GLDF | Loge : An Erminig - Orient de Saint Nazaire | 16/07/2017 |
De l’autre
côté du
monument
Le monument immédiatement avant sa destruction en 1941 après que l’Allemagne ait déclaré la guerre aux Etats Unis V\M\ et vous tous mes Sœurs et mes Frères, en maçonnerie, nous pouvons démarrer notre marche du pied droit ou du pied gauche mais nous allons tous dans la même direction, celle de la recherche. Ne pas prendre les mots pour des idées et toujours chercher l’idée sous le symbole. Le but de ce travail est de vous présenter ma recherche de l’Idée cachée derrière ou de l’autre côté de notre monument américain. Je souhaite faire remarquer que notre monument est particulier par l’histoire de sa création. Il ne fait pas partie de la liste des cimetières et des monuments que l’American Battle Monuments Commission, créée en 1923 par le Congrès et présidé par John Pershing lui-même, a eu à gérer. Ces monuments officiels se trouvent sur les lieux de bataille où l’armée américaine a été engagée (2). Deux sont situés sur les lieux de rassemblement des troupes à Tours et surtout à Brest (le Naval Monument). Le nôtre, celui de Saint-Nazaire, n’en fait pas partie. Il est une initiative privée, celle de l’artiste. Cette artiste, vous le savez était une femme : Gertrude Vanderbilt. Gertrude est née à New York en 1875 et les médias de l’époque la décrivent comme le plus riche parti de toute la côte Est. Son arrière-grand-père, Cornelius a été considéré par Forbes en 2007 comme la deuxième fortune des Etats-Unis en $ constants. Gertrude épouse Harry Payne Whitney en 1896. Celui-ci est décrit par Wikipédia comme financier, héritier, et joueur de polo (1). Réaliser cette statue n’a posé aucun problème financier à Gertrude. Elle avait les moyens tant relationnels que financiers d’en édifier autant qu’elle aurait pu le souhaiter. Cela me semble très signifiant et autorise à penser que si Gertrude Vanderbilt Whitney avait voulu faire passer un message, alors, personne, ni aux États Unis ni encore moins en France n’aurait la capacité de s’opposer à ses volontés. Mais quelles idées derrière notre statue ? Je n’ai pas la prétention de savoir ce que l’artiste a voulu signifier, je souhaite simplement vous exposer les questions que ce monument a soulevées. Pour cela, je vous propose trois chapitres : celui de l’aspect militaire (la participation des États Unis d’Amérique à la guerre 1917-1918) d’abord, l’évolution sociologique que peut suggérer la morphologie très particulière (pour parler clairement : très féminine) du soldat dans un deuxième temps, et dans un dernier temps ce où mène l’étude des symboles à tout le moins maçonniques de la statue. A chacun de ces chapitres, je ferai référence à un des aspects de la personnalité et de la vie de l’artiste. Mon premier chapitre concerne l’aspect militaire du monument. La version officielle, nous la connaissons, est que, porté par l’aigle américain qui s’est posé sur le granit breton, le Sammy est venu contribuer à la victoire des armées démocratiques. Il offre l’épée tenue par la lame et non par la poignée en signe de volonté de pacification. Pouvons-nous discuter cette interprétation ? L’aigle de notre monument n’est pas celui de notre symbolisme. Le dictionnaire des symboles de Chevalier le décrit comme l’incarnation de la plus haute divinité et du feu céleste, du soleil, que lui seul ose fixer sans se brûler les yeux. Il est un symbole considérable dans notre culture. Il est l’attribut de Zeus, du Christ, des légions romaines comme des États- Unis d’Amérique ou du Saint Empire Romain Germanique. L’aigle de notre monument a le regard baissé, il est écrasé par le poids du soldat sur la colonne. Est-il l’aigle triomphant des États-Unis qui gagnent et vont imposer leurs règles au reste du monde. Pour tenter de répondre à cette question, permettez-moi de revenir à l’histoire de notre artiste. La fortune de la famille de Gertrude s’est établie dans et par la guerre. Les blocus forcés, les compagnies ferroviaires ruinées puis rachetées, le rôle décisif de Cornelius dans la guerre de sécession n’en sont que quelques éléments. Un autre élément très important est le décès en 1915 du frère de Gertrude. Alfred meurt dans le naufrage du