GLDF | Loge : Amour et Spiritualité - Orient de Gex | 25/04/2007 |
Travail Maçonnique et Travail Profane ont-ils vocation à s’opposer ou à se compléter ? (P.S. Les parties en italiques sont prévues dans la planche initiale mais ne seront pas lues lors de la présentation de la Planche pour ne pas monopoliser le temps de parole et ménager mes frères, dans un souci aussi de concision ; Il me paraissait seulement important pour la cohésion de l’ensemble que de garder le premier jet de mon « Travail » pour en étoffer la lecture et la réflexion « à tête reposée »…) Qu’est ce que le Travail ? Le terme « Travail » est issu de l’ancien français « Tourment, souffrance » (XIIème siècle), lui même issu du bas latin « Tripalius » (VIème siècle) issu du latin « Tripalium » qui signifie « Instrument de torture à trois poutres ». La racine « Trav » vient de « Trab, trabis »,signifiant « poutre ». La définition du travail est selon les dictionnaires de toutes sortes l’activité, rémunérée ou non, dont le but est de produire une richesse. En physique, le travail correspond à la quantité d’énergie requise par une force pour déplacer une chose. C’est aussi le moment durant lequel les contractions de l’accouchement se produisent. L’unité internationale du travail est le JOULE. On utilisait aussi couramment autrefois le CHEVAL VAPEUR, qui a donné les chevaux de puissance des moteurs modernes. Les machines consomment de l’énergie en effectuant le travail pour lequel elles ont été conçues. Dans l’expression : « C’est quoi ce travail ? » on parle plutôt d’une activité sans but, sans résultat ou inachevé. C’est enfin le bâti qui servait à la contention des chevaux et des bovins, durant la pose des fers ou pour des opérations chirurgicales. Mon travail a débuté avec ma naissance, voire avant ma conception par les caractères génétiques qui me furent transmis par mes ancêtres, intégrant leur propre travail à eux mêmes, préalable et initiateur, initiatique ? Puis naturellement dans mon cheminement personnel en entrant en Franc Maçonnerie, j’ai demandé comme vous tous la Lumière. J’ai frappé à la Porte du Temple et vous m’avez ouvert. J’ai alors écouté dans le Silence de l’Apprenti sur la colonne du Septentrion avant que d’être autorisé par mes pairs, Frères et Maîtres de mon Atelier, dans son Amour et sa Spiritualité, à passer sur la colonne du Midi une fois une fois devenu Compagnon. Le silence de l’Apprenti est un temps de réflexion, qui préside à tout travail sérieux ensuite car il permet de faire un brouillon en quelques sort afin de produire un travail d’un seul jet pour ne pas briser la pierre mais la peaufiner petit à petit, en apprenant à doser ses efforts en frappant avec force et vigueur mais aussi avec la plus grande précision sur le ciseau avec son maillet. On m’a ensuite initié à l’Art du Trait, afin que j’apprenne à utiliser au mieux mes outils symboliques, afin que par la Science des Nombres je trace sur le sol le Pentagramme. Maîtrisant un peu mieux l’Art Royal par mes enseignements de Compagnon, j’ornais alors son centre d’un G majuscule comme Géométrie, comme Grand Architecte de L’Univers, sujet de ma dernière planche tracée. Mon Etoile flamboie à présent et par l’acquisition de la Quintessence je parviens à mettre en exergue les Quatre Eléments symboliques pour les transcender et parvenir à en retirer par la démarche initiatique qui est mienne la substantifique moelle me permettant de prendre part à la construction de l’Edifice, que ma Pierre Brute se façonne de plus en plus afin qu’enfin Taillée elle prenne toute sa part et toute sa mesure dans l’amélioration spirituelle de l’Humanité. Pour comprendre le travail, il faut avoir quitté le troupeau borné qui, peinant sous le joug, a décrété qu’il s’agissait d’un châtiment. Le Travail peut être une souffrance, je vous renvois là aux travaux forcés que des générations d’esclaves et de prisonniers à travers tous les âges ont eu à endurer, mais s’il n’y avait pas de souffrance, comment expliquer la joie et s’il n’y avait pas de fatigue, comment