Franc-Maçonnerie
et Bouddhisme
I INTRODUCTION
Certains FF\ pourront trouver pour le moins saugrenu,
voire même iconoclaste de mettre en parallèle le
Bouddhisme et la F\M\ ?
En fait, cette idée m’est venue lors de mes
pérégrinations sur le Web où de
nombreux sites traitent du Bouddhisme. Après avoir parcouru
quelques pages je me suis aperçu qu’il y avait par
certains côtés, des similitudes avec notre Ordre,
et me suis dit « tiens, il serait peut-être
intéressant de les rapprocher ! ».
Je dois toutefois vous dire que ce sujet est d’une grande
difficulté pour un non-bouddhiste car les bouddhistes
eux-mêmes ne semblent pas s’accorder sur plusieurs
points et d’abord sur ce qu’est le bouddhisme :
Une Religion
Une Philosophie
Une pratique de la Vie.
Cela étant, je livre à votre
attention le résultat de ma réflexion qui vous
présentera les deux traditions tout d’abord dans
leurs origines puis leurs fondements et buts et enfin dans les moyens
qu’elles mettent en œuvre pour y parvenir.
Bien évidemment, je passerai beaucoup plus rapidement sur
tout ce qui concerne la F\M\ qui est assez bien connue de nous tous et
insisterai sur le Bouddhisme qui est une découverte pour la
plupart d’entre nous.
Dans chacune de ces parties j’essaierai de voir ce qui les
rapproche et ce qui les différencie.
II LES ORIGINES
Dans chacune des traditions il y a une origine disons
mythique ou légendaire et une origine historique.
Ainsi la Franc-maçonnerie s’appuie sur la
Légende d’Hiram qui servira de support au travail
initiatique.
Hiram, architecte de génie du Roi Salomon, qui
périra assassiné par trois compagnons qui
voulaient s’approprier indûment le mot de passe de
compagnon, est au départ de l’initiation au grade
de Maître.
Trois autres compagnons, demeurés
fidèle à Hiram partiront à sa
recherche, retrouveront sa tombe et le ressusciteront par les
cinq points de la maîtrise.
Cette légende a pris une très grande importance
en F\M\ quant à sa portée symbolique au grade de
maître, et elle sera à la base de son exaltation
à la maîtrise et de son cheminement futur.
En F\M\ il n’y a pas d’enseignement livresque ou
même oral rigide mais des mythes symboliques, des rituels,
une initiation qui seuls permettrons au néophyte
ou au FF\ d’avancer dans leur cheminement personnel.
En ce qui concerne le Bouddhisme les mythes fondateurs
ne sont pas porteurs des mêmes potentialités
symboliques.
Ainsi, il est dit qu’en des temps anciens vivait un Bouddha
appelé Dipamkara qui fut un jour impressionné par
un homme, Sumedha, qui s’était étendu
dans la boue afin que Dipamkara puisse lui marcher dessus et ainsi ne
se salisse pas les pieds. Dipamkara prophétisa que Sumedha
deviendrait aussi un Bouddha et porterait le nom de Gautama.
Heureux de cette nouvelle, Sumedha se lança alors dans la
voie du Boddhisattva «Voie des êtres
voués à la recherche de
l’éveil ».
Il eut de nombreuses vies et dans son avant-dernière vie il
put choisir sa dernière réincarnation :
c’est ainsi que naquit SIDDHARTA GAUTAMA vers 556/-563 qui
est considéré comme le véritable
Bouddha.
Etant d’une famille princière il était
à l’abri de la souffrance humaine.
Un jour il rencontra lors d’une promenade cette souffrance
humaine dans la personne :
- d’un vieillard
- d’un malade
- d’un mort qu’on emmenait au bûcher.
Cette triple découverte lui fit comprendre
que ce ne sont pas la joie ni le plaisir qui régissent
l’existence, mais bien la douleur et la mort ;
désormais tout ce qu’il avait fait jusque
là lui parut vide et il résolut de trouver une
solution au problème de la douleur.
Il passa sept ans à l’écoute des plus
grands maîtres, dans l’ascèse la plus
complète. A l’article de la mort il compris
qu’il ne servait à rien de choisir les
extrêmes et se remit à s’alimenter.
Puis il entra en méditation et fit un rêve qui lui
fit découvrir la Voie de l’éveil.
