Obédience : NC Site : Lurker R.A.M.  14/06/2006


Les enfants de la Louve... LEWIS...
 
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« Avoir un système, voilà qui est mortel pour l’esprit ;
 n’en avoir pas, voilà aussi qui est mortel,
d’où la nécessité de soutenir, en les perdant, à la fois les deux exigences »

Françoise Schlegel

« Ceux qui disent  que le seigneur est mort d’abord et qu’il est ressuscité ensuite se trompent,
car il est d’abord  ressuscité, il est mort ensuite.
Si quelqu’un n’est pas d’abord ressuscité, il ne peut que mourir.
S’il est déjà  ressuscité, il est vivant, comme Dieu est vivant. »
Evangile de Philippe, logion 21
 
Lewis ou louve est un dispositif qui permet à un maçon opératif de soulever de lourdes pierres aux tailles exigées par le plan et de les mettre en place avec sûreté et précision, à la place qui leur est destinée.
Le symbole qui nous est présenté est composé d’un trépied à trois bases, reliées, par un système de cordes et de poulies, à une pierre taillée, cubique. Il est figuré sur les tableaux de loge au grade d’apprenti et sa fonction comme sa signification symbolique sont expliquées lors de la cérémonie d’initiation.
Ce symbole, visualisé globalement, évoque d’autres images  : celle par exemple du delta lumineux, lien entre le ternaire et l’unité, celle de la verticalité et de l’ascension et donc du fils à plomb.
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Le Lewis lui-même, outil des maçons bâtisseurs, est la pièce de métal en queue d’aronde  qui est insérée dans la pierre et qui, relié à la corde, permet l’action de levage. Le nom de Lewis provient probablement du latin « leuis » (l.e.u.i.s soit « lé- ou-is ») qui signifie soulever. Le trou spécialement formé pour accueillir le dispositif est appelé « trou du Lewis » ou « place du Lewis ». Il est comblé par le mortier de construction après que la pièce ait été mise en place.
Cette proposition d’étymologie illustre la fonction puisque le lewis, et l’ensemble dans lequel il s’inscrit, constituent l’outil de levage du rite émulation qui n’en connaît pas d’autre.
Selon certaines sources, le terme lewis serait originaire du terme français « Louve » dont l’usage est attesté depuis 1611 et une deuxième explication sur ce lerme renvoie à l’analogie entre l’étau, symbole de la constance et de la persistance, et la mâchoire de la femelle du loup à qui il est impossible de faire lâcher sa proie lorsqu’elle est attaquée.
Rite dont la transmission se fait, dans la tradition anglaise, normalement par la voie orale et dont l’un des principes est d’affirmer que l’on s’initie en pratiquant, sans écrits, le rite émulation ne comprend pas ces références alchimiques et autres éléments de « fantaisie imaginative » ( comme les appelle Alec Mellor qui caractérisent les rites continentaux. Par exemple, la déambulation, le principe de la purification par les éléments et les voyages contenus dans la cérémonie d’initiation telle que nous la pratiquons.

Appelant à travailler à la gloire du grand architecte de l’univers, ce rite profondément imprégné de références judéo - chrétiennes, est caractérisé par la prédominance du rituel sur les planches, car « le cœur de la maçonnerie est dans son rituel »
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Donc, traditionnellement, peu ou pas de planches lors des tenues mais possibilité de « lectures » lors des agapes.
 
Il me faut ici vous présenter un point particulier et important de ce rite, point dont j’ai pu remarquer à quel point il heurte les certitudes de certains francs-maçons continentaux : le droit à la parole est donné aux apprentis ! … Et ils l’utilisent ! …

Une explication s’impose tout de même : les rites anglais pratiquent le principe de « l’apprenti entré » et de « l’apprenti entrant. ». L’apprenti entrant est un profane qui n’est pas encore initié, mais qui bénéficie d’une instruction préalable à la cérémonie. Cette condition d’entrée est encore plus marquée lorsqu’il s’agit du fils d’un maçon appellé « louveteau », fils de la louve, et qui sera dispensé des enquêtes. L’apprenti entré est celui qui a été initié et qui participe aux travaux de la loge. Le silence n’est plus alors imposé mais proposé, ce qui ne diminue en rien son importance initiatique et amène le visiteur à s’interroger en retour sur son propre parcours.

Cela implique aussi que le plus ancien des apprentis entrés soit celui qui prodigue le premier enseignement au nouvel initié pendant la cérémonie de réception.

