Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Lettre à un jeune Compagnon \ Se mettre en mouvement et en éveil, \ Affronter les difficultés avec courage, \ Persévérer dans l'effort, \ Espérer dans la fraternité, \ Apprendre la patience. Le grade de compagnon est celui du
voyage,
de la création et de l’apprentissage du travail
bien fait. De la carrière,
l’apprenti devenu compagnon, entre sur le chantier et y prend
sa part, en
pleine responsabilité Le bon compagnon, lui, se tait
devant la
forfaiture. Il se refuse à juger, sauf peut-être
dans son regard, parce qu'il
souhaite voir édifier "son" œuvre. Qu'importe par
qui, du moment que
"son" œuvre est achevée. Humilité
? Vanité ? Orgueil ? Le Compagnon n'a pas de
rôle à tenir en loge puisque
n'étant pas Maître il ne peut assumer aucune
fonction d'officier par exemple.
Or, seuls, en loge, les Officiers ont un rôle
découlant de la fonction à
assumer. N'oublions pas que, comme la loge n'existe que par la
réunion des
frères pour la durée du travail dans le temps
symbolique circonscrit de midi à
minuit, le Compagnon ne peut que se tenir à une place de sa
Colonne comme les
Maîtres non officiers. Son travail pour
l'édification du temple.
Il ne sait pas ce qu'est
véritablement le temple
puisqu'il ne peut pas siéger dans la Chambre du Milieu. Il
n'en a donc qu'une
vue exotérique ou "extérieure" puisque la loge
des Compagnons se
tient sur les parvis, c'est à dire à
l'extérieur du temple.
Le travail du Compagnon ne
consiste donc pas à édifier
le temple, ce serait présomptueux à ce niveau du
parcours, mais à commencer à
mettre en oeuvre ce qu'il a découvert et compris des
symboles jusqu'à ce jour
dans le plan des hommes. L'édification du temple se
décline à plusieurs niveaux
dont le premier passe obligatoirement par la perception personnelle
(j'édifie
Mon temple = marque ou projection d'un Ego encore
omniprésent) mais dans
l'absolu, ce travail loin d'être exclusivement personnel doit
se confondre dans
une oeuvre qui ne peut être que collective. Le Compagnon doit
s'astreindre au
travail de sa pierre cubique pour la rendre parfaitement polie et lisse
et
brillante, donc "lumineuse".Cette pierre personnelle devra ensuite se
fondre dans la construction commune, en perdant ainsi ce
caractère personnel et
indicatif pour se fondre dans l'universel et l'absolu.
Je pense qu'elle implique de fait d'autres obligations comme le respect d'autrui et celui des religions et institutions religieuses et par conséquent initiatiques car toutes les religions sont initiatiques, il n'y a que les mécréants, c'est-à-dire les mauvais croyants à l'ignorer. Ceci passe aussi par la nécessité de connaître ce qui s'avère authentique et traditionnel comme universel. Que vaudrait une sincérité qui reposerait sur l'erreur d'interprétation, de connaissance et de croyances ? Par conséquent ne peut être véritablement sincère que Celui qui Sait parce qu'il connaît la réalité absolue des choses et ne se limite pas ou ne se conforme pas à un aspect limité ou réduit à un intérêt particulier personnel ou collectif.