Ainsi, on le voit, cette légende
n’est pas le point de départ d’une
quête personnelle mais seulement une explication des origines
de l’enseignement du Bouddha et une porte ouverte sur
l’enseignement de Bouddha.
Le Bouddhiste devra écouter, lire, suivre les enseignements
du Bouddha et du Maître qu’il aura plus ou moins
choisi s’il veut atteindre l’éveil ou
état de Bouddha.
Ces textes ou enseignements pourrons être en partie
chargés de symboles et laisser au disciple une large
interprétation personnelle, il n’en demeurera pas
moins qu’il devra adhérer à des
croyances métaphysiques qui serviront de base à
sa recherche.
II FONDEMENTS ET BUTS
A La F\M\
La F\M\ n’a pas de fondement métaphysique ni
cosmologique. Elle ne part pas d’une théorie de
l’existence humaine si ce n’est
l’affirmation d’un principe directeur et
organisateur de l’Univers tellement vague qu’il est
bien difficile de ne pas y adhérer sauf à
admettre que le monde est régit totalement par le hasard,
théorie qui est de plus en plus abandonnée depuis
les avancées de la physique quantique.
Ce principe est appelé le G\A\D\L\U\.
Par ailleurs elle a pour but le perfectionnement de
l’humanité donc des hommes qui la constituent mais
aussi des systèmes d’organisation de ces hommes.
En effet, supposons que les hommes qui peuplent la Planète
soient parfaits, si les sociétés qui les
organisent sont mauvaises, mal structurées, le
résultat de la vie de chacun ne sera plus celui
escompté.
La question est : des hommes parfaits peuvent-ils construire des
sociétés imparfaites ?
Il est évident que ce raisonnement est purement formel car
les hommes ne seront jamais parfaits comme nous l’entendons,
nous maçons, c’est-à-dire
tolérants, fraternels, s’oubliant parfois pour
aider leurs frères et plaçant la justice et la
vérité avant leur intérêt
personnel.
Nous posons toutefois le problème de cette
manière pour montrer que la F\M\ n’a pas seulement
un rôle philosophique ou spirituel mais un rôle
social et que ces deux aspects sont indissociables.
B Le Bouddhisme
Il part d’une théorie métaphysique
expliquant la détresse humaine et d’une vision
cosmologique du monde.
Nous nous attacherons ici à la seule théorie
métaphysique constituant la base de la recherche bouddhique.
Pour le Bouddhiste tout est douleur ou Dukkha et cela constitue la
première noble Vérité.
Ce mot Dukkha venant du sanscrit peut également signifier
vide, conflit, imperfection, douleur, peine, misère,
impermanence, etc… Nous voyons donc
déjà que cette imprécision laisse la
place à beaucoup d’interprétations ce
qui expliquera la difficulté à définir
vraiment le Bouddhisme.
Tout est donc Dukkha, même les plaisirs car ils disparaissent
lorsqu’on ne les a plus et ils font également
souffrir si on ne peut se les procurer.
Cette souffrance peut être causée par les choses
habituelles de la vie (maladie, vieillesse, naissance, mort,
etc…), mais elle peut être
créée également par le changement,
l’impermanence des choses ainsi que par le fait que
l’homme vit un état de conditionnement. Je pense
que mon être souffre mais mon être
n’existe pas.
En effet, pour les bouddhistes,
l’être ou Atman n’existe pas,
c’est une illusion. La doctrine de l’Anatman veut
que l’être soit en fait une combinaison de forces
ou d’énergies physiques et mentales en
perpétuel changement qu’on peut diviser en cinq
agrégats qui sont également Dukkha :
Le premier est celui de la matière : Il
existe quatre éléments (eau-terre-feu et air)
d’où viennent les organes des sens
(vue-ouie-toucher-goût-odorat) ainsi que l’esprit
qui pour les bouddhistes est aussi matière.
Le deuxième est celui des sensations : Elles
sont ce que l’on ressent suite à la perception des
six organes matériels.
Le troisième est
l’agrégat des perceptions : C’est la
capacité de nommer et de reconnaître les objets,
les sens, les idées, etc…
Le quatrième est
l’agrégat des formations mentales : Il
est constitué de tout acte volontaire, toute impulsion,
toute tendance, toute émotion consciente ou
refoulée.
Le cinquième est
l’agrégat de la conscience : Il est distinct de la
perception en ce sens que ne parle pas ici de «
reconnaissance » mais de « connaissance ».