Lusitania coulé par un sous-marin allemand. Gertrude est très impliquée dans cette guerre. Elle est une femme de pouvoir. Elle s’engage comme toute sa famille pour que les États-Unis entrent en guerre et que la position de neutralité imposée par le Président Wilson soit annulée. Elle cofinance l’hôpital américain qui existe toujours boulevard Victor Hugo à Neuilly. Cette femme a-t-elle vraiment voulu représenter l’aigle américain épuisé d’avoir porté dans un long voyage un soldat ou a-t-elle voulu signifier autre chose ? L’aigle a été l’emblème de Rome puis de l’empire romain germanique et de l’empire prussien. Pouvons-nous envisager que le soldat américain terrasse l’aigle symbole d’un pouvoir guerrier, allemand en l’occurrence et l’écrase sur la colonne en granit breton ? Pouvons-nous envisager que l’épée était celle que l’aigle triomphant tenait dans ses serres ? Pouvons-nous envisager que cette épée ne soit pas vraiment une épée ? Le niveau et la verticale sont des symboles présents dans notre monument. Cela est plus clair si nous regardons les photos du monument d’origine. La main du soldat n’est pas serrée sous la garde mais à distance de celle-ci. L’épée ressemble alors à une croix présentée au continent. Le symbolisme change de registre. L’aigle est alors celui d’un pouvoir guerrier d’ordre plus ou moins divin qui a gouverné le monde depuis toujours ; c’est lui qu’écrase le sammy américain. L’épée n’est plus symbole de guerre et de victoire mais devient symbole de paix et d’amour. Mon deuxième chapitre concerne la morphologie très particulière du soldat. Cette morphologie est féminine. De profil, il a de la poitrine. De face, ce n’est pas le pantalon coincé dans les guêtres qui lui donne des cuisses élargies. C’est le bassin qui est féminin. Le vêtement lui-même est particulier pour un militaire qui va devoir aller ramper dans les tranchées. Les manches de la chemise sont évasées et peu orthodoxes pour un militaire. Le sac porté en bandoulière est pour le moins original. Je ne dirai pas que le casque qui était celui de l’armée anglaise peut ressembler au chapeau que les belles portaient sur les champs de course de Long Island. Ce se serait de la provocation. Peu importe le sexe du soldat. En débattre serait futile et n’apporterait aucune certitude. Gertrude laisse planer le doute et cela ne peut être fortuit. Quel peut avoir été son message ? Revenons à sa personnalité. Gertrude, née dans la très haute société américaine ne s’est pas comportée en simple héritière. Elle a été une pionnière en matière artistique. Elle a appris la sculpture auprès de plusieurs maîtres dont Auguste Rodin (4). En achetant leurs œuvres, elle va encourager les jeunes artistes américains. Certains deviendront très connus comme Edward Hopper. Quand le Métropolitain refuse la collection qu’elle lui offre, elle la lègue avec les bâtiments à son pays pour créer le Whitney Museum of American Art. Gertrude Vanderbilt affirme que l’art américain n’est pas un sous-produit de l’art européen. Cette idée était révolutionnaire à l’époque et avait trente ans d’avance. Une femme capable d’imposer à son pays l’idée que son art soit autonome vis-à-vis de l’art européen aurait-elle été capable de suggérer que le soldat ne soit pas obligatoirement de sexe masculin, et pourquoi ? Le soldat qui écrase un aigle symbole de pouvoir guerrier et masculin et qui brandit face au continent une épée devenue symbole de paix et d’amour, n’est plus nécessairement de sexe masculin. Il n’est plus le symbole du pouvoir guerrier jusqu’alors exclusivement mâle. Il est alors l’illustration d’une civilisation nouvelle qui impose de nouvelles règles définies par l’horizontale et la verticale. Dans le dernier chapitre, je souhaite étudier le symbolisme que nous connaissons bien. J’ai déjà évoqué la colonne, l’aigle et l’épée. L’horizontale et la verticale sont pour nous symboles respectivement d’amour entre les hommes et d’amour d’une puissance supérieure. Il existe plusieurs différences entre les photos du monument d’origine et la statue actuelle. Les bras, aujourd’hui sont levés. Ils étaient horizontaux au départ et formaient à mes yeux une perpendiculaire et un niveau. Bien évidemment ces symboles sont