GODF | Loge : NP | Date : NC |
En
quoi la géomètrie du Temple
fait-elle de nous des Frères Maçons ?
De l’origine des Temples L’origine des temples
remonte à la sédentarisation des populations
humaines jusqu’alors
essentiellement nomades qu’accompagne l’essor de
l’agriculture. Quels que soient le
culte, la religion ou la philosophie qui gouvernent les consciences
d’un
peuple, le temple représente symboliquement la projection du
ciel sur la terre
ou plus précisément le temple physique construit
par l’homme a pour réplique le
temple invisible, spirituel auquel l’homme accède
par étapes. L’ascension de la
montagne constitue ainsi symboliquement cette
élévation et c’est ce qui explique
que, dans tous les cultes, dans toutes les parties du monde et
à toutes les
époques, on considère la montagne comme le lieu
privilégié dans lequel se forge
le lien entre la terre et le ciel entre les dieux et les hommes. Comme
le dit
Ezechiel, « au sommet de la montagne, tout
l’espace qui l’entoure est un
espace très saint. » La Bible, notamment
dans l’ancien testament, regorge ainsi de
références à des montagnes
sacrées :
Mais bien d’autres
cultes y font aussi référence :
Toutefois, dans bien
des régions du monde le relief naturel des lieux ne permet
pas d’utiliser une
montagne. Il ne reste donc plus alors qu’à la
créer. La forme doit bien
évidemment rester en étroite relation avec celle
de la montagne sacrée ce qui
explique le développement des constructions pyramidales
aussi bien dans les
cultes égyptien, maya que bouddhiste avec le
célébrissime temple de Borobudur à
Java. Ces formes, de par leur géométrie,
permettent d’introduire une symbolique
plus complexe faite de dimensions, de proportions et de rapports entre
celles-ci, mais aussi d’orientation avec un certain nombre de
points communs
tels que la représentation d’un point cardinal par
chaque face ou de la pointe
comme centre du monde. De plus, la forme
pyramidale permet d’introduire
l’élévation de degré en
degré, de niveau en
niveau, avec une progression initiatique associée avec des
temples possédant
déjà souvent un nombre de niveaux
impairs : 3, 5 ou 7 niveaux On en arrive alors à
l’étape ultime permettent
d’établir une définition de toutes les
règles non
écrites pour la construction des futurs temples : La
construction
sacrée devient ainsi la représentation du centre
de l’univers et circonscrit
symboliquement dans son périmètre
l’ensemble du monde qui entoure l’homme.
C’est autour du temple que tourne dorénavant le
cosmos mais c’est aussi le lieu
où doit s’organiser harmonieusement
l’humanité. Le temple devient
ainsi la demeure de forces supérieures à
l’homme, de forces divines qui vont
consacrer ce lieu dans sa vocation d’échange
privilégié entre Dieu et les
hommes. Il permet une matérialisation de
l’Invisible. Ne reste plus alors
qu’à projeter la pyramide sur
l’horizontale mais tout en respectant les
principales caractéristiques du temple vertical :
Temple
de Salomon et Temple Maçonnique :
Eléments
d’une filiation Le Temple de Salomon
connu aussi sous le nom de Premier Temple de Jérusalem est
le parfait exemple
des éléments mentionnés ci-dessus
puisque sa construction se situe quelques
années à peine après la sédentarisation
du peuple hébreu Construit sur
le mont Moriah, sa construction répond
à une double objectif :
En suivant les
instructions de Dieu ainsi qu’il est dit dans
l’Exode, où Moïse, reçoit, sur
le
Sinaï, les ordres pour la construction; «Moïse
redescend du Sinaï et la peau de son visage rayonnait. Il
convoqua toute
l'assemblée et transmit au peuple les ordonnances de
l'Éternel: travail pendant
6 jours, repos le 7e; les offrandes, la confection de l'arche, du
tabernacle,
du chandelier, de l'autel, des toiles du parvis, des
colonnes… toutes œuvres
pour la tente d'assignation, pour son service et pour les
vêtements sacrés.
