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La Lettre G Toute formulation réduit la pensée qu'elle est sensée exprimer. S'agit-il de la Lettre G, ou d'un signe prenant la forme manuscrite de la majuscule de la 7ème lettre de l'alphabet latin ? Cette question renferme toute la différence entre le langage traditionnel ou sacré, à caractère universel, s'exprimantpar signe, et la langue profane dont les mots et les lettres qui les constituent sont propres à chaque groupe d'expression, et ne seront compris que par les personnes appartenant à ce groupe d'expression. Ceci nous amène, préalablement à l'analyse classique des interprétations de la lettre G, à nous interroger sur ce qu'est une lettre par rapport à un mot, un signe, une langue, et à dégager ce que tout cela contient de sens explicite ou caché. La langue
profane est indispensable pour régler les
échanges économiques, culturels, et
interpersonnels, mais n'est comprise que par ceux qui l'on apprise,
essentiellement en tant que langue dite « maternelle ».
La langue sacrée n'utilise pas les mots pour leur sens
concret, mais comme véhicule de l'idée qu'ils
sont censés faire naître. D'où le terme
d'idéogramme. L'idéogramme est un signe qui n'est pas uniquement le calque d'un son, mais une écriture dont la signification résulte de l'association d'idée correspondant aux éléments qui le composent. Une langue et son écriture, que celle-ci soit idéographique ou phonétique, ne sont pas une simple strate de connaissance, mais quelque chose qui structure l'individu. A travers une langue et une écriture particulière transparaissent une perception et une approche du monde différente. Cette un peu longue introduction est peut-être essentielle pour déterminer la façon dont nous allons aborder notre réflexion sur la Lettre G, et la symbolique d'une manière générale. En effet, en privilégiant, la combinaison, l'espace et l'image contre la verbalisation et le découpage analytique, on s'inscrit dans la recherche spirituelle et initiatique du sens derrière le signe. La lettre G est donc un symbole dont le sens mystérieux ne peut s'exprimer en mode intellectuel, mais dont le but est de susciter une illumination. Cependant, puisque la raison humaine divise et borne artificiellement ce qui est un et sans limite, et malgré la fausse apparence de réalité des mots, nous allons analyser les principales interprétations qui ont pu être faite de la lettre G. La première
interprétation se fonde sur le développement
symbolique attaché à cinq mots dont l'initiale
commune est bien sûr la lettre G :
Géométrie, Génération,
Gravitation, Génie, Gnose. GÉOMÉTRIE L'allocution après le 3ème voyage du rituel de réception au grade de Compagnon nous dit ceci : La géométrie a pour but la mesure des lignes, des surfaces et des volumes. Cette science, source inépuisable de connaissances est l'objet spécial des études du compagnon, telle est l'une des raisons qui justifie au grade de compagnon la présence de la lettre G, initiale de Géométrie, au centre de l'Étoile Flamboyante. Cette présence nous rappelle aussi que Dieu, le Grand Géomètre à créé l'univers suivant les mêmes règles que cette science a découverte : harmonie et rigueur. Par ailleurs l'instruction de ce même grade de Compagnon nous indique : « Cette étoile symbolique ne contient-elle aucun autre symbole ? On voit, au milieu, la lettre G qui représente notamment la Géométrie, symbole par excellence de l'intelligence humaine ». Au plan symbolique, la Géométrie est donc la science de la construction universelle. Elle sert à façonner les individus, au plan moral, en vue de leur destination, puis à les unir harmonieusement pour leur bonheur réciproque. La loge est elle-même régie par des règles géométriques strictes explicitées dans l'instruction du grade d'Apprenti : Quelle est la forme de votre loge ? - Un carré long ; Dans quelle sens est sa longueur ? - De l'orient à l'occident ; Sa largeur ? - Du midi au septentrion ; Sa hauteur ? - Du zénith au nadir ; Que veulent dire ses dimensions ? ; Que la Franc-maçonnerie est universelle ? L'architecture de la loge
constitue le modèle symbolique de structuration de notre
esprit, et permet le travail constructif présidé
par la Sagesse, achevé par la Force, et orné par
la Beauté. La Géométrie est image
d'ordre, d'harmonie et d'équilibre. Elle s'oppose au tumulte
des passions qu'il va falloir vaincre et leur propose un
