Obédience : NC Blog : Solange SUDARSKIS 01/08/2005


Accueillonnage

 
 
Le silence est un langage, et comme tout langage, il rayonne de notre présence au monde. Il est l’entrée en contact avec l’autre, l’inconnu, et cela se fait en langues différentes : en langue maternelle, historique, vernaculaire, littéraire ou chimique ou alchimique, scientifique ou religieuse, en symboles aussi, bien sûr.
 
Il s’agit de trouver le médium structuré qui permet la relation entre le dit et le sens, sans altération de la totalité du réel. Il s’agit d’entendre quelques fragments du frémissement de l’univers, livre infini qui se réécrit sans cesse en langues plurielles et invite au passage d’une langue à l’autre pour se laisser déchiffrer.
 
Dans la bible, il est une affirmation sous-jacente : un des aspects de la création est que le monde est créé par le langage : D . dit que la lumière soit, et la lumière fut.
 
C’est affirmer que le langage contient une énergie créatrice et qu’il est au commencement.
  
Il resterait dans les mots une valeur sémantique germinale.
  
Le mot prononcé est la matrice qui nous fait accéder au monde de la chair et de l’existence.
 
Votre cérémonie d’augmentation de salaire est, pour vous, le temps du passage du silence à celle de votre parole, et c’est donc un temps où le M\ s’arrête parfois de parler afin que la parole du comp\ puisse exister face à la loge. Souvenez-vous que la parole fait sortir les choses de leur potentiel vers leur existence.  Aussi que votre parole ne soit pas mé-disante, disant le mal. Mon F\, ma S\, que votre parole ne prenne pas place à la place de la parole de l’autre. N’envahis pas avec ta parole l’histoire d’un autre, n’impose pas de réponse, ce serait lui confisquer à l’autre sa part d’être, sa part à la vérité de ce qui lui arrive, ce serait lui enlever sa liberté de construire sa propre histoire.
 
Le silence se veut Amour, la parole serait cet amour devenu pensée. Quand l’acte de parole est le plus doué de sens, le plus riche de signification réalisée, il s’efforce d’abréger autant que possible, même d’annuler, la distance entre signifiant et signifié. Il s’efforce de rendre substantif chaque aspect de la forme.
 
Cette fusion est totale dans les codes symboliques des mathématiques et de la musique. C’est pourquoi vous utiliserez la géométrie comme rayonnement de l’esprit humain.
 
 
La parole poétique est une parole aimante. Elle invente, dans le temps de la dire et dans celui de l’entendre, une communauté invisible, une fraternité silencieuse. Cela vous le saviez déjà et vous nous l’avez exprimé dans vos travaux d’app\, vous nous avez, dans vos silences murmurer quelques paroles de F\M\ qui avaient la consistance de cette sédimentation de vos vécus fraternels.
  
Ma S\B., devant le pavé mosaïque, tu as retenu comme premiers enseignements l’humilité, l’approche fraternelle et surtout l’espoir. Ce sont ces formes là que tu veux donner à ta pierre taillée. Ici sur le chantier tu l’as préparée. Tu as commencé de l’assembler avec celles déjà déposées dans le temple de l’humanité.
 
Toi, mon F\G.N., cette humanité lu l’as rêvée, fondée sur la tolérance, tu nous as dit: « La tolérance a créé les sociétés les plus humaines qui aient jamais existé, fondées sur les valeurs de la paix, de l’harmonie, de la liberté et de la solidarité ; mais, avec lucidité tu as rajouté, en maintenant le principe de tolérance à l’égard des pays gouvernés par la terreur, on aboutit à détruire toutes ces valeurs »
  
Ma S\B., tu les as entrouvertes ces portes de l’horreur, mais tu retiens celles du devenir ; rappelle toi : «  j’ai accédé par quelques marches de pierres usées à de nombreuses portes. Coupée du bruit, du monde, une des dernières portes s’est ouverte sur le renouveau, le dépassement. Au fond de mon âme, j’ai trouvé une grande force soutenue par la fraternité et la beauté du temps symbolique. »
 
Ces paroles, j’aurais pu les mélanger à celles de chacun de vous trois. Vos âmes se penchent sur les mêmes attentes d’idéal et de perfectionnement de vous-mêmes.
  
Et pourtant, votre nouveau grade vous exposera à une violence potentielle. Violenter la foi des uns et des autres est une entreprise marquée par la mort. La tolérance, c’est une non-violence spirituelle totale. Elle est le seul climat sous lequel travaillent les F\et les S\qui aspirent à devenir M\ maç\ Il faut beaucoup de peine pour être F\M\, un non-violent dans sa famille, dans son entourage et dans le monde, pour préserver la justice en subissant l’injustice, pour pratiquer la compréhension en étant payé d’ingratitude, pour œuvrer sans désemparer au bien de ceux qui montrent de la haine. N’est-ce pas F\ Kipling ?
 
Les outils qui vous sont proposés sont nos actes. Ils sont à considérer du point de vue de leur usage au cœur de nos épreuves du réel.
  
En passant de la perpendiculaire au niveau, vous quittez le 2 de la dualité, celui des oppositions, pour découvrir le 2 de la multiplication. Ce n’est plus 2 points qui s’opposent, c’est le Un qui se développe. Ce n’est plus une ligne en tant que succession de points qui vous fait avancer, c’est un plan que vous avez tracé par le pas du compagnon, esquisse de la construction à élever. Votre écart est un élargissement de l’espace.
 
En culture algébraïque le nom se dit chem s’écrit chin, mèm, avec shin =300 et mèm = 40. Pour atteindre le nom (des choses ou de vous-mêmes, le nom qui fait exister) il faut parcourir 260 en guématrie différentielle. 260 s’écrit samekh, rech (200 + 60) et peut se lire sar qui signifie écart, révolte, détournement.
  
Le cœur du nom qui fait exister la chose c’est l’aptitude à la rencontre, la capacité d’ouverture à l’événement. Pour se détourner, il faut être, en entendant toute la valeur de verbe exister, ex-istere, sortir de… C’est dire que le grade de comp\ vous propose, aussi, le détour comme catégorie de pensée, de comportements.
 
Le plan qui vous oriente vers cette construction de vous-mêmes, vous permettra de sortir du déterminisme des chemins tracés pour rejoindre Vénus, placée dans la pointe basse droite de l’étoile du pentagramme.
  
Et, c’est avec des bagages que vous vous êtes dirigés vers elle. Protégez-vous avec eux et en particulier avec la règle. Le compagnonnage, en tant que fraternité de groupe, en tant qu’acceptation de l’ordre et donc d’une règle, nous protège de l’effacement de l’harmonie des hommes entre eux, au seul profit des libertés individuelles potentiellement diaboliques parce que divisant.
 
L’éveil à la clarté de votre étoile ne vous fera pas pénétrer plus près du noyau des choses, plus près de la vérité, puisque inaccessible. Mais, en découvrant les lois de la relation, qu’elles soient géométriques ou fraternelles, vous pénétrerez, non dans le cœur de l’univers, mais dans le cœur de votre propre être. En rencontrant l’horizontale, vous accomplirez votre verticale.
  
Après le détour dans la verticalité, le détour vers l’autre dans l’horizontalité fera que Jakin révélera  Boaz.
 
L’étoile est belle quand elle laisse deviner l’infini dont elle s’entoure. Le mystère du ciel est dans la lumière imperceptible qui nous vient d’une étoile.
  
L’étoile flamboyante recompose pour nous la lumière de ce mystère, lumière éclatée dans le prisme du monde profane.
 
Le travail du comp\ en est son énergie qui la fait resplendir.

Solange Sudarskis

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