» En l’absence de
tradition de maçonnerie chez les Hébreux, Salomon
va, à partir de 967 avant
Jésus-Christ, faire appel à une main
d’œuvre étrangère tant pour
les aspects
logistiques du projet (matériaux, outils, main
d’œuvre,…) que pour la
construction elle-même (connaissances en architecture, en
géométrie et en
maçonnerie, organisation et méthodes de
travail,…). Les moyens vont lui être
fournis par Hiram, roi de Tyr et ami de son père David, qui
va en outre trouver
comme maître d’œuvre, sur des plans
dictés par Dieu lui-même, son homonyme,
Hiram, fils d’une veuve et fondeur de son état,
qui va diriger le chantier. Comme on l’a vu, les
plans du temple ont été dictés par
Dieu lui-même puisqu’il est l’architecte
de
l’univers. Il est ce Grand Géomètre
dont parle Platon qui donne la première
pierre sur laquelle tout l’édifice repose. Seule
la perfection dans
l’agencement de ce centre du monde permet d’y
concentrer toute l’énergie
spirituelle nécessaire pour permettre leur restitution dans
un cadre terrestre
permettant aux êtres humains de s’y
régénérer. Aussi, la construction
nécessite
t’elle créativité et
sensibilité alliées à la parfaite
maîtrise de la technique
que seuls les Maîtres Maçons sont à
même de disposer. Prototype de
temple dans la tradition judéo-chrétienne, le
Temple de Salomon est donc un des
piliers de la Franc-Maçonnerie car le temple
maçonnique en étant la
reproduction symbolique, les différents rituels y font de
nombreuses
références. Ainsi, dans leur
partie historique les Constitutions
d’Anderson font une description libre et
idéalisée du Temple de Salomon mais
montrent bien, dans ce texte fondateur entre tous,
l’importance du Temple dans
la genèse de la Franc-Maçonnerie :
« Cet
édifice très
somptueux, splendide, beau et glorieux attira bientôt des
artistes curieux de
toutes les nations en sorte qu’ils passèrent
quelque temps à Jérusalem pour
observer ses perfections particulières, tout autant qu'il
était permis aux
Gentils : de la sorte, ils découvrirent bientôt
que le monde entier, toute
habileté jointe, avait été fort
inférieur aux Israélites en sagesse et en
habileté dans l'architecture, quand le sage roi SALOMON
était Grand Maître de
la Loge de Jérusalem, que le savant roi HIRAM
était Grand Maître de la Loge de
Tyr et l'inspiré HIRAM ABI était Maître
des Travaux et que la Maçonnerie était
sous le soin et la direction immédiate du Ciel, quand les
nobles et les sages tenaient
à l'honneur d'aider les maitres habiles et les artisans et
quand le Temple du
VRAI DIEU devint la Merveille pour tous les voyageurs, au moyen de
laquelle,
comme sur le plus parfait modèle, ils corrigeaient
à leur retour l'architecture
de leur propre pays. Ainsi,
après l'érection du Temple de Salomon, la
Maçonnerie fut développée dans toutes
les nations voisines, car les nombreux
artistes qui y avaient été employés
sous la direction d'Hiram Abi se
dispersèrent après son achèvement en
Syrie, Mésopotamie, Assyrie, Chaldée,
Babylonie, Médie, Perse, Arabie, Afrique, Asie mineure,
Grèce et autres parties
de l'Europe où ils enseignèrent cet art
libéral aux fils de naissance libre des
personnes éminentes, grâce à
l'habileté desquels les Rois, Princes et Potentats
construisirent beaucoup de glorieux édifices et devinrent
Grands Maîtres,
chacun sur son propre territoire, et se piquèrent
d'émulation pour exceller
dans cet art royal. Bien plus, même à propos de
l'Inde avec laquelle des
relations furent ouvertes, nous pouvons conclure de même.
