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Confucianisme et taoïsme A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, Vénérable Maitre et vous tous mes Frères en vos grades et qualités. Dans la lignée du programme de notre VM sur les philosophies, j’ai décidé d’en choisir deux grandes d’origine chinoise, car je suis allé de nombreuses fois en Chine et aime l’histoire de ce peuple. I – Origine L’histoire commence avec le fameux Fuxi, figure primordiale de la mythologie chinoise, premiers des souverains fondateurs. Il vécut vers 2800 av JC. Il aurait appris aux humains les fondements de la Civilisation ainsi que 8 tétragrammes qui seront les figures de base du fameux livre « Yi Jing », classique des changements dont l’élaboration date du premier millénaire avant l’ère chrétienne et qui est le plus ancien texte chinois. Il était à l’origine la recension des pratiques d’interprétation oraculaire des craquelures lues sur les carapaces ventrales de tortue Celui-ci décrit les états du monde et leur évolution. Partant d’une opposition entre les principes d’engendrement Yin et Yang, il arrive à une série de 64 figures qui peuvent interpréter toutes les transformations possibles. L’idée principale est simple. L’histoire d’une personne, d’un village, d’un royaume est un flux continu que l’on peut comprendre comme la succession de leurs divers états et des mutations qui les font passer de l’un a l’autre. La divination revient à caractériser l’état actuel et à en déduire par des règles ésotériques et occultes l’état suivant. II Confucius 1Historique : A la différence de Lao Tseu, Confucius est parfaitement identifié par L’histoire. Il vécut de 551 à 749 av JC. Il a été surnommé Grand Maitre Kong. Il est né à Qufu près de Quigdao dans des conditions douteuses dans une famille devenue pauvre car son père avait été mis à l’écart et mourut très rapidement après la naissance. Il fit très rapidement de très bonnes études qui lui permirent de gravir les marches des lettrés dans l’administration. Il perdit sa mère à 19 ans. Il ouvrit sa première école a 29 ans, qui sera la première école privée du monde et ne cessera plus d’enseigner jusqu’à sa mort à 72 ans pour former des lettrés. Quand on lui demande de se décrire, il parlera de ce qui l’anime : la recherche, si ardente qu’il en oublie même de se nourrir, la joie d’y parvenir qui est si complète qu’il en oublie même la vieillesse. C’est l’enthousiasme le trait dominant de son caractère. Il sera enterré a Qufu son village d’origine sous un tumulus de terre et l’endroit prendra le nom de « Foret des Kong » ou sont enterrés tous ces descendants jusqu’à la 76 ième génération. Il s’étend sur 200 hectares et est le plus grand cimetière privé du Monde. Aucune dynastie impériale ou royale ne peut revendiquer une telle continuité. Nous avons visité ce village perdu et la trace de Confucius y est présente partout, y compris don ancienne demeure qu’on peut visiter. IL écrivit peu de documents originaux lui-même, à part une compilation de tous les rites existants dans les ouvrages de sa bibliothèque et un petit essai sur l’équilibre des deux partis quand il fut 1er juge de la Cour. On lui a attribué le Commentaire du fameux Livre des mutations amis c’est peu probable car il en disait que c’était le résultat des tâtonnements et conjectures de devins et d’alchimistes qui avaient tendance à prendre leurs désirs pour des réalités. Le livre qui le résume le mieux s’appelle « les entretiens » ou « Analectes » et fut compilé par ses disciples jusqu’en 221 av JC. Il n’y a dans ce texte aucun soucis de synthèse ni d’organisation rationnelle. Ce mince petit recueil a inspiré tous les peuples de l’Asie orientale et est resté la pierre angulaire de la plus ancienne civilisation vivante sur notre planète, à savoir la chinoise. Il ne s’agit pas d’un exposé dialectique mais d’un matériel didactique. Les propos sont incitatifs et demandent un effort à celui qui les reçoit, ils doivent infuser. Ce n’est pas une religion mais un système rituel achevé et une doctrine à la fois morale et sociale. A sa suite on trouvera Mengzi (380-301av JC) qui est un moraliste rigoureux et insistera sur la puissance de la vertu. Puis Xunzi (300-215 av JC) beaucoup plus pessimiste. Ensuite le mégalomane Empereur Qin Shi Huangdi poursuivit les confucéens et fit bruler tous les livres. Mao Zedong fera pareil dans la même région plus de 20 siècles plus tard. La dynastie des Han revint sur tout cela et mis en avant le Confucianisme au dépend du taoïsme jugé trop sévère et individualiste et cela restera la