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La Quadrature du Cercle

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La Symbolique des formes et des nombres
Les formes géométriques, et les nombres qui leur sont attachés, ne sont pas que des objets mathématiques. Depuis Pythagore, on leur attribue souvent toute une portée symbolique ou mystique.
La symbolique des formes géométriques et des nombres existe depuis qu'existe l'écriture et, il n'est pas une civilisation humaine qui ne la connaisse. Elle transparaît directement dans les rituels magiques les plus anciens, dans les repères astronomiques ou encore dans ceux qui rythment la vie quotidienne des hommes. La géométrie fut à l'origine de la philosophie pythagoricienne qui voyait dans les formes et les nombres les principes de toute chose.

Dans la quadrature du cercle, le carré représente le monde créé, la matière, le savoir. Le cercle symbolise l’infini, les puissances célestes, la Connaissance. Le problème majeur de la quadrature du cercle est donc de réussir à amener la matière au niveau du cercle, à la spiritualiser, ce point de vue correspondant à la démarche alchimique qui cherche à élever la matière, donc la part animale de l'homme, vers le divin. Réaliser la quadrature du cercle est donc une opération symbolique difficile, que de nombreuses civilisations ont abordée :

En Chine, dans les textes des Anciens du Tao, il était raconté: "Le Ciel est un Rond, la Terre est un Carré". A Pékin, la cité interdite, qui est le siège et le symbole du pouvoir, est structurée à l’équerre, alors que le palais du ciel, qui symbolise la spiritualité et le divin, est constitué de trois monuments circulaires.

A la Mecque, les pèlerins effectuent une déambulation circulaire autour du cube de la Kaaba. Par cet acte de foi, l'Islam réalise spirituellement la quadrature du cercle.

En Inde, dans les dessins des mandalas de méditation, on peut voir le cercle et le carré associés. Ils y représentent l’harmonie idéale d’un couple d’opposés, le ciel et la terre, le divin et l’humain.

Toutes les philosophies et les religions considèrent que l'homme peut s'élever vers la spiritualité par trois étapes successives : pour les bouddhistes, on passe du monde des passions (physique) au monde des apparences (esprit) puis au monde de la non-apparence (âme). Pour les chrétiens, du rectangle de la vie physique au carré de la vie spirituelle puis au cercle de la vie divine (âme).

La quadrature du cercle est un symbole de l’œuvre alchimique, en ce sens qu’elle décompose l’unité originelle pour la réduire aux quatre éléments, qu’elle recombine ensuite en une unité supérieure. L’unité est représentée par un cercle et les quatre éléments par un carré. Cette transformation se vérifie lors de l’Initiation : le vieil homme profane disparaît, et il se recompose en un Homme Nouveau, en une Unité provenant de la synthèse des quatre éléments que sont la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu.

La Symbolique des constructeurs

Les trois plans de la conscience sont indiqués, dans les églises romanes ou gothiques, par des points d'énergie tellurique qui dessinent un schéma toujours identique. Très souvent, l'abside, elle-même, détermine le cercle de base, le plan cosmique. La construction d'une église romane commençait par l'abside et la croisée de transept. Dérivé de ce cercle de base, le carré de l'esprit, quadrature du cercle, de même surface que lui. Un rectangle d'or, encore de même surface que les plans précédents, complétait la série : c’est l’unité de la trinité. Plus tard, les cathédrales gothiques, bien différentes, utiliseront néanmoins le symbolisme de la quadrature du cercle : on y entre par le narthex, qui est un carré, puis on chemine dans la nef qui est un carré long, pour arriver dans le chœur, qui est circulaire. C’est ce chemin que voulaient nous faire parcourir les compagnons, de la terre au ciel en passant par le carré long. Ces compagnons pratiquaient le symbolisme de la Science sacrée, en même temps que les symboles leur permettaient de mémoriser leurs procédés géométriques. Ils ont élaboré une symbolique de la relation de la Terre au Ciel, et ont transmis à leurs apprentis non seulement une formation technique et des outils pour travailler, mais une Connaissance et des outils pour vivre.

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L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci

Certains se demandent si l’homme de Vitruve n’est pas une voie pour résoudre la quadrature du cercle. Le cercle et le carré ont une valeur symbolique qui va au delà de l’aspect mathématique. Inscrire l’Homme dans un carré c’est mettre en évidence son origine terrienne, son aspect matériel et physique. L’inscrire dans un cercle, c’est rappeler sa nature cosmologique et spirituelle qui le situe au centre de l’Univers.
Léonard de Vinci a peut-être voulu nous rappeler ces deux aspects de l’Homme.

Mathématiques, Géométrie et Spiritualité

La quadrature du cercle est tout autant un problème géométrique qu'un exercice spirituel symbolisant le passage du terrestre (le carré) au céleste (le cercle), de l'imparfait au parfait ; au Moyen Âge, on voit dans la quadrature du cercle un savoir secret qui donnerait accès au divin. Le centre du cercle, c'est l'Un, l'origine, le principe, Dieu. Du centre rayonne l'énergie de l'esprit divin ; le cercle est donc le monde céleste, l'éternité, la transcendance. Le carré, c'est l'univers créé, la stabilité terrestre, l'équilibre obtenu par la composition des quatre éléments. Remonter du carré au cercle, c'est non seulement associer le visible et l'invisible, mais c'est opérer le passage du sensible vers la transcendance divine, c'est rejoindre Dieu. Il s’agit là d’une Connaissance du cercle et de sa quadrature qui n’a plus rien à voir avec les savoirs géométriques et mathématiques, mais qui est la Connaissance de la relation intime entre les choses du ciel et celles de la terre. Ainsi, qu’est-ce que la recherche de Dieu si ce n’est l’effort de l’homme pour se mettre en harmonie avec la création ? Qu’est-ce que bâtir un temple ou une cathédrale, si ce n’est inscrire dans l’espace un rapport conforme aux lois du cosmos ? Le temple permettra le dialogue entre Dieu et les hommes, car son orientation, ses dimensions, et tous les éléments qui le composent sont choisis dans les termes d’un langage compréhensible par les Dieux. Ce langage, c’est celui par lesquels les Dieux se sont exprimés, celui de la Création. Au cœur de la Tradition que nous ont léguée nos prédécesseurs opératifs, nous trouvons donc non pas un savoir, mais la Connaissance profonde de nous-même et de notre propre relation avec l’Univers et les Dieux, qui permet de vivre intimement le lien entre l’humain et le divin, ainsi qu’il est gravé sur la Table d’Emeraude : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour réaliser le mystère de l’Unique. »
L’Esprit et Matière s'unissent donc pour former l'Unité à part entière : matérialiser l'esprit afin de spiritualiser la matière. Telle est l'admirable définition de la vie, exprimée symboliquement par la quadrature du cercle.
 
Reste au franc-maçon à réaliser et à vivre la quadrature du cœur !

C\ R\

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