Mais aucune de ces
nations, même toutes ensemble, ne put rivaliser avec les
Israélites, encore
moins les dépasser, et leur Temple demeura le
modèle constant. » Quelques
éléments sur la Géométrie Dans la tradition des
bâtisseurs, le concept de Géométrie
avait un sens beaucoup plus large
qu’aujourd’hui. En effet, la
Géométrie
était considérée comme la
référence fondamentale à partir de
laquelle
s’effectuait l’ensemble des démarches
morales, intellectuelles et spirituelles.
A la partie scientifique de la Géométrie
proprement dite, elle associait la
raison, l’intuition et l’imagination mais
également la philosophie et le
symbolisme. Elle constituait davantage un art de représenter
le monde voire de
le penser par la spéculation sur les
propriétés des figures
géométriques. Au cours du Siècle des
Lumières, notamment, ces aspects non
«scientifiques» de la
Géométrie seront peu
à peu occultés. Ainsi, dans le rituel
maçonnique, il n’est plus fait
référence
directement avant le grade de Maître si ce n’est
par la présence de la lettre G
associée au chiffre 5, chiffre et âge du compagnon. Cette perte
d’intérêt
peut s’expliquer par le fait que la
Géométrie fait aujourd’hui partie de ce
que
l’on appelle les sciences
« dures » (physique,
mathématiques,
chimie,…), par opposition aux sciences
« molles » (psychologie,
sociologie), et se trouve être ainsi
un
parfait exemple de la notion d’esprit scientifique. Ainsi, tout au long du
Moyen Age, que ce soit dans le système féodal et
notamment dans son volet
religieux, l’élève se doit
d’être soumis à son maître qui
est considéré comme
omniscient et infaillible. La formule en vogue à
l’époque était :
« Magister dixit ». Une fois que
le maître a
parlé, il n’y a plus de débat. Le
maître ne peut mentir ou avoir tort. On se trouve dans la
notion de révélation de l’enseignement
suivant un principe cher à l’église
catholique. D’ailleurs, le suprême arbitre de
toutes les controverses de
l’époque était bien sûr le
Saint-Siège à Rome.qui constituait
l’échelon ultime
de l’infaillibilité Contrairement à
certaines autres matières enseignées
catalogués par certains comme des
« sciences » et qui
présentent un système où tout
s’emboite
parfaitement et où la vérité est
absolue, la Géométrie a, parmi toutes les
sciences et les arts, une particularité
intéressante : elle permet à
l’élève de
faire preuve de discernement. L’enseignement est
forcément différent parce que
l’élève peut vérifier par
lui-même les assertions du maître. Il ne doit pas
apprendre par cœur mais faire preuve
d’intelligence, de raisonnement et de
précision. Il ne se soumet pas aux propos du
maître, il doit comprendre la
démonstration qui lui ait faite et peut en
apprécier la logique. Les cours de
géométrie
étaient donc les seuls où une certaine
liberté d’esprit était admise
puisqu’elle était indispensable à la
progression de l’élève dans sa
compréhension de cette science. Agencement
et Géomètrie du Temple Maçonnique Placer la symbolique
du Temple Maçonnique dans une perspective
géométrique permet d’affirmer la
filiation avec le Temple de Jérusalem. Il en est ainsi de la
présence du pavé mosaïque,
idéalement dimensionné par le nombre d'or,
au centre du Temple, rappel soit de la place censément
occupée par l’Arche
d’Alliance soit de la dimension cosmique du temple :
Théoriquement orienté
d'est en ouest sur son plus grand coté comme le temple de
Jérusalem, sa surface
représente symboliquement la surface de la terre
puisqu’il s’étend de
l’Occident (coté porte) à
