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Origines du Compagnonnage et Franc-Maçonnerie Loin
de moi l’idée
prétentieuse de vouloir résoudre dans cette
modeste planche les origines du
compagnonnage et ses liens originaires avec la création de
la Franc Maçonnerie
car le sujet est quasiment historique et le mystère
n’est toujours pas à ce
jour véritablement éclairci. Mais
il est vrai qu’il est
terriblement excitant pour les Francs-maçons. J’ai
fait un travail simple
car il faut savoir ne pas abuser du temps , et j ai puisé
mes sources
essentiellement dans un article du Pays Paul
Clémenceau publié dans le
Journal de L’Union Compagnonnique de mars et avril 2006. Je
n’ai rien inventé
, mais peut être pourrons nous ensuite de ma lecture en tirer
ensemble les
conclusions philosophiques qui s’imposent. et ce
d’autant plus que nous venons
d’entendre la semaine dernière une planche sur les
Chevaliers du Temple et que
tout ceci est très souvent contemporain. On
peut dater de 1717
la naissance de la Franc Maçonnerie spéculative
,c’est à dire indépendante des
corporations d’architectes et de tailleurs de pierres.Ce
sont deux pasteurs
protestants ,DESAGULIERS et ANDERSON , qui ,s’inspirant peut
être du
compagnonnage, fondent la Franc Maçonnerie moderne.Ils
s’appuient sur des
rîtes parfaitement réglés pour
maintenir une tradition humaniste dans laquelle
chacun construit une réelle liberté individuelle
pour mieux s’engager dans l’amélioration
de la vie de la Cité. Cependant
les sociétés
philosophiques et les sociétés compagnonniques ne
découlent vraisemblablement
pas les unes des autres ,comme beaucoup le pensent ,mais sont sans
doute issues
du même tronc ,c’est à dire des
sociétés de constructeurs de
l’antiquité et du
moyen âge. En
effet le rituel et les
symboles utilisés par les sociétés
philosophiques sont le plus souvent les
outils de ces mêmes bâtisseurs. -Les sociétés de constructeurs de l’antiquité et du moyen âge -L’épopée gothique ; -Les corporations du moyen âge. -Le compagnonnage. -Les loges de compagnons acceptés. Les
Sociétés de constructeurs de
l'antiquité et du Moyen Age
Tout
semble avoir commencé
par la construction du temple de Salomon ,à
Jérusalem , il y a 10 siècles. En
effet dans l’antiquité
où les moyens mécaniques étaient nuls
, il aura fallu certainement un nombre
impressionnant d’ouvriers qualifiés , moins
qualifiés et des manœuvres chargés
d’effectuer les tâches pénibles et
harassantes pour construire ce temple. Ainsi
se sont certainement
constituées les premières
sociétés de constructeurs. Les
maîtres d’œuvre ,c’est
à dire ceux qui commandaient l’ouvrage
embauchaient alors non pas des ouvriers
particuliers comme nous le faisons actuellement mais une
société dans son
entier et autant de sociétés qu’il en
était besoin. Une
légende nous dit que
les ouvriers étaient hiérarchisés en
deux grades « les apprentis et les
compagnons « et que chacun dans son grade se rendait
auprès d’une colonne
déterminée donnait son mot de passe et recevaient
son salaire »; sans
doute dans le but d’éliminer les
imposteurs ; Le
mot de passe était donné
à chaque grade au cours d’une
cérémonie initiatique. Ces
sociétés comprenaient
des apprentis et des compagnons mais il n’y avait pas de
grade de maître ;
le maître était simplement choisi pour ses
compétences à diriger parmi les
compagnons. Il
y a fort à penser que du
fait de la forte mortalité et du peu de
longévité vitale un grand besoin de
renouvellement de main d’œuvre se faisait sentir et
que donc la promotion dans
la société était importante. Les
apprentis devenaient
compagnons lorsqu’il se sentaient prêts
à faire une belle œuvre et
qu’ils
étaient donc jugés par les compagnons aptes
à devenir un des leur.Leur nouveau
mot de passe leur était donné au cours
d’une cérémonie initiatique afin que le
secret soit bien gardé. Ces
sociétés avaient donc
un rôle social important car elle transmettaient le savoir et
permettaient
l’insertion des ouvriers dans la
société civile dans laquelle il
vivaient ; Cependant
elles étaient