justifier le repos ? Ce repos dont je parle c’est celui auquel nous avons droit une fois achevés nos travaux par le Vénérable Maître à l’issue de la Tenue, passé l’heure de Minuit à la fin de la carrière du jour, car il nous faut la Lumière de l’Astre Solaire pour notre travail de Midi à minuit, et la Lumière de la Lune pour que pendant le repos maçonnique commence le travail en dehors du Temple, sur le chantier du Monde à améliorer. C’est la souffrance du travail abêtissant qui donne à l’Homme d’abord le désir, ensuite le courage, de s’affranchir de sa primitive bestialité. Mais attention à appréhender ces concepts sur un plan maçonnique uniquement car son expression concrète, dans la Cité, à malheureusement par le passé conduit aux pires abominations et aux pires excès, que se soit dans l’histoire de l’esclavage mais aussi dans les idéologies politiques nazie et communiste, tout en étant toujours actuellement d’une affreuse actualité dans l’économie du tiers monde et le travail de ses enfants. Se soustraire au travail c’est rompre le « Contrat » qui nous lie à nos semblables, comme l’a écrit Jean Jacques ROUSSEAU dans le troisième livre de son « Emile ou de l’Education » : « Travailler est un devoir indispensable à l’homme social. Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon ». Cette affirmation interdit d’accorder le moindre droit à la paresse. « Nul père par l’héritage qu’il laisse, ne doit transmettre à son fils le droit d’être inutile à ses semblables. Celui qui mange dans l’oisiveté ce qu’il n’a pas gagné lui même le vole. Hors de la société, l’homme isolé, ne devant rien à personne, a le droit de vivre comme il lui plaît ; Mais dans la société, où il vit nécessairement aux dépens des autres, il leur doit en travail le prix de son entretien ». Cette idée a abouti onze ans après la mort de ROUSSEAU à l’abolition des privilèges par la toute jeune Assemblée Nationale dans la nuit du 4 Août 1789 et est à la base du concept de socialo-communisme tel que l’édictait de façon sans doute utopique Karl MARX à la fin du XIXème siècle. C’est tout de même une source de progrès social, à la base de nos démocraties modernes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le fondateur du Code du Travail, Arthur GROUSSIER, a été député pendant près de 25 ans mais surtout dirigeant du Grand Orient de France. Martin NADAUD pour sa part, maçon de métier et franc maçon, est à l’origine en 1898 par son travail incessant et fécond de la première grande loi sur les accidents du travail. Dans sa lettre encyclique sur le travail humain, publié en 1981, le pape Jean Paul II, fossoyeur du communisme à l’est de l’Europe, avait déclaré : « L’Homme doit travailler parce que le Créateur, (pour nous le Grand Architecte !) le lui a ordonné, mais aussi du fait de son humanité même dont la subsistance et le développement exigent le travail. L’Homme doit travailler par égard pour son prochain, spécialement pour sa famille, mais aussi pour la société à laquelle il appartient, pour la nation dont il est le fils ou la fille, pour toute la famille humaine dont il est membre, étant héritier du travail des générations qui l’ont précédé et en même temps dépositaire et co-artisan de l’avenir de ceux qui viendront après lui dans les suites de l’histoire. Tout cela constitue l’obligation morale du travail entendue en son sens le plus large. Lorsqu’il faudra considérer les droits moraux de chaque homme par rapport au travail, droits correspondants à cette obligation, on devra avoir toujours devant les yeux ce cercle entier de points de référence dans lequel prend place le travail de chaque sujet au travail ». La Franc Maçonnerie, jadis opérative, devenue spéculative au XVIIIème siècle, a souscrit aux déclarations de ROUSSEAU que nous avons citées plus haut. Elle est apparue et s’est développée de façon contemporaine aux idées qui visaient à redonner sa place au travail, en rupture avec l’Ancien Régime qui le renvoyait à un niveau dégradant, déprécié, réservé à une caste (Rome, la Grèce antique et ses