l’Orient, les cotés gauche et droit lorsque l'on
regarde vers l'Orient étant respectivement le nord
(Septentrion) et le Midi
(sud). Le plafond est idéalement bombé et
décoré comme une voute céleste
(couleur sombre bleue ou noir souvent, étoiles parfois. On
dit que sa hauteur
va du zénith au nadir. La Loge est donc le
lieu d’une représentation symbolique du monde dans
laquelle évoluent tous les
Frères quel que soit leur grade même si la
dénomination de « Temple de
Salomon » n’apparaît
explicitement dans le rituel que lors de
l’exaltation. Toutefois, le Temple
Maçonnique est-il une représentation de
l’intégralité du Temple de Salomon ou
simplement d’une partie ? De par le monde, de
nombreux temples ont une organisation tripartite organisant la
progression
spirituelle des initiés vers le saint des saints ainsi
qu’indiqué au début de
cette planche. Est-ce parce que cette
structuration s’apparente à
l’Homme ? Le Temple est-il la
représentation
physique du temple spirituel qu’est
l’être humain ? Ce tripartisme est-il
une représentation symbolique des trois
éléments primordiaux que sont le Corps,
l’esprit, et l’âme ? Les Apprentis, dès
leur initiation, évoluent entourés de
l’ensemble des symboles des trois grades
mais s’ils vont axer l’essentiel de leur
réflexion symbolique sur les rites de
métier par l’exaltation de la puissance des
outils. Toutefois, si la
construction du Temple nécessite la maîtrise des
outils de l’Apprenti et du
Compagnon (Compas, équerre, niveau, levier,
maillet,…), cela ne suffit pas
cependant pas pour aboutir à une telle création. La nécessaire
concomitance de l’histoire ou plutôt du mythe de la
mort d’Hiram avec sa
localisation au sein du Temple de Salomon ne peut
qu’impliquer que la mort de
l’architecte du Temple transfère sur le jeune
Maître tout ou partie de son
savoir-faire et de ses connaissances en architecture. Mais, dans le même
temps où le jeune Maître acquiert
l’intégralité de ses droits en tant que
Maçon, une partie de ce savoir-faire est
forcément perdue avec la mort d’Hiram. Qu’en conclure ?
On sait que le Temple de Salomon
a été détruit.
L’œuvre d’Hiram est donc
réduite à néant ? Le
Maître est-il
capable de rebâtir un nouveau Temple ? En quoi la
Géométrie du
Temple est-elle reliée au rituel ? Sa forte charge
symbolique est présente
partout : Dans l’agencement du Temple, bien
sûr, mais aussi dans les
décors, les signes et mêmes les
déplacements. Etudions ainsi la règle
fondatrice d’une Loge: « trois
la
dirigent, cinq l’éclairent et sept la rendent
juste et parfaite ». Trois Frères, le
Vénérable et les deux Surveillants forment, de
par la répartition géographique
de leurs postes au sein de la loge un triangle, figure
intéressante car
première figure géométrique plane qui,
de par son absence d’épaisseur contient
une charge immatérielle forte symbolisant ainsi
l’esprit, la conscience et
l’intelligence. Ces trois officiers
étant les pièces maîtresses de
l’organisation de la Loge, c’est donc
l’Esprit
qui la dirige. De trois on passe à
cinq avec le Grand Expert qui représente la science de la
construction et
l’orateur qui est le gardien de la constitution et donc de la
loi. Cinq, ce chiffre offre
de nouvelles perspectives car il offre plusieurs
représentations
géométriques :
« Sept
la rendent juste et parfaite ».
La juxtaposition de l’équerre et du compas devant
le plateau du Vénérable peut
nous fournir une partie de l’explication :
L’équerre évoque le chiffre 4,
le carré, mais aussi le symbole de la matière par
son aspect fixe et statique.