L’ensemble de ces cinq agrégats
constitue l’ETRE.
Entre parenthèse cette théorie ressemble
étrangement à celle professée par deux
chercheurs dans leur livre « Nos
pensées créent le monde ».
Si pendant sa vie l’ETRE n’a pas atteint le NIRVANA
c’est-à-dire un état
d’éveil et d’illumination ou DUKKHA
n’existe plus, il y a à nouveau liaison de ces
cinq agrégats pour former un nouvel ETRE c’est la
notion de SAMSARA appelé par les occidentaux, REINCARNATION.
Ainsi nous constatons une nette différence de
conception dans chaque tradition mais pas de différence
fondamentale dans les buts car en fait, de quoi s’agit-il si
ce n’est de faire le bonheur de l’homme ?
Le bouddhiste propose de supprimer DUKKHA qui, on l’a vu, est
synonyme de souffrance mais aussi de peine, conflits,
misère, imperfections, donc en définitive tout ce
qui pourrait nuire à l’épanouissement
de l’individu.
La F\ ? a pour but le perfectionnement de
l’humanité et elle propose de travailler
à l’amélioration de la condition
humaine sur le plan spirituel et intellectuel et sur le plan
matériel.
Elle demande aux FF\ de se porter assistance et de travailler au
renforcement de la justice et de la liberté.
Nous serions tentés de dire que le Bouddhisme
est une philosophie du renoncement se consacrant à la
recherche de sa lumière intérieure et se
détournant de la vie sociale dans une recherche plus ou
moins illusoire du Nirvana.
Cette vision des choses pourrait à la rigueur
s’appliquer pour ce qu’on appelle le Bouddhisme
originel mais ne serait pas valable pour le bouddhisme MAHAYANA et
surtout VAJRAYANA ou Bouddhisme tantrique ou encore de Nishiren
Daishonin qui est celui de la SOKA GAKKAI.
Ces dernières formes de Bouddhisme semblent plus modernes et
plus proches de nos propres buts.
Selon la SOKA GAKKAI :
« Le bouddhisme ne supprime pas les
problèmes. Il n’est pas non plus un refuge
permettant de les éviter. Il nous permet de renforcer notre
propre vie et, ce faisant, de mieux les résoudre,
grâce à une capacité personnelle plus
grande, mais également grâce à une
meilleure harmonisation avec l’environnement. C’est
donc un outil extraordinaire pour gagner et mieux vivre en harmonie
avec soi et avec les autres. »
Ceci pourrait tout à fait s’appliquer à
la F\M\ .
III LES MOYENS
Nous avons vu que la F\M\ avait pour but
d’améliorer l’humanité par le
perfectionnement de la condition humaine tant sur le plan spirituel et
intellectuel que matériel.
Que se donne-t-elle comme moyens pour y parvenir ?
Sont-ils semblables ou différents de ceux du bouddhisme ?
Il faut tout d’abord parler du recrutement qui
est le premier moyen d’action de notre ordre. En effet au
départ il existe une sélection non par
l’argent mais en quelque sorte par la « nature
humaine ».
N’est admis que celui qui est jugé apte
à pouvoir progresser dans la voie maçonnique donc
celui qui possède déjà, du moins
à l’état latent, certaines
qualités, il en découle les processus des
enquêtes et du passage sous le bandeau.
En ce qui concerne le bouddhisme je n’ai
trouvé aucun renseignement à ce sujet.
J’ai simplement constaté que de nombreux sites web
donne les adresses des centres bouddhistes pour que l’on
puisse les contacter, ni plus ni moins d’ailleurs que le site
de la GLDF.
La F\M\ emploie un deuxième moyen de
formation qui est l’initiation. Cette épreuve est
fondamentale dans l’enseignement maçonnique et je
n’ai rien vu de semblable dans le Bouddhisme si ce ne sont
quelques allusions pour le Bouddhisme tibétain.
L’initiation est un catalyseur à effet retard qui
permettra à l’initié de prendre
conscience de ce qui était caché en lui et de
privilégier les valeurs positives.
Il ne sera jamais question de supprimer tout désir mais bien
au contraire de lui redonner si besoin était foi en lui et
en l’homme. Il devra cependant maîtriser ses
passions donc acquérir la maîtrise de soi, mais il
restera lui-même, se connaissant mieux il pourra transcender
ses mauvais penchants et se corriger.
