Jésus ?
Ami ou Ennemi ?
Quel est le lien qui nous unit ?
Vénérables maîtres, sœurs et
frères, compagnons, apprentis, vous qui composez cette
respectable loge, je vous invite, une fois encore, à
l’étude de ce livre que nous ouvrons souvent sur
les premiers versets de l’évangile selon saint
Jean.
Existe-t-il une force ou un principe supérieur qui nous
gouverne et à qui nous devons tout ?
L’étymologie du mot religion est obscure ;
accéderez-vous au sacré de la religio ou vous
contenterez-vous d’une chaîne humaine.
Rappelons quelques origines, relego a donné
reléguer, exiler, il signifie encore rassembler de nouveau,
repasser par un lieu ; une forme religatio signifie action de lier ; la
religio rappelle la conscience, le respect, la crainte, la croyance, le
culte, l’engagement, la consécration.
Dieu, le grand architecte, l’Inconnu donne-t-il un sens
à ma vie ?
Dieu, si vous acceptez son existence, reconnaît-il les hommes
?
Quel serait le lien qui nous unit ?
Comment retrouver les morceaux
éparpillés, reconstituer la colonne, retrouver ce
qui n'est plus. L'initiation impose une marche droite, puis
affirmée pour que l'initié puisse passer le
miroir qui renvoie la peur, l'ignorance, la prétention.
Un fondateur de religion répondrait-il à vos
besoins ?
J C
Chaque siècle a composé un
Jésus selon ses besoins.
Saint Martin affirme dans l’homme de désir, chant
56 ou 57, que la religion a même transformé le
Christ en tyran.
La shoah introduit une réflexion renouvelée sur
le judaïsme.
Hitler a voulu exterminer les hommes d’une nation.
Depuis, nous avons laissé la technique
s’améliorer.
En exigeant, légalement, que le critère de la vie
soit le gain, qui exterminons-nous ? Qui laissons-nous exterminer ?
L’enseignement et l’action de
Jésus ont provoqué un conflit suffisamment grave
pour que son élimination physique soit
décidée.
Jésus mène avec les prêtres de
Jérusalem un jeu qui conduit à la croix.
Les combats de Jésus sont, parfois, rudimentaires ; il
refuse à des hommes le plaisir qu’apporte le titre
de maître, le statut d’érudit.
Pourtant, les rabbis tolèrent la pratique du
désaccord autour des questions relatives à la
Tora. Plusieurs judaïsmes coexistent. Le débat sur
l’interprétation de la Tora est permanent. La
différence d’opinion est une norme au temps de
Jésus.
L’enseignement de Jésus
diffère du judaïsme dans l’amour et
l’autorité.
Pour J C l’Amour est placé au-dessus de tout,
l’amour d’autrui est plus nécessaire que
tout le rituel du temple de Jérusalem.
Il parle d’autorité, il affirme détenir
l’autorité directement de son Père.
« mais moi, je vous dis… »
Matthieu 5,21.
Il combat le temple, Marc 11,15 ; il
réaffirme la perversion des rites cultuels comme le faisait
Jérémie 7,11 ; il affirme la disparition du
temple nécessaire puisque le temple n’est pas
l’intermédiaire entre Dieu et l’homme.
Ennemi de ceux qui veulent bâtir des temples pour Dieu, sans
place pour l'homme !
Ami de ceux qui affirment une parfaite égalité
entre tous les représentants de la vie dans
l’ensemble des règnes.
Ennemi des « carriéristes
de la spiritualité », de
ceux-là qui ayant eu un jour la chance d’aborder
aux rivages de la connaissance initiatique se croient trop volontiers
investis d’une supériorité alors
qu’ils n’ont d’autre mission que celle de
se rendre plus utiles et de devenir de meilleurs serviteurs de la Vie
et de la Vérité.
La médiation est
réalisée dans le cadre de la
communauté des chrétiens Marc 14, 58, Jean 6,14.
Il rejette ainsi tout l’héritage de
l’exil à Babylone.
Ennemi de Zorobabel et des conséquences
géocentriques d'une politique fondé sur le temple
à Jérusalem.
Qu’il soit ou non le messie, qu’il
soit nommé messie, cela ne devait pas déranger le
peuple ou les représentants de
l’autorité juive ou romaine.
Il était un messie de plus dans l’histoire des
messies en Israël.
Comme prophète, Jésus annonce que
chacun est fils ou fille de Dieu (Luc 10,22) ; il annonce le royaume de
Dieu. Il affirme l’urgence d’une conversion ; de la
réponse donnée au désir de dieu, sur
moi, dépend, immédiatement, ma vie comme ma mort.
Qui est mon Jésus, le Jésus que je crois
comprendre ?
La naissance de Jésus est incertaine de lieu, de date.
La mort est plus précise dans ses données, le
lieu est précis le Golgotha à
Jérusalem, l’année peu
fixée. Il est crucifié sous Ponce Pilate.
L’indication temporelle est là ; nous dirions de
la même façon, c’était sous
la quatrième république, sous Louis quatorze.
Que certains affirment qu’il est mort
à l’équivalent du 7 avril de
l’an 30 ; qu’il soit né en 5 ou 6 avant
notre ère à Bethléem ou Nazareth ;
qu’il ne fut pas crucifié, selon les musulmans et
certains gnostiques ; qu’il fut homme et Dieu, tout homme ou
tout Dieu, en proportion homme et Dieu ; voilà de bien
passionnantes questions qui apportent la division, la
séparation.
J’oubliais, certains le font voyager en Inde, en Egypte, au
Tibet ; il est de mode de voyager pour apprendre.
Fils du charpentier Joseph, qu’y a-t-il dans
ses propos, dans son langage, dans son comportement qui fixe la
charpente en lui ; comme la maçonnerie fixe le langage du
maçon ?
Jean Baptiste et Jésus sont proches ; ils sont cousins,
selon l’évangile ; relation de disciples,
l’un étant d’abord le maître
puis Jésus récupérant toute
autorité.
Le baptême de Jean par l’eau est
pratiqué sur Jésus.
La clé de l’enseignement de
Jésus se trouve chez Marc 1,15 « le
temps est accompli, le règne de dieu vient,
convertissez-vous et croyez en la bonne nouvelle ».
Jésus tient difficilement dans une catégorie ; il
est difficilement classable. La parabole qu’il utilise pour
enseigner apporte une liberté d’action
à l’auditeur, un choix reste possible, la
contrainte est liée à la capacité de
comprendre la parole.
Jésus apporte son attention aux humains, il
s’occupe des défavorisés, des exclus ;
qui sont-ils, ici, maintenant, aujourd’hui, ces
lépreux, ces malades, ces possédés,
ces pauvres, ces étrangers, ces collecteurs de
l’impôt romain, qui sont-elles ces veuves, ces
femmes ou ces pécheurs dont le péché
est connu de tous.
Jésus exorcise, Jésus guérit.
Jésus rejette le mensonge, Jésus rejette
l’hypocrisie ; Jésus accepte le mépris
et les méprisés.
Jésus a besoin d’une identité ;
« et vous, qui dites-vous que je suis ? »
Dieu a besoin des hommes.
Jésus est crucifié,
c’est le supplice prévu pour les esclaves et les
gens du peuple. Ceux qui se révoltent contre Rome sont
crucifiés, avec les hommes de la famille, pendant que les
femmes sont utilisées par les garnisons.
Est-il crucifié pour avoir chassé les marchands
du temple et empêcher le culte sacrificiel de se
dérouler normalement ?
Est-il condamné pour avoir mis en péril
l’ordre romain ?
Est-il ressuscité comme l’affirme les disciples et
la foi catholique ?
Ces questions sont passionnantes.
Elles n’apportent pas de solution au problème
concret de la vie quotidienne.
Avec Jésus, la médiation se fait
au sein de la communauté humaine, Marc 14,58 ; Jean 2,19/21
Jésus, maître de spiritualité, nous
fait découvrir par l’amour, que nous sommes fils
et filles de Dieu. Luc 10,22 Jésus, prophète,
annonce le royaume de dieu.
Sa proximité se fait attendre ; ici, maintenant, les hommes
préfèrent le monde et son prince.
Jésus, maître de sagesse, affirme
« mets-toi d’accord avec ton
adversaire, ton ennemi, tant que tu es en chemin avec lui »
Matthieu 5.25.
Jésus exige les réconciliations de
l’homme avec l’homme, de l’homme avec les
hommes, de l’homme avec dieu.
Jésus en appelle à l’urgence de
satisfaire les besoins des hommes et des femmes ; il demande que
l’ouvrier de la onzième heure qui a
contribué à l’œuvre soit
payé comme l’ouvrier de la première
heure, chacun d'eux affronte les nécessités de la
vie.
Jésus annonce qu’il est devenu
illusoire de se reposer sur le fait que les descendants
d’Abraham seront sauvés Luc 3.8 : il remet les
péchés par le baptême, cela signifie
que les sacrifices d’expiation, les boucs
émissaires, n’opèrent plus
l’alliance.
Jésus rejette le dieu de colère, il annonce un
dieu de grâce, Luc 3.7/14 et MT 5.43/48.
Il n’élit pas les hommes, il intègre
toute souffrance toute misère, toute humanité.
Jésus bouleverse les lois de pureté, il mange
avec les païens, les publicains, les prostituées ;
ces successeurs quittent la circoncision, ils abandonnent les
sacrifices rituels et les remplacent par la cène,
épître aux romains 3.25.
Les catholiques témoignent de la mort et de
la résurrection de Jésus.
Le F M témoigne de la résurrection d'Hiram dans
chaque maître, et chaque maître maçon
porte le nom du successeur d'Hiram.
Les esséniens annoncent-ils le christianisme ?
Ils sont issus d’un schisme mené par le
« maître de justice »,
vraisemblablement un grand prêtre ou un candidat à
cette prêtrise qui voulut enseigner au grand prêtre
en exercice ses devoirs. La scission est construite autour de questions
rituelles et juridiques.
Flavius Josèphe les compare aux pythagoriciens
(Antiquités 15.371).
Il est clair que celui qui enseigne l’amour,
qui place l’amour comme clé de
l’accès au royaume de dieu, ne peut avoir pour
référence un milieu ou la lettre et le nombre
l’emportent sur l’homme et la misère des
hommes.
L’essénien retrouve la pureté perdue
d’Israël.
Jésus définit la
communauté des élus par intégration.
Il suffit d’être intégré pour
devenir un élu, un homme de dieu ou plutôt un
serviteur de dieu, il suffit de venir travailler à
l’œuvre du Père, Jésus est le
serviteur de l’homme (i s h u).
La communauté est, au départ, choisie chez des
galiléens sans vraie culture, des hommes du peuple, des
hommes qui aiment les hommes, qui connaissent la misère des
hommes.
Jésus ne partage pas son père
entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ; les hommes
choisissent Jésus, l’amour de dieu choisit
l’homme. Jésus rassemble, là
où d’autres séparent ; il
réconcilie là où d’autres
coupent.
Le dieu de Jésus est un dieu des hommes parce que ce dieu
là est proche d’eux, il est un dieu
d’accueil ; Jésus conteste la pureté
construite sur l’exclusion.
Jésus revendique le rôle
d’époux qui revient traditionnellement
à dieu ; son autorité rend possible la relation
directe avec dieu et notre présence dans le royaume devient
possible.
La distance entre l’homme et dieu est abolie en
Jésus, l’homme peut avoir confiance, il peut se
fier à dieu par Jésus.
L’enseignement de Jésus se fait par
paraboles. Il raconte une histoire que chacun comprend comme il le
désire, comme il peut, selon son histoire personnelle.
Jésus enseigne par analogie, les semailles ressemblent
à des difficultés humaines ; il enseigne, par des
paroles, les paroles sont paroles de sagesse.
Il fait appel à l’observation, à
l’expérience, à la raison, MT 10.24.
Les paroles sont paroles de prophète, MT 23, appels
à la conversion, annonces du salut.
Les paroles sont paroles d’autorité, je vous le
dis en vérité, Marc 10.45.
Que nombre des propos de Jésus furent
altérés ou transformés est une
certitude scientifique.
Que faisons-nous de ces propos pourtant simples ?
Aimez-vous les uns les autres.
Aime ton prochain comme toi-même.
Comment les avons-nous déformés ?
Nous, auxquels, certains voudraient imposer l’amour de leur
organisation, de leurs institutions, de leur entreprise, avant
l’amour de l’homme ?
Petits cailloux.
Ne croyez pas vous débarrasser du sacré, il est
comme la poussière balayée.
Quand les églises ou les temples seraient
désertés, il n’en reste pas moins
qu’une demande religieuse d’accès au
sacré existe.
Souvent, c’est une demande de supermarché, la
personne entre en contact avec la religion, prend ce qui
l’intéresse ou part dans un autre
supermarché.
L’homme religieux a besoin de
sacré, il prend ce qu’il peut là
où il peut.
Le fidèle est attaché à la foi,
parfois au dogme ; le péché, la peur, le paradis,
ces trois mots et leurs variantes constituent des clés de
son action.
Les normes imposées de l’extérieur lui
permettent de vivre dans les normes de son groupe social. Il se
protège de lui-même et de la bête qui
vit en lui.
L’homme a besoin de symboles, de
références, de normes, il exige que la vie ait un
sens.
Le croyant met dans son caddie ses choix, le syncrétisme
règne.
Des données ne font plus recette, le
péché, le salut, le dieu personnel ;
d’autres semblent attirer le client, l’astrologie
élémentaire, on lit son horoscope, comme on lit
la météo ; la transmission de pensée ;
la voyance fait toujours recette ; les extraterrestres prennent des
relais.
Les communautés, yoga, bouddhistes,
chrétiennes naissent et meurent.
Les religions sont créatrices d’altruisme, sans
elles la générosité est un fait rare.
Les grands systèmes idéalistes Jouent aussi la
carte de l’altruisme dans leurs domaines.
Les humains ont besoin de repères, la famille, le travail,
la liberté, la morale, la philosophie, la satisfaction des
besoins de base, faim, soif, protection physique et
psychologique…
Des systèmes s’interrogent sur le sens de la vie,
d’autres imposent des formes de péché,
la peur, le paradis. Des hommes font jouer le système
culpabilité espérance.
L’Asie fait croire à la
nécessité d’une harmonie dans
l’existence ; la vie est un jeu avec une règle et
nous voudrions, comme les petits enfants, pouvoir gagner à
tous les coups.
La religion fonctionne sur deux niveaux. Le premier est
intérieur, le religieux vit des sentiments, des
pensées, des obligations. Le second est
extérieur, le religieux se manifeste par une gestuelle, un
rite, des attitudes, des paroles.
La religion de l’amour, ce sentiment qui
pousse un être vers un autre, que nous ressentons comme un
complément indispensable à la vie, sera
opposée à la religion de la crainte.
Certains systèmes mêlent l’amour et la
crainte, ce qui crée le traumatisme et nécessite
un clergé qui seul libère du problème
qu’il a créé.
Qu’il soit grand architecte, Dieu, être
suprême, principe supérieur, les questions vont se
précipiter, avec des réponses de
catéchisme.
Où est-il ? Quel est son comportement ?
D’où vient-il ? Qu’est-ce qui le
mène ?
Parfois les réponses atteignent le niveau d’une
mythologie ; lorsqu’elles sont plus
élaborées, elles s’organisent suivant
une théologie.
Les réponses de ceux qui contactent le
sacré finissent par donner des certitudes, des personnes
s’attachent à des explications, se mettent au
service de telles explications.
Nous sommes enclins à l’action pour ceux auxquels
nous donnons une valeur, pour les valeurs que nous croyons avoir
choisies.
Ce qui nous lie aux valeurs, qui nous lie au sacré,
constitue des images, des représentations qui nous offre un
système de conduite, des activités.
Un culte s’harmonise au sentiment religieux et aux
représentations religieuses.
Une doctrine se fonde sur l’importance d’un
représentant du sacré censé
transmettre un système infaillible.
L’intolérance suit, très
vite, une telle croyance ; le système devient
prétexte à tyranniser les hommes, et certains
aiment être tyrannisés ou tyranniser. Ils
éduquent pour continuer leur mode de pensée, pour
que les enfants de leurs enfants soient des tyrans ou des victimes.
Une habitude des religions est d’engendrer la violence.
Les hommes de la religion génèrent des violences,
violence interne et violence externe. Rappelons, les guerres de
religion, l’inquisition, les procès en
sorcellerie, les massacres musulmans hindous, l’Irlande, la
Bosnie…
Partout où il y a religion, il y a violences possibles.
Partout où il y a idéologie, il y a violences
possibles.
Partout où il y a problèmes
économiques, il y a violences assurées.
L’homme n’est pas naturellement bon
; à l’état de nature, il doit assurer
sa survie ; la violence est naturelle au survivant.
L’homme avance masqué, il masque son orgueil, il
masque sa volonté de domination sous des appellations
idéalisées.
Les masques portent des noms connus, christianisme, communisme,
libre-échange, fascisme, bouddhisme.
Le rite initiatique prépare à une forme de vie
par une mort symbolique, la mort élémentaire est
constituée par la privation d’un sens.
Le repas qui suit le rite, selon une forme rituelle, construit un
rappel du sacrifice.
La lecture attentive de la bible permet de découvrir que
tout n’est pas parole d’évangile.
Notre livre, la bible, témoigne de la
difficulté que rencontre l’homme
lorsqu’il désire rencontrer Dieu ;
lorsqu’il désire accéder ou construire
Dieu.
Un Dieu est source de multiplicités, de traditions
contradictoires, de messagers.
La reconnaissance du Dieu Un passe par un langage de promesse et de
serment, par une projection dans le temps, une insertion dans
l’histoire des hommes.
Le chemin du Dieu Un sillonne les voies sans issues de la
misère humaine, le fratricide, l’inceste, la
guerre, la maladie, l’exil.
La première rencontre avec l’un se fait dans
l’univers ; comme si l’un pour aller vers
lui-même était contraint à la division,
à la création de l’humanité.
Comment, cet architecte de notre univers peut-il
apporter un sens à notre vie ? Est-ce qu’il
produit de la cohérence, permet la communication avec
autrui, lui-même et le monde ? Autorise-t-il
l’insertion de l’individu dans la famille, dans le
clan, dans la société, dans la solitude ?
Comment du Dieu d’Abraham, qui a intérêt
à tenir ses promesses de prospérité,
de territoire, de libération de l’esclavage,
à donner du sens à ses dix commandements, en
arrivons-nous à un Dieu un et personnel.
La fidélité au dieu
d’Israël est un échange. La foi des
hommes est liée aux apports du dieu.
Le dieu de Moïse permet la fuite hors d’Egypte, la
survie dans le désert pendant 40 ans.
Ce dieu exige la paix entre ses fidèles, le partage des
biens, l’absence de
propriété…
Moïse lie son dieu par une alliance, que l’exode
raconte en détails.
Les hommes ont besoin de réponses qui les satisfassent. Les
divinités expliquent le monde et son absurdité
apparente.
La religion répond aux questions humaines.
Lorsque les réponses sont délirantes, les
réponses satisfont encore des hommes ; ils
possèdent une réponse.
Dans le désert, les nomades, en route vers la terre promise,
ne font pas d’autels. Yhwh les a interdits ; en fait, ils ne
sont pas pratiques puisque les errants ne sont pas censés
repasser par un même lieu. Ils cheminent vers la terre
promise.
Lorsque les nomades se sédentarisent, ils construisent des
temples.
Le nom du dieu d’Israël se fixe, il
devient Yhwh ; ce tétragramme supposé
imprononçable est remplacé par Adonaï,
dont la signification est maître, seigneur, en grec cela
donne Kyrios. Chez certains, cela donne ah ! Seigneur ! Mon dieu !
Aux quatre lettres furent ajoutées les voyelles du mot
Adonaï pour rappeler qu’il ne faut pas prononcer le
tétragramme Yhwh, mais simplement dire ou lire
Adonaï.
Yhwh est apparu dans Deutéronome 33.2 ; juges 5.4-5 ;
Habaquq 3.3 ; il se révèle à
Moïse, en Exode 3.1, qui fait paître le troupeau de
Jétro son beau-père.
Pour ne pas nous simplifier la vie, Moïse ne dit pas aux
hébreux qu’il n’y a qu’un
dieu, mais bien que seul Yhwh est leur dieu !
Cela rend l’existence d’autres dieux implicites.
Nous rencontrons El Elyon en Genèse 14,18-22 ; El
Roï en Genèse 16,13-14 ;
El Shaddaï en Genèse 17,1 ; 28,3 ; 35,11 ; El
Olâm, El Béthel, Pahad, Baal, Berît, El
Berît.
Chaque peuple a son dieu, Yhwh est le seul dieu
d’Israël ; Israël est le seul peuple de
Yhwh. Cette exclusivité fait de Yhwh un dieu jaloux, un dieu
qui interdit de servir les autres dieux.
Une bonne image de patron, d’architecte, nous est fournie par
le soleil. C’est de lui qu’émane toutes
les créatures et la création. C’est lui
qui offre la chaleur de ses rayons, sa lumière, le temps et
les cycles de croissance végétale donc animale et
humaine.
De l’action du soleil naît la
réalité totale. Les hymnes d’Isis, le
corpus hermeticum composés par Isidore parlent de
l’Un qui s’est fait en millions, l’Un
universel.
Yhwh est transformé en dieu solaire Ps 46,6 ; 84,12 ; Ez
16,50.
Celui qui va faire progresser Yhwh dans le statut de
dieu d'Israël, c’est David. Tout part de 1 Samuel
22,20-23 où David élit Yhwh et son serviteur
Abyatar du sanctuaire de Silo.
Cette élection de Yhwh est fondamentale. Il existe dans le
royaume de Moab un dieu aux fonctions parallèles
à celles de Yhwh. Kamosh est cité en 1 Rois 11,33
en Nombres 21,29 et Jr 48,46.
David s’appuie sur un clergé, il choisit Yhwh, il
sera oint.
Le sanctuaire israélite était
composé de trois éléments, un autel,
une stèle, souvent une pierre comme à
Béthel, et un arbre. Gn 12,6 ; Josué 24,26.
L’arbre a parfois valeur sacrée, parfois il
rivalise avec Yhwh, d’où le Dt 16,21 qui interdit
l’arbre auprès de l’autel. La
stèle qui devenait objet de culte sera, elle aussi,
rejetée Dt 16,21.
Le premier monothéiste de la bible me paraît
être Isaïe en 43,10-11 ; il continue en 44,6-8.
« C’est moi le premier,
c’est moi le dernier ; en dehors de moi, pas de dieu ».
Le message est clair, définitif. Ce monothéisme
est le résultat d’un long travail de patience.
La préparation des hommes à un tel message fut
longue, elle est encore une nécessité.
En s’engageant dans l’histoire, en travaillant dans
le monde au profit de son peuple, Yhwh apparaît comme
agissant sur l’univers.
Isaïe 45,21 : de dieu juste et sauveur, il n’en est
pas, excepté moi. Dt 32,39-40 : c’est moi qui fais
mourir et qui fais vivre ; quand j’ai brisé,
c’est moi qui guéris… je
lève la main vers le ciel et je déclare : je suis
vivant pour toujours.
Le nom Israël lui-même provient de
yasar-El qui peut signifier El a corrigé, dans le cas
précis Dieu a corrigé Jacob.
Rappelons la Genèse
Gn 32.27 Il lui [M] dit ['âmar] : « Laisse
[shâlaÿ (pi)]-moi [M] car [kî 2] l'aurore
[shaÿar] s [M]'est [M] levée
["âlâh] ».
« Je ne [M] te [M] laisserai
[shâlaÿ (pi)] pas [lô'],
répondit ['âmar]-il, que [kî 'im] tu ne
m [M]'aies [M] béni [bârak (pi)] ».
Gn 32.28 Il lui [M] dit ['âmar] : « Quel
[mâh] est [E] ton nom [shém 1] »
?
« Jacob [ya "aqôv] »,
répondit ['âmar]-il.
Gn 32.29 Il reprit ['âmar] : « On
ne t [M]'appellera ['âmar] plus
[lô’"ôd] Jacob [ya"aqôv], mais
[kî 'im] Israël
[yiÜerâ'él], car [kî 2] tu as
[M] lutté [Üârâh 1] avec ["im]
Dieu ['èlôhîm] et avec ["im] les hommes
['îsh] et tu l'as [M] emporté
[yâkôl] ».
Gn 32.30 Jacob [ya"aqôv] lui [M] demanda [shâ'al] :
« De [M] grâce
[nâ’2], indique [nâgad (hi)]-moi [M] ton
nom [shém 1] ».
« Et pourquoi
[lâmmâh], dit ['âmar]-il, me [M] demandes
[shâ'al]-tu mon nom [shém 1] »
? Là [shâm]-même, il le [M]
bénit [bârak (pi)].
Gn 32.31 Jacob [ya"aqôv] appela
[qârâ’1] ce lieu
[mâqôm] Peniel [penî'él]
c'est-à-dire [E] Face [E]-de-Dieu [E] car [kî 2]
« j'ai [M] vu [râ'âh
1] Dieu ['èlôhîm] face
[pânîm 'èl pânîm*]
à ['èl] face et ma vie
[nèfèsh] a [M] été [M]
sauve [nâçal] ».
Gn 32.32 Le soleil [shèmèsh] se [M] levait
[zâraÿ] quand [ka'ashèr*] il passa
["âvar 1] Penouël [penoû'él].
Il [hoû'] boitait [çâla"] de la hanche
[yârék].
EL ou, l’élu serait celui qui,
comme Jacob, a combattu Dieu, qui aurait vu sa face qui comme Jacob a
combattu les hommes.
Jg 8.17
Il renversa [nâtaç] aussi [w] la tour
[migedâl] de Penouël [penoû'él]
et massacra [hârag] les hommes ['îsh] de la ville
["îr 1].
Josué dresse une grande pierre pour marquer
l’alliance entre les fils d’Israël et les
fils de Jacob, Jg 9,6. Certains n’ont pas fait le
périple du désert, ils ne connaissent pas Yhwh.
Les fils d’Israël rendent un culte au dieu El.
L’adoption de Yhwh est le résultat
d’un choix, Josué 24,8 ; entre les dieux El,
Ashéra, Baal et Yhwh. Les enfants
d’Israël renoncent au polythéisme contenu
dans les autres cultes.
La deuxième vraie rencontre avec le monothéisme
est le fait des exilés. Yhwh est le dieu,
l’unique, leur dieu, sinon ils seront absorbés par
Babylone. Quand le peuple du roi Yoyakin est exilé
à Babylone, une grande partie du peuple reste sur place,
notamment les paysans. Les exilés donnent aux
événements de 597/587 une réponse
monothéiste ; reconnaître Yhwh comme seul dieu,
c’est rejeter les autres dieux et donc leurs peuples,
c’est refuser de s’intégrer à
ces peuples, c’est perdurer en fonction d’une
identité.
Autour de Zorobabel, vers 520, les hommes confessent
Yhwh pour seul dieu.
Cela permet de remettre en place les descendants du roi Yoyakin. Tout
s’organise autour du temple de Jérusalem, le
temple devient le lieu de ralliement, le signe du loyalisme.
Tous les autres sanctuaires sont exclus. Toute forme de sanctuaire est
exclue, certains regretteront que Josué n’ait pas
détruit tous les sanctuaires.
Yhwh défie les autres dieux, il exige qu’il fasse
preuve de leur divinité. Dans les cas litigieux, il les
absorbe Gn 17, il récupère les noms comme autant
d’épithète.
Dieu des cieux est une de ses appellations qui s’appliquent
à Yhwh comme à Ahoura Mazda.
Rappelons que la bible rejette tout dualisme. Yhwh est responsable du
bonheur et du malheur, de la lumière et des
ténèbres. Es 45,6-7.
Yhwh dieu du ciel et de la terre, dieu d’un
seul peuple, d’un peuple créé,
d’un peuple élu, pose maints problèmes.
Une découverte simple et surnaturelle, la foi en Yhwh
n’a besoin ni d’un espace, ni d’une
institution, la foi permet au croyant de vivre n’importe
où, sous n’importe quel régime. La loi,
la Tora sert de temple, de patrie, d’institution…
Le Dieu de Jésus est-il le dieu de la bible ?
Pour Jésus, il est clair que Dieu est une personne, on lui
parle, elle parle, elle agit, elle existe dans l’histoire des
hommes, elle garde sa transcendance.
Il est possible de s’adresser à elle, il est de
notre devoir de lui adresser des demandes ; parce que Marc 10,27 tout
est possible à Dieu.
Le Dieu de Jésus est un dieu de sollicitude, de
miséricorde, il vient au secours des hommes. Luc 18,1-8.
Il mérite la confiance, donc il exige la confiance, la foi.
Si vous demandez à Jésus votre
chemin, le chemin menant à la vie, il indique les
commandements de l’ancien testament, Marc 10,17-22 ;
12,28-34. Il renforce ces commandements Matthieu 5,21-26.27-28 Le dieu
de Jésus est comme le soleil qui éclaire le bon
comme le méchant Matthieu 5,44-45.
Le dieu de Jésus est un père comme
dans l’ancien testament, Isaïe 63,16 ; 64,7 ;
Jérémie 3,4.9… Il l’appelle
abba, d’ab père, abba, le père, mon
père, notre père. Ces syllabes nous rappellent
les sons que prononcent les bébés et qui vont
donner en français papa. Cela fait penser aussi au nom Allah.
Abba indique une intimité avec Dieu, une
proximité, une relation à l’adulte
idéal. Abba est proche, abordable, indulgent.
Jésus se bat contre ceux qui mettent des
obstacles entre dieu et l’homme ; il rétablit le
droit de dieu sur le cœur de l’homme, il demande
une obéissance sans compromission.
Les développements de dieu en trois personnes, le
père, le fils, le Saint-Esprit, le concernent-ils ? La
dogmatique de la trinité est-elle de son fait ?
Le Dieu de Jésus est amour. Quelle est la
représentation de l’amour ? Les musulmans refusent
la forme trinitaire, il n’est de dieu que Dieu et Mahomet est
son prophète. Allah n’a pas d’alliance
directe avec le domaine historique.
Le dieu d’Israël est Yhwh, le
sauveur, inséparable de l’alliance
contractée avec son peuple. Le judaïsme utilise la
menora, chandelier à 7 branches pour se rappeler
l’intérieur du temple ; le toulab, un bouquet qui
contient un rameau de palme, et l’éthrog, une
sorte de citron, pour manifester la fête des tentes. La
diaspora a favorisé le lieu de prière par rapport
au temple.
Israël vit par son temple, la diaspora vit par la synagogue,
dont le culte renonce aux sacrifices, se restreint à la
parole, à l’étude, à
l’enseignement. Le culte de la synagogue est public, le saint
des saints du temple est réservé à
l’élu des élus.
Pour l’islam, Jésus est la Parole
émanant de dieu, il n’est pas le fils de dieu. Le
musulman refuse la trinité, l’incarnation, il
défend la naissance virginale.
La dogmatique gêne de nombreuses personnes.
Au premier siècle, le royaume de dieu doit
venir sur terre, les promesses divines sont des
réalités, Jésus est Christ
c’est-à-dire Roi, il est ressuscité,
l’homme doit vivre en accord avec le décalogue,
l’enseignement d’un évangile. Les dogmes
sont élaborés pour combattre les
différentes hérésies, les sectes etc.
dont les enseignements ne sont pas partagés par la masse des
fidèles, créent des troubles dans la
société chrétienne. Le dogme fixe la
pensée du plus grand nombre de fidèles, il
révèle l’accord du fidèle
avec Dieu.
Dans le monde sémitique, la relation
à Dieu est importante, la foi engage l’homme et
Dieu. Dans le monde grec, l’intellectualisation passe au
premier plan, il importe d’être en accord avec des
vérités enseignées. Le
chrétien est celui qui accepte le symbole de
Nicée par exemple, le chrétien adhère
au credo.
Jésus est-il fils de Dieu ?
Fils de Dieu est un titre qui s’adapte à
différentes personnes, le roi, le juste. Jb 1.6 Le jour
advint où les Fils de Dieu se rendaient à
l'audience du SEIGNEUR.
Jb 38.7 tandis que les étoiles du matin chantaient en
chœur et tous les Fils de Dieu crièrent hourra !
Mt 4.3 Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si
tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des
pains ».
Mt 4.6 et lui dit : « Si tu es le Fils de
Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: Il donnera pour
toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs
mains pour t'éviter de heurter du pied quelque pierre ».
Mt 8.29 Et les voilà qui se mirent
à crier : « De quoi te
mêles-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter
avant le temps » ?
Mt 14.33 Ceux qui étaient dans la barque se
prosternèrent devant lui et lui dirent :
« Vraiment, tu es Fils de Dieu »
!
Mt 16.16 Prenant la parole, Simon-Pierre
répondit : « Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ».
Mt 26.63 Mais Jésus gardait le silence. Le
Grand Prêtre lui dit : « Je
t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es, toi, le Messie, le
Fils de Dieu ».
Mt 26.64 Jésus lui répondit :
« Tu le dis. Seulement, je vous le
déclare, désormais vous verrez le Fils de l'homme
siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant
sur les nuées du ciel ».
Mt 27.40 et disant : « Toi
qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en 3
jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et
descends de la croix » !
Jn 1.48 « D'où
me connais-tu »? Lui dit
Nathanaël, et Jésus de répondre :
« Avant même que Philippe ne
t'appelât, alors que tu étais sous le figuier, je
t'ai vu ».
Jn 1.49 Nathanaël reprit : « Rabbi,
tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ».
Jésus est qualifié de fils de l’homme,
de fils de David.
Les apôtres reçoivent
l’esprit du Christ, la part de Jésus qui a vaincu
la mort, ils continuent la mission de Jésus, permettre au
royaume de Dieu de s’établir sur cette terre.
La foi se dit en grec pistis d’où
l’ouvrage gnostique « pistis
sophia » ; pistis désigne
l’adhésion à une personne, non
l’adhésion à un ensemble de
vérités ou de dogmes.
Paul affirme que le Christ est venu nous arracher à
l’esclavage de tout ce qui nous éloignait de Dieu,
pour que puissions devenir les sujets, le peuple, les esclaves de Dieu.
Ami ou Ennemi !
Trouvez vos réponses.
Ceux qui refusent l’accès au
sacré, je les renvoie au miroir, ils se rencontreront, ils
rencontreront l’ami qui tenait le miroir ; ils se relieront
à la chaîne des hommes.
Ceux qui s’ouvrent au sacré, je les invite
à vivre au quotidien une foi en l’homme,
bête et méchant qui doit être
broyé pour donner la pierre polie ou,
pulvérisé pour amender le sol ingrat
d’une terre qu’il rendra fertile ; pour
quelques-uns uns, je les invite à redécouvrir une
gnose qui n’est pas réservée aux seuls
degrés administratifs.
J'ai dit
M\ C\
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