Le
Masque
Introduction
Cette planche se propose d’exposé
les grandes lignes de la symbolique du
masque africain, ces lignes feront référence au
masque funéraire utilisé chez
les Egyptiens.
Généralement le masque est
assimilé à la face divine ou plus
spécialement la
face du soleil, qui traverse le rayonnement de la lumière
spirituelle.
L’institution des masques en Afrique grâce aux
spectacles, permet à l’homme de
prendre conscience de sa place dans l’univers. (Le
dictionnaire des symboles
Segher, 1974, J. Chevalier, A Gheebrant, P 190, 191, 192, 193)
Nos propos pourront surprendre, cependant notre
intention vise plutôt à
relier ma place dans l’univers de ma loge et la dynamique
ethnographique propre
à l’usage des masques
utilisés dans le contexte africain.
Cette relation entre rituels appartenant à
l’histoire de la F\
M\
et l’évolution des cultures africaines
mériterait d’être mise en
évidence. J’ose espérer que cette
initiative stimulera la réflexion d’autres
Frères et rapprochera «à travers mon
histoire personnelle » la richesse
des rituels appartenant aux masques et à la
symbolique des rituels
maçonniques.
Une continuité
Choisir comme thème le masque, lorsque je
postule pour mon augmentation de
salaire au sein de ma Loge peut paraître peut-être
surprenant. Cette surprise
provient parce que l’on ne perçoit pas toujours
d’emblée le rapport existant
entre le masque et la F:. M:.. J’aimerais
aujourd’hui vous en faire
découvrir le parallèle.
Aussi, me plait-il également de rappeler la
diversité culturelle,
linguistique qui existe parmi les membres de notre Loge. Cette
diversité
remonte déjà au vénéralat
du Frère Louis Deveyras de la loge Prudence, fonction
qu’il occupa de 1843 à 1848, et aussi de 1849
à 1855. Son vénéralat participait
harmonieusement au développement de notre Loge, par la tenue
notamment de
nombreuses initiations. Le recrutement des candidats se faisait non
seulement
en ville de Genève, et dans les villages environnants, mais
également
au-delà de la frontière
suisse.
Aujourd’hui encore, à la loge
Fidélité et Prudence des FF\
viennent de tous les horizons, issus de toutes les cultures,
et
religions, exerçant toutes formes de profession.
Donc au vu de ce qui
précède, je peux affirmer sans me tromper
qu’il y a une grande richesse humaine
dans notre Loge. Oui, richesse parce que chacun de nous
apporte à l’autre
le fruit de son bagage culturel et de ses connaissances personnelles
afin de
poursuivre la taille de sa pierre dans la
sérénité.
Raison pour laquelle, je me suis
imprégné de la présente
diversité pour
porter à votre très haute attention mes chers
FF:. en vos grades et qualités,
ma modeste réflexion qui
s'intitule : «Le Masque»
Mais avant de poursuivre mon propos, je
voudrais vous faire partager
le labyrinthe non pas celui des constructeurs de
cathédrales, mais plus
simplement celui de la tradition orale qui reste le fondement de ma
civilisation, par un conte africain de mon pays.
Un conte africain
Dans un village traversé par un grand fleuve
à l’orée de la foret vierge,
vivait une belle jeune fille. Cette fille
était à marier. Mais, au
préalable tous les postulants devraient concourir en
taillant dans un tronc
d’arbre une pirogue. La raison qui incita le roi à
donner la main de sa fille
en mariage contre la fabrication d’une pirogue visait un
objectif précis :
faire transporter son peuple de l’autre coté du
fleuve en terre d’abondance
afin de l’extraire de la précarité.
La fille du roi,après
délibération, avec son père, accepta
l’enjeu. Aussitôt
on vit les prétendants se précipiter
notamment la panthère, le
caméléon,
le serpent, le loup, le mouton, la tortue etc.… et
j’en passe.
Chacun munis de différents outils tels que
machette, fil à plomb, rabot,
équerre, compas, règle graduée etc.
les concurrents se mirent tous à la
besogne.
La panthère décida
d’effectuer son labeur à
l’intérieur d’une caverne pour
éviter le plagiat de son œuvre par les autres
postulants. Le caméléon alla de
l’autre coté de la montagne pour la même
raison. Le loup s’installa au sommet
de la colline loin des curieux, la tortue préféra
tailler sa pirogue au bord
de la grande route qui traverse le village.