doctrine d’état jusqu’en 1911. Cependant la pensée de Confucius qui était sans doctrine va devenir un confucianisme d’état avec des recommandations formelles dont les gouverneurs ne prendront que ce qui les arrange. A la chute des Han, de 220 à 589 c’est le bouddhisme et le taoïsme philosophique qui l’emporteront. Puis vint la dynastie des Tang (618-907) pendant laquelle les 3 courants majeurs de la pensée chinoise s’affronteront. En 960 la dynastie des Song prit le pouvoir et vit apparaitre le néoconfucianisme qui devint au fil des siècles réactionnaire en construisant une cosmologie et une théorie de la connaissance pour rendre obsolètes les théories que proposaient le taoïsme et le bouddhisme. Puis Zhou Dunyi (1017-1073) assoit une nouvelle cosmologie sur une phrase du gd commentaire du Yi Jing. La naissent les 4 images et les 8 figures primordiales et ce à partir d’un terme premier : le Tai Ji. Ils rapprochent la phrase du chap. 41 du Dao De Jing pour faire du Tai Ji la clef de voute de tout le système. C’est Zhu Xi (1130-1200) qui inventera la représentation de ce faite suprême : @ dessin appelé maintenant « dessin du Tao ». Au début du 20 ième siècle, le confucianisme fait figure de sclérose, mais dès 1978, après la disparition de Mao, le message du confucianisme est réhabilité. Lee Kwan-Yew, premier ministre de Singapour va prôner l’asiatisme conquérant, comme héritage du confucianisme et prônera un nouveau néoconfucianisme : ordre, obéissance au supérieur, dévouement à l’état, piété filiale. Depuis le confucianisme fait un double retour en chine institutionnel et médiatique. En 2010 il y a 500 instituts Confucius, financés par le gouvernement chinois au monde, dont 1 à Brest. En 2003 Zhou Guodian publie les anecdotes de la morale traditionnelle (fables confucéennes) vendu à 8 millions d’exemplaires. Enfin Mme Yu Dan paru en français le nom de « le bonheur selon Confucius, petit manuel de sagesse universelle » est vendu à 10 millions d’exemplaires en Chine. 2 Les principes du Confucianisme La pensée de Confucius est une philosophie humaniste ou une sagesse et non une religion dans laquelle la réforme de la collectivité n’est passible que si elle commence par la réforme de chaque individu puis de sa famille. On voit déjà là un lien avec la F\ M\. Il dit « un homme parfait met en premier lieu ce qui est le plus difficile ; il met en second lieu les avantages qu’il doit en tirer ; alors il mérite d’être appelé parfait ». Elle a été
transmisse par un enseignement, une transmission à des
disciples de l’âge de 29 ans à sa mort.
Dans cette optique, chaque homme doit donc s’efforcer
d’acquérir la richesse intérieure
nécessaire. La vertu est à la portée
de tous car l’Homme n’est ni bon ni mauvais de
nature, c’est à lui qu’appartient le
choix de sa vie. Le li est l’harmonie entre les hommes et dans le monde. Il détermine les devoirs de chaque homme envers les autres et envers les êtres spirituels supérieurs. Il dit « en élevant aux charges les hommes vertueux et en laissant de côté les méchants, on peut déterminer les méchants a se corriger ». Le ren représente la bonté, l’humanité, la charité que l’homme doit avoir vis é vis de ses semblables, selon une hiérarchie très précise qui va de l’individu à la famille, à l’état à l’humanité. Ses disciples disent « toute sagesse de notre Maitre consiste à se perfectionner soi-même et à aimer les autres comme soi-même » et lui dit « N’est-ce pas le précepte d’aimer tous les hommes comme soi-même ? Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à vous-même ». La morale est inséparable de la politique car le souverain doit obéir au Ciel. Pour une bonne marche de la société, il faut se conformer aux rites qui permettent de s’accorder aux puissances qui gouvernent l’Univers. Il dit « les règles servent à former l’homme, elles le conduisent à la plus grande perfection qui est la vertu à son plus haut degré ». Selon lui les 5 plus grandes vertus sont : (le respect de soi et d’autrui, la générosité, la loyauté, le zèle et la bonté) déférence, tolérance, bonne foi, diligence et générosité. La déférence garantit des insultes, la tolérance se concilie tous les cœurs, la bonne foi suscite la confiance, la diligence assure le succès, la générosité permet de commander. Les 3 qualités essentielles : la prudence, la piété et le courage. La responsabilité a une très grande importance. Il dit « Commettre une faute et ne pas s’en corriger, c’est ça que j’appelle une faute ». Le rite a une très
grande importance pour Confucius comme pour nous F\ M\ car il estime