Toute forme d'intérêt direct altère fréquemment la pureté, la qualité d'un acte comme d'une intention. Nous devons donc considérer que la vision comme l'action "objectives" ne peuvent exister que dans le cadre d'un "non intérêt" personnel ou collectif. N'étant pas directement concerné ou intéressé, étant donc distant par rapport à un fait ou un évènement, je puis voir les choses avec neutralité. Mais si ceci suffit pour être objectif, pour quelques instants, cela suffit-il pour être sincère ? Le fait que l'homme tende toujours vers un but, vers un désir, et que ce but et ce désir deviennent omniprésents en lui en le rendant étranger ou aveugle ou sourd à tout le reste, le fait qu'il se mette de temps en temps à l'écart en devenant neutre pour quelques heures ne suffit pas à faire disparaître tous les bandeaux qu'il porte devant les yeux, bandeaux qu'il s'est façonné en se créant lui-même des dizaines d'illusions et fausses visions ou conceptions des choses, des hommes, du monde. S'il n'est pas apte à voir les êtres, la vie, la mort, la création et la nature selon leur vraie nature et donc leur réalité, il demeure aveugle. S'il est aveugle les yeux ouverts et donc incapable d'appréhender la réalité du monde comment pourrait-il s'avérer sincère ? Les bonnes intentions ne suffisent en aucun cas et l'histoire des hommes démontre continuellement que les meilleures intentions produisent souvent les résultats les plus catastrophiques, les guerres constituent un exemple significatif à cet égard. Sur la voie de la sincérité surgissent donc de multiples obstacles dont le plus redoutable reste celui de l'ignorance volontaire ou non. Ainsi un maçon qui ne travaille pas véritablement le symbolisme ne pratiquera pas non plus les devoirs ni les engagements pris lors de son obligation ou serment. Tout refus de surmonter une difficulté ponctuelle devient la marque d'une lâcheté personnelle, d'une défaillance inadmissible, ce que la sagesse populaire énonce par l'expression : " ce n'est pas un homme !". S'il n'est pas digne
d'être un homme comment pourrait-il se trouver digne
d'être un maçon avec tout
ce que cela comporte de grandeur et de valeur ?
L'illusion peut aussi se
manifester chez des individus
qui paraissent "droits", authentiques. Comment peut-on la
déceler ?
Au fait qu'ils tendent vers un but. S'ils aspirent à la
réalisation ou à la
concrétisation d'un objectif personnel, ils expriment encore
des scories,
manifestant par cela même autant de marques d'une
imperfection manifeste. Ils
n'ont pas "renoncé" et s'ils n'ont pas encore
renoncé, ils demeurent
"tendus", crispés sur eux-mêmes même
s'ils donnent l'impression de la
vertu ou de la piété les plus
élevées. Etant "faux" par rapport à
celui qu'ils sont réellement à
l'intérieur d'eux-mêmes comment pourraient-ils
être sincères ? Au mieux, c'est-à-dire
pour le pire, ils jouent à la
sincérité
en étant faux... Vous avez un magnifique sujet de
méditation sur la
nature de l'homme et de ce qu'il peut être ou
véhiculer, je t'invite donc à te
laisser aller et à poser un autre regard sur les hommes et
le monde. C'est le
but auquel nous astreignent nos travaux symboliques.
La rumination silencieuse des
apprentis est finis,
ils ont grandi.
Sous le couvert du
second Sur\, tu as
demandé la
parole
et montré que tu méritais
ton augmentation de
salaire en utilisant avec
esprit, intelligence et sensibilité les outils symboliques
qui t'avais été
donnés. Cette
cérémonie d’initiation scelle un
passage de la
vie maçonnique. Sous l’œil de notre juge
suprême – fut-il, pour toi ,
étonné ? ému ?
ironique ? indulgent ? sarcastique ?
–
sous l’œil de notre juge suprême, App\
tu es devenu
compagnon.
Tu as 5 ans,
tu
avais 3 ans : l’initiation nie
les parcours linéaires et fait
progresser par bonds. Cinq est le nombre
ésotérique du compagnon et
s’il
est obtenu par la somme 3+2, il constitue un ensemble nouveau qui,
somme et pas
juxtaposition, organise les conditions de la
créativité. Le 1ier et le 2ème
grades, App\ et Comp\, sont intimement
liés, l’un constituant la suite de
l’autre pour permettre de réaliser le chef
d’œuvre et de conquérir la
maîtrise.
Je continue avec vous le chemin
de
l’instruction ; tu le poursuivras avec le 1ier
surveillant. Depuis le
cabinet de réflexion, tu pratique le chemin de la
méditation. nous t'avons fait
emprunter le chemin de l’intuition immédiate,
celui qui passe d’abord par le corps.