Puisque le décor est dressé, revenons maintenant au lewis, à la louve.
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Lors de l’étude de ce symbole, j’ai choisi de faire appel à des références bibliques en raison du contexte et des symboliques judéo - chrétiennes du rite. Et aussi et surtout parce que ce texte structure notre culture et peut être utilisé comme source d’éléments symboliques, en dehors de toute approche véritablement religieuse, le tétragramme étant alors compris comme la référence à l’essence de l’Etre, que cette source soit dénommée Dieu, G.A.D.L.U. ou autre.
 
Lors d’une cérémonie au rite émulation, une lecture de la planche tracée c’est-à-dire du tableau de loge, fournit les éléments d’explication des symboles qui y sont figurés, parmi lesquels, pour le grade d’apprenti, le lewis.
 
Une première observation : la louve soulève une pierre taillée, cubique et non une pierre brute.
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La planche tracée précise que « la pierre brute est le symbole de l’homme dans son enfance ou au premier stade de sa vie » alors que la « pierre cubique symbolise l’homme au déclin des années ». Le passage de l’une à l’autre s’effectue pour l’initié notamment « grâce aux soins affectueux et vigilants de ses parents ou de ses maîtres dispensateurs d’une éducation libérale et vertueuse, qui élèveront son âme. »
Cette pierre cubique ou « pierre parfaite » représente , nous le verrons plus tard, une pierre de fondation. A la première lecture, elle représente donc le maçon expérimentée. Mais peut-être est-ce aussi l’expérimentation issue de la pratique du rituel , conformément à la logique du rite Emulation, et, pour tous les FM, l’identification et l’analyse des différents composantes intérieures.

Cependant, il convient de garder à l’esprit que ce n’est pas sur le plan de l’opposition entre la pierre brute et la pierre taillée que se situe la véritable signification symbolique du lewis, mais dans un autre décodage, que nous aborderons plus tard , propre à cet ensemble symbolique compris comme une globalité qui dépasse les éléments qui le constituent.
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La planche tracée, c’est-à-dire l’explication du tableau de loge, présentée au nouvel initiée lors de la cérémonie, nous parle tout d’abord de la transmission de la Force utilisée dans l’action de lever la pierre, avant d’évoquer la Force sur laquelle repose la transmission.

Elle précise que « Le lewis ou louve symbolise la Force ».
Le lewis transmet la force de levage et rend possible le déplacement de la pierre à laquelle il est relié.
Le processus de transmission des forces à l’œuvre dans le levage de la pierre illustre l’une des finalités de ce lien symbolique entre le lewis et la Force : chacun est mis face à des difficultés jugées parfois trop pesantes, à des composantes de notre personnalité parfois trop lourds et aux efforts à réaliser pour les porter. Le lewis, puisqu’il illustre la transmission de la Force en vue de déplacer les poids apparemment trop lourds, éloigne alors de chacun la tentation de céder à l’envie d’ignorer certaines des pierres qui construisent notre personnalité, par peur de ne pouvoir agir face à elles. Ainsi, s’éloigne la tentation de l’ignorance des composants de l’intériorité auxquelles nous confronte le parcours maçonnique.

Cette Force nous apporte la consolidation de notre conscience, de notre capacité à nous structurer autour des pierres fondatrices que sont nos constructions culturelles en perpétuelle adaptation.

De plus, je cite toujours la planche tracée, « louveteau est le nom donné au fils d’un Franc-maçon. Son devoir envers ses parents est de supporter le fardeau des difficultés quotidiennes dont il doit les décharger en raison de son âge, de les aider dans les moments de besoin et de rendre ainsi la fin de leurs jours heureuse et exempte de soucis. ».

Si l’éducation est bien faite, le louveteau devient le bâton de vieillesse de ses parents.
Si l’éducation est réussie, si la transmission se fait et la réception s’opère, alors l’enfant prendra soin de ses parents.

Ainsi ce symbole, dans la tradition de la maçonnerie qui l’utilise, représente au premier abord une vision morale de la société et un code de conduite dans la manière pour un père d’éduquer son fils et pour un fils de faire honneur à son père. L’initiation maçonnique entretient un fort lien avec l’ordre social et se conçoit aussi en filigrane comme un moyen de sa sauvegarde. Le symbole est avant tout un instrument de reproduction d’une société donnée, en particulier de certaines classes sociales, de leur morale sociale, même s’il faut reconnaître que certains écrits énoncent des principes de tolérance mutuelle que certaines familles aujourd’hui encore peuvent ignorer.

