La première fois, il avait entendu parler de cette Loge Parfaite, après une Tenue chez les maçons de Clamecy, par un frère qui touchait un peu et même beaucoup à l'Alchimie, il fut surpris de cette démarche chez un  frère du GODF, comme quoi se dit il,  les clichés ne sont pas toujours la réalité.
Donc ce frère, en fin d'agapes bien arrosées grâce à une sœur oenologue, parla de la Loge Parfaite en ces termes : « lorsque vous avez participé à une tenue de cette loge, vous êtes en harmonie avec l'univers ! » et il avait gardé le silence.

Reprenant la route le lendemain, dans son automobile, notre frère visiteur, se dit que l'imagination des maçons surtout après plusieurs bouteilles de Chablis, avait dérapée et qu'une fois de plus, la Maçonnerie c'était enrichi d'une légende.

Plusieurs mois après ces fameuses agapes, notre ami revint dans la région pour son travail, et une nouvelle fois le soir, il se rendit en visiteur au Temple de Clamecy. Plus sobre que la dernière fois le frère adepte du grand ouvre, l'interpella : « alors tu as trouvé la Loge Parfaite ? » forcément que non puisque notre ami avait oublié le nom même de cette Loge. L'Adepte, lui donna une indication, la loge se trouve au centre de la France dans un village oublié du progrès, et si tu te trouve par là jeudi soir, comme tu es maître maçon, et si tu trouves le chemin du Temple, tu pourras certainement prendre part aux travaux de la Loge Parfaite. Autant chercher une aiguille !

Après une dure journée de travail, notre cherchant avait besoin de repos, sa carte routière de la région centre en mains, il avisa une auberge située bien à l'écart des grands axes de communication, va pour ce village et pour dormir pas de camions circulant la nuit. La route lui sembla bien longue avec ces routes de campagne rarement coupées au cordeau, avec  la fatigue de la journée, il cru que le temps lui avait joué un mauvais tour. Une heure plus tard, le panneau du village, lui fit comprendre qu'il venait d'arriver à son auberge. Ce qui l'intrigua fut le nom de l'Auberge : la Loge d'Orient.
Bizarre, mais après tout il y a en France un certain nombre de villages qui s'appellent, les Loges et même une forêt dite d'Orient. Une autre surprise l'attendait, l'aubergiste lui dit : bonjour mon frère, nous t'attendions pour ouvrir les travaux, mais avant mets toi à ton aise et prends possession de ta chambre.
Notre voyageur fut estomaqué de cet accueil, il se demanda un instant si il ne rêvait pas ?

Douché, défatigué et intrigué, notre voyageur se retrouva devant l'aubergiste.
« Mon frère, tu va sortir et cent mètres plus bas, tu verras une grange, tu y entres, et après tu verras bien. » C'est le vénérable qui l'accueillit comme il se doit, et il lui enjoignit de se rendre dans le Temple et de s'asseoir sur l'une ou l'autre Colonne.

Debout, le collège des Officiers ! Clama le maître des cérémonies, il en fit de même pour le Vénérable. Les travaux débutèrent au grade d'apprenti, puis au grade de compagnon et bien entendu suivi par la chambre du milieu. « Mon frère visiteur, tu remarqueras qu'il n'y a que des MM, c'est normal car les MM présents ont tous faits un long travail de recherche sur eux-mêmes, et comme toi ils ont tâtonnés, doutés, mais ils n'ont pas fui leurs responsabilités, et c'est la persévérance qui explique leur présence ce midi, pour cette Tenue que peu de maçons connaissent.
« La Chambre du Milieu étant régulièrement ouverte, nos travaux vont pouvoir commencer! »

« Méditons VVMM, sur la mort de notre Maitre et méditons sur les trois compagnons ! »  Notre visiteur n'étant pas habitué à ce genre de Tenue, fut décontenancé par le silence de la méditation de la vingtaine de FF présents, mais il essaya, lui aussi de méditer sur l'attitude des mauvais compagnons.