Tu as, les yeux grands ouverts cette fois-ci occupé le
centre de notre At\, ces chemins de connaissance
que, tu as déjà balisés,
vont s’ajouter tous les chemins que tu vas pouvoir parcourir
à la rencontre des
autres, maintenant que tu sais peut-être un peu mieux qui tu
est.
Ecoute, médite,
regarde ; comprend, réalise. Le
Comp\ est le plus
libre des F\M\.
Il possède tout ce qui fait l’agrément
de la Mait\ et ses
devoirs sont
légers, ses obligations sont
réduites puisqu’il ne peut pas encore participer
pleinement à la vie et à la
conduite du groupe, de son At\.
Les obligations du Comp\
sont intimes et pourtant, elles impliquent de progresser et de toujours
nous
revenir. Ecoute, médite,
regarde, comprend, réalise.
L’élargissement du pas et le compas pour prendre
sa part de vérité, les
lumières et l’étoile flamboyante pour
guide, les outils avec leur mode
d’emploi, les arcanes : c’est au Comp\ de mettre en œuvre ces
ressources, par ailleurs
dénuées de sens si elles ne sont pas
utilisées. L’App\ devient Comp\ en passant de la perpendiculaire
au niveau. La
rectitude du mur du temple n’est plus le seul
élément à prendre en
compte : l’équilibre de la construction
toute entière doit être envisagée.
En changeant de colonne, l’indispensable est donné
au Comp\ : la
parole. La parole
pour comprendre et la
parole pour réaliser. La parole dans le monde Mait\ n’est pas
l’outil d’expression de soi qu’il est
dans
le monde profane. Que d’inanités nous seraient
épargnées si tous les Mait\ s’en
souvenaient ! Le questionnement est bien
sûr le moyen de comprendre pour soi ce qui vient
d’être dit, d’aller à la
rencontre de l’autre. Pourtant, le dialogue, le colloque
singulier, n’a pas de
statut dans notre temple.
Si le Comp\ écoute,
médite, regarde, comprend, réalise, les
autres M\
présents dans le
temple
aussi. La parole de chacun devient ainsi partie de la connaissance de
tous et
le silence obstiné de certains, de certaines est une perte
sèche pour tous. Que
chercherez-vous en prenant la parole ? Qu’allez-vous
nous apporter ?
Quoi que ce soit, il est certain que cela rejoindra notre question
centrale : comment allons-nous augmenter le bonheur de
l’humanité ?
C’est alors qu’il nous faut utiliser judicieusement
l’arsenal dont nous, F\M\,
disposons, arsenal dont le ciment est l’amour fraternel. Ecoute, médite,
regarde, comprend, réalise. En testant
progressivement tous les aspects de la M\, en ce compris l’art
de la planche, on se réalise et
on réalise le projet maçonnique de diffusion des
savoirs et des connaissances
qui permet à chacun de mesurer les limites de sa
liberté. Ainsi, le spectateur
qu’était l’App\ devient
progressivement acteur de la représentation que nous nous
donnons
mutuellement. Il
est partie intégrante
de la théâtralisation de notre soif
d’absolu et de savoir. L’invitation au
voyage ne dispense pas de la fréquentation de notre At\ et c’est avec celles
et ceux qui l’ont reconnu comme
sœur, comme frère, dans cet At\ que le Comp\ réalisera son travail. C'est quoi un compagnon ? C'est un maçon : - Il a accompli une première réflexion et, au terme de son temps d'apprenti, il sait qui il est. Affirmation péremptoire ? Oui, et alors, puisque j'en suis conscient. - Il travaille. Il a ses outils particuliers, son rituel, sa symbolique. Il étudie l'art du trait. - Il agit. - Il voyage. Il interagit. Cinq thèmes, oh surprise. Cinq titres auxquels vous avez échappés. Mais pas pour longtemps. Premier voyage. Le compagnon a bouclé son temps d'apprenti, où il a copieusement médité sur la verticale et visité les terres intérieures en long