La F\M\ utilise des symboles qui sont ainsi un
troisième moyen pour faire progresser
l’initié dans la recherche de la
Lumière.
Ces symboles remontent à la tradition des tailleurs de
pierre qui eux-mêmes les tenaient de traditions
très anciennes.
Ils ont pour but de permettre à
l’initié un repli sur soi en laissant son esprit
en dehors de toute construction cartésienne ou logique, mais
en le laissant vagabonder pour suggérer des analogies sans
liaisons apparentes avec le symbole étudié.
Cette manière de faire permettra ainsi de laisser
apparaître des sentiments ou des tendances cachées
en nous et qui ne nous étaient pas connues.
Enfin la F\M\ se sert de rituels provenant de traditions initiatiques
très anciennes qui sont le véhicule de
transmission de valeurs humaines tel que l’Amour, la
Tolérance, la Fraternité.
Ces rituels symboliques sont la base de notre enseignement initiatique
mais ils laissent au F\M\ la liberté de les
interpréter selon sa nature profonde, lui indiquant
seulement les valeurs à atteindre.
Le Bouddhisme quant à lui, emploie des moyens
en partie différents pour essayer de libérer
l’homme qui cherche sa voie.
Ce chemin constitue la quatrième Noble
Vérité et se nomme le Noble Sentier Octuple.
Il est constitué de 8 facteurs regroupés en 3
éléments.
1° La conduite éthique qui comprend : la parole
juste l’action juste les moyens d’existence justes.
2° La discipline mentale qui comprend : l’effort
juste l’attention juste la concentration juste.
3° La Sagesse qui se définit par : la
compréhension juste - la pensée juste.
Ceci m’amène donc directement
à une des pratiques bouddhistes fondamentales
qu’est la méditation et qui est un des moyens
principal d’obtenir la concentration juste et la Sagesse.
Elle est le fondement de deux des moyens du Noble sentier Octuple qui
sont la discipline mentale et la Sagesse.
Son but est de « découvrir la
réalité de l’être
derrière les fluctuations du Psychisme
» ce qui correspond en partie aux buts du symbolisme en
maçonnerie.
Je vous livre cette définition de la méditation
bouddhiste :
« Il ne suffit pas de dire « je vais
méditer » et de rester dans une sorte
d’état indéfini. Méditer
cela signifie qu’on ne suit pas les pensées qui
nous entraînent vers l’avenir, qu’on ne
suit pas non plus celles qui nous tirent vers le passé. On
laisse l’esprit dans le présent, tel
qu’il est, sans chercher à rien faire. De la sorte
une certaine expérience naît dans
l’esprit. Demeurer dans cette expérience aussi
longtemps que l’on peut, c’est cela
méditer ».
On pourrait appliquer ces conseils à
l’étude de nos symboles.
La tentation est grande également de dire que le silence de
l’apprenti s’apparente à une certaine
forme de méditation, mais je dirai plutôt
qu’il est d’une autre nature et qu’il
s’agit surtout d’une technique du comportement.
L’apprenti garde le silence en loge lorsque les autres FF\
parlent ; il écoute donc les autres et non
lui-même.
CONCLUSION
En choisissant ce sujet je ne m’imaginais pas
combien il était complexe et par certains
côtés, contradictoires. En effet il existe des
formes variées de Bouddhisme dont le bouddhisme originel de
plus en plus décrié et même quelquefois
accusé d’être «
dégénéré ».
Je n’ai donc pas la prétention d’avoir
été exhaustif, mon seul désir
étant de vous avoir apporté quelques
clarté sur ce bouddhisme qui est tellement à la
mode dans nos pays modernes.
Comment conclure ?
Le Bouddhisme est-il une religion ou une philosophie ?
En quoi le Bouddhisme se rapproche-t-il de la F\M\ en quoi
s’en éloigne-t-il ?
Peut-on être bouddhiste et F\M\?
Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre.
Le Bouddhisme est une religion et une philosophie ou
pratique de vie selon la définition que l’on donne
à la religion.
Si l’on admet que la religion donne nécessairement
une solution de salut dans l’au-delà alors le
Bouddhisme est une religion car en effet, il propose bien une
théorie de la vie et de la mort (les 5 agrégats,
le double sentier octuple, les 4 nobles vérités,
le Nirvana).