que c’est une des caractéristiques des
êtres humains par opposition aux animaux. Selon lui, loin
d’être ce qui réduit à un
néant la spontanéité individuelle, il
est au contraire ce qui permet à chacun
d’être totalement soi-même en faisant
corps avec la situation. Il dira « dans toute
cérémonie mieux vaut
l’austérité que l’apparat
». Le rite n’est pas une prescription mais une
indication, il délaisse complétement le sens
superstitieux du rite qui tend a évaluer sa justesse en
fonction de son efficacité. Le rite n’est donc
là que pour renforcer et réguler
l’élan affectif vers autrui. Bien sûr il
fit parti de ceux qui poussèrent a abandonner les sacrifices
humains au profit de la nature Les spécialistes s’accordent à dire que Confucius n’était pas misogyne et rien dans ses texte ne le montrent à part un texte ambigu. Il ne parle jamais des femmes et le seul reproche qu’on puisse lui faire est de ne pas avoir eu d’élèves femmes. La piété filiale est la relation humaine la plus fondamentale puisque c’est la première dans laquelle chaque individu est engagé. Elle sert de base et d’horizon a toutes les relations sociales. Le fils se doit d’être un fils, le sujet se doit d’être un sujet. L’Homme n’a pas besoin d’un Dieu pour adopter un comportement vertueux car sa volonté et sa lucidité, qui sont l’intelligence du Cœur y suffisent amplement. On peut considérer que Voltaire fut un confucéen moderne car il se comporta comme Confucius autour de son village. III LE TAOISME 1 Historique : Le deuxième livre de référence est un texte philosophique complexe appelé « Dao De Jing » ou « Tao Te King », classique de la voie et de la vertu écrit à partir de 600 av JC et complété plusieurs fois par la suite. Il est attribué au départ à Lao-Tseu ou Laozi censé avec vécu au 5 siècle avant notre ère et sera la base du taoïsme dit « philosophique » ou « lettré ». Il est organisé en 81 chapitres comptant une 60 aine de mots chacun. Recueil d’aphorismes dans un style allusif et elliptique, poétique toujours, énigmatique souvent, ce texte a donné lieu à quantité d’interprétations contradictoires. C’est un assortiment disparate dans lequel se mêlent des niveaux philosophiquement divers : considérations sur le gouvernement, sur l’origine du monde, sur la bonne manière de se comporter, imprécations anarchisantes, etc. Ce livre vénérable est le Cœur de tout le mouvement taoïste. On s’accorde à dire que ce que pensait réellement Lao-Tseu nous échappe même si ses écrits nous donnent un trame de fond claire. Tchouang-Tseu est le second philosophe taoïste, juste derrière son maitre à penser. Il était mystique et individualiste. Il a écrit au 4 ième siècle av JC un seul livre le Tchouang-Tseu plus radical, plus libertaire, plus anarchiste que Lao-Tseu. C’est lui qui inspirera le lus les écoles Ch’an qui donneront le zen plus tard. Il prolonge le mouvement Tao-chia. Lie-Tseu est l’auteur du livre « le vrai classique du Vide parfait ». Son existence est douteuse et ce livre ne paraitra qu’en 732 de notre ère, près de 1000 ans parés sa rédaction supposée. Sa grande idée est celle du Vide, qui pour lui n’est pas le néant amis une idée de vacuité proche de celle d’un certain bouddhisme. Zhang Daoling au 1ér siècle sera l’inventeur de la religion taoïste dit « populaire » avec son clergé. Il aurait eu une apparition de Lao-Tseu qui lui aurait commandé de fonder une nouvelle orthodoxie dans un cirque naturel de montagne à Quing Cheng Shan. Il réalisera des guérisons miraculeuses, recrutera de nombreux disciples et organisera un véritable culte avec un panthéon de divinités protectrices qu’il avait inventé. Il développera l’idée que la pratique conjointe de rituels spirituels et d’exercices corporels procure à l’adepte une protection magique contre les vicissitudes de la vie, aidé par des décoctions d’immortalité ou élixirs de longue vie à l’aide d’ailerons de requin. Durant les fêtes communautaires, s’accomplissaient des rites sexuels ayant pour fonction de renforcer l’énergie vitale. Il se décernera le premier titre de Maitre Céleste qui se perpétue jusqu’à nos jours avec le 64 ième qui réside à Taiwan. Le site est un lieu de pèlerinage majeur pour les taoïstes avec le « pavillon de l’honorable seigneur » et le « palais de la pureté suprême ». Les spécialistes appelleront ce mouvement le Tao-chiao qui s’carte pour ceux de la pensée originelle de Lao-Tseu. Wang Bi dans les années 200 ap. JC tentera d’établir une vaste synthèse philosophique entre le taoïsme et le confucianisme, qu’on appellera néo taoïsme mais cela ne dura que jusqu’au 5 ème siècle. Li-Po, poète, philosophe et ripailleur poursuivra la tradition dans les années 700 ap. JC. Il ne cessera de vanter l’ivresse mystique de l’extase individuelle et n’écrira que des poèmes. Aujourd’hui le taoïsme de la branche Tao-chiao s’est perpétué à Taiwan et tente un retour vers le continent. Quant au taoïsme philosophique de Lao-Tseu, il nourrit les écoles zen du Japon et de la Corée. Nous avons visité des temples Taoïstes qui se trouvent presque exclusivement dans les montagnes. 