’importe qui, lui aussi douter, en voyant l’abaissement des valeurs de
la société. Révolté certes, mais en lui-même il savait que c’était
inutile, tout comme il se souvenait de toutes les constructions
humaines voulant instaurer le bonheur de l’humanité et des guerres qui
s’en suivirent… Il se souvenait de l’ardent jeune homme
prétentieux qui croit pouvoir changer le monde, en vieillissant, il se
dit qu’en fait, toutes ces expériences avaient été bénéfiques à sa
construction intérieure.
Entre la Saint d’hiver et l’équinoxe de Printemps : « Cherchez
et vous trouverez ! » Ce fut chose faite, le narrateur
trouva un Maitre répondant aux critères utiles pour une bonne
transmission, le narrateur avec son élève, maitre maçon, entre
l’équinoxe et le solstice d’été se rencontrèrent très souvent, et quand
le moment fut venu et ce dans les vingt-quatre loges concernées, et en
tenue commune, dans une tenue collective et dans un rituel pratiquement
inconnu des autres Maçons, ce que je pense être, l’esprit de la
Maçonnerie, mais je n’en sais pas plus, tout ce que j’ai appris d’un
Frère proche de l’Orient Eternel, la Tenue dura jusqu’au chant du coq.
Pour moi cette réunion commune fut une des dernières Tenue de la
quintessence de l’Ordre Initiatique, et comme le dit les textes anciens
: « enfermons nos secrets dans un endroit clos et discret ! »
Notre Frère est passé à l’Orient Eternel, il y a peu, nous n’étions pas
nombreux, dans ce petit village du marais normand, un simple tumulus et
sur la terre, un carré long en marbre, avec une simple inscription ; « Ci
git un Passant. »
P\ L\
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