Et l’on ne peut nier, même en ce qui nous concerne, que le cheminement maçonnique constitue une éducation qui a aussi pour fonction d’assurer la reproduction de la société dans laquelle elle s’exerce. La Franc-maçonnerie devient alors la gardienne de l’ordre social, du paradigme de la civilisation.

« En agissant ainsi, il ( le louveteau) aura le privilège d’être reçu maçon avant tout autre personne, si digne et si méritante soit-elle. »

Et la récompense pour le louveteau méritant, mais aussi pour le père, est l’octroi de privilèges dans le processus d’intégration à la loge.
 
Cette reconnaissance de la qualité de lewis pour le fils du franc maçon peut aussi, selon certaines règles, faire l’objet d’une cérémonie et amener la personne à porter un tablier particulier. Cette reconnaissance n’est cependant pas équivalente à une initiation et ne lui permet pas d’assister aux tenues comme membre à part entière de la loge.

La planche tracée rappelle aussi à tous ceux qui assistent à la cérémonie que la pierre ne se taille pas plus qu’elle ne se place dans une démarche strictement isolée, mais grâce à un cadre, un plan architectural, dans lequel s’organise une transmission et une réception et c’est cet accompagnement, cette construction, qui rend possible l’évolution.

La confrontation à l’étranger en soi et à l’étranger hors de soi tisse à chaque pas la capacité à dire « JE » à en avoir conscience et à trouver sa place, comme la pierre, dans l’architecture.

L’importance de l’altérité dans la construction d’une capacité à se penser en individu « en train d’être », à appréhender l’Etre dans la temporalité, ainsi réaffirmée, rappelle à tous ceux qui ont vécu l’initiation combien la démarche est certes solitaire, car l’on naît et l’on meurt seul, car l’expérience est dans une large mesure incommunicable.
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Mais elle rappelle aussi que seul le partage permet de progresser et que le ressourcement rendu possible par la rituélie à l’occasion de chaque tenue ré-intégre chacun dans sa voie propre .

Attardons-nous quelques instants sur le point précis de l’ancrage du lewis dans la pierre cubique.
Ce point d’ancrage voit les forces de gravitation et les forces de levage développées pour soulever la pierre devenir cette Force par laquelle l’Elévation est rendue possible. Ainsi, le mouvement existe lorsque les forces contraires ne s’équilibrent pas, mais encore faut-il, pour que ce mouvement soit synonyme de création et de progrès, que les forces qui nous poussent à regarder en arrière, qui nous engluent dans ce que nous étions ne soient pas plus puissantes que l’envie profonde de libération, que l’appel de la lumière qui nous a un jour poussé à frapper à la porte du temple.

Ce point, vers quoi peut-il nous renvoyer?

Certes, le cabinet de réflexion n’existe pas dans le rite émulation, mais pour nous franc-maçons continentaux, le point d’ancrage du lewis nous y renvoie et nous relie en particulier au V.I.T.R.I.O.L.

Le profane est mis au centre du cabinet de réflexion pour lui indiquer, par la voie des symboles, que l’initiation lui demandera d’aller au centre de lui-même vers le point d’ancrage du lewis, point d’appui de ses efforts. Et par ce voyage immobile, il commencera à identifier les multiples composantes de ce qui va lui sourire dans le miroir le soir de son initiation.
 
La cabale enseigne que la création du monde est née du tsimtsoum, d’un mouvement de rétraction de l’Etre qui a ainsi ouvert la possibilité à l’univers d’exister et offert à l’humanité un espace où accéder à la pensée et au libre arbitre.

L’initiation, par le silence offert à la découverte du franc-maçon, l’ouvre à des phases d’introspection et d’extériorisation, de rétraction et d’expansion de sa conscience et dans ce double mouvement, le conduisent à l’appréhension de la complexité des altérités intérieures et extérieures qui composent l’unité de sa conscience.

Ce point d’ancrage, est-il le point de point de rétraction, le point premier du tsimtsoum intérieur avant une nouvelle phase d’expansion ?
Est-il le point rattachant tout humain à l’un des aspects, l’une des composantes du sacré ?
Je vous parle ici de l’Etre, qui pour certains croyants, renvoie à la foi et à la référence à Dieu.
Mais peut-être est-il tout simplement, de manière bien plus inquiétante, le point d’origine des pulsions le point d’où s’étend l’EGO dévorateur.