métèques, l’Egypte pharaonique et ses cohortes d’esclaves), ou au tiers état, paysans et petits bourgeois du moyen âge, pour remettre l’Homme au centre du travail et çà sa place dans la construction de la société et d’un monde meilleur, idéal social, économique, politique, philosophique et spirituel. Le Travail Profane : Seuls ceux qui n’en sont pas privés sont-ils autorisés à proclamer : « Gloire au Travail ? ». On voit malheureusement que ceux qui sont au chômage, maladie endémique de notre société, se trouvent vite désociabilisés, se sentant inutiles à eux mêmes, à leur famille, à leur Cité même si ce n’est pas ce à quoi ils pensent en premier, tant le choc de « l’Un-emploi », comme on pourrait le lire en anglais, est grand. Il est d’ailleurs intéressant de voir que emploi et utile ont une racine proche. Trouver un emploi adapté à ceux qui en sont capables est sans doute une tâche qui dépasse désormais, du fait de la mondialisation, les compétences d’un seul Etat, et est une des questions centrales de toute politique, qu’elle soit publicitaire lors des campagnes électorales, que faisant partie des préoccupations primaires lors de la mise en place d’un programme politique. Le souci est que parfois peut être on oublie la valeur du travail pour trouver dans la population nombre de personnes qui ne souhaitent travailler que pour manger à la fin du mois ou payer leur loyer, normes devenues basiques, mais aussi nombres d’individus qui ne souhaitent pas travailler, estimer que le groupe, la société est là pour les assister. On a tendance de plus en plus souvent à penser qu’on a des droits, ce qui est certes essentiel, mais en oubliant que systématiquement il doit s’y trouver corrélés des devoirs, que beaucoup ont tendance à occulter… Le principe du plaisir fait qu’avec la réduction du temps de travail on a voulu apporter plus de temps de loisir aux gens mais ce message sans nul doute noble au départ est souvent dévié de son sens initial pour ne retenir que l’on pourrait moins travailler tout en gagnant autant, voire plus, sans se soucier de savoir si la quantité de travail produite apporte malgré tout une amélioration de sa propre situation et, vœu pieu, une amélioration de la société dans laquelle on vit, apportant joie, bonheur et prospérité au plus grand nombre. C’est ce que l’on appelle un effet de levier, ce qui pourrait tout à fait être un outil maçonnique mais utilisé par le monde profane.Supposons que la majorité des êtres humains soit véritablement occupée à des tâches à la fois extrêmement diverses et toutes socialement utiles, ou reconnues : rien ne saurait mieux garantir la paix à l’intérieur des nations et entre elles. D’ailleurs on le retrouve dans l’histoire, il n’y a pas eu de conflit majeur dans les périodes de plein emploi mais lors des grandes croises économiques les positions des uns et des autres se radicalisent, provoquant de moult sources de conflit aboutissant à des guerres trop souvent. Kant, dans son essai de « Vers la Paix perpétuelle », pensait que le commerce, entre les peuples, aux aptitudes et aux ressources naturelles différenciées, répartis sur toute la surface de la terre habitable, finirait par se substituer aux guerres entreprises dans le but plus ou moins déguisé de s’accaparer les richesses d’autrui, sans effort, et de surcroît en éliminant de plus de façon abjecte il en est lors des combats une partie de sa propre population, qui souvent fait partie de ceux qui sont le moins bien formés, le plus difficile à placer dans le monde du travail. Kant n’aurait pas imaginé être visionnaire en son temps car le libéralisme économique est devenu, loin de se préoccuper de l’Homme au sens large mais plutôt de raisonner en terme de profit de quelques uns, le plus grand nombre étant laissé de côté, mettant son travail à contribution sans contrepartie. On est arrivé ainsi à une véritable anarchie entretenue par la compétition à outrance, une sorte de nouvelle « Loi de la Jungle », peu propice à une démarche philosophique. Déjà l’Eglise des premiers siècles avait un dilemme avec la question du travail profane.En effet son statut était considéré comme pouvant contrebalancer le travail pastoral. Paul dans ses écrit a beaucoup travaillé à cette question et tente de justifier le partage entre membres de la communauté chrétienne travail profane pour nourrir les corps et travail évangélique pour nourrir les âmes. Cela est d’une brûlante actualité maçonnique mes frères, ne trouvez vous pas ? On dit qu’une société économique qui fonctionne bien a moins de 5% de sa population au chômage, ce qui n’est plus le temps depuis longtemps en Europe de l’Ouest mais à ce niveau le C.E.E est un garant de la paix entre ses peuples. Les USA, patrie du travail pour tous et du rêve qui lui est directement attaché, où tout est permis en théorie, à condition de faire les efforts qu’il faut qui s’avèreront payants, sont arrivés loin au dessous de ces taux de chômage. Selon beaucoup d’économistes, dont Viviane FORRESTER, pour continuer à exister, les Etats Unis ont besoin de semer le trouble, la discorde et de faire la guerre à l’extérieur de leur frontière car ils sont arrivés à un niveau de développement qui est proche du sur-régime et pour consommer il faut créer des besoins donc détruire si les gens ont déjà tout. Le Japon, après de nombreuses années en dessous de ce taux de 5%, voit son industrie de plus en plus mise à mal par ses voisins que sont la Chine et la Corée du Sud, source de conflits latents. C’est le même souci entre l’Inde et la Chine pour comparer les deux géants de demain. Platon a démontré quel serait l’ordre idéal de la Cité en suivant le paradigme de celui de l’âme où l’appétit prend toujours le pas sur la raison. Ce sont les intérêts particuliers qui finissent par gagner sur l’intérêt général, ce qui corrompt toute république. En d’autre terme l’absence de toute préoccupation morale dans le domaine économique, même si elle génère des fortunes soudaines en délocalisant l’exploitation des travailleurs fondée partout dans le monde sur le moindre coût de la production, prépare à plus longue échéance une faillite totale du système par la liquidation de toutes les traditions de métiers en lesquelles s’incarnent les savoir-faire des hommes. La valeur du travail, pierre d’achoppement dans tous les travaux des économistes, dont MARX lui même n’a pas trouvé le définition ultime malgré ses équations sur le « temps de travail » et le partage de ce temps de travail et du fruit de ce travail, nécessaire à l’entretien de la force de travail du travailleur lui même. Cette valeur ne peut pas être calculée sans faire référence au contexte socioculturel du pays où œuvre le travailleur et à l’universalisation réelle d’un Droit des gens conforme à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. On en est loin, notre Frère GOUSSIER doit s’en retourner dans sa tombe ! Cette valeur du travail, qui permet de fixer une échelle de salaires, doit ménager la coutume locale mais elle doit cependant la brusquer pour qu’une certaine unification des pratiques finisse par garantir une certaine équité des échanges. Les gardiens de la cité que nous sommes doivent œuvrer pour défendre la cité contre l’ennemi extérieur certes mais surtout l’ennemi intérieur, à savoir notre ego et ses passions contre lesquelles il faut lutter activement et de façon permanente afin d’œuvrer avec les outils qui sont les nôtres, avec l’Art du Trait que le compagnon a appris à maîtriser en restant silencieux à l’écoute de ses maîtres sur la colonne du nord, quand il était apprenti. Maniant ses outils du mieux qu’il peut il construit son pyramidion sur sa pierre cubique enfin taillée afin de prendre toute sa place dans l’édifice commun. Le Travail Maçonnique : La voie qui mène à la Lumière, à la Vérité, nous est ouverte, mais nous n’y accédons pas par le simple miracle d’un cordon, d’un tablier et d’une paire de gants blancs revêtus à l’entrée du Temple ; Ce n’est là ni un droit, ni une faculté que les membres de notre ordre acquièrent par leurs seules capitations mais c’est le fruit d’un effort, l’accession à la Lumière n’est en effet pas un dû mais une récompense légitime à un processus dans lequel je me suis engagé à vos côtés sur la voie de l’initiation. C’est un mécanisme psychique, spirituel mais aussi physique sans doute où de tout mon Etre par la pratique assidue du VITRIOL, dans le cadre du Rituel Ecossais Ancien et Accepté afin qu’enfin, comme lors de notre chaîne d’Union, loin de tout souci matériel s’ouvre pour moi le vaste domaine de la pensée et de la spiritualité, faisant que la Vie n’est rien, la mort non plus, puisque seul le Travail est quelque chose, il justifie l’un et ennoblit l’autre. C’est cela le travail maçonnique ! L’assiduité aux Travaux de Loge est une des premières vertus en maçonnerie, elle est indispensable compte tenu de l’importance du vécu en Loge. Nul ne peut devenir maçon s’il n’est assidu, car c’est par le travail qu’on devient maçon, comme dans le monde profane où c’est à l’école de l’apprentissage où l’on apprend son métier, chacun selon ses capacités matérielles et mentales, aucun métier n’étant que je sache connu et maîtrisé de manière innée. Pour réaliser mes intentions de franc maçon, mon dessein, pour œuvrer à l’amélioration spirituelle de la société comme m’y invitent le Vénérable Maître au travers du rituel, par l’intermédiaire du Second Surveillant, qui se place à Midi, sous le Soleil, pour nous inviter de la Récréation au Travail et du Travail à la Récréation, je peux orienter ma démarche selon six axes bien distincts, chaque axe pouvant être développé par chacun de mes frères, selon le temps et ses propres intérêts, toujours dans le cadre de l’initiation. Chaque axe devient lors un outil de développement d’un « savoir être », d’un « savoir faire ». Le premier axe est l’aspect fraternel, qui repose sur la tolérance d’autrui. J’ai appris à écouter mais aussi à entendre, de manière à ce que chacun puisse s’exprimer, me faisant profiter d’un point de vue différent auquel je n’étais auparavant pas forcément sensible, pensant peut être que mon éducation, mes études, mon métier…suffisaient â être plein de certitude et m’illusionnant sur une éventuelle connaissance, une vérité que seul je détenais… Le deuxième axe du travail est l’étude du symbolisme, la pratique du rituel, leur approfondissement par le recours au VITRIOL, à l’athanor spirituel, mû par l’amour de mes frères, afin d’apprendre ce langage commun, l’utilisation, de nos outils pour oeuvrer dans la bonne voie, sinon comment avancer si on ne parle pas tous d’une même voix, de la même chose, utilisant le même langage pour que notre cathédrale spirituelle s’élève, et surtout que ses fondements soient les plus solides possibles, afin de ne pas s’effondrer telle la Tour de BABEL. Les deux premiers axes étant admis, je peux ensuite passer au troisième axe, à savoir le travail au progrès de l’humanité, c’est la dimension sociale. Le quatrième axe celui du travail sur soi. Cela chaque jour forcément me renvoie une image de moi, que je vise ensuite à améliorer, c’est le travail sur moi, selon l’adage de Socrate, afin de me connaître moi même si je prétends connaître les mystères et les dieux ! Je n’ai pas oublié le miroir que l’on m’a présenté lors de mon initiation, je sais que le principal ennemi est en moi mais tel « L’alchimiste » de Paulo COELHO et bien sûr « Le Petit Prince » d’Antoine DE SAINT EXUPERY, je sais aussi que le secret, la réponse est en moi, et que partagée avec vous, cette petite parcelle de vérité grandit pour s’imposer naturellement au plus grand nombre ! Cette connaissance de soi est donc partagée même si,elle revêt une dimension individuelle, on est vraiment là dans le déni presque de sa propre personne en tant qu’individu vil, passionné, non initié, vers le nombre, le groupe auquel seule la démarche est importante, la construction permanente. Cette dualité entre une démarche personnelle et un processus de groupe est utile car elle permet grâce à la fraternité de partager un questionnement personnel ou l’évolution d’une attitude suite à l’intégration d’un symbole. Il concerne aussi le partage des impressions laissées par une cérémonie. C’est le moment où le franc maçon que je suis tourne son regard sur lui même et mesure mon engagement et mon progrès, donc mon aptitude à l’accès à la Lumière, à la Connaissance, sur la voie de la Vérité. Le cinquième axe concerne l’aspect philosophique et pour une grande majorité d’entre nous l’aspect spirituel. Au delà des religions, je suis amené à analyser en permanence et parfaire ma position, mes positions, mes points de vue, mes impressions, sentiments, émotions en fonction des plus hautes valeurs morales. Les questions de morale et d’éthique sont toujours présentes au sein d’un atelier maçonnique.Le maçon est un philosophe dans ses efforts de saisir les causes premières et les fondements des valeurs humaines. Nous sommes appelés alors à considérer ces valeurs comme le reflet d’un principe supérieur, le Grand Architecte de l’Univers. Le sixième et dernier axe du travail en atelier concerne la vie de l’atelier, son maintien et son administration. On retrouve ici toutes les tâches de planification, de gestion des locaux, de secrétariat et de trésorerie. D’aucun diront qu’elles sont un mal nécessaire mais elles sont autant d’occasions de croissance personnelle. Le maçon apprend le don de soi, la responsabilité, la rigueur et la discipline. L’effet cumulé de ces axes de travail, qu’ils soient réalisés par moi même ou par une contribution à ceux de mes frères, constitue le vecteur de la croissance personnelle que chaque maçon vise. Tout n’est pas que travail dans la vie de l’Atelier mais tout y contribue à enrichir, étoffer, maturer le franc maçon que je suis pour m’apporter la force morale dont j’ai besoin pour investir mon énergie dans la Cité. Le franc maçon a donc deux vies, ou plutôt une seule en deux parties. Le pendant de la vie en atelier, spirituelle, est la vie extérieure, dans le monde profane, la Cité, une partie de vie plus concrète peut être. La démarche qui est mienne depuis mon initiation est fondée sur l’utilisation des outils et des symboles qui me sont offerts à chaque instant. Cette démarche serait stérile si elle ne trouvait pas son miroir et je le dis à dessein, dans la Cité. Chaque maçon est libre de ses choix et de ses interventions. L’Ordre et l’Atelier par contrer n’interviennent pas de façon directe ou identifiée dans la Cité. Il y a interconnexion permanente pour moi entre la Loge et la Cité. Le profane, le non initié, vise à être initié et l’initié, celui qui sait, ou en tout cas celui qui cherche, vise à faire profiter la Cité de son travail. Tout comme il y a des axes de travail en Atelier, il y a des comportements responsables dans la Cité. Le maçon apprend à se considérer comme un membre à part entière de la famille humaine et abandonne toute idée de discrimination et d’exclusion. Il faut regarder au delà des évidences pour rechercher le sens profond des choses. Le maçon agit avec responsabilité et rigueur, avec une tolérance extrême, en éveil permanent, en veille constante. J’agis au quotidien dans la Cité dans le respect de mes engagements maçonniques, personnels et fraternels. Je modère mes propos, de fais preuve autant que possible d’attention, de commisération, de vigilance. Je suis attentif à l’autonomie et à la qualité des autres, chacun pour moi ayant sa place à mes côtés et moi même à ses côtés. Plus fort grâce à la maçonnerie, je travaille chaque jour en tant qu’homme et en tant que médecin au bonheur de mon prochain, à l’amélioration de son état de santé physique et psychique, le plus important pour moi étant de travailler en amont des symptômes, en devançant les problèmes, en agissant par la prévention, et non en tant que simple curateur. Nous devons avancer main dans la main à la construction d’un monde meilleur. L’Homme, le Franc-Maçon, doivent de concert l’un avec l’autre, l’autre avec l’un, l’un pour l’autre, l’autre grâce à l’un, œuvrer à s’affranchir des contingences matérielles du travail, se libérer de cette forme d’esclavage, de servitude, pour finalement s’en détacher y compris sur un plan économique, ce qui lui permettra de comprendre ce que le Maçon a compris sur un plan spirituel, à savoir que le travail est la fonction naturelle de l’homme et que s’y soustraire c’est déchoir et se retrancher du monde des vivants. C’est pourquoi il faut aimer le travail comme notre propre vie.Déplacer un grain de sable peut demander une vie d’homme, et même si individuellement ce grain de sable est peu visible à un homme seul, il vient un jour où tous les grains de sable accumulés par tous les hommes de bonne volonté finissent par faire une montagne et, se heurtant à l’obstacle le cours de la vie humaine risque d’en être changé. Le sage agit car ce qu’il a imaginé, conçu, amené à maturation, finalement concrétisé par son travail est doux et beau à son regard, n’est que pour lui dans son cœur que sagesse, force et beauté, divine proportion et Lumière, comme le ciel des nuits sereines, lorsque toutes les étoiles brillent, clignotent au firmament, ou encore parce que son cœur s’épanouit quand il livre à l’emportement des vents qui passent les grains précieux de sa récolte et qu’il sonde qu’ainsi ils germeront peut être, un jour, quelque part… Pour être fécond il faut encore que le travail soit pur, c’est le but du travail maçonnique, de la démarche initiatique, que de permettre au compagnon de manier sagesse et pureté par l’Art du Trait qu’on lui appris mais que surtout il appréhende seul à utiliser avec discernement et mesure. La méthode que j’ai appris me permet de soustraire mon effort, mon travail, aux dangers des diversions d’ordre passionnel, profane, pour que l’ouvrier que je suis ne ménage pas son énergie pour l’accomplissement de la tâche immense qui m’incombe, c’est là que réside un sinon LE SECRET de la Franc Maçonnerie initiatique. Le compagnon que je suis est en quête d’un chef d’œuvre, c’est d’ailleurs le but dans le compagnonnage que nous connaissons depuis la nuit des temps. Je suis à la quête éternelle du mystère, mon chef d’œuvre n’est pas, ne sera jamais LE CHEF D’ŒUVRE car une fois achevé il débouche sur un autre, comme les jours qui se suivent, dans une spirale sans fin, toujours renouvelée par la Loi, par l’ordre des choses et par l’énergie du Monde, par le Grand Architecte à la gloire de qui je travaille, au travers des Tenues que je partage avec vous, dans une nécessaire assiduité qui seule me permet par le rituel de me couper du monde profane, de me mettre dans un état second, sacré, de me retrouver mis à nu, détaché de mes certitudes et de mes passions qui me trompent à l’extérieur, pour me concentrer, me ressourcer, puiser en vous et avec vous l’amour fraternel et la force spirituelle de travailler à l’amélioration spirituelle de l’humanité. Mon chef d’œuvre est destiné à tous, dans un but donc forcément communautaire, car mon œuvre car au plan de l’œuvre s’intègre avec les vôtres dans un édifice global, telle les cathédrales médiévales où chaque compagnon apportait selon l’expression littérale « sa pierre à l’édifice », pas pour son service personnel mais pour le service de l’œuvre. Chacun d’entre nous compose une lettre, un mot, une phrase du message symbolique exprimé par l’ensemble de sa construction. Le travail sur soi-même libère des chaîne de l’ego et de la psyché afin d’acquérir la maîtrise du Métier d’Homme. Le compagnon vit pour et par son œuvre, pas grâce à elle, peut importe sa vie, ce qui compte c’est ce qu’il en fait, et après lui le fruit de son travail profite à tout le monde car l’œuvre vivra alors et parlera pour moi, pour l’Eternité, tel une étoile parmi tant d’autres au firmament du Ciel… Il y a donc bien sûr pour moi complémentarité entre travail profane et travail maçonnique, rien en opposition, mais l’un avec l’autre, l’un vers l’autre et l’autre vers l’un. Chacun travaille selon ses moyens, ses capacités. Certain ont des métiers directement « concrets » dans l’amélioration du Monde (Médecins, soignants en général, architectes, agriculteurs, ouvriers manufacturiers...) d’autres peut être moins dans l’immédiat mais intenses sur la durée (chercheurs, géologues…mais aussi archéologues, conducteurs de bus ou de train ou pilotes d’avions qui mènent les travailleurs d’un point à u autre pour déplacer, divulguer, répandre le travail et ses fruits dans le monde entier…)… Pour plagier DESCARTES, je m’autoriserais à affirmer « Je travaille donc je suis ! », ce qui revêt on l’a vu et on s’en doute, une importance de premier rang pour le profane que je suis et pour le maçon que je tente de parfaire, la vie du maçon ne s’arrête donc jamais. Le rituel de fermeture comporte cette phrase qui donne une vraie dimension au travail maçonnique : « Le travail d’un maçon ne s’arrête jamais Vénérable Maître, ce qui est cherché en loge se continue dans le monde et le devoir d’un maçon se continue dans le monde et le devoir d’un maçon est de rependre à l’entour la lumière qu’il a entrevue dans les opérations de la loge de Saint Jean ». Cette phrase comporte deux aspects : « Ce qui est cherché en loge se continue dans le monde », c’est à dire que la recherche maçonnique et la recherche profane sont de même nature, la curiosité développée en loge, le désir de perfectionnement intellectuel et moral ne se partage pas, il font un tout. Un bon maçon est avant tout un bon professionnel parfaitement intégré dans la société civile à laquelle il met à disposition les capacités qu’il a pu développer et expérimenter en loge. Le deuxième aspect de cette phrase « le devoir d’un maçon est de répandre à l’entour la lumière qu’il a entrevue dans les opérations de la loge de Saint Jean » montre que les valeurs développées à l’intérieur de la loge doivent être portées à l’extérieur. Parmi ces valeurs, celle qui me semble la plus essentielle concerne notre capacité à « Etre présent dans le présent ». C’est à dire, à un instant donné, être totalement et sans limitation dans l’acte de l’instant. C’est le principe de la vigilance la plus pure, la plus profondément ressentie, qui pour moi revêt un énorme aspect de compassion pour le monde et mes semblables, un besoin de bienveillance généralisée. De la fusion du Moi et de l’action découle l’excellence qui a permis la construction des cathédrales et qui, liée à notre créativité, nous permet de tenir notre rôle opératif dans la société civile. C’est un rituel avons-nous dit de fermeture mais qui en fait ouvre sur plus intense encore, plus profond, plus vivant, plus beau, plus vrai, plus sage, plus subtil, plus fin, plus perfectible… C’est le processus même alchimique de l’ascèse maçonnique. La transformation de mon Etre par le VITRIOL, pour atteindre la quintessence permettant de me détacher des contingences physiques et psychologiques, passionnelles pour tendre vers la Lumière, dépersonnalisé dans ma nature charnelle, libéré de mon Ego, pour devenir ou redevenir une parcelle d’énergie de cette lumière que constitue le Grand Architecte dont je fais partie comme nous tous, à la Gloire de qui ne l’oublions pas nous TRAVAILLONS ! Le XXIème siècle sera peut être ainsi un nouveau Siècle des Lumières, c’est le titre du dernier numéro de Points de Vue Initiatiques, confortant la célèbre déclaration d’André MALRAUX : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ! » ; Alors hauts les cœurs mes frères, le chantier est ouvert et encore très long, il nous faut nous mettre au travail ! Il y a urgence pour moi après cet exposé à ce que les Francs Maçons du monde entier se lèvent et travaillent à l’amélioration du monde, c’est sans doute une des raisons de l’intérêt que la démarche initiatique qui est la notre suscite dans le monde profane. Comment en effet comment ne pas chercher à se dépasser pour tout un chacun. Comment être heureux, avancer en harmonie avec autrui ? La franc maçonnerie et la vie maçonnique seraient-elles une école de sagesse dont l’esprit est le centre névralgique et le monde profane, la cité, le terrain d’investigation, de recherche et d’expérimentation ? J’ai dit… C\ L\ |
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