modèle figuré à travers lequel elles
pourront s'exprimer de manière féconde. GÉNÉRATION La
Génération correspond au binaire
créateur, représenté à
l'entrée du Temple par les deux colonnes. La
Génération est bien sûr œuvre
de vie par la création d'êtres vivants, mais
surtout pour le Compagnon, le symbole de la pensée, du
principe qui précède le geste
créateur. On peut voir là aussi une
manière de rappeler au Compagnon son devoir
d'ingérence dans la genèse de la
pensée qui s'inscrira dans l'œuvre de
progrès. La Génération pousse l'homme
à se construire par le travail et l'action pour son propre
bonheur et celui des autres. Lorsque l'homme est
représenté dans l'étoile, l'organe
mâle de la génération est
situé au centre de l'étoile. L'analogie entre le
pouvoir fécondant du sexe masculin et la puissance
créatrice de l'esprit organisant le chaos et
évidente. Le flamboiement de l'étoile ne
figure-t-il pas par ailleurs la manifestation de la force de
Génération contenue et concentrée en
son centre, puis diffusée vers l'extérieur
après s'être modelée sur la
Géométrie du Pentagramme. GRAVITATION La Gravitation est explicite en observant l'étoile : les cinq pointes et le flamboiement sont équidistants du centre et le lien est toujours maintenu par cette force de gravitation sans laquelle l'étoile s'anéantirait. Au plan physique, la Gravitation est la garantie du maintien de la cohésion et de l'équilibre des parties d'un tout. Elle est toujours conditionnée par l'existence d'un centre, appelé justement centre de gravitation. Au plan symbolique, la gravitation
exprime la nécessité de l'attirance mutuelle
entre les hommes pour permettre l'édification de
l'œuvre commune. La Fraternité
maçonnique procède en effet du principe de
Gravitation. Elle naît d'une conscience d'abord. Cette
conscience est au centre de l'étoile, elle a
traversé les épreuves pour y parvenir, elle a
frappé pour qu'on lui ouvre les portes du temple, elle a
cherché pour trouver la Vérité, elle a
demandé pour recevoir la Lumière. L'amour
fraternel se distille ensuite harmonieusement à l'ensemble
de la communauté des hommes, amis ou ennemis, à
conditions qu'ils en soient dignes, puisque donner sans discernement
conduit à épuiser le foyer central, à
gommer la lettre G, à tuer l'étoile, à
s'affranchir de la nécessaire vigilance vis à vis
des forces contraires, égoïstes, malveillantes. GENIE Le Génie prend deux sens. En premier lieu, il exprime la faculté de l'homme de l'Art, celui qui sait construire, celui qui connaît la Géométrie et la met en pratique dans l'ouvrage réalisé. Symboliquement, cette acception du mot Génie nous invite à hiérarchiser nos désirs, à structurer notre pensée, pour que l'édifice ne soit pas bancal. Nous avons des outils pour le faire, et on nous en a expliqué l'usage au cours de l'initiation. En second lieu, le Génie est un principe spirituel organisateur et fécondant qu'il nous faudra intuitivement capter. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'un bon, ou mauvais esprit, qui produiraient quelque effet physique destiné à surprendre les sots ou les naïfs. Ce génie là, faiseur d'illusion, est extérieur au spectateur qu'il est censé étonner. Le Génie dont nous
parlons n'est pas un effet, mais participe du mystère de
l'initiation. Il n'est pas extérieur à nous, mais
en nous. Il EST nous, à conditions qu'après
être mort aux préjugés du vulgaire,
nous puissions renaître à la vie nouvelle que
confère l'initiation. Le Génie est la force de
motivation et d'inspiration que va nous insuffler la
communauté. Notre travail maçonnique n'est pas un
travail solitaire, il est un maillon de la connaissance
partagée au sein de l'assemblée
délibérante que constitue la Loge. Nous savons
tous que notre planche n'a plus la même résonance
en nous, après que nous l'ayons lue en Loge. Il s'agit moins
d'ailleurs de l'effet des commentaires « techniques »
qui ont pu être faits, si importants soient-ils, que de
l'influence de l'Egregor qui se distille en nous. GNOSE C'est la connaissance
caractéristique de tout esprit ayant su
pénétrer les mystères incommunicables
de l'initiation. Elle s'acquiert par les efforts personnels de
méditation sur le sens caché des symboles. Elle
puise à toutes les sources de pensée
traditionnelle, particulièrement dans ce qu'elles
contiennent d'universel. La Gnose attache plus d'importance
à l'Essence qu'au fait, elle cherche le sens sous le signe.