Le TVM demande à un frère de prendre sa flûte et de jouer un air. Une longue plainte s'échappe de l'instrument, elle s'amplifie et domine le silence de la méditation. Note à Note, la flûte et sa musique, finit par emplir toute l'attention du visiteur. Il sombre dans une torpeur qui l'emmène bien loin de la Loge, bien loin de son quotidien. Le temps n'a plus de consistance, son esprit vogue dans ce que Pythagore appelait la musique des sphères, et un certain nombre d'interrogations d'ordre métaphysique, trouve un début d'explication.
Incapable dire où il se trouve, incapable de remuer, il est passif et réceptif. Pour lui cette flûte c'est celle des Soufis lors des cérémonies des Derviches.

Le coup de canne, frappé sur le sol par le Maître des Cérémonies, dissipe ce qui pouvait paraître comme un songe, et la loge reprend force et vigueur.

Les travaux  sont clos en la forme accoutumée, puis les FF se dirigèrent vers l'auberge pour les agapes.

Alors mon Frère qu'en penses tu ? Je te sens surpris et en panne d'explication.
Je vais éclairer ta lanterne. Toutes les cathédrales furent construites sur des lieux ou règnent les forces telluriques, car les maçons opératifs connaissaient la Géométrie sacrée, qu'ils tenaient des peuples d'avant la chrétienté. Notre Loge est située au point d'intersection de plusieurs lignes de force, et de plus elle se trouve au centre vrai de notre pays.
Notre tenue n'a qu'un seul but, utiliser dans notre vie de tout les jours cette énergie, pour être en harmonie avec l'univers, mais aussi pour être des maçons utiles aux autres. Mais cette énergie, comme toutes les forces n'est pas éternelle, et elle doit pour être utile aux FF se renouveler, d'où la régularité de nos Tenues. Ne crois pas que cela soit de la sorcellerie, même si les esprits forts , rationnels, voudront te démontrer que cela relève de la superstition, aussi je te conseille, par prudence et pour éviter d'être considéré comme fou, de garder le silence le plus absolu, car il est des choses qui ne doivent pas être mises entre toutes les mains, prends comme exemple l'énergie nucléaire. Notre ami commun de Clamecy lui sait manier les forces nucléaires, mais pour faire le bien et non le mal.

Plusieurs santés furent levées, et à la fin des Agapes, la chaîne d'union termina  cette soirée.

Le lendemain, reprenant la route, vers ses activités profanes, notre Frère fut surpris de se sentir léger et plein d'énergie, plein d'entrain, moins absorbé par son travail et plus détaché sans être pour autant négligeant.
La journée comme d'autre journées se passèrent d'une façon décontractée, les problèmes qui immanquablement dans une vie nous assaillent, furent résolus dans le calme et la sérénité, à la surprise de ces interlocuteurs. La vie lui paru agréable et digne d'être vécu, il fit la part des choses essentielles et celles des choses superficielles.

Il revint le plus souvent possible à l'auberge d'Orient, et à chaque fois ce fut le même enchantement, et à chaque fois il reçu son salaire dans la joie et la sagesse. Un soir après les agapes, le TVM, le prit à l'écart. « Mon frère tu as fait preuve d'assiduité, comme de ton attachement, aussi je vais te donner un travail. Tout comme tu fus choisi par notre frère de Clamecy, c'est à ton tour de choisir un Frère digne de participer à nos travaux, lorsque ton choix sera arrêté sur un Frère, nous le guideront vers nous comme tu le fus, nous avons confiance en ton jugement. C'est ton travail ! »

La suite je l'ignore car le frère garda le silence et ne parla plus de la Loge Parfaite, mais à voir son comportement, je sais qu'il visite régulièrement l'auberge d'Orient.

Alors on peut parler d'affabulation, de rêveries et de bien d'autres choses, mais c'est oublier une de nos formules : Cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira et demandez et vous recevrez !

P\ L\