2 Concepts essentiels du Tao : Il est la voie, soit le processus immatériel qui engendre tout ce qui existe. Tout émane du Tao. Il est un processus créatif. Il n’y a pas de plan préétabli. Le tao crée par essais et erreurs. Rien n’est absolu, ni immuable. Tout est relatif, impermanent. Le tao en gendre un océan dont chaque être est une vague. La vérité n’existe pas, seul le réel existe caché sous les apparences. Les sens de l’homme ne lui font percevoir que ces apparences ; il faut apprendre à dépasser ces perceptions. 3 Concepts essentiels du Yin et du Yang : La dynamique de tout ce qui existe est fondée sur les jeux infinis de deux puissances ou processus opposés et complémentaires. Le Yin est la vertu féminine qui unit intègre uniformise, pacifie. Le yang est la vertu masculine qui sépare, individualise, différencie, active. Le yin n’est rien sans le yang et réciproquement. Le yang est le processus d’émergence, d’organisation de construction, d’activation ; il est la complexification en marche. Le Yin lui est le processus d’aplanissement, d’arasement, de dilution, d’apaisement ; il est uniformisation en marche. Chaque situation ici et maintenant contient du yin et du yang et chacun d’eux peut être utile au projet que l’on a, à condition de les admettre tous les deux et de les utiliser tous les deux de façon optimale. Le management des énergies est précisément l’art alchimique du perpétuel jeu d’équilibrage du Yin et du yang entre un système et son milieu. 4 Concepts essentiels du
Tai-Chi : La loi d’harmonie cosmique implique le maintien d’un équilibrage strict entre yin et yang. La pensée chinoise est dialectique, elle répugne à toute forme de dualité, au contraire de la pensée occidentale qui fonctionne beaucoup par dualismes et oppositions. 5 Les 5 éléments : La cosmologie taoïste distingue 5 éléments symboliques qui façonnent la totalité de chaque chose et de chaque être : l’eau, le feu, le métal, le bois et la terre. Ces matériaux se détruisent et se régénèrent en boucle. La tripartition en terre, métal et bois correspond aux 3 types de structures matérielles que l’on trouve dans la nature : ordre chaotique (amorphe), mécanique (cristal) et organique (cellule). En matière de connaissance, le taoïste ne s’occupe que du réel, sans filtre ni intermédiaire, et se défie des sens des illusions et des apparences. 6 le Wu-wei ou non agir: C’est le principe de ne pas dépenser son énergie mais de retourner celle de son adversaire. Elle constitue le fondement de tous les arts martiaux. Faire bien tout ce qu’il y a à faire ici et maintenant, ni plus ni moins, c’est tout le non agir ou parfaite adéquation. L’accomplissement de tout être est d’accomplir sa vocation au sein du Tao auquel on ne peut s’opposer. 7 Fu : C’est
l’idée forte que tout retourne toujours
à la racine. 8 Le Sage Taoïste : Il pratique sept vertus fondamentales : Le naturel : il respecte la
nature ainsi que sa propre nature IV – Conclusion Selon Marc Halevy, dont je me suis beaucoup inspiré, contrairement à la plupart des traditions religieuses et spirituelles, le taoïsme prône un amour de la vie réelle, ici et maintenant, sous toutes ses formes. Il est une doctrine amorale (et pas immorale) sans dogmes ni péchés, sans commandements ni interdits. Il est un regard joyeux sur la vie qu’il cultive avec soin. Le Confucianisme n’est pas du tout une religion mais une sagesse, un cheminement, une propension, un enseignement et certains parlent également de sagesse pour le taoïsme. Vous avez, j’espère, constaté que les principes du Confucianismes sont assez proches des nôtres et auraient pu être à la base de la F\ M\ si il n’y avait pas eu l’histoire judéo-chrétienne. Il manque toutefois un des aspects majeurs c’est l’initiation qui n’apparait pas dans cette philosophie, tout au moins sa structure. Pour ma part, j’ai beaucoup de mal avec le Taoïsme et le seul point qui me semble proche est cette maitrise de l’ego. Je vous fait circuler un recto-verso avec des phrases de Confucius que vous pourrez méditer à loisir. J’ai dit V\ M\ B\ K\ |
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