et en large. Il est donc sensé savoir qui il est. Le monde du compagnon est très différent du monde de l'apprenti. Tout d'abord on ne passe pas compagnon lors d'une cérémonie. C'est dans le processus de maturation de l'apprenti que quelque chose, un jour, stagne un peu. Oh bien sûr, le processus n'est pas achevé, j'ai eu l'impression d'être tiré hors d'un monde que je n'avais pas fini de découvrir. Mais, quelque part, ce monde, on n'a jamais fini de le découvrir; et à un moment donné, sans qu'on s'en rende compte, on est prêt pour autre chose. On y reviendra à ce grade, il est sain d'y revenir régulièrement. Mais on y reviendra enrichi d'autres enseignements. Alors, me voilà soudain plongé dans le monde du compagnon. Le processus d'apprenti tourne toujours, en régime, tranquillement, en tâche de fond, et mon attention se porte sur autre chose. De nouveaux outils, un autre rituel, un autre message. On passe de la verticale au niveau, dit-on. Oui, c'est exactement ça. Et cela mène plus tard à la découverte de l'altérité, mais ça, nous en reparlerons plus tard. Quel beau monde que voilà. Quel beau grade que celui de compagnon. J'en suis fier, au delà de l'exprimable. L'enseignement de ce grade est si riche, si profond, si fondamental. Certes, le maçon n'est rien s'il n'est pas apprenti, mais il n'est pas grand chose non plus, s'il n'est pas compagnon. Je dois bien l'avouer aujourd'hui, je le soupçonne, le maçon n'est accompli que s'il est tout à la fois apprenti, compagnon et maître. Qui d'entre-nous peut, en effet, prétendre qu'il n'a jamais assené un coup de règle, d'équerre ou de compas, du haut de ses certitudes ? Mais revenons à mon grade, pourquoi est-il si peu exploité ? Son message est si riche, pourquoi est-il si peu développé ? Son message est si fondamental, pourquoi est-il si peu propagé ? Un rituel si peu utilisé qu'il est lourd, vieux, parfois dénué de sens, preuve qu'on applique la recette sans plus avoir réfléchi depuis longtemps à sa signification. Pourquoi ? Je crois que l'essentiel de l'enseignement du grade de compagnon s'articule autour de l'apprentissage de la méthode, ou l'art du trait, et la découverte de l'autre, ou le voyage. Dans un cas comme dans l'autre, une solide conscience de soi est indispensable. Cette conscience de soi est obtenue par introspection au grade d'apprenti. Trop souvent pourtant, cette introspection est menée sous la bannière de l'humilité. La gloire, finalement, est jugée trop outrageante que pour être exprimée. On en arrive a une conscience biaisée, où, systématiquement, la fierté fait place au doute. Cette conscience faible est privée des moyens de s'afficher. On entre dans le monde de l'insipide et de l'introversion. La méthode enseignée n'a plus la chance d'être mise en pratique. Et la découverte de l'autre n'est plus un échange. Le compagnon agit et interagit avec le monde. C'est par cela et pour cela qu'il existe. "Plus que jamais, écoute, regarde, médite, comprend et réalise à ton tour." A un moment ou à un autre, pour réaliser, il faut bien quitter le cocon rassurant de la théorie et de l'analyse pour se plonger les mains dans la matière, sauter des deux pieds dans le monde. Le levier est à l'édification, ce que l'art du trait est au dessin : un outil pour mieux exploiter la force. Mais agir, c'est prendre position. C'est donc risquer de se tromper. C'est s'impliquer. On y retrouve la fondation indispensable de la conscience de soi, découverte au temps d'apprenti.Le passage au niveau, la découverte d'autres identités d'autres authenticités, permet déjà de revisiter le