Le compas évoque le chiffre 3, le triangle, mais aussi le
symbole de l’esprit
comme indiqué plus avant car c’est un outil
dynamique qui ouvre aussi, par la
possibilité de l’écarter, notion
d’expansion. Juxtaposer ces deux
figures, c’est donc faire la
« somme » de leur charge
symbolique : équerre et compas, 4+3, nous donne le
chiffre 7 et cette
association de la matière et de l’esprit symbolise
alors la perfection. Mais il pourrait être
aussi intéressant de se figurer la représentation
spatiale du chiffre 7. Nous
aurions alors une « croix
spatiale » qui, en l’orientant,
permettrait
de relier suivant les trois directions, le Nord au Midi,
l’Occident à l’Orient
et le zénith au nadir. Et au centre, ne serait pas le
Maçon qui s’y trouverait,
où si l’on revient sur la symbolique du point,
l’ensemble des Maçons passés et
à venir ? Du
Temple Maçonnique au Temple Intérieur Le Temple est un lieu
de rencontres, de partages où chacun cherche la
lumière mais en suivant la même
démarche, le même rituel. Situé hors du temps et
de l’espace profane, le Temple permet ainsi une recherche sur
soi qui doit
conduire à la découverte de la
spiritualité. La lucidité sur le sens de la vie
qui en découle suscite le plus souvent une
démarche originale qui développe
chez les adeptes une aptitude à vivre selon des
règles communautaires qui
ennoblissent l’altruisme et l’humanisme. Pour le
Maître, il n’y a donc pas deux
états différents, une vie empreinte de sagesse en
Loge et une vie ordinaire
dans le monde profane, mais un état unique où il
tente de mettre en pratique
ses principes de solidarité, de fraternité, de
tolérance et d’amour par lesquels
il pourra réellement atteindre un état de
conscience où il sera en phase avec
lui-même et avec le monde qui l’entoure. Cependant,
la
consécration du lieu ne peut aller de paire
qu’avec l’établissement d’un
rituel
dont l’objet est de permettre
l’établissement des bases de la
communauté autour
du « Vivre Ensemble » et des
questions fondamentales sur les limites
de la quête aux plans matériel, politique,
psychologique et spirituel. Cette
sacralisation du lieu d’exercice du rituel est directement
liée à la nature
profonde des besoins spirituels communautaires. Deux cas de figure sont
alors
possibles :
Dans
ce dernier cas, nous nous trouvons exactement dans la situation de la
Franc-Maçonnerie. Il n’est plus
nécessaire d’entretenir un lieu sacré,
ni de
relier l’homme à une quelconque filiation divine.
La Franc-Maçonnerie a rejeté
la voie de la contrainte spirituelle, puisqu’elle propose une
démarche
initiatique qui développe les aptitudes des
Frères hors de tout dogmatisme et
sans que ne soit porté de jugement sur le
résultat obtenu. Une
telle proposition ne nécessite pas de lieu sacré
car ce qui est essentiel dans
le temple maçonnique est lié à une
sacralisation du Temple Intérieur. Seule la
responsabilité de l’engagement dans la voie
initiatique est la clé qui ouvre la
porte d'une quête sans fin sur l'organisation
métaphysique et sur ses débouchés
sociologiques. Par
ailleurs, cette démarche montre à
l’évidence le fossé qu’il
peut exister entre
le religieux et l’initiation. Opposer l’un
à l’autre n’a pas de sens puisque
les deux voies sont inconciliables. Le choix est donc une
nécessité et l'homme
engagé dans la voie de la vérité doit
tôt ou tard faire la différence entre la
notion de religieux et celle de la spiritualité. Le
maçon construit son temple intérieur qui est
aussi le temple universel, reflet
du cosmos et dont la construction doit être la plus parfaite
possible à
l'instar du concepteur du Temple de Salomon. Cependant, cette quête
spirituelle ne doit pas être l’occasion
d'individualisme et de repli sur soi.