avant tout des sociétés commerciales
constituées dans l’unique but de gagner
des l’argent. Avec
la romanisation de
l’orient et l’extension de l’empire
romain le système des sociétés de
constructeurs fut installé et connu dans tout
l’empire romain et lorsque les
romains conquirent la Gaule ils expatrièrent des
sociétés de constructeurs en
Gaule afin de leur apprendre à construire des
bâtiments en pierres car les
gaulois ne bâtissaient que des constructions en bois et
ignoraient le travail
de la pierre Ce
fut pour la Gaule le
début des sociétés de constructeurs
qui se déplaçaient au fil des
chantiers ;certaines sociétés se fixant
même dans certaines villes dans
l’attente de l’embauche ,comme par exemple la ville
d’Angers. Ces
sociétés existèrent
jusqu'au XIII ème siècle , début XIV
ème et durent évoluer durant 20
siècles au
fil d temps et des nouvelles techniques et c’est
très certainement grâce au
système de transmission du savoir mis en place dans
l’antiquité qu’elles purent
survivre autant de temps. L’Epopée
Gothique
Cependant
en l’an mille,
comme libérée de la peur de
l’apocalypse et guérie de la superstition, la
population se rua vers le christianisme et se mit à
construire des églises
dites romanes. En
1098,Robert de Molesnes
fonda l’abbaye de Citeaux en Bourgogne ,abbaye
bientôt suivie d’abbayes annexes.Puis Bernard de
Fontaines imposa à l’ordre
cistercien l’étude des 7 vertus
antiques (grammaire , rhétorique ,
arithmétique , dialectique , astronome
, géométrie , musique )ce qui
amena l’abbaye de Fontenay à se
spécialiser dans la géométrie et
l’architecture ,d’où la naissance des
premiers
efforts de synthèse concernant l’art gothique pour
pouvoir construire toujours
plus haut , plus compliqué et la naissance du
« trait ». Le
« trait »
véritable trésor, était une science
qui convenait bien aux ouvriers (car elle
s’exprime par le graphisme et non par les
mathématiques ) et fut au cours
des siècles améliorée par les
constructeurs qui en gardèrent jalousement le
secret Jusqu’à
Descartes les
épures étaient battues en grandeur
réelle dans « les
loges » (abris
de chantiers ) et c’est Descartes qui eut
l’idée de faire des épures en
échelles réduites et inventa le rapporteur. A
la fin de la première
croisade Hugues de Payns fonda l’ordre des
templiers à Jérusalem et afin
de protéger les pèlerins sur la route de la Terre
Sainte l’ordre construit de
nombreuses places fortes et fit venir de nombreux constructeurs pour
édifier
des œuvres d’art (on parle de 18,000 le nombre
d’ouvriers qui firent le voyage
d’Aigues mortes à Saint Jean d’Acre
durant les croisades) Déjà
à ce moment de ma
planche nous pouvons entrevoir ce que les
sociétés de constructeurs antiques
ont apporté aux sociétés de
constructeurs du Moyen-Age et comment tout ce
savoir et cette organisation ont été transmis au
fil des siècles d’abord par
les romains puis par les templiers. En
effet , ainsi que nous
le disait la semaine dernière notre frère
Frédéric à partir de la naissance des
Templiers , les sociétés de constructeurs vont se
séparer en deux
courants : celles qui vont travailler pour le
clergé à bâtir les
cathédrales , et celles qui vont travailler pour les
Templiers à bâtir et
édifier soit des constructions religieuses ,soit des
constructions profanes. Les
deux ayant le plus
souvent créé de véritables
œuvres d’art. Après
la perte de Saint
Jean d’Acre en 1291 les ouvriers qui travaillaient en orient
rentrèrent en
occident et pour la plupart allèrent rejoindre les chantiers
des cathédrales. Après
la disparition des
Templiers par l’exécution de leur grand
maître , Jacques de Molay , le 13 mars
1314 les ouvriers se séparèrent une
nouvelle fois ; ceux d’obédience
templière fuyant la France pour se réfugier en
Ecosse , en Espagne ,au
Portugal où ils ont apporté leur technique. Ceux
d’obédience clergé
demeurant en France mais avec moins d’enthousiasme et
certaines l cathédrales
mirent des siècles à être
construites.Comme celle de Tours qui commencée en
1170 ne fut terminée qu’en1547. Toute
ces événements
historiques firent largement évoluer les esprits dans les