Et lorsque le travail initiatique ne se réalise pas de la bonne manière, lorsqu’un élément de l’étiage initiatique ne se met pas en place, ne risquons nous pas de ne soulever à travers la pierre cubique qu’un EGO bien affûté ?

Certains peuvent penser que si le point de rattachement, le point de départ fait référence à Dieu, l’initié s’en remet à la volonté divine  alors que si ce point d’ancrage est V.I.T.R.I.O.L, l’initié ouvre ses propres voies intérieures de la manière qui lui convient. Dans cette approche, la première hypothèse est déterministe alors que dans l’autre, l’initié s’ouvre au monde volontairement. Mais plutôt que de voies « v.o.i.e.s. », il conviendrait peut être de parler de voix « v.o.i.x. ».
Quelque soit le point de référence, qu’il soit identifié à une volonté extérieure ou intérieure, ce à quoi cette « voix » nous renvoie peut n’être que l’illusion de l’Ego, projection des phantasmes ou illusion du libre arbitre, d’autant que les deux s’exercent dans un cadre social déterminé et souvent peu ou pas contesté.

Quel piège ! Mais le souhait non exprimé de celui qui frappe à la porte du temple  n’est-il pas de trouver au sein du groupe, les compagnons de route qui l’aideront à identifier puis à éviter ce piège.

Et donc quelle que soit l’hypothèse, ce point d’ancrage ne représente-il pas la seule connaissance véritablement inaccessible, la lettre des compagnons, la parole inconnue mais fondatrice.

C’est-à-dire, le Principe par lequel la Genèse comme l’évangile de Saint Jean débutent, « Bereschit » et « En arché », « Dans le Principe ». Ce point d’ancrage n’est-il pas ce qui nous rattache au sacré en chacun d’entre nous et nous parle intérieurement de la puissance créatrice de l’Etre ?

A celui qui déclare, en demandant la lumière, « Je ne suis pas encore la totalité de moi-même, je ne peux encore être », la quête du point d’ancrage du lewis, par le silence de la recherche initiatique, ouvre l’esprit à l’écoute d’un autre souffle, d’un murmure intérieur qui lui propose d’accéder à d’autres mots : Ehye Asher Ehye: « je serai qui je serai ». ….

Alors pour le nouvel initié comme tout pour tout franc-maçon, trouver le point d’ancrage du lewis, le point intérieur de rattachement à la chaîne d’union devient crucial.
Peut-être est-il le point qui nous situe dans le temps et l’espace et rattache chacun d’entre nous aux françs-maçons du passé. …

…. En vue de devenir un jour, lui-même un maillon de transmission, un des instruments de l’acceptation de la non permanence et de la lutte contre l’illusion.
Illusion dont Héraclite nous avait lui-même parlé : « nous entrons et nous n’entrons pas dans les mêmes fleuves ; nous sommes et nous ne sommes pas ».

Outil de fixation, le lewis permet de rassembler et de réunir les pierres entre elles. Sous cet aspect, il constitue un outil d’agrégation. Outre que cette caractéristique justifie sa place et celle de l’outil qu’il compose sur la planche tracée du premier grade et sa présentation lors de la cérémonie d’initiation, cette capacité à réunir ce qui est apparemment épars dans une construction ordonnée le rapproche de la chaîne d’union, laquelle n’existe pas à ce rite.

S’inclure dans la chaîne d’union signifie pour celui qui réalise cet effort, se donner la mission de trouver sa place, que ce soit dans le groupe ou en lui-même, en réajustant en permanence son rapport à lui-même, son équilibre, ses capacités d’auto-définition et de réflexivité de sa conscience. Cette re-définition se mène pour chacun au travers des processus successifs de réceptions / constructions, en vue de son élévation personnelle et de sa participation, aux divers stades de sa progression, aux mouvements cycliques de réception et de transmission qui caractérisent la F.M.

Cela n’est possible que par le refus de se figer dans ce que nous sommes à un moment donné, et, donc, par l’acceptation du mouvement permanent, aussi dangereux qu’il soit pour notre besoin de stabilité voire de fixité.

L’acceptation de cette idée de mouvement et de réajustement permanent est difficile, mais ne participe-t-elle pas aussi des éléments constitutifs du voyage et de ses rencontres ?

La cérémonie d’initiation, qui constitue une cérémonie agrégative, opère, pour chaque F.M. présent, une ré-interrogation de sa propre histoire par un retour sur le chemin parcouru et ainsi rend offre ré-initialisation de l’égrégore du groupe autour d’un nouveau membre.