Cette recherche de la perfection ne peut se faire sans les autres et ne
se fait
qu'avec les autres et par les autres. Elle devient l'essence
même de la
solidarité et de la fraternité. Partant
du principe que l’homme est perfectible, le
Franc-maçon s’est donné pour but
d’apporter sa pierre à
l’édification du Temple symbolique de
l’humanité,
c’est-à-dire, en d’autres termes, de
participer activement et par l’exemple de
sa conduite à l’élévation
morale et spirituelle de l’être humain. Dans
l’idéal, la Franc-maçonnerie aspire
à l’achèvement de ce Temple. Mais
chaque
Maçon sait que cette ultime étape ne pourra
s’achever tant qu’il n’aura su
édifier lui-même son propre temple
intérieur. Pour réaliser ce temple
intérieur, qui passe par le fameux précepte de
Socrate, « connais-toi
toi-même », le
Franc-maçon doit apprendre à tailler sa propre
pierre et à la polir jusqu’à ce
qu’elle soit parfaite. Ce travail sur soi-même ne
peut aboutir qu’en
franchissant les trois étapes initiatiques que sont les
grades d’Apprenti, de
Compagnon et de Maître. Ce dernier grade
s’exprimant à travers le passage
initiatique de la mort à la résurrection,
à l’instar de la Chute, qui apporte
la maîtrise totale de soi, de l’esprit sur la
matière. Seulement alors, le
Maçon devenu Maître est censé pouvoir
apporter une contribution juste et
parfaite à l’édification du Temple de
l’humanité, par le rayonnement dont il
fait bénéficier ses frères de Loge et
son entourage profane ainsi que je l’ai
déjà exprimé dans ma planche sur
l’article II de la constitution du Grand
Orient de France. Le
maître Maçon est donc supposé, dans
l’idéal, avoir acquis les
caractéristiques
spirituelles de l’homme accompli, parfait et rayonnant,
résultant de sa quête
initiatique. Mais en réalité, chaque
Maçon sait que son accession à la
maîtrise
n’est que le début d’un long
apprentissage à une existence nouvelle,
caractérisée par la recherche permanente de son
perfectionnement comme le
montrent, dans mon cas, les questions sans
réponse posées dans les paragraphes
précédents. Le
Temple qu’il s’agit de bâtir ici est donc
l’homme lui-même et, par lui, la
société et plus globalement le monde profane.
Tous les gestes, tous les
instruments et tous les matériaux utilisés pour
la construction de la demeure
sacrée deviennent dès lors des moyens de hausser
l’esprit humain à la Lumière.
Et pour cette raison, la Franc-maçonnerie
spéculative utilise dans ses rituels
les mêmes symboles que l’ancienne
Maçonnerie opérative. C’est aussi pour
cette
même raison que les Franc-Maçons nomment Temple le
lieu où ils se réunissent. En
conclusion je pense que la Maçonnerie n’a besoin
du Temple que comme un cadre
disjoint du monde profane, réceptacle des seuls symboles
actifs du rituel dont
la représentation est indispensable au processus initiatique
en vue de
l’accomplissement du Frère initié. La
Géométrie du Temple doit être comprise
à travers la mise en perspective des
seuls symboles qui permettent la construction du temple symbolique de
l'humanité, du Temple Intérieur.
L’initiation maçonnique est l’expression
naturelle des rapports entre les différentes forces qui
animent le Frère qui
doit, par une alchimie entre sa raison et ses sentiments,
réussir l’alignement
de sa pensée et de son âme dans un esprit de
tolérance, de solidarité et de
fraternité vis-à-vis de l’ensemble de
ces Frères mais aussi de l’humanité
toute
entière. Ainsi
l'homme qui vit pleinement son initiation ne sera plus jamais seul au
monde. En
réussissant à vaincre son ignorance, il aura
acquis les valeurs qui
renforceront sa volonté et qui lui
permettront de vaincre tous les obstacles :
Lucidité, clairvoyance et
persévérance. J’ai dit. G\
D\ |
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