sociétés. Les
ouvriers ne voulurent
plus dépendre exclusivement d’elles pour trouver
leurs chantiers et devinrent
plus indépendants. Les
maîtres aussi avaient
changé de mentalité et pour finir les uns se
séparèrent des autres et ce fut la
fin des sociétés et le début des
corporations. Les Corporations du Moyen ageSi
l’époque gallo-romaine a
vu naître la première corporation , celle des
marchands d’eau , dont le sceau
fut le modèle du blason de Paris , c’est cependant
Charlemagne au IX sièce qui
organisa les premières corporations en s’inspirant
des sociétés de
constructeurs. En
effet les sociétés de
constructeurs regroupaient les ouvriers de bâtiment
exclusivement et donc les
corporations vont regrouper les autres
« travailleurs »
(artisans ou commerçants ). Une
corporation était une
organisation municipale reconnue et protégée par
le Roi ou le seigneur.C’était
le regroupement dans la même ville de tous les artisans dans
le même métier Toutes
les corporations
avaient leur Saint. Par
exemple le Saint des
avocats était et est toujours Saint Yves. Charlemagne
craignait les
corporations d’où pouvaient germer des
conspirations contre lui , aussi il les
réglementa tout en les protégeant allant
même jusqu’à leur imposer la
qualité
d’un produit fini ( nous n’avons donc rien
inventé avec les labels et la TVA ) La
hiérarchie chez les
artisans comprenait 3 grades : apprentis , compagnons et
maîtres; ces
grades étaient obtenus après des
épreuves professionnelles jugées par
l’ensemble
de la corporation ; Cela
pour les passage des 3
grades, contrairement à ce qui se passait dans les
sociétés de constructeurs
dans lesquelles le passage au grade de maître
était uniquement électif. Seuls
les maîtres pouvaient
devenir patrons et quelquefois ils n’employaient
qu’un seul apprenti ou un seul
compagnon. Les
rapports entre le
maître et ses employés étaient pour la
plupart du temps tyranniques. Et
l’évolution dans le
temps de ces associations ne fut pas ce qu’elle aurait du
être car des déviances
se sont installées, qui devaient devenir des abus
insupportables. Les
maîtres devaient peu à
peu s’installer dans leur place qui devait devenir une charge
transmissible et
donc impénétrable par les compagnons qui de leur
coté étaient maintenus dans
leur grade par des moyens asservissants.La seule
spiritualité des corporations
était l’attribution par le clergé
d’un saint patron ou d’une sainte patronne. En
fait les corporations
étaient des sociétés commerciales qui
devinrent des syndicats patronaux qui
n’eurent plus aucun rôle social pour les ouvriers
et aucun lien avec les
origines du compagnonnage. Le
Compagnonnage
Souvenons
nous qu’au début
du XIV ème siècle les
sociétés de constructeurs , à la suite
de l’extermination
des Templiers , disparurent et que les compagnons, pour ceux qui
survécurent,
mirent sur pied une organisation qui par
nécessité fut clandestine puisqu’ils
n’avaient pas droit de se réunir. Les
ouvriers du bâtiment
seulement , donc , puisque les autres se réunissaient dans
les corporations ,
n’étant plus sous la tutelle des
maîtres, purent et durent prendre leur destin
en mains. Ainsi
peu à peu ils
choisirent individuellement leur chantier et
négocièrent de meilleurs salaires. Ne
pensons pas que tout
cela s’organisa facilement et rapidement. Il
fallait du temps car
l’analphabétisme et la clandestinité
freinaient l’évolution. Mais
lorsque l’organisation
fut terminée , chaque métier du
bâtiment eut sa propre société (par
exemple les
tailleurs de pierres ,les maçons , les charpentiers ,etc )
indépendante des
autres et dans chaque ville une auberge d’accueil existait
où le voyageur
trouvait le gîte et le couvert au meilleur prix et
où les sociétaires déjà en
place recherchaient l’embauche pour l’arrivant. Le
moins que l’on puisse
dire c’est que la flexibilité existait
à cette époque beaucoup plus que de nos
jours car enfin l’ouvrier devait non seulement accepter de se
déplacer aux
quatre coins de la France pour trouver du travail mais
n’était assuré de