universels mais ils sont Francs-Maçons. Existe-t-il un rapport entre notre monument et la Franc-Maçonnerie ? Tapons sur un moteur de recherche « Gertrude Vanderbilt Whitney et Franc-Maçonnerie » nous n’obtiendrons aucune réponse. En revanche, tapons le nom du père : Cornelius, le nom du frère : Alfred, celui du mari ou du fils et Franc-Maçonnerie. Alors, nous verrons une multitude de liens s’ouvrir. Ces liens nous mènent à une société initiatique très particulière : SKULL & BONES. Le crâne et les os. S&B, pour moi n’a rien à voir sur le fond avec la maçonnerie telle que nous la vivons tous ; mais, sur la forme, les similitudes sont nombreuses et ont fait parler d’un ordre paramaçonnique. C’est un ordre initiatique. Bien que cette société soit secrète, nous savons que tout nouveau membre (appelé Initié) lui jure obéissance et loyauté totale (7). L’initiation se fait avec un Rituel qui rappelle la mort symbolique. (Mourir pour "re-naître"). Elle utilise des squelettes, un cercueil et les symboles que nous avons nous-mêmes découverts dans le Cabinet de Réflexion. Cette société secrète, initiatique, utilise des rituels qui rappellent d’autant plus les nôtres que les origines en sont certainement proches. C’est un ordre initiatique et traditionnel. Sa tradition est celle du pouvoir WASP, de la supériorité américaine. Cette tradition se transmet par des réseaux qui sont politiques avec trois présidents (8), et surtout les hommes qui restent au pouvoir au fil des élections. Le secrétaire d’État à la guerre de Wilson en 1917 est encore secrétaire d’État à la guerre sous Roosevelt et Truman. Henry Stimson est un S&B. Averell Harriman qui négociera les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam a été ambassadeur en URSS pendant la guerre puis conseiller spécial de Kennedy et Johnson. Surtout après la révolution russe, ce tout jeune homme par l’intermédiaire de sa banque et en toute illégalité a financé la reconstruction de l’extraction du pétrole en Russie et de l’exploitation du manganèse. Les exemples sont multiples. Ils passent par des banques (9), des organismes d’État : la Réserve Fédérale américaine et la CIA (10). Partout et jusque dans le gouvernement actuel, on retrouve à des postes clés des membres de S&B (11). Ils y imposent l’image qu’ils ont du monde, leur tradition à eux. Cet ordre initiatique et traditionnel a vocation à l’universalité. Il tend vers un nouvel ordre mondial. La liberté de l’individu s’efface devant l’autorité de l’État. George W. Bush l’avait très clairement exprimé. Enfin, faut-il insister, cet ordre est fondé sur une solidarité, nous dirions une fraternité. Si nous admettons que dans notre monument, le symbolisme utilisé par Gertrude ressemble à un symbolisme maçonnique et que tous ses proches font partie de S&B, alors il est possible de donner une interprétation différente de l’explication officielle à notre monument. S&B a une conception de l’ordre qui doit s’imposer au monde ; ordre dans lequel les États-Unis ne pouvaient accepter l’idée que la France et la Grande Bretagne ne soient pas en capacité de rembourser les emprunts colossaux contractés pendant les premières années de guerre en cas de victoire de l’Allemagne (victoire rendue vraisemblable par le retour sur le front ouest des divisions engagées auparavant sur le front russe (12)). La signification du monument pourrait-elle alors être celle de cet ordre nouveau qui vient écraser l’aigle d’un ordre ancien ? Gertrude avait les moyens financiers, une volonté exceptionnelle et le réseau social nécessaire. Elle aurait pu donner à son œuvre un symbolisme correspondant à ce qui était la vérité de son monde à elle. Cet ordre nouveau est toujours dans la logique, dans la Vérité de certains dirigeants de la première puissance mondiale et notre monument serait alors toujours d’actualité. Tout cela n’est, bien évidemment, qu’une hypothèse mais, permettez-moi d’emprunter en guise de conclusion à Paul Klee cette expression « L’art ne reproduit pas le visible ; il rend visible » J’ai dit. M\ L Références : Dans le monument avant sa destruction en 1941 : La lame de l’épée manque. 