premier degré avec quelques enrichissements notables. Mais il n'empêche qu'agir, c'est prendre position. C'est donc quasi assurément, aller à l'encontre d'une autre conscience de soi et éventuellement rencontrer son opposition. Mais le levier n'est pas seul, il a besoin d'un point d'appui. Et chez nous, ce point d'appui, c'est la règle. Si vous me passez le jeu de mots, cette règle, c'est notre règle, notre méthode, notre rituel; une référence de forme, pas de fond, mais de forme, et cette forme donne l'espace et le temps, la liberté nécessaire pour prévenir les dégâts de l'action. Voilà pourquoi nous sommes des bâtisseurs. Un détail toutefois : la loge est un endroit couvert. "Un lieu géométrique très sûr et très éclairé, connu des seuls vrai maçons, où règnent la paix et la fraternité." La loge est cet endroit particulier et privilégié où les maçons apprennent le maniement des outils et se transmettent les secrets. Le dernier voyage , le plus beau, celui qui aujourd'hui me tient le plus à coeur, et auquel vous n'échapperez pas. Le plus grand, le plus courageux, le plus difficile aussi. "A la découverte de l'altérité, ou, mon identité et l'autre : je t'aime, moi non plus". Etrange machine que ce corps humain. Ça vit, ça bouge, ça mange, ça frappe, ça fait plein de choses et en même temps, tout ce corps semble destiné à une seule fonction : porter et préserver cet étrange épiphénomène de la complexité : la conscience. Et s'il n'y en avait qu'une. Mais il y en a près de six milliards, de ces consciences. Six milliards d'identités, toutes différentes. Et que se passe-t-il quand je pars à la découverte d'une de ces identités ? Il y a d'abord moi. Charité bien ordonnée commence par soi. Moi, en tant qu'entité, structurée, organisée, pensante. Puis, il y a le monde. Je suis plongé dans le monde mais je n'y vis pas. Je vis dans une réalité virtuelle, une image du monde que je me suis forgée de toutes pièces. J'ai enrichi cette image de mes expériences directes ou indirectes, et de mes réflexions. Et cette image colle plus ou moins à la réalité. J'agis sur le monde à travers les données de cette image. Cette image, c'est ma vision du monde. En retour, je perçois les événements, non pas comme ils se produisent, mais comme je les comprends. Et l'autre dans tout ça ? L'autre, au départ, m'est inconnu. Alors, je me fais une opinion, je crée un modèle, une image, encore une. Je l'alimente de ce que j'observe chez l'autre et de ce qu'il me dit. J'y mets aussi beaucoup de ce que je m'attends à y trouver. C'est-à-dire que je me projette dans cette image. C'est un peu là que je définirais la tolérance : moins je me projette dans ma vision de l'autre, plus j'accepte son inconnu sans vouloir le remplir à tout prix, plus le schéma est ouvert, moins il est réducteur, et plus je suis tolérant. Plus j'ai de chances aussi que l'autre s'y retrouve et se sente respecté. Malheureusement, bien souvent, cette image que je me fais de l'autre, n'est qu'une copie de moi que j'adapte plus ou moins, pour qu'elle corresponde à ce que je sais ou croit savoir de l'autre. En fait, dans ma relation à l'autre, il y en a quatre, de ces images virtuelles : il y a moi, tel que je me perçois, il y a moi, tel que l'autre me perçoit, il y a l'autre, tel que je le perçois, il y a l'autre, tel qu'il se perçoit. Rencontrer l'autre, c'est confronter ces quatre personnages par le biais de la communication, en se souvenant que, entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez comprendre, ce que vous voulez comprendre, ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Quel