Il faut par ailleurs noter que le Bouddhiste lors de son engagement
prononce une triple profession de Foi ou prise de refuge :
Je prends refuge dans le DHARMA (La Loi bouddhique)
Je prends refuge dans le BOUDDHA (L’instructeur)
Je prends refuge dans le SANGHA (La communauté des moines)
Sans cette prise de refuge il n’y a pas de
véritable engagement, il ne reste que la pratique de
techniques (méditation, étude de symboles comme
le mandala, récitations des mantras ou des textes
sacrés, etc…) qui peuvent tenter les occidentaux
attirés par un certain orientalisme mais qui ne seront pas
des bouddhistes.
Il n’y a rien de tel en F\M\ si ce n’est le serment
de ne « rien révéler des
secrets qui m’ont été
confiés etc… », mais aucun
engagement n’est demandé en ce qui concerne une
croyance métaphysique.
Celui-ci conserve toutes ses prérogatives d’homme
et de citoyen dont ses croyances religieuses ou
métaphysiques ainsi que ses engagements citoyens.
La F\M\ n’est ni une philosophie et encore
moins une religion. C’est un ordre initiatique traditionnel.
Elle ne propose ni n’impose une quelconque explication du
monde. La seule notion qu’elle retient qui pourrait
être qualifiée de métaphysique est
celle du G\A\D\L\U\ à la gloire duquel travaillent tous les
F\M\ de la GLDF, chacun étant libre de déterminer
l’exact contenu de ce principe.
Le bouddhisme cherche à faire le bonheur de
l’homme, le F\M\ aussi, mais les moyens pour y parvenir sont
différents car la notion même de bonheur est
différente.
Le bouddhiste essaie de supprimer ce qui lui apporte la souffrance,
donc de s’éloigner de la
société qui lui apporte ces désirs
créateurs de souffrance.
La F\M\ comme le Bouddhisme combat également les causes de
ces souffrances par la tentative de modification de la nature humaine
qui devient meilleure car elle aura surmonté ses passions
mauvaises ; mais elle va plus loin car elle œuvre aussi pour
l’amélioration matérielle de
l’homme et là elle diffère notablement
du bouddhisme.
Il faut toutefois différencier deux types de
bouddhisme : le bouddhisme primitif et les bouddhismes plus
récents que j’ai déjà
cité : le MAHAYANA et de NISHIREN.
Selon les enseignements de ces dernières formes de
bouddhisme, les multiples lois qui régissent
l’univers obéissent toutes à un
principe unique ou loi. En comprenant cette loi une personne peut
libérer le potentiel caché en elle et
réaliser une harmonie parfaite dans son environnement.
Cette loi est contenue dans le Sutra du Lotus et dans un parchemin
appelé Gohonzon qui permet à chacun de mettre en
pratique l’essence de la sagesse bouddhique et de parvenir
à l’illumination, qui ne serait pas un
état mystique ou transcendantal mais
plutôt un état de grande sagesse et bonne fortune,
dans lequel une personne peut diriger sa propre destinée,
être pleinement satisfaite dans ses activités
quotidiennes et parvenir à comprendre la raison pour
laquelle elle est en vie.
Ainsi dans cette forme de bouddhisme la notion
d’éveil serait beaucoup plus proche de celle de
notre ordre car la clef de ce processus serait contenue dans
l’homme lui-même qui porterait en lui la nature de
Bouddha, l’éveil suprême
n’étant pour le pratiquant «que la
réalisation pleine de ce qu’il a toujours
été au fond de lui-même ».
Par ailleurs le Bouddhisme comme la F\M\ prône
la tolérance.
Rappelez-vous, la 1ère des 4 nobles
Vérités explique que la souffrance est
universelle et que tous les êtres y feront face un jour ou
l’autre.
Pourquoi en rajouter ?
De plus, les sentiments de vengeance sont
imprégnés d’impermanence car rien ne
dure éternellement.
Le bouddhiste veut obtenir l’état de Bodhisattva,
différent du Nirvana par le fait que par compassion on
refuse d’entrer dans le Nirvana pour aider les autres
à surmonter les obstacles dans la voie du même
Nirvana, et cela ne peut se faire sans compassion et amour de tous les
êtres, sans exception.
Enfin les bouddhistes empruntent la voie du milieu qui est « comme
la corde d’un instrument de musique. Si on la tend trop elle
casse, mais si on ne la tend pas assez, elle ne produit aucun son ».