De ce fait, les villageois qui passaient par la grande
route s’arrêtaient
pour contempler le travail que la tortue avait entrepris.
Certain
donnaient leur avis, d’autres des conseils.
La tortue silencieuse écoutait tout le monde,
et continuait chaque fois à
améliorer son labeur.
Vint le jour des délibérations et
chaque
compétiteur fut prié de
présenter au jury et à l'assistance le fruit de
son
travail. La surprise fut
générale panthère,
caméléon,
brebis, loup, serpent présentèrent tour
à
tour au jury des pirogues difformes, dénuées de
tout sens
pratique, pour avoir
choisi de travailler chacun loin de tous regards extérieurs.
La tortue qui avait reçu et
accepté les conseils des villageois
présenta une belle pirogue aux membres du jury, une pirogue
prête à transporter
ces derniers de l’autre coté du fleuve
Elle fut proclamée vainqueur, et une liesse
populaire permit à chacun de
faire la fête.
Mais contre toute attente, la tortue déclina
l’offre du roi. Car elle se
considérait libre dans ses choix. En effet, la
tortue tenait à sa liberté
et à son indépendance de
pensée exactement comme un F\
M\.
Le roi quelque peu agacé finit par
accepter la position de la tortue
qu’il considérait courageuse, ne craignant pas de
faire connaître son opinion.
Il reconnut également que l'union fait la force, le
résultat du travail
de la tortue apportait la preuve de cette évidence.
Mes chers FF\
en vos grades et qualités.
Après cet interlude nous allons rentrer dans
le vif du sujet qui nous réunit
ce jour, à savoir le masque.
Le masque, symbole de lumière
Selon la définition du dictionnaire, le
masque voudrait dire faux visage, de
carton, de plastique ou toute autre matière, peint
pour dissimuler son
visage donc son identité.
Il existe différents masques aux multiples
formes par exemple les
masques qui protègent tel que: le masque à gaz,
le masque du soudeur, le masque
de l’escrimeur, le masque de l'apiculteur…etc. Il
y a également le masque qui
dissimule l’identité, comme le masque que l'on
porte à l’occasion du carnaval
ou d’un bal masqué.
Il y a aussi l’homme ; chaque
être humain possède un visage. Pour peut
qu’il soit contrarié, heureux, malheureux,
fâché, méchant, hypocrite,
…
J’en passe. Toutes ses émotions se lisent sur le
masque du visage en fonction
de l’état d’âme de chaque
individu. Il n’est pas rare que mon visage exprime
mes émotions.
Les masques ont toujours accompagné les
hommes depuis le paléolithique
supérieur, et cela sous toutes les
latitudes. Masque en bois, en
cuir, en végétaux, en os, maquillages,
scarifications ou tatouage ils sont la
marque indélébile de la présence de
l’homme.
N’est- ce pas dans la F:. M:. que
l’on parle du masque et des deux
visages de St Jean ? Toute
l’humanité porte ou à porté
le masque,
cet accessoire énigmatique, et sans destination toujours
connue est plus
répandu que l’équerre, la
règle graduée, le fil à
plomb ou la roue.
Des civilisations parmi les plus remarquables ont
prospéré sans avoir l’idée
de la roue, mais le masque leur était familier. Il
n’est pas d’outils,
d’invention, de croyance, de coutume ou d'institution qui
fasse l’unité de
l’humanité à un
degré que le port du masque qui
l’accomplit et qui la
manifeste.
Le masque qui retiendra toute notre attention
aujourd’hui est
le masque africain que l’on
découvre en général par voie
d’initiation, et en particulier le masque okouyi de
l’ethnie gabonaise Galwa,
dont je suis originaire.
En effet, par son caractère secret et
philosophique le masque initiatique
africain entretien une similitude avec la F:. M:.,
soulignons que
cette similitude, reste aussi secrète dans son initiation
que dans ses
instructions.
Le masque gabonais
En Afrique, les masques jouent entre ombre et
lumière qui, bonne fille
comme la nature stimule l’imagination. Surnaturels ou
âmes à visage humain
initiant les générations nouvelles, un masque
africain initiatique dans sa
forme, le front toujours bombé est signe de sagesse. Ses
couleurs bariolées
symbolisent les éléments de la vie.