sens donner à mon travail ? Les choses, les événements existent par eux mêmes. Le bien, le mal, sont des jugements de valeur que je porte sur les événements en fonction de ce qu'ils me rapportent, en fonction de leur impact sur mon confort ou ma survie. A un stade de réflexion plus avancé, je possède un code moral, en vertu duquel je pose mes jugements de bien et de mal. Ce code moral, propre à l'époque et au groupe dont je fais partie, me donne des règles, pour garantir ma survie et celle du groupe, de la façon la plus harmonieuse possible. Mais au delà ? Ces jugements sont malgré tout basés sur des références contextuelles et anthropocentriques. N'y a-t-il rien de plus général, de plus unificateur ? Si, et c'est la notion de structure qui peut nous y amener. A l'opposé du chaos, le monde, l'univers se structure. En étoiles, en galaxies, en superamas galactiques. En planètes, en molécules, en molécules complexes. Cette structure se complexifie et s'enrichit. La vie apparaît, une pulsation d'énergie pour préserver une structure complexe et la protéger du chaos. La vie qui fait la nique au second principe de thermodynamique. La vie, qui se fait société, qui se fait conscience. Qui utilise le langage, qui communique. Et toujours, qui se structure, toujours plus grand, toujours plus riche. Et si c'était là qu'on pouvait le trouver, ce nouveau code moral unificateur ? Mais ce n'est plus un code, il n'y a pas de code absolu, c'est une méthode.Le bien serait alors ce qui construit des structures, ce qui les enrichit. Le mal serait ce qui détruit des relations entre objets, ce qui appauvrit les structures. Mon travail s'inscrit dès lors dans un élan millénaire. Il s'agit de créer du sens. Il s'agit de créer des relations riches, de rassembler ce qui est épars. Il s'agit de dépasser le personnel, le local, le médiat pour inscrire mon oeuvre dans l'universel, le global et la durée. J'ai en moi toute l'histoire de l'univers et je porte une part unique de son potentiel. Tout
est possible
et tout reste à faire. Et il faudra toujours
réparer et reconstruire ce que
détruisent l'usure du temps et la folie des Hommes. Etre humble, c'est avoir
la foi et la confiance les plus
absolues dans le maître comme dans ses enseignements. Demander,
c'est
chercher en permanence la réalité à
travers les illusions. Servir, c'est
donner au maître comme à ses frères
toute l'aide dont ils peuvent avoir besoin,
parce qu'ils nous donnent spontanément leur savoir et leur
soutien fraternel
sans jamais réclamer la moindre compensation. « Parmi
des milliers d'homme, un,
par hasard,
s'efforce d'atteindre la perfection. Parmi ceux qui s'efforcent et qui
sont
parfaits, un seul, par hasard, Me connaît.
» En prenant la
Vérité pour but, vous cherchez à
atteindre ce qu'il y a de plus élevé. Il
t'appartient de décider si tu désire
la vérité la plus haute ou seulement
accéder aux vérités partielles qui
sont
l'apanage des profanes. Tu devras
faire ton choix, ce qui déterminera les phases par
lesquelles tu transiteras
sur le chemin de ta quête. Plus tard, quand les
expériences partielles
formeront un tout appréciable, tu passeras
des
vérités relatives aux
vérités essentielles, puis tu chercheras la
vérité originelle et lorsque tu auras
compris que tu es en quête de l'unique
vérité, tu approcheras
d'elle au point d'être très près de la
découvrir. Si notre Surveillant t'engage dans
cette recherche de
la vérité essentielle et présentielle,
c'est parce qu'il sait qu'en cherchant
des choses finies ou limitées, tu ne pouras pas obtenir de
résultats infinis.
