Obédience : NC | Loge : GLNF | 03/12/1999 |
Né Libre parce que Mort ! Notre VM Pierre Louis a attribué comme thème de l’année, à notre respectable loge : « Que la sagesse préside a la construction de notre édifice ». Le redoutable privilège de
déflorer le thème de l’année
a été confié à notre
frère Paul qui, le mois dernier nous a si bien
ouvert le chemin avec l’espace temps sacré. « né libre parce que mort ». Cette affirmation, ou plus exactement, l`ensemble des questions – réponses qui la détermine se situe dans le rituel d`instruction de l’Apprenti du Rite Ecossais Ancien et Accepte. Demande :
« Qu’est-ce qu’un
Maçon ? » C’est de cette Sagesse de L’initié, face au phénomène MORT – VIE, qui lui permet de bâtir son Edifice Maçonnique, dont nous nous allons vous entretenir. Ainsi, nos Propos sur la mort, constituent-ils essentiellement, un examen de l’Evolution d’un Etat à un autre Etat. Pour parler de ce sujet, nous devrons
nécessairement aborder les interrogations philosophiques
concernant la mort, car à ce niveau, le
phénomène évolue de la philosophie
à la phénoménologie. La première partie de cet exposé sera consacrée à un rapide survol des différents rituels funéraires à des époques significatives. En seconde partie, nous aborderons la symbolique liée à nos rituels du REAA. En troisième lieu, nous aborderons les cotés qui nous sont très personnels, comme la mort et le sommeil, la mort et la mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective au regard de l’écrit et du temps. Enfin, nous terminerons par une conclusion qui ramène d’une certaine manière au GADLU, ce qui n’étonnera personne. Les Rites dits de « Passage ». Dans la religion funéraire
Egyptienne, aussi loin que l’on remonte dans le
passé, les Egyptiens ont toujours cru à une
survie après la mort. Pour les Grecques, il y a cette sorte d’héroïsation qui leur permet d’assurer la protection de la communauté (le mot héros, qui désigne un mort détenteur d’un potentiel vital exceptionnel est d’origine crétoise). Les Crétois admettent la survie, eux-mêmes probablement influencés par les Anatoliens occupant la Grèce avant eux, en incluant la croyance en un au-delà que l’initiation aux mystères de la Grande Mère et le culte funéraire pouvait transformer en un lieu de délice sans fin. Chez les Druides, Le Druide est par excellence celui qui s’occupe des funérailles, sa participation est indispensable au bon passage du mort dans l’autre Monde jusqu’à sa délivrance du monde des vivants. Les actions du Druide faisaient partie du même domaine d’application des techniques qui tendent au maintien de l’ordre cosmique sous la tutelle de l’autorité spirituelle, l’une des données majeures de la Tradition druidique étant « la croyance en l’immortalité de l’âme », autrement dit, la doctrine pythagoricienne prévalait parmi eux, enseignant que les âmes des hommes étaient immortelles et revivaient pour un certain nombre d'années dans un autre corps. Chez les Romains existait un personnage allégorique nommé Mors, la mort était pour les romains une pure abstraction qu’aucun mythe ne personnalisait. Il existait une déesse protectrice des morts nommée libitina que l’on associait aux cérémonies et rites funéraires. Elle était représentée tenant un rameau de laurier, coiffée d’un bonnet phrygien avant qu’elle ne soit identifiée à Proserpine qui la remplaça définitivement. Plus proches de nous, dans le temps, sont nos contemporaines Ethnies Animistes. Pour les définir, Léopold
Sédar SENGHOR écrit : Les Animistes ont, d’abord entendu avec étonnement, puisécouté d’une oreille goguenarde, la Parole des Missionnaires, notamment en ce qui concerne l’Angoisse Post Mortem des Chrétiens. Pour les Animistes, uniquement se préoccuper
du devenir de l’Ame, n’apparaît pas
très sérieux. « Avant d’avoir
un Estuaire, une Rivière a une Source ». Chez les Animistes, l’Homme a DEUX
Âmes : Cette « Âme Humaine », pour limitée qu’elle soit, a cependant une forte importance : l’Homme se doit de laisser une Trace de sa Vie, qui aidera ceux qui Naîtrons après sa Mort. De là, naît le « Culte
des Ancêtres ». La symbolique liée a notre rite Quel franc-maçon est capable
d’oublier ce passage « hors du
monde » :
l’étroite cellule ou
l’énergie conjuguée du Souffre et du
Mercure subtilement cristallisée par le Sel qui nous
forçait à rentrer en nous-mêmes. Humble
parcelle fusionnant dans l’ordre divin, rejoignant ainsi la
course sans fin du cosmos. VITRIOL « V » « I » « T » « R » « I » « O » « L », Sont les Initiales de la Formule : « Visita Interiora Terrae,
Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem » Trois « Points
Force » émanent de cette
Sentence : Ce voyage, invitant à avoir le courage d'aller découvrir le Noyau Central de la Planète, incite en réalité à effectuer un retour total sur Soi Même. Cette descente aux Enfers, est avant tout une Ascension vers un « Moi » qui n'est pas haïssable, car dépouillé de l'apparence, il devient crédible. Nous avons à rectifier, D’après Blaise Pascal,
l’Homme : « n’est
ni Ange, ni Bête ». Ainsi, la « Mort Résurrection Initiatique », telle que VITRIOL nous la propose, n’entraîne point la Disparition du Mal et l’Apparition du Bien, mais, au contraire, propose une harmonisation de deux éléments opposés (formant un tout) et incite à créer : « l’Union des Extrêmes ». Quant à la Pierre, Cachée à chacun d’entre nous, n’est-elle pas, précisément, Nous Même ? D’une manière
irréfragable,
« VITRIOL »
évoque le « MYTHE DE SISYPHE ». D’après Homère, Sisyphe ayant décidé d’aller aux Enfers pour y enchaîner la Mort, les Dieux l’avaient condamné à un travail aussi inutile que sans espoir : rouler, éternellement, un rocher jusqu’au sommet d’une montagne, d’où il retombait sans cesse. L’on comprend mal pourquoi Sisyphe, habitué à braver les Dieux, à défier la Mort et à se moquer de la Fatalité, accepte cette peine : que risquerait-il de pire s’il refusait d’accomplir son Supplice ? RIEN ! Albert CAMUS, qui c’est interrogé
sur ce Mythe, nous donne la Solution : Heureux, certes, parce que délibérément Mort aux Préjugés, Sisyphe renaît Libre. Pour clore ce parallèle entre VITRIOL
et Sisyphe, remarquons que de l’un comme de
l’autre, émane la pensée qui, le mois
dernier, formait la Conclusion de Paul : Autre trait d’union, le
Testament Philosophique :
l’idée de rédiger un testament ne nous
étant pas encore venu à l’esprit, car
tant qu’il n’y a pas encore eu de
préoccupation quant à la mort, c’est un
petit peu comme si l’on était immortel. « Abordons les cotés qui nous sont très personnels » La Bible. Le Nouveau Testament confirmera pleinement cette attente, pour saint Paul en particulier, l'espérance chrétienne s'affirmera comme l'espérance d'une résurrection avec le Christ, s'opposant explicitement au simple espoir d'une immortalité de l’âme (cf. tout I Cor., 15). Ce qui ne veut pas dire que la survivance de l'âme au corps soit niée, mais que l'attente de la foi n'est pas dans cette immortalité naturelle, mais dans la réunion de tous les fidèles avec le Christ, pour une réintégration et une transfiguration de leur humanité totale, corps et âme (cf. précisions que donnera saint Paul dans II Cor., 5, 1-10). Il en résulte que le chrétien, lui aussi, pourra désirer la mort, mais non pour la mort elle-même : pour y parfaire son union à la croix salvatrice du Christ, et ainsi, se trouver dès à présent consommé dans une union avec lui, laquelle, ne trouvera son plein épanouissement que dans la résurrection générale. Le Mystère de la mort A partir de là, le vrai mystère
est bien celui de la vie et de l’existence du Grand
Architecte et non celui de l’état de mort qui ne
correspond qu’à l’état
énergétique
« zéro ». Ma vie est prisonnière Elle frappe et se fatigue La mort et la Parole S’assurer avant de partir que tous les comptes
sont soldés, que tout est en ordre, les messages
passés, l’héritage bien
légué. C’est s’assurer que la
parole s’en est allée en devant du visage. Il ne suffit donc pas de voyager, il faut aussi laisser
trace de son passage aux fins d’ouvrir des voies que les
autres pourront emprunter pour aller un peu plus loin, mais il est un
danger ! celui de vouloir aller plus vite. Si le temps du
voyage rétrécit, le désir
disparaît. Atteindre le paradis c’est vivre dans le désir, on pourrait dire qu’atteindre le paradis ce serait comme essayer de rattraper le verbe a grands coups de paroles, le rocher que roule Sisyphe, c’est le monde, mais c’est aussi sa parole qu’il poursuit. Sisyphe vit dans le désir, il est heureux. Son monde n’est que désir, son monde est le paradis. Ou plutôt parce que sa propre volonté le rend supérieur au rocher, aux Dieux, à la damnation éternelle et finalement à lui- même Sisyphe est passé du Moi au Soi ! Vivre le désir c’est accéder au plaisir et donc au Paradis. La mort et le sommeil Question : pourquoi les
hommes dorment-ils couchés ? Pourquoi les hommes dorment-ils dans le noir et le
silence ? Etre athée, c’est tomber dans les
profondeurs du vide. On s’endort en libérant son
âme, on se réveille avec un nouvel esprit, la nuit
porte conseil, demain est un autre jour probablement identique aux
autres mais pourtant si différent.