Les couleurs du masque okouyi sont le rouge, le blanc et
le noir, et sur son
front bombé de sagesse se trouve plaqué un miroir
que l’on peut résumer par
l’adage « connais-toi
toi-même » propos qui nous est
familier. En effet, c’est dans la connaissance de
moi-même que naît le
commencement de ma sagesse.
Il existe également une partie
réjouissance après l’initiation,
celle-ci prend divers aspects notamment la danse et le chant, le rythme
transporte les esprits et trouve toute sa
plénitude dans un mouvement
collectif. Les profanes y sont conviés sans distinction de
sexe. Par ailleurs
lors des actes quotidiens de la vie tels que les
fiançailles, les palabres,
l'intronisation des métaux notamment le fer sont
présentés soit en forme
d’enclume ou tout autre, en guise de garantie de
succès, de gage, et de
bonheur.
Dans certaines communautés africaines les
masques sont installés dans une
maison et sont honorés à travers des
présents. La fabrication des
masques est accomplie dans un lieu secret, et son porteur est
sensé resté
inconnu.
Son anonymat garantit sa liberté. Les masques
combattent la sorcellerie,
protègent contre les maléfices, rendent la
justice, éloignent les voleurs et
les criminels. Ils interviennent à tous les instants
importants de la vie de la
communauté, naissance, guerre, chasse, récolte,
funérailles, circoncision, etc.
Le masque africain s’inscrit dans un rituel
initiatique, car à travers
cultes et rites, l’homme cherche la trajectoire de sa propre
destinée, ce
qui la fonde, et la valide. Là est
l’objet de toutes croyances.
L’initiation au masque africain
s’éloigne de la pensée
dogmatique
exactement comme la F\
M\.
Le rituel est le fondement de l’histoire, il
lance un hymne poignant à la
survie du groupe, l'homme, sublime l’apparence dans un ordre
supérieur. La
nécessité de survivre, s’affirme
masquée dans le phénomène de la
croyance, la
règle commune s’appelle foi, foi en son
passé, en son avenir, elle se nomme
donc loi, loi de l’ancêtre que
représente le lignage au travers du masque
sacré.
Le rituel du masque a été combattu
comme il en a
été à l’époque de
l’attaque
antimaçonnique avant et pendant la seconde guerre mondiale,
qui
a vu la liste
des noms des FF:. de notre Loge publiés et
pourchassés
dans les années 1925.
Les Africains ont vécu une existence
similaire lorsque l’église catholique a
fait son irruption en Afrique. Le discours qui prévalait
était de dire aux
autochtones d’abandonner leurs traditions, leurs reliques,
leur savoir
ésotérique pour s’adonner au nouveau
Dieu. Il était entendu que les pratiques
anciennes étaient de l’ordre du diable, divisant
les Africains, Il fallait se
cacher pour pratiquer nos us et coutumes exactement comme le
firent
les F:. M:. à une certaine
époque.
N’oublions pas qu’au 15e
siècle, les navigateurs portugais explorent
l’Afrique et découvrent petit à petit
les masques et son art. Au siècle suivant
commence l’époque des traitants qui voit toutes
les grandes puissances
maritimes venir avec leur flotte marchandes commercer avec
les peuples
sur la cote africaine. Ces navigateurs arrivent accompagnés
de missionnaires
chrétiens qui veulent convertir les peuples
autochtones qualifiés de
barbares. Les objets de cultes pratiqués alors sont
considérés comme
des fétiches.
Au 19e siècle, les explorateurs vont se
lancer à la découverte de
l’intérieur du continent africain. Ils sont pour
la plupart géographes et la
publication de leurs relations de voyages à leur retour en
Europe va susciter
le développement d’une nouvelle science.
L’ethnologie spécialisée dans
l’étude
des peuples du monde entier et de leur civilisation est nèe
La redécouverte de l’art africain
Pendant la période de la colonisation, les
puissances étatiques vont
envoyer leurs colonnes militaires prétendant que les
Africains sont des
populations primitives, «aussi il est justifié
d'aller chez elles pour leur
enseigner la civilisation ». L’art et la
culture africaine ne représentent
aucun intérêt, ils n’existent pas. Ils
sont relégués au rang d’outils
subsistant de la période des hommes
préhistoriques, ils marquent une époque
dans l’histoire de l’humanité.