Si le fini est limité, le Moi suprême ne peut pas
être mesuré puisque, étant
infini, il est sans limites. Et je t'invite à t'engager
à la recherche de
l'infinitude informelle. Peut-on jamais y parvenir ? Oui,
parfois, à la
condition d'emprunter la « voie de l'homme », ce
qui peut s'exprimer au moyen
de l'apophtegme : « Ceux qui
veulent
savoir doivent s'instruire. » Par s'instruire, il ne s'agit pas
de recevoir des
cours ou une formation de type universitaire ou professionnelle, mais
de se
mettre en état de procéder à une
« destruction » du moi, laquelle fera entrer
le Cherchant dans un nouvel
état
d'existence, de vision du monde et des hommes. Les maîtres de
toutes les
grandes traditions initiatiques laissent les disciples accomplir leur
chemin
jusqu'au moment où leur double avancée vers le
monde et l'Unique se précise et
devient réelle ; alors, ils transmettent ce qu'ils doivent
révéler, voire
cèdent leur place à leur disciple, s'il est
devenu à son tour un maître
authentique, et ils s'en vont enfin soulagés loin des illusions
de ce monde de la
matière. La tâche des guides
chargés d'instruire les Apprentis
et les Compagnons reste identique en ce sens que leur «
formation », n'ayant
pas pour but d'apporter des réponses catégoriques
ou définitives, qui ne
serviraient ni n'aideraient personne, vise à provoquer de
fait un face-à-face
avec soi-même en amenant les jeunes frères
à susciter eux-mêmes leurs questions
« vitales ». Les réponses surgiront
naturellement, à partir du moment où l'on
cessera toute demande, parce que tant que l'on est « tendu
», on ne peut rien
recevoir, et à partir des expériences et
vécus issus de son existence. Le vrai
travail du Surveillant consiste en réalité
à « réorienter »,
à remettre dans
leur « cap de halage » ceux qui
s'égarent, pour les amener à faire
eux-mêmes
leur propre analyse, critique et constat, en comparant les deux chemins
de vie
: celui particulier et spécifique du vrai Cherchant
sur la Voie, et celui qu'assume le frère
dans son quotidien et dans le
monde profane. Bien commencer son
périple passe par la nécessité de
réintégrer l'état de
pauvreté évoqué par la
première des huit béatitudes : « Heureux
les pauvres en esprit. » Pour
l'homme ordinaire, la pauvreté est une absence, une
insuffisance ou une
diminution des biens, richesses et honneurs. Pour le Cherchant,
la pauvreté est une condition liminaire au
cheminement
vers la vie, le Créateur et l'immortalité. En se
détachant de tout ce qui
enchaîne et enracine l'homme toujours plus
profondément dans son égocentrisme,
ses pulsions mentales ou charnelles, il s'affranchit de ces manques ou
palliatifs ordinaires si révélateurs d'une
attitude et vie déséquilibrée. En
entrant dans la « pauvreté », on renonce
à ce qui est faux, artificiel,
périssable, à tout ce qui n'est pas la marque
d'une réalité tangible. Cette dépersonnalisation
apparente est
rééquilibrée de façon
indicible par sa repersonnalisation comme
image et ressemblance divine, laquelle
prépare déjà au Jugement postérieur
à cette incarnation,
à ce moment particulier où s'exercera la Justice
selon la loi de « pauvreté en
esprit ». Le chemin qui mène vers
la vraie lumière est long et
on ne peut espérer l'atteindre qu'à la condition
de recevoir le don de Sagesse
pour parvenir à la conscience de sa liberté
recouvrée. Alors, celui qui sait
accéder à la manifestation normale et originelle
du Soi, celui-là désormais
peut voir la lumière dans l'obscurité comme les
ténèbres présentes dans la
fausse lumière. Le disciple, ayant
réalisé la métamorphose et la
révolution du
corps et de l'esprit, a désormais la perception claire que
la vie est
profondeur, éveil et illumination. L'intuition
concrète de l'unité fondamentale
lui fait appréhender toutes les créations
(minérales, végétales, animales et
humaines) et les êtres en ayant la vision de l'expression de
l'Unique qui est
en toutes choses. Ce chemin reste accessible
à tous les Persévérants
s'ils suivent attentivement la voie des symboles que l'Ordre soumet
à leur
entendement. Le résultat ne dépend que de
toi. Bon
courage
, Bon voyage, Bonne force, Bonne
chance et bonne
route, mon cher jeune Comp\. J'ai dit. E\C\ C\ |
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