l’état de veille semble ainsi se
régénérer à partir du
sommeil comme la vie naît certainement de la mort. La mort et la mémoire Je les ai vus tous ces morts, je les ai vus, leur corps
est invisible, tout est dans leur visage tendu dans une
dernière question, dans le sourire d’une
dernière émotion tout est dans le visage vous
dis-je, dans les yeux qui n’ont plus
d’éclat, il n’y a plus rien
derrière ces yeux là, tout est dans le visage
vous dis–je, c’est lui que l’on embrasse
une dernière fois avant de poser la main sur son front et de
fermer ses yeux, ces yeux dont on arrive plus à
pénétrer le regard ; Ces yeux sans
expression qui se sont fixés sur un dernier instant, instant
qui a contenu toute une vie. On meurt souvent comme on a vécu, la vie
d’un homme peut tenir dans une pochette, « une
montre, un portefeuille et une bague, pas forcément une
alliance », dernier viatique que
l’on rend à la famille. Cet océan où se dispersent les âmes pour mieux se répandre dans les nuages et les ruisseaux, cet océan des âmes est-il le monde des idées, celui de platon, cet océan des âmes est-il celui où notre âme plonge la nuit lors du sommeil pour se ressourcer et pour devenir un nouveau verbe. Les idées ne meurent pas, les idées ne meurent jamais. La nuit, c’est certainement le monde des idées et le jour celui du verbe, la nuit choisirait comme le ciseau et le jour accomplirait comme le maillet. L’état de mort serait l’état du choix de l’âme et l’état de vie celui de l’accomplissement. Être mort, c’est sortir du théâtre de la vie et s’asseoir sur le banc des apprentis pour regarder tourner la vie derrière le maître des cérémonies, rythmé par le son du maillet et la lumière des étoiles allumées au sommet des colonnettes… Etre mort c’est s’apprêter à vivre autrement que l’on a vécu. Il suffit de toucher la mort du bout du doigt pour la voir autrement, pour vivre la vie autrement il faut changer son regard et le rendre impénétrable pour ceux qui ne sont pas initiés au voyage, la sagesse populaire nous le dit : « Partir, c’est mourir un peu ». C’est bien pour cela que les morts violentes,
accidentelles, surtout celles des sujets jeunes sont moins bien
acceptées. L’éclipse de soleil dérange de la même manière en désintégrant le cycle de la vie de façon ponctuelle, il suffit que le soleil ne brille plus pendant un moment pour qu’un esprit simple et fragile se demande si cela ne va pas recommencer. La mort est sans doute comme la nuit une
éclipse destinée à nous remettre en
question, et a nous inciter à ne pas nous prendre pour
Dieu ? Mémoire et l’apprentissage du code. L’amour en est une clef codée, notre passage sur terre n’a nul autre raison que l’apprentissage de ce code ; qu’on le méprise : et l’on est caillou ; qu’on l’épelle : et l’on est animal, qu’on l’énonce : et l’on est homme, qu’on le pense : et l’on est dieu… Les amis sont toujours à l’heure
car ils sont attendus, la mort elle, surprend toujours, même
si elle est attendue, elle ne fait pas partie de l’ordre de
l’homme. La sainte bible n’est elle pas la
mémoire divine, Juifs, musulmans,
chrétiens ; nous sommes « gens
du livre. » Le peuple juif en est l’exemple, ce peuple
errant, déraciné, exterminé, doit sa
survie à l’entretien de cette mémoire. De la Mémoire individuelle
à la Mémoire collective, l’Ecrit, le