La véritable rencontre avec la culture
africaine, et son art, se fait enfin
au 20e siècle. Il est décidé une
nouvelle attitude grâce notamment à des
artistes comme Matisse, Picasso et Gaugin., ces artistes occidentaux
sont les
premiers à reconnaître en les
reconnaissant les valeurs humanistes chez
les artistes africains…
Par ailleurs, si sculpter c’est projeter sa
pensée dans l’espace
tridimensionnel, alors l'Afrique compte bon nombre de grands
sculpteurs
de tous temps, sans qu’aucun nom ne soit pourtant parvenu en
Occident.
Le masque initiatique africain n’est
pas un objet d’art conçu et
réalisé comme tel, de même le sculpteur
n’est pas simplement un «artiste» mais
son rôle dépasse de très loin
celui de l’artisan. Pourtant de la plupart
des œuvres exposées émanent une
beauté qu’avaient déjà pu
admirer Picasso,
Braque ainsi que d’autres peintres
célèbres.
Le masque initiatique africain n’est
ni un accessoire de théâtre, ni
un objet décoratif, figuratif, ni un objet d’art
dans sa finalité comme nous
l’observons conditionné par un goût
européen, on ne peut pas parler d’un objet
inerte, utilisé dans le but d’accomplir
des d'actes de sorcellerie.
Il est plus exact de parler d’un
«être» sacré qui utilise le
support
matériel d’un humain
considéré alors comme gardien, pour
apparaître
et s’exprimer.
Le masque est conçu pour provoquer
également des sentiments de respect, de
crainte, de terreur, de courage, voir d’hilarité.
Malheureusement tout ce qui provient d’Afrique
est souvent
entourée en Occident de beaucoup de
préjugés, et les idées qui sont
véhiculées par la presse sont pleines
de clichés, exactement comme les
profanes parlent le plus souvent de la F\
M\.
L’initiation chez les Galwa
Le masque initiatique qui se nomme Okouyi chez les Galwa
du Gabon
reflète non seulement la richesse de
l’histoire, de la philosophie,
des mythes de cette ethnie mais marque également
une vive sensibilité et
une grande sensualité
représentées de manière symbolique.
D’ailleurs
toutes formes d’initiations fait appel à
l’univers symbolique.
Le masque de par sa forme, ses accessoires,
ses traits, son
initiation, son éducation, ses symboles transmet au jeune
profane toute la
profondeur que représente son initiation. A partir de ladite
initiation l’homme
approche le mystère, s’en abreuve, s’en
imprègne, au même titre que la
nourriture terrestre et il meurt sans avoir trouvé
de réponse.
Les jeunes initiés sont tous du sexe masculin
préparé à cette étape
dès la
puberté, cela fait partie du processus naturel de
l’évolution de vie du jeune
homme.
Il n’y a aucune sélection
au préalable, sauf celui
d’appartenir
au même groupe ethnique et d’être de sexe
masculin. La raison est fort simple
le jeune initié doit pouvoir maîtriser
parfaitement le langage ésotérique afin
de suivre l’enseignement. Car il ne s’agit point de
prendre des notes ou encore
de lire des livres pour s’imprégner de la
philosophie du masque. Le seul moyen
autorisé pour assimiler les différentes planches
orales qui font office d’une
partie de l’instruction est l’écoute,
ceci conformément à la tradition orale
dont nous sommes issus.
La présence des femmes est strictement
interdite pendant le processus de
l’initiation au masque. Pour elles existent
d’autres formes d’initiations
également interdites aux hommes.
L’initiation du masque okouyi chez les Galwa
du Gabon s’accomplit à travers
trois voyages.
Le premier voyage
Le jeune initié est pris en charge par des
maîtres, qui le préparent à son
initiation, il faut souligner que les initiations se font toujours en
présence
de plusieurs profanes. Cette étape est faite à
l’arrière cour du village c’est-
à- dire à l’orée du bois.
L’espace en question est un genre de cabinet de
réflexion comme celui que le profane découvre
dans la F:. M:.. Puis le jeune
initié que l’on appelle Mbouna ce qui signifie
apprenti, doit apprendre à
développer une capacité de rapidité
face aux obstacles qui lui sont dressés, à
évaluer les distances à être malin pour
ne pas tomber dans les pièges qui lui
sont tendus. Il doit pouvoir se faufiler sans être
touché par le masque sacré
et parvenir jusqu’à l’okosso sous les
applaudissements du public.