Elle exprime une disposition de l'Esprit à
considérer la manifestation dans ce qui la
précède comme dans ce qui est après,
en dessous, et au dessus d'elle. C'est à la faveur de cette
méditation que vont très concrètement
s'effectuer nos choix. En effet, la voie initiatique, comme la vie
profane, est constituée d'une succession de choix, mais les
critères de jugement ne sont pas les mêmes. Les
choix sont éclairés par la raison ou assombris
par l'erreur dans la vie profane, tandis qu'ils sont guidés
par la Connaissance, ou la Gnose, dans la vie nouvelle que
confère l'initiation. Le Bien et le Mal n'apparaissent pas dans l'exercice de notre vie avec la netteté contrastée du Pavé Mosaïque. Ce qui est bien pour nous peut être mal pour les autres. Ce qui est bien pour la société peut être nuisible à nos intérêts personnels ou familiaux. Ce qui est bénéfique pour l'entreprise qui nous emploie peut être maléfique pour notre conscience. Ce qui était bien hier sera peut être mal demain. Le Mal peut même revêtir les apparences du bien. Ainsi le bon sens populaire ne nous dit-il pas que l'Enfer est pavé de bonnes intentions ? Puisqu'il est question d'enfer, l'ange déchu, LUCIFER (Lux Ferris, le porteur de lumière), est aussi le plus beau des anges puisque, si le mal n'avait pas l'apparence du beau, la tentation n'existerait pas. Notons également que la chute de l'ange porte en elle-même le germe de sa renaissance par la rédemption, et que le Prince des Ténèbres est en exacte symétrie du Dieu du Royaume des Cieux. La Gnose est connaissance, donc, et cette connaissance est en nous, de nature intuitive. Ce n'est qu'en harmonie avec notre conscience, et par l'application aveugle d'une règle imposée, qu'elle apaisera nos tourments, conciliera les contraires et se réalisera dans une action féconde et généreuse. La Lettre G a suscité
bien d'autres interprétations. Nous en citerons quelques
unes, en développerons brièvement certaines et en
omettrons beaucoup pour contenir notre propos. Certains auteurs ont vu
dans la lettre G une altération du symbole alchimique du sel
et une initiale de la « matière
première ». La lettre G au
centre de l'Etoile exprime la quintessence qui triomphe de
l'état animal. On pourrait imaginer la
représentation de cet état animal par une
étoile sans flamboiement, expression d'une vie physique,
respectable bien sûr, mais réduite à
elle même, c'est à dire à sa propre
conservation ou celle de son espèce. L'instinct de
conservation a d'ailleurs ses limites puisque cela n'a pas
empêché de nombreuses espèces de
disparaître, montrant ainsi les limites des
possibilités d'adaptation et de contrôle de
l'environnement par le monde animal. Le graphisme du symbole G, lorsqu'on le considère comme signe dynamique, et non comme lettre alphabétique, traduit l'exigence de se connaître pour se construire et de remonter au principe, à la vérité première, à la recherche de la parole perdue. Ce signe s'écrit en décrivant une sorte de spirale allant de la périphérie vers le centre, en évoquant la concentration des forces spirituelles, destinées ensuite à se répandre au dehors en une action féconde. La situation du signe, au centre de l'étoile, et le moment initiatique où il apparaît, c'est à dire le grade de Compagnon, sont des éléments essentiels du message. Peut importe alors la forme que revêt ce signe qui pourrait être une autre lettre d'un alphabet quelconque, ou un dessin, ou un point, ou être virtuel, comme le quatrième pilier de la loge. Ce pourrait aussi être l'œil du Maître qui conçoit les plans de l'œuvre à construire et dont la pensée s'exprime dans la structure de l'étoile, régie par le Nombre d'Or. Le discours littéraire autour de les différentes « explications » données à la Lettre G, par associations phonétiques (Iod, God), grammaticales, ou par coïncidences historiques, graphiques, ne sert qu'à orienter l'initié, mais ne sera toujours que très secondaire à l'impression qu'il est susceptible de produire. L'impression est l'empreinte que laisse un corps lorsqu'il est appliqué sur un autre. Analogiquement, les interprétations analytiques mettent l'initié sur la voie afin d'éviter qu'il ne s'égare sur de mauvais chemins, car comme nous le dit notre Frère VOLTAIRE : « il y a des impressions funestes dont on ne revient jamais ». La lettre G est donc l'intelligence en gésine. Elle nous montre l'initié en qui le feu est éveillé, feu créateur et maîtrisé au cœur de l'étoile Flamboyante qui porte en elle l'annonce d'une autre étoile, idéogramme classique de la pierre philosophale. J'ai dit. |
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