Temps. Qu’en sera-t-il à la mort du dernier homme, quand il n’y aura plus personne pour raconter l’histoire et plus personne pour l’écouter ? Il n’y aura plus alors que la mémoire de dieu celle qui était enfermée dans le fin fond de tout être vivant, mémoire qui faisait pousser les arbres vers le ciel, migrer l’hirondelle, et guidait les saumons. Il ne restera que la mémoire de dieu, la péripétie de l’histoire de « l’homme» n’aura duré qu’un bref instant à l’échelle de l’univers et sera quantité négligeable. Sauf si nous laissons des écrits et qu’un jour un homme « nouveau » arrivant dans notre vieux monde puisse les lire avec son intelligence. Alors l’humanité serait devenu immortelle, il aurait suffit de foi et d’amour. On ne meurt donc pas si l’on a la foi. Pour devenir immortel il faut donc que l’histoire soit belle, que chacun de nous rédige sa propre histoire et la vive intensément avec le cœur. Il y a le sujet, il y a le verbe, il y a le ton, il y a le timbre, il y a la force, il faut raconter notre histoire à nos fils, à nos apprentis. Quant à l’exemple que nous avons pris avec la bible, elle n’est qu’une belle histoire, peu importe qui l’a écrite, ce qui est important, c’est qui la lira, et quelle vérité il en ressortira… On ne meurt pas si l’on a
transmit « Le cimetière des éléphants existe-il ? » A partir de là ; la peur de la mort apparaît comme humaine et ne se manifeste qu’a partir du moment ou le petit d’homme passe de l’animalité à l’être humain, il passe à ce moment de la vie instantanée a la vie « élargie ». Il n’y a donc pas de mort s’il
n’y a pas de
mémoire ! La vie d’un homme commence donc avec sa mémoire, la mort correspond à la perte de mémoire ; quel lien y a-t-il entre la mémoire personnelle, en somme l’histoire personnelle d’un être et la mémoire collective, c’est-à-dire entre l’histoire personnelle et l’histoire de l’espèce ? Quel est le mécanisme qui permet à la mémoire personnelle de s’inscrire dans la mémoire collective, c’est-à-dire dans le code génétique. On a les enfants que l’on mérite ! C’est donc la volonté farouche de partager l’expérience personnelle qui permet l’évolution. Deux voisins qui se parlent ont des chances de devenir amis, s’ils ne se parlent pas ; ils ont toutes les chances de devenir ennemis. En Conclusion : La volonté de partage et de transmission est le courant de la vie. Nous sommes dans le roman de dieu ; il est l’ordonnateur, mais nous sommes des personnages interactifs qui modifions le synopsis au fur et a mesure que nous le jouons. Revenons au rôle de la nuit : N’est-elle pas là pour nous permettre d’incorporer les données du jour, du conscient dans le code de la nuit, c’est-à-dire dans l’inconscient, autre manière de dire que la nuit transforme l’esprit en âme ? De même la mort de l’individu permet
d’incorporer sa mémoire dans la mémoire
collective. Après la disparition de son âme reste
son esprit, et l’âme vient s’ajouter
à la mémoire collective. « Qui sait si la vie n’est point une mort et la mort une vie ? il est possible que nous fassions partie des morts » disait Platon. L'évangile de saint Jean de son côté, voit la glorification du Christ en une telle continuité avec sa Croix qu'il exprime systématiquement par le terme « élever » à la fois le supplice de la Croix et la gloire de l'Ascension. Christ est ressuscité des morts : Par sa mort il a vaincu la mort, donnant la vie à ceux qui sont dans les tombeaux. N’oublions pas les paroles qui, à chacune de nos Tenues, marquent l’ouverture de Fulbert :au commencement était le verbe,
et le verbe était en dieu, et le verbe était dieu Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Nous avons dit, Vénérable Maître. H\, Y\, P\ et B\ |
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