conserver ce travail que durant la vie du chantier. C’était
peut être là que
résidait la richesse de ce système qui faisait
que les connaissances étaient
perpétuellement sinon remises en question mais tout au moins
comparées et
remises à niveau. A
une certaine époque les
ouvriers d’obédience templière
émigrés revinrent en France et
fondèrent leur
propres sociétés car ils ne voulurent pas
cohabiter avec les ouvriers
d’obédience clergé et deux
système de sociétés
cohabitèrent alors. Ceux
qui étaient d’origine
clergé prenant l’appellation de
« compagnons du Saint Devoir de
Dieu » et les laïques si
l’on peut dire prenant l’appellation de
« compagnons non du Devoir ». Les
sociétés de compagnons,
dégagées de la tutelle des maîtres,
prirent alors leur vie professionnelle en
mains et assurèrent la formation des jeunes apprentis ainsi
que la transmission
du savoir qu’ils étaient finalement seuls
à connaître puisque les maîtres
n’avaient plus de formation professionnelle Le
passage des grades se
faisait toujours lors d’une cérémonie
initiatique avec transmission des mots de
passe comme dans les sociétés de constructeurs de
l’antiquité. Contrairement
cependant aux
sociétés de constructeurs les
sociétés de compagnons n’avaient pas de
but
commercial. C’étaient
des groupements
de compagnons crées par des compagnons , pour des compagnons
et dirigés par des
compagnons. On
peut dire que les
sociétés compagnonniques furent
à l’origine un mouvement revendicatif
d’ouvriers qui prit en charge la formation professionnelle et
la promotion du
monde du travail avec un caractère initiatique. Ce
furent aussi les
ancêtres des syndicats ouvriers. Et
cette facette mériterait
à elle seule une planche donc je ne peux me permettre de
développer cet aspect. Les
ouvriers des
corporations ( c’est à dire les artisans des
autres métiers que ceux du
bâtiment) rejoignirent peu à peu les
sociétés de compagnons et les compagnons
du Devoir de Dieu leur révélèrent peu
à peu les secrets des initiations ,tandis
qu’en 1804 les compagnons du non Devoir prirent certainement
dans un esprit
révolutionnaire le nom de « compagnons du
Devoir de liberté «. Les
Loges des Compagnons acceptés
Lorsque
les maîtres et les
ouvriers se séparèrent au début du
XIVème siècle ,les maîtres se
regroupèrent
au sein de nouvelles sociétés, conçues
sur le modèle des sociétés de
constructeurs , afin de se donner une formation purement technique
qu’ils
n’avaient plus. Elles
possédaient deux
grades initiatiques (apprentis et compagnons ) et un grade
électif (celui de
maître ) et les grades se passaient avec des
cérémonies initiatiques mais les
épreuves n’étaient plus des travaux
manuels mais des épures d’architecture. Pour
prendre une référence
moderne on pourrait dire que ces sociétés
étaient des cabinets d’architecte qui
comprenaient des apprentis (commis), des compagnons (les architectes
adjoints
)et les maîtres qui détenaient le
savoir, dirigeaient les ouvriers ,
concevaient l’œuvre et la réalisaient. Le
temps passant et la
société civile évoluant il est
probable que les maîtres jouirent d’un grand
prestige et qu’ils furent reçus par la noblesse et
la bourgeoisie. Nous
sommes là au début du
XVIII ème siècle. Les
maîtres pour être
fréquentables par ces nobles , ces bourgeois et ces
intellectuels voulurent
sans doute acquérir une certaine culture et à
cette fins invitèrent sur leurs
colonnes des intellectuels pour discuter d’autres sujets que
ceux de leur
profession Ce
fut la naissance des
« Loges de Compagnons
Acceptés » qui devaient devenir par la
suite
des sociétés purement spéculatives. Cette
naissance eut lieu
officiellement en Angleterre en 1723 par la promulgation de la charte
d’Anderson. Et
l’on voit maintenant
comment nous tenons d’un passé très
très lointain nos coutumes initiatiques et
notre vocabulaire sans que l’on puisse cependant savoir qui a
inventé quoi et
quand. C’est
l’histoire de l’œuf
et de la poule sur au moins 20 siècles et peut
être d’avantage. J’ai
dit ,Vénérable Maître. S\ Comp\ Arlette Fle\ |
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