Pour le groupe, l’accueil de cette nouvelle pierre à l’édifice, de ce nouveau maillon de sa chaîne, outre la re-fondation de son égrégore, lui rappelle toute la responsabilité qu’il a à déterminer si la personne peut devenir membre du groupe et qu’elle est sa mission de transmission de la force.

Et par la possibilité offerte à chacun lors d’un cérémonie de se reconnecter avec les principes qui lui ont été proposés lors de sa propre initiation, le nouvel apprenti prend toute sa dimension de pierre d’angle fondatrice de l’égrégore du groupe. Une loge qui n’initierait plus mettrait donc en danger sa cohésion en n’éprouvant pas tant sa capacité à intégrer une nouvelle pierre et donc à se confronter à une nouvelle altérité extérieure que, celle, pour chaque membre à revivre et ré-initialiser son propre engagement et donc à se confronter à son altérité intérieure.

Chaque FM, individuellement, renoue avec sa propre initiation, et par une nouvelle écoute des principes énoncés, ré-initialise sa propre démarche. Pour le nouvel initié , la mention de cette pierre de fondation lui indique qu’il devra en déterminer lui-même la nature en se souvenant de la prestation de son serment de fraternité, de laïcité et d’humanisme.

L’agrégation au groupe d’une nouvelle pierre passe par l’attribution au nouvel apprenti d’une place symbolique. Dans les cérémonies d’initiation de chacun des rites, émulation comme continentaux, le nouvel apprenti est placé au sommet de la colonne du Nord, à l’angle Nord-Est de la loge.

Si dans les rites continentaux, cette place n’est pas explicitée, elle l’est au cours de la cérémonie d’initiation au rite émulation lors de l’exhortation du nouvel apprenti, exhortation réalisée par le Vénérable. La place à l’angle Nord-Est est celle de la pierre de fondation dont la signification symbolique est offerte tant au groupe qu’au nouvel apprenti.

La pierre accrochée au lewis, puisqu’elle est une pierre de fondation, ne peut donc être qu’une pierre taillée et non une pierre brute.

Le positionnement Nord Est. s’inscrit dans la symbolique plus ancienne de l’orientation des lieux sacrés, orientés à l’EST (qui sont la situation du Vénérable Maître et du delta lumineux).
De plus, par sa position sur le plateau du 1er surveillant elle établie avec l’angle Nord-Est le partage des zones d’ombres et de lumière au sein de la loge

Les deux rituels insistent sur l’idée de circulation de la lumière, sous des formes différentes.

Le lewis soulève cette pierre de fondation positionnée à l’angle Nord-Est.

Ré-interrogeons notre ami lewis : à quoi sert-il ? nous l’avons vu, à démultiplier la Force de levage en vue de placer la pierre de fondation sur laquelle les temples intérieurs sont construits en vue d’un objectif encore à déterminer, car une fois le temple construit, qu’y mettre ? Par quel sacré faire habiter le saint des saints ? mais c’est là une autre question renvoyée à d’autres temps.

Les multiples représentations, fournies en annexe, de cet ensemble illustre la fonction première accordée au lewis : poser une pierre de fondation.

Nous revenons donc à la transmission, mais non plus au premier niveau de l’idée d’éducation mais à celui d’une transmission de la construction du cœur de l’idée d’altérité : l’éthique.

Les symboles nous transmettent un sens caché que nous devons chercher et dans une société qui se veut initiatique, qui énonce dès la cérémonie d’initiation qu’elle se donne pour mission de transmettre du sens, les symboles sont une voie vers l’éthique.

Cette quête de l’éthique en tout symbole est primordiale car elle permet à celui qui cherche sa vérité de ne pas s’arrêter à la forme matérielle que ses yeux perçoivent.
Et cette distance établie entre le chercheur de vérité et l’objet étudié autorise ce dernier à ne pas réduire l’Idée à la forme que cette culture lui a donné, à ne pas identifier l’Être à la matière. Et le danger de l’idolâtrie, réductrice de la distance qu’implique la perception et la construction de l’altérité est présent, je pense, à toutes les étapes du parcours.
Et se positionner par rapport aux symboles, par rapport aux rituels, ouvrir fréquemment les symboles comme des boîtes à parfum pour en découvrir à chaque fois une nuance différente ne constitue pas une tâche propre à un grade particulier.
La quête de l’éthique recouvre aussi la quête a minima du non appauvrissement du sens et si possible de l’enrichissement du sens.

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