1 : Harry Payne Whitney (1872-1830) Il est associé dans la banque Brown Brothers Harriman puis dans la banque Morgan. Son père a été secrétaire d’Etat à la marine et faisait partie de S&B. Les familles Payne et Whitney sont héritières de la Standard Oïl. 2 : Dans la Meuse, sur le champ de la bataille de l’Argonne à Montfaucon, à Varennes à Romagne et à Saint-Mihiel mais aussi dans l’Aisne, la Marne et la Somme ainsi que le mémorial de l’escadrille La Fayette à Saint Cloud 3 : Cornelius Vanderbilt (1794-1877) descendant d’un colon de la nouvelle Amsterdam arrête l’école à l’âge de 11 ans, oblige ses parents a lui offrir un petit voilier à l’âge de 16 ans et organise un service de ferry entre Staten Island et Manhattan. En 1818, il vend tous ses navires et s’engage comme capitaine sur un des tous premiers bateaux à vapeur. En 1829, il achète trois bateaux à vapeur et fait la liaison entre New York et Philadelphie, dix ans plus tard, sa flotte compte plus de 100 bateaux. En 1861, il la vend en totalité et achète les lignes de chemin de fer qui ceinturent New York Il devient propriétaire du deuxième réseau ferré américain. Il est considéré comme le premier Tycoon. 4 : En plus de son atelier de Greenwich Village, Gertrude Vanderbilt Whitney ouvre un atelier à Passy au début des années 1900. C’est là qu’elle découvre une vie artistique bouillonnante. Auguste Rodin sera un de ses professeurs et l’encouragera dans sa carrière de sculptrice. 5 : William Huntington Russel de retour d’Allemagne où il a étudié la philosophie et aurait fréquenté des cercles maçonniques, rose-croix, martinistes et Illuminati crée avec 13 autres frères Skull & Bones à Yale en 1832. Son cousin, Samuel Russel, a fait fortune dans les années 1820. Sa société, Russel & Co, acquiert de l’opium en Turquie pour l’introduire clandestinement en Chine. Un de ses directeurs d’opération était Warren Delano Jr, le grand-père du futur président Franklin Roosevelt. Le Russel trust sera fondé en 1856 et reste la façade légale de S&B. 6 : En dehors des familles Vanderbilt et Whitney, on peut citer les familles Bush et Walker. : Prescott Bush sénateur aurait fait partie de la bande qui aurait volé le crane de Geronimo pour le garder au siège de S&B, son fils est George Herbert Walker Bush et son petit-fils George W. Bush tous deux présidents. Mais on retrouve les Bundy, Rockefeller, Taft, Harriman, Kellogg entre autres. 7 : Les sources sont toutes à charge. Aucun membre de S&B n’a parlé de l’ordre. Les principales descriptions ont été faites par : -Alexandra Robbins : Secret of the Tomb, Little, Brown 2002 -Antony Sutton: American’s Secret Establishment, an introduction to the order of Skull and Bones. Liberty House press 1976. 8 : William Howard Taft (1909) et Bush père et fils. 9 : Russel trust, Garanty Trust, Brown Brothers Harriman, J.P. Morgan Company, Warburg sont ou seront dirigés par des membres de l’ordre. 10 : La Reserve Fédérale Américaine, créée avec l’appui des banques Warburg, Rockefeller, Morgan entre autres, a eu dans ses fondateurs une dizaine de membres de S&B ; dont Percy Rockefeller. La CIA créée en 1947 sur les recommandations de Robert Lovett sera dirigée pendant 18 ans par F. Davidson et comptera dans ses cadres les frères Bundy, James Buckley Charles R. Walker ou plus récemment John Kerry. 11 : Steven Mnuchin, Secrétaire au Trésor et Stephen Schwarzman (Strategic and Policy Forum) font partie de l’équipe de Trump. Austan Goolsbee était économiste dans l’équipe Obama. 12 : Les États-Unis ont fourni aux alliés des denrées alimentaires, des matières premières, du coton et des produits industriels essentiellement des moteurs pour l’industrie automobile. Les puissances de l’Entente empruntent 2.3 milliards de $ entre 1914 et 1917 puis plus de 10 milliards de $ de 1917 à 1920. Le risque que le retour des troupes allemandes vers le front de l’ouest après le traité de Brest-Litovsk puisse faire pencher la balance vers une victoire allemande et rende la dette des Anglais et des Français insolvables a été un des arguments du revirement des États-Unis et de leur entrée en guerre en 1917. Cette explication est moins romantique que le « La Fayette, here we are ! » prononcé par le colonel Stanton au cimetière Picpus. |
3285-3 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |