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Les métaux

Que sont donc ces métaux et surtout, pourquoi faut-il donc les abandonner ?
A l’instar des armures du moyen-âge, les métaux nous séparent et nous isolent des autres. Ils sont ce qui marque nos différences. Des différences qui ne sont pas intrinsèques, qui ne concernent pas notre être, différences qui elles sont enrichissantes et bénéfiques par l’ouverture vers de nouveaux horizons, mais des différences basées sur le paraître, que celui-ci soit d’ailleurs fondé ou non (n’oublions jamais que l’habit ne fait pas le moine). Des différences qui séparent, suscitant le dédain vers le bas et l’envie vers le haut sur cette échelle du clinquant où l’ambition individuelle provoque la rupture de l’harmonie générale. 
L’abandon des métaux représente donc l'entrée dans la simplicité. Il fait écho à la phrase du Christ : « que celui qui veut me suivre abandonne ses biens, les vende et les distribue aux pauvres »
On ne peut pas entrer dans la Voie de l'initiation, de l’être, sans renoncer au paraître.

Ce « paraître » englobe tout ce qui ressort de l'avidité de l'homme. L'homme a soif de reconnaissance, de distinction personnelle. Il espère briller, avoir une réputation, sortir de la masse. Pour cela, il lui faut se hisser dans la hiérarchie sociale, bénéficier de promotions de toutes natures, parvenir là où le commun des mortels n'accède pas, posséder ce qui va le classer au-dessus des autres hommes. Or, il faut se faire pauvre en esprit, si l’on veut accéder à la lumière, c'est-à-dire être initié et chercher la vérité. On y accède plus facilement lorsqu’on ne sait rien, que lorsqu’on reste attaché à des erreurs.
Certains recherchent ce retour à la simplicité par l’isolement, la retraite monastique, le vœu de pauvreté. L’initié, lui,  n’est pas astreint à faire ce vœu de pauvreté. Il doit simplement se souvenir que la cupidité est le pivot de tous les vices antisociaux.
Mais comment démasquer ces penchants propres à l'homme si on veut pouvoir les combattre ? Comment en avoir la juste connaissance afin de  les atténuer et enfin de les éliminer ? En mettant en pratique l'adage antique : "connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux."
Se connaître soi-même, voici le grand travail, le grand principe propre à toutes les sociétés initiatiques. Et comment se connaître soi-même ?
En oubliant ce que nous savons, en oubliant ce que nous sommes. En reprenant tout depuis le début. En nous dépouillant de ces « métaux ». Je ne sais rien, ni lire ni écrire mais à peine épeler…

Déjà dans la tradition occulte, alchimique et astrologique, chacun des sept métaux principaux correspondait à une planète et, à chacune de celles-ci, correspondait un des sept péchés capitaux : 

Or Soleil Orgueil
Argent Lune Paresse
Fer Mars Colère
Mercure Mercure Envie
Etain Jupiter
Gourmandise
Cuivre Vénus Luxure
Plomb Saturne Avarice
 
Le dépouillement des métaux représente la perfection « symbolique » qui est demandée au Récipiendaire, au moment où il va recevoir l’Initiation. On l’invite à maîtriser toutes ses passions, en particulier celles de la possession, du pouvoir, de la vanité, passions qui sont inhérentes, à différents degrés, à l’homme. 

Retirer les « métaux-monnaie » à l’aspirant, c’est lui enlever le plus grand corrupteur des consciences, c’est prouver symboliquement son renoncement aux biens matériels ; c’est montrer que la vraie libération ne peut s’accomplir que par l’élévation spirituelle. 

L’enlèvement des métaux correspond à la pierre brute qu’est le nouvel initié. On le replace symboliquement dans l’état de nature en supprimant le métal qui caractérise précisément la civilisation et tout ce qu’elle comporte de factice. 
Ces métaux, nous nous en dépouillons, puis nous les transformons. 


Tout être humain se constitue une armure, anciennement en métal, qui a pour but de le protéger. Or le métal est froid, impénétrable; il ne laisse passer ni Amour ni Fraternité qui sont pourtant les bases de la compréhension de soi-même et des autres, ainsi que de la tolérance et de l'ouverture d'esprit.
Le dépouillement des métaux est donc également à associer à la renonciation aux valeurs temporelles et à l’abandon volontaire d’idées préconçues. Cet acte, chargé de sens et de pouvoirs, nous permet de nous concentrer, il provoque une rupture avec le monde profane. 
Renoncer à nos métaux, c’est donc repartir d’une page blanche, exempte des erreurs et des souillures du passé, tout en les gardant à l’esprit afin de ne plus les commettre. C’est la condition indispensable à notre propre perfectionnement.

On dit souvent que les dictons et proverbes sont la sagesse populaire. Je voudrais terminer en en citant quelques-uns qui m’ont inspiré et ont suscité ma réflexion tout au long de ce travail :

- Le difficile n'est pas de monter, mais, en montant, de rester soi. 
Jules Michelet
- Ce qui rend l'égalité difficile, c'est que nous la désirons seulement avec nos supérieurs.
Henry Becque
- Quand l'orgueil chemine devant, honte et dommage suivent de près.
Gabriel Meurier
- Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d'essayer de paraître ce que nous ne sommes pas.
La Rochefoucauld
- Si un homme a une grande idée de lui-même, on peut être sûr que c'est la seule grande idée qu'il ait  jamais eue dans sa vie.
A. Esquiros
- Ce qui rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre.
La Rochefoucauld
- Tout ce qui brille n’est pas or.
-Cent fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage.
Et enfin déjà cité en début de texte,
- L’habit ne fait pas le moine.

J’ai dit, Vénérable Maître.

J\N\ B\

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