L’okosso est un genre de temple ou ne se
retrouvent que le masque, et les
initiés. D’ailleurs lorsqu’une personne
étrangère est repérée dans
ce lieu elle
est soumise au tuilage exactement comme dans une Loge
maçonnique
Le deuxième voyage
Il s’agit de la découverte des
symboles; le jeune initié se retrouve face au
masque initiatique et découvre non seulement le secret, mais
également le
chemin qu’il doit emprunter tout au long de sa vie pour
découvrir le fondement
de son existence par des rites de passage liés à
la première initiation.
Le troisième voyage
L’initié est conduit dans la grande
foret ou de hautes futaies au couvert
sombre semblent écraser l’homme de leur puissance
en même temps qu’elle lui
sont indispensables. A l'ombre de
l’épais sous- bois, au pied de ces
grands arbres dont seule la tête à quarante ou
soixante pieds accède à la lumière
se trouve assis le gondjet c’est- à- dire le
vénérable entouré de son
collège.
Aussi face à ces décors l’homme se sent
physiquement appartenir à l’univers
immense, en même temps qu’il a pleine conscience de
sa faiblesse et de sa
précarité.
Les initiés pendant de longues semaines
reçoivent l’instruction, dans ces
lieux ou pour survivre, il faut tout voir, tout entendre, tout sentir,
surtout
ce qui échappe d’ordinaire à nos
facultés visuelles, auditives, olfactives.
Par ailleurs, lorsque l’on
s’imprègne des deux visages de saint Jean,
l’on
constate que son symbole fait apparaître deux visages dans
deux directions
opposées l’un représentant un
vieillard et l’autre la jeunesse à savoir
le passé et l’avenir.
L’on retrouve cette même approche
symbolique au cours de l’instruction
du jeune initié au masque okouyi chez les Galwa du Gabon
à savoir la naissance
et la mort c’est à dire le
passé et l’avenir. Il faut préciser que
dans la cosmogonie de mon ethnie l’âme ne meurt
pas, il revient sur terre d’ailleurs
a ce sujet nous avons des rituelles qui marque bien cette
idée.
Le cabinet de réflexion qui est
assimilé aux entrailles de la terre dans les
deux visages de Saint Jean, trouve également un
parallèle dans l’okosso (genre
de temple) qui symbolise, dans l’initiation du masque un
tombeau. Il s’agit du
lieu ou les apprentis naissent vers une cosmogonie sacrée
prenant pour base la
terre. Tu es né poussière et tu retourneras
à la poussière.
Le masque initiatique okouyi des Galwa du Gabon
à plusieurs fonctions, car
il est tout à la fois vecteur essentiel de revendication
d’une identité locale,
un être mythique qui fait respecter
l’équité, il est également
le bienfaiteur
de la communauté. Le masque représente donc une
institution traditionnelle
jouant une fonction à la fois religieuse,
politique, économique,
symbolique et initiatique.
Les différents aspects
Le masque initiatique assure la
médiation entre Dieu, les ancêtres et
les hommes.
Le masque est l’instance
suprême pour le règlement de tous les
problèmes qui peuvent se poser à la
communauté. Dans l’okosso (temple)
par exemple l’on ne tient pas compte du titre ou de
la richesse qu’un
individu possède dans le monde profane. Tous les
initiés sont égaux et ne
comptent que leurs grades et qualité dans
l’initiation du masque. Le masque
fait régner l’ordre et la justice,.
Lorsqu’il a fait connaître sa décision,
nul
ne peut le contredire et celle-ci est sans appel.
Le masque veille au respect de l’environnement
et a l’harmonie de la communauté.
Il assure la pérennité du savoir oral. Il assure
le lien entre les morts et les
vivants. Il apporte au village la paix et la
bénédiction des ancêtres.
Le masque okouyi des galwa du Gabon appartient au
patrimoine culturel de
l’Afrique. Il est dépositaire de la culture,
d’une ethnie. Les hommes se
succèdent, les peuples se déplacent, la
société évolue, mais le masque okouyi
reste depuis sa création témoin de ces
multiples changement et mutations.
Il peut donc rendre compte des évolutions
accomplies par cette ethnie.
Le masque représente la stabilité
sociale nécessaire pour le développement.
Il est le bien collectif qui appartient à
l’ensemble des tribus de l’ethnie…
par exemple lorsqu’un arbre fruitier est initié au
masque personne n’a le droit
de cueillir les fruits sans l’accord du collectif. La
cueillette se fait selon
un consensus et est redistribuée équitablement
à tous les membres de la tribu.
On peut dire que le masque de par son initiation se
préoccupe de la personne
humaine en tant que multiplicité intérieure,
inachevée au départ, mais appelée
à s’ordonner et à s’unifier
afin de trouver sa juste place au sein des
unités plus vastes que sont la
communauté humaine et l’ensemble du
cosmos. Exactement comme le F:. M:. cherche à
trouver sa place dans la
construction de l’édifice.
L’homme dans le contexte de son initiation est
ainsi appelé à devenir
le point d’équilibre des diverses dimensions dont
il est porteur.
Dimension phylogénétique:
c’est à dire par rapport à
l’être ancestral
Dimension socioculturelle : par rapport au système
des alliances et de
la communauté élargie.
Lorsque que l’on accède
à l’univers initiatique du masque, un ensemble de
valeurs sont instaurées :
- Dans la
catégorie des
valeurs personnelles ou individuelles il y a, je cite :
la
connaissance de soi et de son origine, l’amour du prochain,
l’altruisme, la sagesse c'est- à- dire
maturité de
jugement et clairvoyance, la dignité, la
persévérance, la tolérance et
l’ouverture,
l’hospitalité, la respectabilité, le
courage, le
sens de l'honneur, la fidélité aux engagements et
à la parole donnée, la tempérance,
l’esprit
démocratique, l’endurance, la
générosité, la reconnaissance,
l’honnêteté, la maîtrise de
soi, la franchise,
et la retenue. Toutes ces valeurs relèvent de
l’approche maçonnique.
- Dans la
catégorie valeur collective, je dirais :
Le respect de l’ancien, la relation parentale, le respect de
la tradition et enfin dans les valeurs en
société : il y a la curiosité
pour le passé, respect du savoir-faire ancien, la
fidélité à la tradition, le respect de
la vie, la solidarité, la sociabilité,
le patriotisme, le respect du bien commun, le sens
du devoir.
En un mot l’on inculque au profane les trois
principes de base fondamentaux
et indispensables pour mener une vie en harmonie complète
avec ses semblables à
savoir :
- Le respect
des parents et de la loi de séniorité,
- La crainte
de la honte, pour soi et pour sa famille,
- La
discrétion.
Conclusion
Je remercie tous les FF\
qui de près ou de loin m’ont aidés par
leurs
conseils, et instructions, afin que je puisse vous
présenter, en vos
grades et qualité ce travail.
En effet, comme je le disais dans mon introduction
à travers un conte venu
d’Afrique, je reste convaincu que l’union
fait la force. Et la différence
lorsqu’elle est intégrée devient
une richesse exceptionnelle par son
brassage. Y aurait- il dans l’univers un livre
unique ?
La similitude de certaines choses conçues
par l’homme dans des
environnements pourtant différents quelles que soient ses
origines, son
histoire, m’interpelle.
Raison pour laquelle le rejet de l’autre
m’ulcère. La paix, l’ouverture
d’esprit, la tolérance et le respect sont des
valeurs qui se veulent
universelles et la F\
M\
est la meilleure école pour les promouvoir.
Il me plaît de faire partager les
pensées du jour ci- après,
aimer comme le recommandent nos institutions est souvent
au-delà de nos
forces, pourtant la compréhension de
l’autre, la tolérance à
l’égard de
sa pensée, de ses coutumes, de sa foi, ne l’est
pas.
La F\
M\
est sans aucun doute la seule institution qui invite Blancs ou
Noirs, Chrétiens, Juifs ou Musulman, sans parler
d’autres religions de par le
monde dans une fervente injonction à nous tendre les mains,
à nous comprendre,
à nous regarder dans les yeux, à enterrer entre
guillemets la hache de guerre,
à lever notre regard et à regarder
le G\
A\ D\ L\ U\,
qui appartient à tous.
Aussi avant de nous séparer, je voudrais dire que
l'enseignement que j’ai reçu
dans l’initiation du masque africain, je le retrouve dans les
mêmes termes dans
la F:. M:. à travers la poursuite des valeurs identique. Je
vous remercie de
m’avoir accepté dans la loge
« Fidélité et
Prudence ». J’ai acquis la
conviction d’avoir frappé a la bonne porte.
An 6006 de la vraie lumière
Dieudonné
N\ -
Frère de la Loge Fidélité et Prudence
à l'Orient de
Genève |