Nous le voyons, beaucoup de valeurs bouddhistes sont les
mêmes que les nôtres.
Toutefois il faut noter que le bouddhisme
s’adresse exclusivement à l’homme auquel
elle propose des moyens de libération des contraintes
sociales alors que la F\M\ si elle s’adresse à
l’homme également, lui propose des moyens
d’amélioration spirituels mais aussi
matériels ce qui veut dire qu’elle
s’intéresse donc pour ce faire aux
inégalités de notre
société, à tout ce qui dans notre
système social peut opprimer l’individu et
l’empêcher de se réaliser.
Il n’en demeure pas moins, à mon
sens, qu’un bouddhiste puisse parfaitement devenir
F\M\ car rien dans les valeurs du bouddhisme ne peut venir
contrarier notre quête personnelle pas plus que notre combat
pour la tolérance, la Liberté et la
Fraternité.
Enfin, certains FF\ chrétiens pourrons me
demander si l’on peut être chrétien et
bouddhiste.
Je leur livrerai un passage du livre de jean Paul II Entrez
dans l’espérance :
« L’illumination,
expérimentée par le bouddha peut se
résumer dans cette conviction que le monde est mauvais,
qu’il est une source de malheurs et de souffrances pour
l’homme. Pour se délivrer de ces maux, il convient
donc de se délivrer du monde; il faut couper nos liens avec
la réalité extérieure, donc les liens
que nous impose notre constitution humaine, psychique,
corporelle. Au fur et à mesure de cette
libération, nous devenons de plus en plus
indifférents à tout ce qu’il y a dans
le monde et nous nous libérons de la souffrance,
c’est à dire du mal qui provient du monde.
Nous rapprochons-nous de Dieu de cette
façon? il n’en est même pas question
dans l’illumination proposé par le Bouddha. Le
bouddhisme est en grande partie un système athé.
Nous ne nous délivrons pas du mal à travers le
bien qui vient de Dieu; nous nous en libérons seulement en
nous en éloignant d’un monde qui est mauvais. La
plénitude de ce détachement n’est pas
l’union avec Dieu, mais ce qu’on appelle le
Nirvâna, c’est à dire une
indifférence totale envers le monde. Le salut est avant tout
une libération du mal, obtenue grâce à
un parfait détachement du monde, où
réside la source du mal. Voilà le sommet de la
démarche spirituelle du bouddhisme… Saint Jean de
la Croix préconise de se libérer du monde, mais
afin de s’unir à ce qui est distinct du monde; et
ce qui est distinct du monde n’est pas la nirvâna,
mais c’est une personne, c’est Dieu, car celle-ci
ne peut s’accomplir que dans et par l’amour.
Pour le chrétien, le monde est une
création de Dieu, rachetée par le Christ. Dans le
monde, l’homme rencontre Dieu : il n’a donc pas
besoin de se détacher totalement du monde pour
découvrir la profondeur du mystère que
lui-même constitue dans son humanité. Pour le
christianisme, la vision du monde en tant que mal radical n’a
pas de sens, puisqu’à l’origine de son
histoire se trouve Dieu créateur qui aime sa
créature, Dieu qui a donné son fils unique, si
bien que tout homme qui croit en Lui ne périra pas, mais
obtiendra la vie éternelle ».
Ce texte sans le dire expressément montre
qu’un chrétien ne peut devenir bouddhiste sans
renier sa Foi, sinon il partagera des techniques
d’éveil mais n’adhérera pas
à l’essentiel de la métaphysique
bouddhiste.
Il faut cependant signaler que ce texte est
très controversé par certains bouddhistes qui lui
reproche de n’avoir pas tenu compte des vues du «
Mahayana » et surtout de celles du « Vajrayana
» qui ne correspondent pas du tout à la vision
qu’a Jean Paul II du Bouddhisme, ce que j’ai
d’ailleurs explicité plus haut.
Je voudrai terminer mon propos en livrant à
votre réflexion ces quelques lignes d’un
maître tibétain :
Appuyez-vous sur les mots, pas sur la personne
Appuyez-vous sur le sens, pas sur les mots
Appuyez-vous sur le sens définitif, pas sur le sens
à interpréter
Appuyez-vous sur la sagesse, pas sur le savoir.
J’ai dit V\M\
M\ P\
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